Le Catalyseur

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Nouméa

Dimanche 9 janvier 2033

14:45:27

Bar Le Catalyseur

C’était parfait. On lui avait donné la meilleure table. Dans un coin, loin de l’orchestre, en hauteur.


L'homme savourait encore son succès de la veille. Il avait réussi un magnifique barbecue. Il revoyait le visage ahuri de sa victime, quand il lui avait envoyé la décharge d'AED en plein visage. Un tir parfait. Pas de cri, pas de bruit. A quelques mètres d'un hôtel de classe internationale en plus.

Le boss pouvait être satisfait. Le plan se déroulait à merveille. Avec un peu de chance il pourrait même avoir droit à un petit bonus. De quoi s'offrir de nouvelles santiags. Il en avait repéré une paire récemment. Un modèle en croco synthétique avec des pointes en argent martelé. Idéal pour travailler dans les coins les petits malins qui aimaient jouer les durs à cuire.


La salle avait été décorée à la mode Cyber Age, une mauvaise idée. Il y avait de l’aluminium coloré partout. A l’opposé de la salle l’orchestre-hologramme entama “I wan't to break free”. Un classique retro qui faisait toujours son effet. Deux couples se rejoignirent sur la piste de danse rétroéclairée. Akba Demir les regarda quelques instants en esquissant une grimace. Les deux filles dansaient plutôt bien. Les deux types, en revanche, se trémoussaient comme deux diarrhéiques à bout de souffle.

Écœuré, Akba détourna la tête et porta son attention sur le couple qui venait de passer la porte. Un petit type nerveux au visage émacié, portant un costume mal coupé, et une grande femme rousse à la peau aussi blanche que du lait, se dirigeaient vers sa table.

Le femme fit sensation en traversant la pièce. Elle marchait avec une grâce féline, regardant droit devant elle, pleine d’assurance.

Toi ma poulette, si t'étais pas la pouliche du patron. Crois-moi tu verrais des étoiles, pensa Akba Demir en se levant pour accueillir ses invités.

- Monsieur Demir, fit le responsable du SEC.

- Monsieur Perada, Madame Vyltmöss, je vous en prie, prenez place. J’ai pensé que cette table serait idéale ?

Roulée comme une déesse la bougresse. Et ce grain de peau. Miam. Il s’emmerde pas le patron.

Le couple s’assit en silence, affichant un sourire poli.


Un serveur vint sans tarder déposer trois verres en cristal imprimé. Le breuvage, d’un joli vert fluo, laissait échapper des volutes de fumées blanches.

- C’est la glace carbonique qui fait ça. Pas mal non. Je nous ai pris un Lollipop Passion Goblet. C’est le must de l’endroit. Je suis sûr que vous aimerez, lança Akba.

- C’est un peu tôt pour…

- Allons Monsieur Perada, coupa Akba, nous avons quelque chose à fêter. Et ce n’est pas de l’alcool de synthèse. C’est de l’authentique. Alors je vous en prie, pas de chichis. Vous allez me contrarier.

Il avait pris son verre pour le lever en direction de ses invités. Son regard était devenu insistant.

- Liqueur de melon, vodka et rhum coco. A votre santé !

Bande de mécréants. Refuser de l’alcool de cette qualité. Vous allez lever vos verres oui !

Angelo Perada et Erika Vyltmöss durent trinquer avec leur hôte aux allures d’oiseau de proie.


- Le patron est satisfait. Les choses se passent pour le mieux, reprit Akba.

- Comment va Nel… Monsieur Kumo ? demanda Erika.

- Monsieur Aygin, vous voulez dire ? fit l'oiseau de proie en laissant éclater son sourire ultra-bright.

- C’est la même personne non ? coupa Angelo.

Ces manières n’étaient vraiment pas acceptables. Comment cet homme de main pouvait-il se montrer aussi arrogant ? Il en référerait à Monsieur Kumo quand l’occasion se présenterait. Après cette mission.

- Monsieur Kumo va très bien Madame Vyltmöss et il vous adresse ses félicitations. Vous êtes parvenus à empêcher votre assistant de faire une fâcheuse bêtise.

- Je pense que le mérite vous en reviens Monsieur Demir, objecta Erika.

Et en plus elle savait complimenter la garce. Oh toi ma jolie, que j’aimerais de proposer un tête à tête. Allons c’est pas le moment de craquer Akba.

L’homme leva les mains en signe d’humilité.

- Oh vous savez Madame Vyltmöss, je ne fais que mon travail, déclara t-il. Et sans votre vigilance nous n'aurions jamais pu intervenir à temps.

