Chapitre 16

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Je ne lui ai plus envoyé de messages de tout le week-end. Quand arriva le lundi, j'étais forcément un peu tendue en marchant dans le long couloir de mon entreprise. Mais les deux jours de digestion, auraient, je l'espérais, fait leur effet.

Donc, comme à mon habitude, en entrant dans le bureau, je lançais un « bonjour » à la volée, avant d'aller poser mes affaires et de faire le tour de tous mes collègues, pour leur faire la bise. Quand arriva le tour de Paul, je lui fis un grand sourire, le plus naturel possible, qu'il me rendit, sans y mettre de lourdeur inutile. Le café matinal se passa comme à l'accoutumé et petit à petit la pression redescendait.

À la pause-déjeuner, j'avais trouvé le bon prétexte pour lui envoyer un message. Il me devait vingt euros pour le cadeau d'Adèle.

« Au fait, tu ne me devrais pas vingt euros ? À moins que ma mémoire ait quelques faiblesses »

« Je n'avais pas oublié ! Ça fait quinze jours que je les ai dans mon portefeuille. »

Mais le lendemain toujours pas d'argent. Je lui avais pourtant laissé l'opportunité de les déposer en mon absence sur mon bureau, en allant faire de la marche pendant la pause-déjeuner.

J'avais attendu jusqu'au lendemain soir et je relançais les hostilités.

« Je vais bientôt devoir prendre des intérêts.
Après, il existe un risque que je tombe dans les pommes en ta présence »

« Là, je suis en route pour Langres. Mais à mon retour, on règle ça. »

« T'inquiètes, j'utilise ces vingt euros pour dédramatiser la situation ;) »

« Tu sais on peut se voir si tu veux ;) »

« C'est dur, les armoires sont trop hautes »

Comme à mon habitude j'utilisais l'humour pour controler mon stress.

« En dehors », me répondit-il.

Mon coeur accélera légèrement.

« Pourquoi pas »

« Impeccable ;) ».

Bon, il faut avouer quand même que Paul avait parfois un drôle de tête, quand nous nous croisions dans le couloir. Il essayait de sourire, mais ça tête avait un côté bizarre, voire même ridicule. Il cherchait à prendre un air détaché, mais on ne peut pas dire qu'il y arrivait franchement.

C'était drôle !

Les jours de la semaine passaient et Paul ne prenait jamais le temps de passer me donner mes vingt euros.

Je tentais bien de temps en temps de lui envoyer un petit sms, pour lui demander s'il n'y avait pas un oursin dans ces poches. Mais il n'y répondait même pas. Il continuait d'avoir l'air gêné quand nous nous croisions dans le couloir.

Le vendredi midi, après son départ, je lui envoyais :

« Paul, je ne sais plus quoi faire pour que tu redeviennes normal. Oublie ce que je t'ai dit, je me gère très bien toute seule. ;) »

« Mais je suis tout à fait normal. Mais, en ce moment j'ai pas mal de trucs à faire. Si tu veux, on se voit la semaine prochaine.
Ce serait bien ;) »

« Ça se voit que tu ne vois pas ta tête quand on se croise ;) »

« Effectivement, je ne la vois pas »

« Heureusement pour toi !
Et pas de soucis pour se voir, mais vu que les milles dernières fois, c'est moi qui ai choisi le « quand », je ne le ferai pas.»

« Je note ;) »

Lundi matin, enfin, Paul passait à mon bureau pour me donner mes vingt euros.

Il avait l'air plus détendu. Le week-end avait fait son effet.

En fin d'après-midi je reçus :

« Tu es dispo quand alors ? »

« Mercredi et jeudi, mais le jeudi, je dois déposer les filles avant »

« D'acc »

Nous recommencions de nouveaux à discuter par sms. L'humour était revenu entre nous et ça me faisait beaucoup de bien. J'avais l'impression que Paul était vraiment passé à autre chose. Il savait qu'il me plaisait, mais nous pouvions rester amis.

Le mercredi, Paul m'écrivit :

« Du coup, tu veux que l'on se voit ? ;) »

« Ouaip »

« Chez moi ce soir ou demain ? »

« Demain »

C'est là que met venu une frayeur. Le terme « se voir » pouvait avoir plusieurs sens. Et je me demandais tout à coup, si entre Paul et moi, il n'y avait pas eu un malentendu. Tous ses messages parlaient de se voir. Mais avant ce dernier message, j'avais imaginé prendre le temps de boire une bière, avec Paul, comme avant et discuter de tout et de rien. Je me trompais sûrement, mais si j'avais vu juste... J'aurais tellement voulu aller plus loin dans ma relation avec Paul, mais au fond, j'avais peur. J'étais terrorisée.

En réalité j'avais flirté beaucoup avec Paul, mais je l'avais toujours considéré comme inaccessible, car il était beaucoup trop parfait et courtisé par des femmes tellement plus belles que moi. Mais peut-être que je m'étais trompée.

Le soir même, je relançais Paul sur la randonnée qu'il avait prévu le week-end qui suivait. Pendant les pauses-café, il avait dit, à plusieurs reprises, qu'il ne savait pas comment il allait s'organiser.

« Alors, ça se précise ton week-end »

« Justement non...
J'ai peur de m'ennuyer tout seul. Ça me gave »

« Si tu es seul, ça ne peut pas tomber à l'eau.
Et puis, être seul ça aide à réfléchir. »

« Oui c'est sûr et c'est justement pour ça que je veux le faire »

« Moi aussi pendant la Toussaint, je me ferais bien deux jours toute seule »

« Du coup je ne sais toujours pas quoi faire...
Tu voudrais faire quoi toi ? »

J'avais l'impression, qu'il aurait aimé que je l'accompagne. D'ailleurs à la soirée de départ d'Adèle, nous avions organisé une randonnée à quatre. Je pense que tout le monde l'avait oublié et puis le chirurgien m'avait interdit ce genre d'activité.

Paul avait-il vraiment oublié et avait-il compris que la randonnée m'était interdit, pour le moment.

« Je me dis, que comme pour l'instant, je ne peux pas faire de randonnée, je pourrais m'incruster chez ma meilleure amie à Toulouse.

« Ça peut-être pas mal. »

« Une amie d'enfance : c'est ce qu'il me faudrait ! Surtout comme Emilie.
Mais franchement, tu devrais passer deux jours au grand air, ça te ferait du bien »

« Je pense ! Ce serait bien. »

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