Allo, Natacha ?

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L’Homme vit que l’Algorithme était bon et donna tout son pouvoir aux Consortiums.

Évangile selon l’Algorithme, 1-5.

Lundi 10 janvier 2033

Nous ne nous étions pas parlé avec Natacha depuis au moins deux semaines. “Je pars pour la planète rouge” m’avait-elle dit alors. Elle avait gagné sa place lors du tirage du jeu “Tous sur Mars” organisé par SpecieZ dans son centre de réinsertion. C’était une improD. Elle était sur les listes des recensés. L’Algorithme l’avait choisie.

Le jeu “Tous sur Mars” tournait en boucle depuis un an et le nom des heureux gagnants désignés par l’Algorithme s’affichait quotidiennement sur tous les écrans de Chine, de l’Union Européenne Associée, des Territoires Annexés du Pacifique. Partout où SpecieZ avait ses intérêts. Trois mille noms étaient dévoilés par jour. Un million de colons étaient prévus au total.

Pour la propagande, être un improD élu était un honneur suprême. Un moyen de se rendre à nouveau utile. Apothéose ultime vantée par le Grand Renouveau Communiste.

Dans les faits : une condamnation à l’exil. Mais ça personne n’y pouvait rien, c’est l’Algorithme qui décidait.

Natacha pleurait quand elle m’avait montré avec fierté le tatouage sur son avant-bras. Un QR code encadrant le logo de SpecieZ. Je n’avais pas été surpris, le Consortium m’ayant déjà fait comprendre à plusieurs reprises que les frais d’entretien de ma sœur commençaient à devenir faramineux. Il leur fallait un prétexte. Celui là ou un autre après tout.

L’annonce de Natacha m’avait fait prendre conscience d’une chose. On recrutait désormais les improDs même chez les Gris. A savoir les improDs de plus bas niveau. Les inutiles parmi les inutiles. Natacha n’était pas une anomalie génétique comme moi. Mais peu de temps après notre accident, l’Algorithme avait décrété qu’elle était devenue un monstre social.

Il y a trois ans, après la mort de nos parents, elle avait été placée dans un centre d’insertion pour improD de type A, près de Rennes. C’était une faveur offerte aux proches des proDs du conso. Natacha était donc logée et nourrie, sans que j’aie à payer quoique ce soit. Le Consortium assurait le régime minimal tant que je restais à son service. Natacha était une “assurance loyauté”. Tous les agents du SEC étaient comme moi, des gars obéissants et fidèles car tenus en laisse par leurs petits intérêts. Pour ce qui était de leur conviction profonde : mystère.

Le Consortium en était donc réduit à racler les fonds de tiroirs. Les candidats à la colonisation ne devaient pas se bousculer au portillon. Normal. Quel poisson rouge chercherait à quitter volontairement son bocal ?

C’est encore elle qui m’appela. Il était 00:03:27 mais je ne dormais toujours pas.

Ma rencontre musclée avec la bande d’improDs du secteur 10 avait laissé des traces. Mon taux d’adrénaline n’était pas complètement retombé et un hématome de la taille d’un camion colorait mon flanc gauche jusqu’au pectoral.

J’avais bien pris deux relaX mais cela ne changeait rien. J’étais assis dans le canapé de ma pièce vie qui était encore en mode jour. J’essayais de tisser tous les fils de cette histoire pour en faire une trame cohérente. A bien y regarder je n’avais aucun fil et cela m’empêchait de dormir. J’avais programmé mon servCom pour qu’il active l’écran mural à chacun des appels de ma sœur, aussi quand j’entendis sa voix je ne fus pas surpris.

- Tom.

- Monsieur.

- Active mon compte intimité je te prie.

- Quelle durée Monsieur ?

- Mon quota journalier. On se retrouve après.

- Décompte lancé au bip Monsieur.

Quelque part dans ma tête un bip lança le compte à rebours. C’était nouveau ça.

- Merci madame, dit Natacha avant de rire. Wally tu es là ?

Elle venait d’apparaître en gros plan sur mon écran mural. Derrière elle, je vis une femme portant la tenue des services d’ordre du consortium quitter la pièce où on avait installé Natacha. Son visage de lutin souriait à la micro caméra installée sur le mur qui lui faisait face. Elle la fixait émerveillée avec des yeux grands ouverts derrière des lunettes dix fois plus grandes. Comme toujours, elle affichait ce large sourire laissant apparaître presque toutes ses dents. Ses pupilles étaient anormalement dilatées. On devait la bourrer de relaX ou d’un truc équivalent.