- Vous avez pu récupérer les documents ?

- Bien sûr. Bien sûr. Évidemment, Monsieur Kumo est très contrarié par la tournure de ces derniers événements. Selon lui, il conviendra de faire la lumière sur certains manquements et notamment sur le manque d’anticipation, mais aussi de réactivité du SEC dans cette histoire. L'Algorithme ne...

- Le SEC ? L'Algorithme ? De quoi parlez-vous ? Vous délirez mon vieux. Arrêtez de jouer au con, nous ne sommes pas dans ce foutu programme. Jusqu'à présent, nous suivons les ordres du patron à la lettre. En temps et en heure. Et les ordres sont clairs. Nous devons laisser les souvenirs revenir à la surface.

- Monsieur Perada. MON-SIEUR PE-RA-DA. Pas de blasphème je vous prie. J'admets me laisser emporter par ce petit jeu mais si les choses se passent comme convenu, tout cela finira par devenir réalité. N'est-ce pas pour ça que nous déployons autant d'efforts ? Ce Montrivaje, que j'ai grillé, vous saviez qu'il était une taupe. Vous aviez l'info depuis trois mois. Vous saviez également qu'il avait collaboré avec Romain Sirce sur notre projet de cryptage homomorphe quantique. Mais vous avez laissé pourrir la situation. Et je suis désolé de vous le dire mais, sans mon intervention, de nombreuse données seraient actuellement dans la nature. Le Grand Lancement aurait pu être fortement compromis.

- N’exagérons rien, Le Grand Lancement n’est qu’une opération de communication. Un leurre pour rouler les chinois et réussir à les convaincre. Je n’ai pas laissé pourrir la situation. Nous pensions qu’Abel Montrivaje n’agissait pas seul. Nous avons relevé certains éléments qui semblent impliquer notre concurrent, AmaZing. Sans votre intervention, quelque peu précipitée, nous aurions pu confirmer nos soupçons. Je ne parlerai pas de votre méthode et tous les risques qu'elle comporte. Les autorités chinoises ont ouvert une enquête. Nous aurons très bientôt le Guoanbu aux fesses.

Akba Medir ne quittait pas des yeux Angelo Perada. Il aspira le fond de son cocktail par une des petites pailles qui s’agitaient dans son verre. Il le but jusqu'à la dernière goutte, en faisant un bruit de siphon qui se vide.

L’oiseau de proie claqua des doigts en direction du serveur pour signifier qu’il souhaitait un deuxième verre.

- Les chinois n'ennuieront pas le Consortium Monsieur Perada, et Vous le savez très bien. Allez pécher d’autres arguments ou d’autres prétextes à votre colère. Cette mort est accidentelle souvenez-vous. C'est une attaque cérébrale. Le petit joujou que le Consortium m'a refilé est une véritable merveille. Mais maintenant que le danger Montrivaje est écarté, Monsieur Kumo souhaiterait savoir comment vous envisagez la suite. Il s'impatiente. La Transhumanité ne pourra être viable qu’avec la clé que Sirce a quelque part dans son crâne.

- Nous commençons à obtenir des résultats. Les nouvelles drogues qu’il prend ont les effets escomptés. Des choses lui reviennent. Ce matin nous avons pu vérifier que les stimuli extérieurs sont parfaitement ré encodés par les différentes couches du programme-mirage. Son cerveau parvient a récréer des images cohérentes comme si de rien était. Nous allons pouvoir enfin le confronter à la réalité objective. Nous souhaitons qu’il réactive d’autres zones de son cerveau, car c’est peut-être là que trouve la clé.

- Vous êtes sûr qu’il est prêt ? Vous prenez un sacré risque Monsieur Perada. Si votre cobaye pète les plombs ça risque de faire du dégâts.

- A vrai dire nous n’avons pas le choix. Les chinois attendent des résultats et nos programmateurs commencent à être à court d’idées. Le sujet Waldo Sirce dispose de facultés étonnantes. A la différence de tous les autres, il a été capable d’intégrer le processeur quantique sans aucune difficulté. La connexion hôte-parasite est extraordinaire. Nous n’avons noté aucune interférence. Les différentes couches du programme interagissent parfaitement et toutes ses fonctions physiologiques sont optimales. Nous sommes même impressionnés par certaines capacités physiques déployées par le sujet depuis son réveil.

