Chapitre 44

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Paul était de retour au bureau. Nous avions maintenant une relation entre cordiale amitié et professionnalisme intelligent. C'était suffisant et je continuais à mettre toute mon énergie dans la réalisation d'un centre de formation sportive, où l'une de mes filles aurait pu se perfectionner, avec un encadrement de qualité.

Mais la vie semblait vouloir s'acharner et un dirigeant de ligue avait, semble-t-il, envie de nous mettre des bâtons dans les roues.

« Elisa, mauvaise nouvelle, Édouard nous lâche et a décidé d'accepter un nouveau poste dans l'ouest de la France », m'envoya le président de mon club sportif.

Après quelques échanges, je compris qu'il n'y avait plus la moindre chance et que la dernière chose qui me restait s'envolait. J’étais démoralisée, rien, je n’avais plus rien. Une nouvelle fois, j'étais en larmes.

En arrivant à la maison, je partageais ma déception avec mes filles, qui à leur tour laissèrent éclater leur rage contre le responsable de cet abandon, par quelques grossièretés. De mon côté, j'allais directement m’allonger.

25 mars

Il y a des évidences parfois !

Aujourd’hui, je viens d’apprendre que le projet de CREPS Badminton allait tomber à l’eau.

J’ai bossé dessus, j’y ai mis beaucoup d’énergie et d’espoir et tout vient de tomber à l’eau.

Et en ce moment, j’ai besoin de quelqu’un à qui parler, juste dire que je ne vais pas bien et qui me dise viens là, mon épaule sera solide et douce pour réchauffer ton cœur triste.

Et c’est une évidence, ce n’est pas Florian, ce n’est que toi. Tu me manques tellement dans ces moments-là !

Tous mes espoirs s’envolent : amitié, amour, loisirs, travail... Même ma famille va exploser, la semaine dernière, j’ai même essayé de faire un planning de ma semaine, si je quittais Florian, pour me donner du courage.

Il n’est pas le pire mari du monde, mais d’une certaine manière, je ressens pour lui une forme de dégoût et d’agacement.

« Nouvelles de merde –stop- Il y a des années comme ça –stop- j’ai le blues –stop », envoyai-je à Paul par désespoir.

« Qu’est-ce qui se passe ? », répondit-il pour ma plus grande satisfaction.

« Un gros projet que j’essaye d’organiser depuis septembre, qui vient de tomber à l’eau. Le seul truc qui me restait… Avec mon club, on voulait ouvrir une section sport-étude et l’entraîneur vient de nous lâcher. »

« Ah ok c'est pas cool ça. Vous ne pouvez pas en trouver un autre ? »

« Trop court et trop le candidat idéal. »

Cet échange avec Paul avait un peu apaisé mon chagrin, mais j’avais encore au fond de moi un épuisement, alors je m’endormis pour quelques heures.

Installé tranquillement au café de la gare à boire un café, j'attendais mon train. Je devais partir en déplacement sportif pour deux jours. La tasse blanche sur la table en bois foncé contrastait. Derrière la décoration chaude et réconfortante apportait une touche de classicisme. Je fis une petite photo que j'envoyais à Paul.

« Cool », répondit-il.

Il restait toujours la personne avec qui j'avais envie de partager mes instants de vie.

« Mais tu as fait mieux comme photo quand même… », ajouta-t-il.

Mais à quoi jouait-il ? Je le connaissais très bien et ces « ... » n'était pas anodin. Jamais rien avec lui n'était fait par hasard. Et cette ponctuation entre nous avait toujours eu une connotation sexuelle.

Je voulais lui répondre forcément, mais je ne devais pas trop vite replonger, dans un jeu dangereux.

« Par sms, je n’ai pas souvenir d’avoir envoyé de belles photos. », répondis-je au bout de plusieurs dizaines de minutes.

« Non, non pas par sms »

« Le modèle était différent, mais blanc aussi »

Dans l’après-midi, je lui envoyais une photo d’une bière que je buvais avec mes collègues sportifs dans le train. Mais pas de réponse.

Qu’avait-il cherché ?

Durant mes trois jours de congé, je lui envoyais deux autres photos amicales, mais toujours pas de réponse. Paul était décidément toujours aussi difficile à suivre.

Dimanche 31 mars

Autour de moi, il y a tant de gens toxiques et il faut que je me débarrasse d’eux.

Pour commencer, il faut que je me débarrasse de Florian, qui fait des efforts seulement depuis qu’il a peur de me perdre. Mais en réalité, je sais qu’il n’a pas changé et dès qu’il pensera que le danger est parti, il recommencera sa vie de personne toxique. Celle qui m’a fait penser que je ne savais rien faire, celle qui m’a fait prendre du poids. Mais je peux vivre sans lui, j’aurais la capacité de faire mieux sans cet éternel insatisfait.

Ensuite, je vais me désintoxiquer de toi, qui jongle entre le chaud et le froid continuellement. Un coup, tu fais monter le désir, tu m’envoies un message plein d’ambiguïté et l’instant d’après tu créais un manque insoutenable. Je ne veux plus être dépendante de toi, ce n’est pas ça l’amour. Je veux choisir, je veux quelqu’un qui me respecte, quelqu’un qui me fait du bien, quelqu’un qui me fait croire que je vaux mieux. Je veux être heureuse, être amoureuse, être aimée.

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