La communication était sponsorisée. En bas de l’écran, dans le bandeau de propagande, les conneries habituelles rédigées par les publicistes du Consortium défilaient à la vitesse d’une robocar aux heures de pointe. En italique s’il vous plaît.

TOUS SUR MARS AVEC SPECIEZ !

- Coucou ma grande, fis-je à mon tour.

- Ça marche, ça marche. Wally ! Wally comme je suis contente de te voir.

Elle claqua des mains plusieurs fois, en poussant des petits cris aigus pour manifester son enthousiasme.

- Mois aussi je suis content de te voir petite sœur. Tu es toute bronzée, fis-je en essayant de masquer l’anxiété que j’éprouvais, en voyant ma sœur à la peau d’habitude si blanche. Elle était devenue aussi brune qu’un acteur de pub ayant abusé des bains d’ultra-violets. Cela me faisait quelque chose de la savoir transoP. Elle ne serait plus jamais la même. Son ADN avait sans doute déjà muté et bientôt elle serait une transHu. Une humaine plus vraiment humaine car modifiée par la chimie et les opérations.

IMPROD EN COLONISANT MARS TU SERAS ENFIN UTILE !

- Oh oui c’est à cause des piqûres qu’on nous fait tous les soirs. Il paraît que sur Mars le soleil est plus fort et qu’il va nous brûler. Alors pour nous protéger on nous met un produit mais j’ai oublié le nom. A chaque fois qu’on me fait la piqûre je pense à toi tu sais. Parce que je me dis que la piqûre serait bien aussi pour ta peau. Je vais redemander le nom du médicament pour toi. Attends je vais écrire la question que je vais poser à ma surveillante.

- Non, ce n’est pas la …

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase, elle s’était déjà penchée pour écrire sur le support devant lequel on l’avait assise. Je ne voyais plus qu’une infime partie de sa chevelure. Je la laissai faire. Cela faisait longtemps que je connaissais le nom de la saloperie qu’on lui injectait, Melanotan. Les toubibs du conso me l’avait proposé à plusieurs reprises. Sauf que dans mon cas cela n’aurait servi à rien. Et puis d’ailleurs je préférais rester un cul-plat.

SI TU NE LE FAIS PAS POUR TOI, FAIS-LE AU MOINS POUR LES AUTRES !

Le décor de la pièce m’apparut. Natacha n’était plus dans son centre d’insertion, l’endroit était différent. C’était une petite chambre sobre pour ne pas dire spartiate, un lit, une petite armoire en plexiglas et un bureau. Sur le mur derrière elle, la devise du Consortium s’étalait de manière obscène : LOUES SOIENT LES DATA.

Elle devait se trouver dans une de ces nombreuses bases de lancement que SpecieZ avait construites à proximité de l’équateur. Elle pouvait être n’importe où : sur l’île de Java, au Brésil ou au Kenya. Même si j’optais davantage pour une des plateformes offshores que le Consortium avait installées récemment dans l’Océan Indien.

Natacha se redressa. Elle chercha la caméra des yeux et lui sourit. Elle portait une combinaison blanche avec un écusson sur la poitrine. Une silhouette humanoïde pointant du doigt une sphère rouge était surmontée du slogan “Tous sur Mars”. Un designer de génie avait su donner au A les allures d’une fusée. De là où j’étais cela aurait pu aussi bien être un suppositoire. Mais j’étais un Renifleur, pas un graphiste.

AUJOURD’HUI MARS, DEMAIN LES ETOILES

- Tu appelles depuis ta chambre ?

- Oui mais pas la vieille chambre car je suis plus en France. C’est la nouvelle chambre qu’on a eu quand on est arrivé ici. Ils appellent ça la base de lancement. On est près des fusées qui vont nous conduire sur Mars. C’est chouette parce qu’on passe des belles journées. Tous les matins on peut danser ou jouer de la musique. Il n’y a que l’après-midi où il faut qu’on travaille.

- Tu travailles toi maintenant ?

Elle éclata de rire en agitant ses bras comme pour s’envoler.

- Arrête de te moquer. Oui je travaille parce qu’on nous a dit que sur Mars on allait travailler. Le plus dur c’est d’apprendre l’Évangile selon l’Algorithme. On est dans une grande salle où doit réciter tous ensemble l’Evangile. C’est dur. Moi j’y arrive pas. Mais ils sont gentils parce qu’ils me crient pas dessus. On nous a dit qu’on devait le connaître par cœur. Parce que c’était important. Parce que une fois sur Mars ce serait la révérence.