- Mettons. Et si une de vos couches de programmes foire. Vous avez prévu une solution de secours j’imagine. Il n’y a que lui qui peut nous ramener cette clé, ne l’oubliez surtout pas. Pourquoi ne pas le garder dans vos labos ? Au moins il resterait sous notre contrôle. Le type a été dans le coma pendant presque 3 ans.

- Monsieur Kumo m’a nommé responsable de ce projet Monsieur Demir, coupa Angelo. Et à moins que soyez là pour m’ordonner de démissionner, je mènerai cette mission à son terme et comme bon me semble.

L’oiseau de proie fixa Angelo sans dire un mot. L’ingénieur quantique Perada jubilait d’avoir rabattu le caquet de cet idiot suffisant et prétentieux.

Le morceau jouait par l’orchestre couvrait à peine le silence qui régnait désormais autour de la petite table.

- Nous avons prévu des garde-fous Monsieur Demir. Monsieur Sirce sera toujours accompagné d’un membre de l’équipe. Comme Monsieur Perada vous l’avez déjà dit, grâce au processeur quantique, le sujet les intégrera dans sa réalité subjective sans aucune difficulté. Tous ont été insérés dans les différentes couches de programme-mirage. Même vous.

Futée ma petite, très futée.

- Et si sa réalité subjective finit par supplanter sa réalité objective. Vous y avez pensé ?

- Les risques seront limités au maximum. Nous vous l’avons déjà dit, les couches de programme-mirage sont reliées et très cohérentes. Ensuite nous le maintiendrons dans un état de dépendance émotionnelle. Il reverra ceux qu’il pense être ses anciens frères d’armes, sa sœur et ses parents décédés dans l’accident, il tombera amoureux de moi. Enfin Monsieur Sirce ne sera pas relâché en pleine ville mais dans un décor que nous avons fini de mettre au point. Nous avons prévu une dernière sécurité : la voix.

Erika marqua une pause, elle voulait ménager son effet. Comme Angelo, elle souhaitait aussi prendre l’ascendant sur ce minable, ce porc écœurant. A qui croyait-il avoir à faire cet idiot ? Comment osait-il la déshabiller ainsi de son regard de vautour ? Elle, ingénieure au Consortium, et fiancée de son fondateur.

- D’accord la voix, répondit Akba. Et après ?

Il agita les mains comme pour jongler avec des balles imaginaires.

Erika sourit. Elle aussi avait un sourire “ultra-bright”.

- Le nano ordinateur de Monsieur Sirce reste contrôlable à distance. Une fois que nous aurons récupéré la clé nous désactiverons une à une les couches du programme-mirage. Une fois l’opération terminée, sa réalité subjective coïncidera avec sa réalité objective. Le sujet retrouvera sa véritable identité dans un monde véritable.

Encore une fois Akba Demir aspira le fond de son deuxième verre. Il ne put contrôler le rot qu’il relâcha en même temps qu’il reposait son verre. Il fit un clin d’oeil à Erika en souriant.

- Madame Vyltmöss, je vous serai reconnaissant de me commander un autre Lollipop.

Il se leva pour se diriger vers les toilettes situées à l’opposé. Erika et Angelo le regardèrent traverser la salle et esquisser quelques pas de danse sur la piste. L’orchestre-hologramme jouait “Enjoy the silence”.


- Cet abruti pose décidément trop de questions, murmura Erika Vyltmöss quand l’homme de main eut disparu.

Elle aspira enfin une longue gorgée du cocktail, qui n’avait jamais cessé d’être dans le brouillard.

- Ne t’inquiète pas, si tout se passe comme convenu il sera éliminé au moment prévu par le scénario.

- Tu as pris le temps de bien vérifier le programme ? Tu es sûr qu’il n’y aura aucun souci. Les chinois n’ont pas posé trop de questions.

- Non, ils nous accordent une semaine pour faire la démonstration en grandeur nature et à tir réel. Ils ont hâte de voir le résultat. Notre service juridique est déjà en train de peaufiner les dernières ligne du futur contrat.

- Et l’agent qu’ils nous mettent à disposition ? Il tient la route. Tu as vérifié, demanda Erika.

- Finalement ils ne préfèrent plus nous mettre d’agent à disposition. Je pense qu’ils ne veulent pas trop se mouiller dans cette histoire. Nous avons opté pour une technicienne du département B. Elle planche sur notre projet de neuroCam. Des états de service irréprochables. Une russe. Tu la connais. Lena Dwarcolovna.

- Ça me dit quelque chose. Elle n’est pas ukrainienne ?

- Bof. C’est la même chose.

