Chapitre 31

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Comme il était agréable, au retour de vacances, de marcher dans le couloir vers mon bureau. Je savais que la première personne dont j'allais croiser le regard serait celle de Paul. Et puis j'adorais ce moment délicieux où en me dirigeant vers lui, il se retournait pour me faire la bise. À chaque fois sa voix douce prononçait mon nom. C'était la plus jolie musique que je connaisse.

Il y avait un contrat en suspens entre nous et j'étais curieuse de savoir comment Paul allait s'en dépatouiller. Je lui avais laissé la liberté d'une simple pomme, car Paul n'était pas un oiseau que l'on peut mettre en cage.

Bien sûr, le soir venu, le contrat n'avait pas été réglé. Mais ce n'était pas grave. C'était juste une bonne occasion de le réclamer.

« J'ai l'impression que je vais me faire avoir sur ta part du marché. Même pas un croc de pomme en vue ! »

« Décris-moi un peu plus ta pomme, j'ai un petit doute ☺ »

« La pomme parfaite doit être croquante, juteuse, sucrée (mais pas trop), acidulée et surtout pas farineuse. »

« Ça marche. »

« Sachant que la pomme n'était pas mon choix numéro un. ☺ »

« C'était lequel ? »

« Forcément mon petit cœur tout mou mettra toujours la tendresse en un, le savoir en deux et le respect en trois.
En plus l'homme capable de me donner le numéro trois n'existe pas (c'était un piège) »

Ce que Paul ne savait pas, c'est que la jouissance restait compliquée pour moi. J'y arrivais, mais uniquement si mes doigts jouaient avec mon clitoris pendant que je faisais l'amour.

« Mais si ça existe. ☺ »

Les jours passaient, et pas de règlement de contrat en vue. Mais ce qui m'embêtait vraiment, c'est que Paul n'avait pas encore mis une seul fois son bracelet. J'aurais voulu savoir s'il était de la bonne taille et puis s'il lui allait bien. Dès mon retour de congé, c'était l'une des premières choses que j'avais regardées et j'avais été déçue, quand je ne l'avais pas vu à son poignet. Même s'il répondait parfois à mes messages, Paul était beaucoup plus distant avec moi. Au café, il s'arrangeait pour se mettre loin de moi et quand nous devions travailler ensemble, il était froid et légèrement agressif dans ses réponses.

« Je désespère de voir si la taille du bracelet était la bonne et s'il te va bien. ☺ », lui demandais-je.

Mais pas de réponse.

9 janvier,

Je t'ai préparé un message pour te demander ce que tu voudrais vraiment, car je suis complètement perdue.

Pendant les vacances, je t'ai fait une proposition à choix multiple et tu as répondu étonnamment le sexe et de répondre à des questions auxquelles tu n'avais jamais répondu. Pas de smiley et pas de signe d'ironie. J'avoue que sur le coup ça m'a plutôt bouleversé (même si avec toi, je me doutais qu'il y avait anguille sous roche) car j'avais tout fait pour te laisser une échappatoire et tu ne l'as pas saisi au vol. Et puis ensuite à mon retour de congé, j'ai fait connaissance du Paul glaçon, d'où une certaine interrogation. J'ai pourtant calmé nettement le rentre-dedans pour arrêter de te mettre mal à l'aise. Je t'ai juste fait comprendre que je ne cherchais pas particulièrement à m'envoyer en l'air, avec le premier venu. Je n'avais pas envie que tu penses que j'étais juste une salope. Surtout que si j'ai envie de toi, c'est seulement parce que je t'aime et je ne pense pas que ça fasse de moi une Marie-couche-toi-là.

Je te l'enverrais peut-être ce week-end et en attendant, il faut que je tienne bon et que je ne t'envoie plus de sms. Ça va être dur, car j'adore tellement discuter avec toi.

Je me suis donc demandé ce que j'avais envie de faire avec toi ?

Et là, il y a plein d'images qui me sont passées par la tête.

Bricoler ensemble tes motos, même si je ne les aime pas, j'adore les gens passionnants. Je nettoierais les pièces, je te passerais les outils, en écoutant de la musique, ça serait cool.

Faire des randonnées en montagne ! On sentirait le bouc alors on ne se collerait pas trop (ou pas), on regarderait l'horizon, on ne parlerait pas trop, par contre je pourrais te dévorer des yeux sans que personne ne me juge.

T'embrasser, c'est sûr que ça me plairait.

Te prendre dans mes bras ou au contraire me blottir dans les tiens. Et puis si l'envie d'aller plus loin était plus forte, on ne se poserait pas de questions, car ce serait juste nos corps qui communiqueraient.