- La référence !

- Quoi ?

- On ne dit pas révérence ici petite sœur, on dit référence.

UN PETIT PAS POUR TOI, UN GRAND PAS POUR LA TRANSHUMANITE !

- D’accord, la référence. Après on fait des choses moins dures. On va ramasser des légumes dans des serres et puis on les ramène dans des maisons en forme d’oeufs. Ce qui est difficile c’est qu’on doit porter des combinaisons où il fait chaud à cause du soleil dehors. Il y a la mer tout autour de nous mais on n’a pas le droit de se baigner. On nous a dit que sur Mars ce serait pareil sauf qu’il y aura pas la mer. C’est drôle parce que je pensais qu’il faisait froid sur Mars. Hier on a sauvé un surveillant avec Richard, Juliette et Marco. Il est tombé dans les pommes dehors. On l’a porté pour le ramener ici. Heureusement il s’est réveillé tout seul le surveillant quand on est arrivé. Après le soir on a vu des docteurs parce qu’ils font attention à notre cœur à cause des tuyaux trop petits. Ils vérifient que les petites bêtes travaillent bien.

- Des petites bêtes ?

- Oui, quand on est arrivé on nous a fait avaler des petites bêtes invisibles dans des gélules. C’est pour qu’elles nous soignent et pour qu’on soit en bonne santé sur Mars, parce que là-haut il n’y aura plus les docteurs. Richard et Marco disent que c’est pas des bêtes mais des toutes petites machines comme des robots. C’est leur surveillant qui leur a dit.

- Ce sont tes nouveaux amis ?

- Hein ! Qui ça ?

- Richard, Juliette et…

- Marco. Oui ce sont des improductifs comme moi. Sauf que eux ils ont pas eu d’accident de voiture. Ils ont pas des séquêmes comme moi. Eux ils ont une maladie mais je sais plus le nom.

- Des séquelles.

- Quoi ?

- On ne dit pas séquêmes, on dit séquelles.

IMPROD TA VIE TE LASSE, N’HESITE PAS ENVOLE-TOI POUR MARS !

- D’accord des séquelles. On est tous dans le même bâtiment et on va être ensemble sur Mars. On nous dit qu’on pourra se marier sur Mars si on veut et même avoir des enfants. Mais moi je ne suis pas sûre, même si Marco il m’a déjà demandé.

Elle détourna le regard de la caméra sans cesser de sourire. Elle devait être en train de rougir mais c’était désormais impossible à voir.

- On sera aussi ensemble dans la fusée. On l’a visité tu sais, reprit-elle.

- Quoi ?

- La fusée. On a visité la fusée. Elle est très grande. On sera mille dedans. On sera dans des boîtes avec plein de tubes. J’ai vu ma boîte où je vais dormir. Ce serait bien si tu pouvais venir avec moi Wally.

- Oui je sais ma grande mais j’habite très loin.

- C’est vrai de l’autre côté de la Terre. C’est là où j’habitais aussi avant. Wally je pense tous les jours à toi et puis à maman et à papa. Vous me manquez beaucoup. Je me suis habitué à ce que papa et maman soient plus là mais bientôt toi aussi tu seras plus là et je sais que je vais être très triste.

Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues.

- Ne pleure pas ma grande s’il te plaît. Tu vas me faire pleurer.

Elle renifla.

UN COLON C’EST BIEN, UN MILLION C’EST MIEUX !

- Je me souviens bien de l’accident Wally. Tu sais souvent je revois les images. Je me souviens même de toi et papa en train de vous disputer parce que tu savais plus si tu avais bien reçu la photo de nous qu’il avait envoyé sur ton téléphone. Il avait dit que c’était important et toi tu t’en foutais.

Elle esquissa un sourire gêné en essuyant du revers de sa manche les larmes sur ses joues. Ses yeux étaient moins embués.

- C’est pas beau le mot que je viens de dire. Tu sais, reprit-elle, je me souviens que j’étais pas pareille avant. Je me souviens que je pensais mieux et que ce que je suis aujourd’hui c’est pas vraiment moi. Qu’il y a quelqu’un dans ma tête qui me bloque et que c’est pour ça que je pense mal et que j’ai du mal à parler. C’est pour ça que j’arrive pas à réciter l’Evangile.