- Et pour ce journaliste qui nous colle aux basques, ce Fouineur. Qu’est-ce qu’on en fait ?

- Fouinard. Son nom c’est Fouinard.

- Bof. C’est la même chose.

Les deux ingénieurs éclatèrent de rire avant de trinquer.

- Comme pour l’autre abruti en train de pisser, j’ai prévu une couche dans le programme-mirage qui permettra son élimination. Un malheureux accident de catch.

Angelo rit une nouvelle fois.

- Tu as réussi à le mettre dans la partie ?

Le visage d’Erika s’assombrit. Les choses commencer à prendre une drôle de tournure.

- Qu’est-ce qui ne va pas Erika ?

- J’ai des doutes Angelo. Tout ces meurtres qu’on évoque froidement comme ça. Je ne sais pas. J’ai une mauvaise intuition. Je ne crois pas que la Transhumanité vaille ce prix. On est en train de jouer aux apprentis-sorciers et…

- La Transhumanité n’a pas de prix Erika. Ne l’oublie jamais, coupa Angelo. Et toutes ces personnes qui cherchent à lui nuire. Tu comprends c’est vital pour notre projet. On a pas le choix.

- Et ce journaliste, comment as tu réussi à le convaincre ?

- Bien sûr je lui ai dit qu’il allait couvrir l’événement le plus extraordinaire depuis que l’Homme a mis le pied sur la Lune. Couvrir le début de la Transhumanité. Une chance unique. Tu l’aurais vu sauter de joie. Il jouera son rôle à la perfection

- Bien, bien. Rappelle-moi quand les choses sérieuses commencent ?

- Si ma montre est à l’heure dans 5 secondes.


La porte à pivot du bar Le catalyseur s’ouvrit, pour laisser entrer un homme de taille moyenne. Il scruta longuement la salle de son regard rêveur. Il enleva son chapeau, dévoilant une longue cicatrice sur son crâne. Un peu plus loin, un couple, qui occupait la table la plus en hauteur, lui fit signe de s’approcher. Il leur sourit sans trop savoir pourquoi et se dirigea vers eux.

Le couple se leva pour l’accueillir.

La femme était grande. De long cheveux roux ruisselaient sur son visage triangulaire.

L’homme était petit et sec. Ses cheveux bouclés étaient aussi mal coupés que son costume bleu ciel.

- Waldo Sirce, fit l’homme en s’inclinant. Il porta son regard sur la table et vit les verres fumant. Deux verres entamés et un verre plein. Le sien sans aucun doute. Il était en retard.

- Asseyez-vous nous vous attendions Monsieur Sirce. C’est un Lolo Pouet Pouet.

Tant qu’à faire, autant tester le programme tout de suite, se dit Angelo en observant les réactions de leur invité. Le gommage d’incohérence gérerait ça aussi sec. En face, Erika ne semblait pas vouloir rire.

- Merci. Ça m’a l’air délicieux répondit Waldo avant de porter une des pailles à ses lèvres.

Erika remarqua qu’il portait un gros bracelet électronique au poignet. Son bracelet de géolocalisation.

Angelo fit un clin d’œil à son amie, qui préféra détourner son regard.


Brusquement, la situation venait de changer pour Erika Vyltmöss. Car, il y avait un monde d’écart entre observer un sujet allongé dans un labo, et le voir devant vous en train de siroter un cocktail vert fluo. De nouveaux paramètres seraient à prendre en considération désormais vis à vis de cet homme, qui était plus qu’un rat de laboratoire. Sa silhouette athlétique, son sourire timide, son regard habité par des yeux aussi noir que le fond d’un puits, étaient devenus des réalités tangibles, avec lesquelles Erika allait devoir composer, tout au long de l’expérience, grandeur nature, qui commençait à l’instant même.

Les petits coups donnés par Angelo sur la table sortirent Erika de sa réflexion. Son collègue cherchait à lui faire comprendre quelque chose se déroulant derrière son dos. Elle tourna légèrement la tête par dessus son épaule. L’homme de main de leur patron sortait à l’instant du couloir d’accès aux toilettes.


Akba Medir constata qu’il avait mal remonté sa braguette. Il corrigea son erreur d’un geste discret, même si c’était une gageure dans un endroit aussi éclairé. Cela pourrait faire désordre, pensa t-il.

Arrivé au milieu de la piste de danse il remarqua que quelque chose n’allait pas à la table qu’il avait laissé. Ils n’étaient plus deux à l’attendre mais trois. De là où il se tenait, il put quand même voir que le type était chauve. Il se rapprocha et remarqua la grande cicatrice sur le dessus du crâne. C’est bizarre qu’ils aient déjà sorti le cobaye songea t-il ? Ils veulent peut-être me le présenter ?