Faire des grasse-matinées, car on serait bien au chaud sous la couette, peau contre peau.

Chanter avec toi accompagné à la guitare, ça serait le bonheur (j'espère que tu connais quelques accords ?) Danser ensemble, c'est peut-être ça que j'imagine le plus souvent. Se laisser bercer par le rythme, un battement de cœur, un frisson, sentir la caresse de ton souffle sur ma peau, balancer mon bassin contre le tien.

Voilà ce que j'avais envie de te dire ce soir !

Le lendemain toujours pas de bracelet.

Dans la matinée, j'allais voir Paul qui devait me donner une étude. Mais il me faisait comprendre qu'il avait d'autres priorités et qu'il ne ferait pas les modifications dans la journée. Le problème, c'est qu'il me fallait l'étude pour une réunion le lendemain matin et je ne voulais pas me fâcher avec lui devant tout le monde.

« Montre-moi l'étude où je vais devoir sévir »

Mais pas de réponse. Au bout d'une demi-heure, je retournais voir Paul pour lui demander de venir avec son étude à mon bureau.

— Je les ai données au chef, m'avoua-t-il.

— Oui, mais je dois la valider d'abord.

— Tu peux la récupérer sur son bureau, dit-il en soufflant.

— Non, tu peux le faire, dis-je d'un ton tout aussi agacé.

En arrivant au bureau, je lui envoyais quelques remarques par mail, pour bien lui montrer que c'était la collègue et non l'amie qui lui parlait. Je lui expliquais qu'il y avait des procédures et qu'il fallait les respecter. Je comprenais aussi, que toutes les précédentes études, avaient fait le même cheminement et que mon responsable me ferait sûrement des reproches, d'ici peu.

« Je n'avais même pas vu tes mails !! », m'envoya t'il en arrivant à son bureau.

« Je vois ça, tu sévis », ajouta-t-il

« Rassure-moi il n'y a que moi qui est le droit à ce traitement de faveur !!!
Sinon tu es compliqué à gérer !!!
Et pour info, je n'aime pas particulièrement sévir »

« Qu'avec toi », confirma-t-il.

J'allais récupérer toutes les études que Paul avait mises sur le bureau de notre responsable et je vis qu'il avait oublié de faire les modifications que je lui avais demandées sur l'une d'entre elle. Je venais donc lui rendre son travail pour lui demander de faire les corrections nécessaires.

« Alors pour toi, heureusement que j'ai récupéré les études, car je ne suis pas sûre que le chef aurait apprécié l'erreur, surtout s'il avait compris que je n'avais pas vu le retour des modifications.

« Et sache que la responsable d'étude t'aurait bien arraché la tête et que la femme a hésité entre t'arracher tes fringues ou te mordre la lèvre inférieure, donc ça ne va pas nous aider tout ça. ☺ »

Le soir venu après avoir déposé les filles à leur entraînement, je proposais un verre à Paul.

« Toi, moi, place du forum, bar ? »

« Mmh, là, c'est plutôt cuisine à l'appart ! »

« Dommage, j'avais rien à faire jusqu'à 20h15 »

« Pas le bon soir »

« Rendez-vous galant ? »

« Et oui. ;)»

« Profite bien de cette soirée gourmande et que tous tes sens profitent de ces instants. »

Je voulais lui prouver que je n'étais pas jalouse. Ce qui était en plus le cas. Je n'avais jamais exigé la moindre fidélité.

« Merci !! Passe une bonne soirée ☺ », répondit-il.

Le vendredi matin, Paul avait du travail à me faire vérifier et il m'avait fièrement dit que cette fois-ci, il serait parfait. Dès la première page, j'avais trouvé une magnifique coquille et j'étais donc venu lui rendre son travail pour qu'il le corrige.

Je craquais une nouvelle fois et lui envoyais un sms.

« Donc, je ne vois qu'une autre raison, pour que tu laisses toujours les mêmes erreurs, c'est que tu adores travailler avec moi. ☺ »

« T'enflammes pas ;) »

« T'inquiètes, avec toi, j'ai pris l'habitude de ne pas m'enflammer. Même quand tu as dit deux ou trois, je savais que c'était pour voir si j'allais mordre à l'hameçon, car tu es un méchant garçon. ;) »

J'appréciais chez lui cette force de caractère et cette liberté, enveloppé dans un bel écrin de gentillesse. Il n'était pas noir ou blanc, il n'était pas une couleur primaire. Il était un tableau que vous redécouvrez à chaque fois. Mon dieu comme je pouvais l'aimer.

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