De nouvelles larmes se mirent à couler.

Elle avait toujours eu plus de souvenirs de l’accident. Pour moi c’était le trou noir. Pourtant ces derniers jours il m’arrivait d’avoir quelques réminiscences. Certains souvenirs resurgissaient de l’abyme où le traumatisme les avait envoyés. Étrangement j’avais remarqué que mes pertes de mémoire permettaient à ses pans oubliés de ma vie de refaire surface. C’était comme si mon cerveau fonctionnait comme un nanoS ayant besoin de place pour imprimer de nouvelles Data. Visiblement, quelque chose avait fait de la place.

IMPROD SUR LA PLANETE BLEUE, PROD SUR LA PLANETE ROUGE !

- Wally tu m’entends ?

Inquiète de mon silence, Natacha fixait l’écran tout en sanglotant.

Je ne sus pas comment la consoler alors je lui mentis.

- Ma grande ne pleure pas, je prendrai le prochain vol pour venir te voir.

- C’est vrai tu vas venir me voir. Avant que je parte ?

- Non je ne peux pas. J’ai trop de travail. Mais je viendrai te voir sur Mars quand tu seras installée.

Elle applaudit mon mensonge.

- Super ! J’ai hâte Wally. Je t’accueillerai dans ma maison.

- Avec ton futur mari et un bébé j’espère, un petit martien.

- Arrête de dire des bêtises.

Cette fois-ci je pus voir qu’elle rougissait.

J’avais du mal à imaginer la future vie de ma sœur sur une planète à deux cent millions de kilomètres de la Terre.

Derrière elle, sa surveillante rentra dans la chambre. Elle semblait mastiquer un truc impossible à avaler.

- Ma grande je vais devoir te laisser. Je t’aime fort.

- Plus fort que le vent quand il souffle ?

- Plus fort encore !

- Plus fort que le soleil quand il brille ?

- Plus fort encore !

- Moi aussi je t’aime Wally. J’espère te voir sur Mars très bientôt.

- Très bientôt.

Je lui envoyai un baiser.

Elle me sourit et fixa la caméra avec une telle intensité que je crus qu’elle me regardait directement dans les yeux.

- Loués soient les Data, conclut-elle.

Mais je ne répondis rien. Déjà la communication était rompue. Mon écran était redevenu noir.

Je ne rendais pas grâce aux Consortiums.

Je fermai les yeux. J’essayai de contrôler ma colère. J’essayais de contenir mes larmes.

Je revis le visage ensanglanté de ma sœur à l’arrière de la voiture. Sa tête reposait sur l’épaule de notre mère mourante. C’était la dernière image que j’avais de l’accident. Après j’avais perdu connaissance. Je le savais parce qu’Angelo me l’avait dit.

Je m’étais réveillé dans un hôpital dernier cri du Consortium. Un truc à la pointe de la pointe m’avait dit Angelo. Il était là quand j’avais repris connaissance, presque deux mois après l’accident. Le coma avait été très lourd, mais j’avais eu plus de chance que Natacha d’après lui. Son coma avait été très lourd aussi, mais l’accident avait provoqué des lésions irréversibles dans de nombreuses zones de son cortex. Les nanochir avaient su réparer son visage en charpie, ses membres morcelés mais pas son cerveau. Les dégâts allaient trop en profondeur. Natacha disposerait désormais de capacités cérébrales réduites, avec des difficultés de gestion émotionnelle et de grandes difficultés pour s’exprimer. Elle ne penserait plus comme avant. Elle qui était si vive, serait désormais réduite au niveau d’une “idiote congénitale”. Angelo n’avait pas su trouver d’autres mots que ceux-là : “idiote congénitale”.

Angelo m’apprit que nos parents étaient morts dans l’accident. Ils n’avaient pas soufferts. Personne n’en savait rien, c’était juste une formule. Une phrase qu’on dit pour rassurer ou soulager la douleur. Plus tard il m’annonça que Natacha avait été placée dans un institut spécialisé, et que tout était pris en charge par le Consortium. Pendant mon coma j’avais intégré le SEC. Angelo m’avait recommandé. C’était normal nous étions amis, m’avait-il dit. Cela permettrait de prendre en charge Natacha. Il m’avait assuré que je ferai un très bon Renifleur. Ce fut là, couché dans mon lit d’hôpital, la tête enturbannée par des bandelettes antiseptiques et cicatrisantes, que j’entendis pour la première fois la voix de mon servCom. On m’avait mis un truc dans le crâne.