Le chauve se redressa brutalement. Il venait de reconnaître quelqu’un dans le bar. Un type avec des allures d’oiseau de proie. Un charognard. Il avait l’habitude de le voir quand il allait chercher ses nouveaux médocs. Chez cet abject Farma.


L’étonnement d’Akba était profond. Le sujet l’avait reconnu. Comment était-ce possible ? Les ingénieurs lui avaient expliqué tous ces trucs incompréhensibles de réalité machin-chose. Son apparence dans le programme n’était pas la même que dans la vraie vie. Alors pourquoi le regardait-il ainsi ? Avec dans les yeux cette vilaine envie de lui refaire le portrait.

Akba scruta avec attention les deux ingénieurs autour de la table. La femme lui tournait le dos, mais l’autre petit nerveux semblait éviter son regard à tout prix. Alors il comprit. Son instinct le poussa à faire demi-tour pour quitter le bar. Il réglerait ses comptes plus tard. Il avait déjà une idée.


L’homme était en train de sortir du bar. Une fuite, pensa Waldo. Qu’avait-il à cacher ? Qu’avait-il découvert ? Quelque chose dans sa tête là le poussait à savoir. Une petite voix qui lui disait : “Tu es Waldo Sirce, Renifleur du SEC. Fonce.” Alors il obéit à la voix.

- Où est-ce que tu vas Waldo, s’exclama Angelo.

- Euh ! Excusez-moi mais je pense avoir reconnu quelqu’un. Je ne comprends pas ce qu’il fait là. Je dois vérifier quelque chose. Ne m’attendez pas, bredouilla Waldo.

Il ramassa son chapeau et sortit.

Dehors, il pris le temps de repérer dans quelle direction avait filé l’homme aux allures d’oiseau de proie. Il leva son bras gauche à hauteur du visage et parla à son bracelet électronique. Il s’engouffra ensuite dans la voiture qu’il avait garé de l’autre côté de la route, une Tesla Model 3.

De là où ils étaient, les deux ingénieurs n’avaient rien manqué de la scène. Angelo commanda un autre cocktail.


- Voilà c’est parti, fit Angelo Perada en se frottant les mains.

- Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris ce qu’il vient de se passer ?

Angelo ne put s’empêcher de sourire. Il était tellement content de lui. Il se rapprocha d’Erika.

- Le programme fonctionne à merveille et la couche de réalité subjective est à l’œuvre. Oswald est déjà devenu Waldo.

- D’accord, mais pour l’autre affreux avec sa tête de vautour, pourquoi …

- Disons qu’il nous fallait un tueur, alors je me suis permis de rajouter quelques lignes de code dans le programme, en conservant son affreuse bobine de vautour, coupa l’ingénieur. Sûr de lui, il venait de vider son deuxième verre de cocktail d’une très longue aspiration.

- Nom de non Angelo, Nels est au courant ?

- Pour quoi faire ? Le programme est auto évolutif de toute façon, en cas de pépin on aura qu’à invoquer le principe de libre arbitre du processeur quantique.

- Faites attention Angelo, ne prenez pas Nels pour un idiot.

- Ce n’est pas mon attention Erika. Mais je suis comme toi, et je suis comme Monsieur Kumo, je veux que notre projet aboutisse. Je rêve autant de la Transhumanité que toutes celles, et tous ceux, qui travaillent dessus depuis tant années. Tu te souviens de ce que répètait Romain Sirce lorsque nous suivions ses cours ingénierie quantique.

- Avec la Transhumanité s’ouvrent des possibles illimités.

- Oui. Exactement. Des possibles illimités. Il était si proche du but. Et puis il y a eu ce foutu accident.

- Un pou écrasant un lion, murmura Erika.

- Pardon ?

- Rien, je pensais à haute voix.

- Avec l’incident d’hier, je me suis rendu compte qu’Akba était une variable incontrôlable dans notre partie. Alors, je me suis dit que nous pourrions faire d’une pierre deux coups. Imagine un peu, le premier transhumain résout un crime et élimine un dangereux meurtrier. Les chinois ne pourront être que convaincus. Nous aurons réussis Erika.

- Angelo, il faudra quand même que tu me dises un jour pourquoi tu détestes autant ce pauvre type.

- Ce n’est pas un pauvre type Erika. Cet enfoiré a tué la femme que j’aimais. Natacha Sirce.

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