Chapitre 1

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Quand on a la quarantaine, on croit à peu près tout savoir sur l'amour, sur la fidélité, sur qui on est.

Et on a tous des certitudes.

J'avais les miennes comme tout le monde.

En respectant certaines règles, on peut maîtriser ses choix, sa vie. Par exemple, la fidélité est simple, il vous suffit de mettre entre vous et chaque homme qui vous croise une distance, au sens propre, comme au sens figuré. Pour ne pas être alcoolique, il suffit de ne jamais boire seul. Des règles simples, logiques dans un monde simple et logique.

En amour aussi, j'avais des certitudes et surtout sur la réussite d'un couple. Point trop de passion, mais des critères objectifs comme des points communs sur certaines philosophies de vie. Religions, argent, niveau d'étude, loisirs... Des besoins différents selon chaque personne, mais qui seront indispensables dans la durée. La passion vous empêchant souvent de maîtriser vos fragilités ou vos penchants destructeurs.

J'avais ces certitudes, et même d'autres et puis un jour, il est là, il vous regarde...

À 45 ans, je suis une femme avec une vie banale, qui ne changera pas la face du monde. J'ai un prénom, Elisa, que j'adore depuis toujours. Mes quatre filles sont aussi insupportables et géniales que toutes les filles de leurs âges et mon mari est plutôt dans la catégorie, « de quoi pourrais-je me plaindre ».

En trois ans j'ai beaucoup changé et beaucoup appris sur moi. Avant, j'avais l'impression d'être plutôt comblée. Ma vie était bien remplie, par un sport qui me prenait beaucoup de temps, entre les entraînements où j'allais, mais aussi que je donnais. Le week-end, j'étais souvent en compétition avec de nombreuses heures de route à la clé. Côté famille, il fallait gérer les activités de mes quatre filles. Et côté couple, j'avais un mari qui était comme je l'avais choisi. Intelligent, gentil, acceptant de faire une grande partie des tâches ménagères, que je n'ai jamais porté dans mon cœur. Le sexe n'était pas vraiment mon truc, je faisais le strict nécessaire pour contenter mon mari, mais plutôt par obligation que par envie. Je troquais contre une petite gâterie ou une partie de jambes en l'air, certaines papouilles que j'aimais particulièrement, du ménage, du jardinage ou tout autre envie du moment. Je passais parfois trop de temps sur ma tablette à jouer pour me détendre et me vider la tête. Et niveau boulot, je faisais ce qu'on me demandait le mieux possible, sans y prendre beaucoup de plaisir. En réalité, je m'en suis rendue compte plus tard, je mettais un peu éteinte et oubliée.

C'est dans ce contexte que Paul, est arrivé, un lundi matin de septembre, il y a 3 ans. Il est vrai que je l'ai classé dans la catégorie des beaux gosses. Normal, il avait de beaux yeux bleus, et même si ses cheveux étaient blonds, ces cils étaient longs et châtains, ce qui donnait à son regard, beaucoup d'intensité. Il venait de décrocher un diplôme d'ingénieur, où il était sorti major de sa promotion, donc on peut supposer qu'il était intelligent.

Mais pas de coup de foudre en vue. Il était si jeune (dix-neuf années nous séparaient), si beau, si pas pour moi que cela ne m'a même pas effleuré l'esprit. Il faut dire que je n'ai jamais été considéré comme une jolie femme. Je suis petite, ronde et à part des yeux qui me plaisent, les garçons ne se retournent pas sur moi. En plus, il était venu à Nancy pour suivre sa copine qui y faisait ses études.

À cette époque, chaque jour, je venais au travail, mais même si je discutais avec chacun de mes collègues, je ne mettais jamais liée vraiment à l'un d'eux. Aux vacances, en congé maternité, c'était « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ». J'étais souriante, plutôt bavarde, mais en réalité plutôt sauvage.

Donc pas de changement de programme pour lui, bonjour, cafés et bonsoir. C'était pourtant quelqu'un qui, à l'inverse de moi, se liait facilement d'amitié avec tout le monde. Très vite, je l'ai vu discuter avec chacun et chacune de mes collègues, comme s'il avait toujours été là. Racontant ces soirées, ces week-ends (ce que je faisais rarement), allant parfois boire un coup le soir avec eux (ce que je faisais rarement aussi). Nous discutions sûrement parfois au café, mais je ne m'en rappel même pas. En l'écoutant parler avec tout le monde, je me rendais compte que nous étions opposés sur beaucoup de points. Premièrement, il croyait en Dieu, alors que je me suis toujours considéré athée (voir anti !). Il était évident que je n'aurais jamais de chien ou de chat, car je les avais en horreur (surtout les chiens) et lui au contraire les adorait. Il était passionné par les motos et là encore, je trouvais ça bruyant, puant et inutilement dangereux. Notre seul point commun, résidait dans notre désamour du foot. Autant dire, un petit rien.

Au mois de juin, sa copine l'a quitté et je ne l'ai appris d'ailleurs que plusieurs semaines plus tard, toujours aussi déconnectée de la vie de mes collègues. À cette époque, il a perdu beaucoup de poids, ce qui n'a rien enlevé à son charme, même s'il était déjà très fin.

Ma vie était toujours la même, sans changement en vue.

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