Réponse à " Un portrait de soi ? "

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Je suis d’une finesse qu’on dit maladive. Filiforme, presque trop. Mon corps, sans le vouloir, trouble et dérange plus qu’il ne séduit. On parle d’anorexie quand il ne s’agit que d’être comme ça, faite d’angles et de silence. Mon visage ne cherche rien, mais il capte. Une peau pâle, un grand front, deux yeux verts qui voient avant même que je regarde. On me dit solaire, mais ce soleil ment souvent, il brille pour masquer les tempêtes intérieures. Je parle fort, trop fort, ma voix s’impose, même quand je voudrais qu’elle se taise. J’entre quelque part comme on entre dans un combat, sans stratégie, mais avec bruit. On ne me remarque pas toujours pour de bonnes raisons. Et pourtant, je préférerais qu’on m’oublie. Je ne cherche pas l’amour, je le redoute. Je préfère qu’on me déteste, c’est plus clair. L’amour est trop flou, trop risqué. J’ai appris à avancer en rêvant seule, même si parfois, une part de moi rêve de se reposer un instant dans la tendresse d’un autre. Je m’habille sans stratégie, un style simple, grunge, sans apprêt. Mes mains parlent plus que mes mots, et quand je me retiens, réfléchis, angoisse, je mords ma langue, littéralement. Je ne suis pas douce, pas souple. J’ai un cœur qui cogne trop fort et une tête qui refuse les ordres. Je déteste qu’on me contredise. Je fonce, je casse, je m’emporte. On me dit excessive, trop brute, trop tout, et j’ai fini par en faire un principe. Toujours en mouvement, je carbure à l’adrénaline, même les piles rechargeables me demandent une pause. Je vis peu dehors, je suis absente du monde, sauf quand il m’oblige à y entrer. Pas faite pour l’amitié, les sorties et les verres qui traînent. Je suis là quand il faut, mais souvent ailleurs. Je n’ai pas appris à être une amie, je me rattrape par la sincérité, j’écoute vraiment. Je suis cette personne qui pleure pour des douleurs qui ne sont pas les siennes. Une éponge à sentiments humaine. Je n’ai pas d’ennemis, je les oublie. J’efface ce qui blesse, sans retour possible. Quand je ferme la porte, c’est à clé, sans oublier de la jeter après. Mon plus grand défaut, c’est que je suis une avalanche mal canalisée. Mon plus grand mérite, c’est que je sens le monde jusque dans ses fractures. Je suis un volcan. Pas pour la beauté des flammes, mais pour le feu qui attend. Et pourtant, sous l’écorce rugueuse, l’âme est fine et sensible.

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Table des matières

En réponse au défi

Un portrait de soi ?

Lancé par Léopold Ine

Lisez d'abord cet autoportrait :

"Je commencerai donc par mon extérieur.
Je suis grande, ni grasse ni maigre ; j’ai une taille fort belle et fort aisée. J’ai bonne mine ; la gorge assez bien faite ; les bras et les mains ne sont pas beaux, mais la peau en est belle, ainsi que celle de la gorge.
J’ai la jambe droite et le pied bien fait ; mes cheveux sont blonds, d’un beau cendré ; mon visage est long, le tour en est beau ; le nez grand et aquilin ; la bouche, ni grande ni petite, mais façonnée d’une manière fort agréable ; les lèvres vermeilles ; les dents point belles, mais pas horribles aussi.
Mes yeux sont bleus, ni grands ni petits, mais brillants, doux et fiers comme ma mine.
J’ai l’air haut, sans l’avoir glorieux. Je suis civile et familière, mais d’une manière à m’attirer plutôt le respect qu’à m’en faire manquer.
J’ai une fort grande négligence pour mon habillement ; mais cela ne va pas jusqu’à la malpropreté : je la hais fort. Je suis propre, et, négligée ou ajustée, tout ce que je mets est de bon air. Ce n’est pas que je sois incomparablement ajustée ; mais la négligence me sied moins mal qu’à une autre, car, sans flatter, je dépare moins ce que je mets que ce que je mets ne me dépare.
Je suis fort méchante ennemie, étant fort colère et fort emportée ; et cela, joint à ce que je suis née, peut bien faire trembler mes ennemis.

Mais aussi, j’ai l’âme noble et bonne."

Anne Marie Louise d’Orléans (Duchesse de Montpensier) 1627-1693 ( dans Mémoires, Livre I)

Saurez-vous, avec la même franchise et la même honnêteté, dresser votre propre portrait ? Sans vous apitoyer sur vos défauts, ni vous attribuer des qualités que nul, hormis vous-même, n’a jamais remarquées ?
Saurez-vous réfléchir, avec la même justesse de regard, à l’effet que vous produisez sur vos contemporains ?

Qu’importe le style, pourvu qu’il soit juste. Cherchez la formule élégante, celle qui fait mouche — comme ce trait délicieux : « car, sans flatter, je dépare moins ce que je mets que ce que je mets ne me dépare ».


Donnez-nous de quoi vous imaginer à travers votre prose (ou vos vers !). La qualité de votre plume y contribuera, alors, offrez-nous ce plaisir ;)

Commentaires & Discussions

Finesse brutaleChapitre8 messages | 2 semaines

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