Tom se reconnecta comme convenu. Il était 01:04:00. J’entendis le nanoprocesseur quantique se réactiver dans mon cerveau. Un sifflement désagréable qui ressemblait à celui que fait une fraise dentaire.

Mon quota intimité était atteint. Déjà. Soixante minutes de déconnexion envolées. Bon retour dans le réseau. TranshUmanité me voilà. Sacré Tom. Aussi précis qu’un coucou suisse.

- Deux appels en absence Monsieur. Lena Dwarcolvna a tenté de vous contacter.

- Elle a laissé un message ? répondis-je en tentant de maîtriser les nausées qui m’assaillaient.

- Non pas de message Monsieur. Voulez-vous la rappeler ?

- Non fous-moi la paix !

- Pardon Monsieur.

- Ta gueule, hurlai-je.

- Bien Monsieur.

J’avais l’impression d’entendre battre mon cœur, de sentir les flux et reflux de mon sang. Ma tête tournait. Des images, des mots, des idées, des pensées. Un tourbillon d’idées. Un maelström de pensées épaisses et collantes. Un flot inarrêtable. Le barrage de la raison a cédé. Je deviens fou.

Un cauchemar.

C’est impossible.

Une erreur.

C’est forcément une erreur.

Impossible.

Je me trompe.

Oui c’est ça.

Des hallucinations.

C’est forcément ça.

C’est ce truc que je prends.

C’est ça.

Je fais un bad trip.

J’ai trop pris de tranZ et je délire.

C’est ça je délire.

Je l’aurai su.

Je suis un Renifleur.

Le meilleur.

C’est Angelo qui le dit.

Mais qu’est-ce qui m’arrive ?

Tom est dans mon crâne.

Depuis tout ce temps.

Sans le savoir.

Mais comment ?

Les servCom sont dans les strapphones.

C’est bien connu.

Ils équipent tous les proDs.

Statut intermédiaire.

Statut majeur.

Ils sont utiles les proDs.

Ils ont ça dans la tête aussi.

Les autres proDs.

“Ordinateurs serviles”.

C’est comme ça qu’on les appelle.

Ils nous servent.

On ne les a pas appelé “ordinateurs parasites”.

Non.

“Ordinateurs serviles”.

C’est leur nom.

servCom

Ils nous obéissent.

Attends !

J’ai ce truc là dans la tête depuis trois ans.

Waldo tu rêves.

Non c’est un cauchemar.

Trois ans.

Tu ne te rends compte de rien.

Trois ans.

Idiot.

Crétin.

Tu es un cul-plat.

Aucune transoPération.

Aucune augmenTation.

Encore humain.

Pleinement humain.

Aucune modification.

Tu es un cul-plat.

Crétin.

Trois ans avant de t’en apercevoir.

Espèce de fou.

Pauvre naïf.

D’accord !

Pourquoi maintenant ?

Pourquoi ?

Qu’est ce qui m’arrive ?

Est-ce moi qui pense ?

Tom c’est toi qui pense ou c’est moi ?

Je vomis sur la petite table basse qui me faisait face. Mon strapphone vibra.

- Monsieur, pardonnez mon intervention, mais vous avez un nouvel appel de Lena Varcolovna. Dois-je vous la passer ?

Ma tête tournait. Je parvins à contrôler une nouvelle envie de rendre.

- Non. Elle n’aura qu’à me laisser un message. Je ne veux aucun appel. Qu’on me foute la paix.

- Bien Monsieur. Je transmets.

- Tom.

- Oui Monsieur.

- Active la pièce en mode nuit et mets-toi en veille. J’ai besoin de dormir.

- Bien Monsieur. Dormez-bien Monsieur.

- Tom.

- Oui Monsieur.

- Arrête avec tes Monsieur.

- Bien Monsieur. Comment dois-je vous appeler Monsieur ?

- Appelle-moi Waldo.

Je vomis une nouvelle fois, mais cette fois-ci, j’eus le temps de le faire au-dessus du lavabo de la salle de bain.

Plus tard, je m’avachis dans mon lit comme un morceau de guimauve resté trop longtemps au soleil. Je n’arrivais plus à penser. Ivre de fatigue. Sonné. Les oreilles bourdonnantes je m’endormis sans peine. Je ne percevais même plus l’infecte odeur du contenu de mon estomac que j’avais rendu.

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