Chapitre 45

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Mais Paul n’avait qu’un mot à dire et je replongeais, sans la moindre hésitation.

Ce jour-là, un collègue avait fait remarquer qu’entre les armoires du coin café, on voyait parfaitement mon bureau et Paul, en blaguant, avait dit qu’il avait peut-être mis une caméra pour m’observer et voir si je ne partais pas trop tôt de mon poste de travail.

« Cleptomane et voyeur, ça fait beaucoup de vices pour un seul homme »

« Pas cleptomane ! »

« Voleur d’images »

« Je n’ai plus d’images ! »

« De la faute à qui ? ☺
De plus, elles n’ont jamais été effacées et sont toujours là ! »

Effectivement, même si Paul m'avait bloqué, le fil de discussion était toujours là, avec les photos que j'avais échangé avec lui. Mais lui ne pouvait plus y avoir accès, maintenant.

« En tout cas, je ne les vois pas ! », répondit-il.

« Dommage ;) »

« Oui ! »

Après le départ de Paul, je lui envoyais une photo de mon ordinateur, pour lui prouver que j’étais encore à mon poste de travail.

« A poils ? »

« Et oui, de la tête aux pieds Paul. Tout le monde est parti », dis-je par humour.

« Impeccable »

« Je me sens quand même un peu con »

« Mais non »

« Oups, voilà la femme de ménage »

« Je ne crois que ce que je vois », lança-t-il négligemment.

« Dommage, je ne peux pas, je n’ai plus les codes d’accès », écrivis-je faisant référence à son blocage sur Snap.

Et voilà un beau plongeon du dix mètres. Incapable de résister plus de cinq minutes à Paul. Je n’étais bien sûr pas nu, mais j’avais quand même envie de jouer. J’envoyais donc la photo de mon soutien-gorge, posé sur mon bureau.

« Bin dit donc !!
Intéressant »

« Il n’y en a pas deux comme moi ☺ »

« Toujours pas vu ça en vrai »

« Ce n'est pas faute de t’avoir proposé »

« C’est vrai »

Nos échanges avaient repris, comme par magie, sans raison apparente et sans explications. J’aurais bien voulu que Paul supprime le blocage, mais il s’arrangeait pour ne pas comprendre mes allusions.

Le vendredi matin, Paul avait l’air très contrarié.

« Mais que se passe-t-il ? », lui demandai-je.

« Interdiction d’aller sur le chantier »

« Pas trop dégoûté ? »

« Si, ça me gave tellement »

« Si tu as besoin de réconfort… ☺ »

« Ahah, je pars après manger dommage »

« J’ai tenté ma chance ☺. En plus, je n’aime pas que tu sois triste et il y a plein de sortes de réconforts »

« Comme ? »

« J’ai plein d’idées, mais ce qui marche avec moi ne marchent peut-être pas avec toi ! »

« Comme ? »

« Pour moi : chanter, danser, les câlins, les câlins…, parler avec toi et marcher aussi. »

Paul avait quitté le bureau, depuis trente minutes et j’étais sur le retour. Je lui disais donc, « Bon week-end et n’hésite pas si tu as une idée réconfortante à me soumettre ☺ ».

Je rentrais chez moi et profitais comme chaque vendredi de cette après-midi de liberté pour faire une sieste.

Au milieu de l’après-midi, je recevais un sms de Paul.

« Toucher des seins, c’est réconfortant »

« Des seins comment ? »

Mais Paul comme à son habitude lançait des appâts, puis se défilait. Peut-être voulait-il me donner l’envie de lui envoyer une photo coquine. Ou voulait-il savoir s’il avait toujours le contrôle sur moi.

Vendredi 5 avril,

Depuis quelques jours, je me pose plein de questions sur la confiance que je peux t’accorder.

Mon côté bisounours veut croire que tu es le gentil garçon que j’ai découvert cet été. Qui me faisait me sentir belle, intelligente et désirable. Mais tu continues à jouer au chat et à la souris, alors que je t’ai dit que ça me rendait de plus en plus dépendante. Je pourrais en conclure que tu veux que je t’appartienne, mais dans ce cas, il te suffirait de me dire que tu veux plus. Alors je suis tentée de croire que tu veux juste me faire souffrir. Que malheureusement ce qui te met de bonne humeur, c’est le malheur des autres et plus particulièrement le miens.

Peut-être suis-je trop méfiante, car j’ai trop souvent souffert à cause des hommes.

Que cela doit être bon de pouvoir aimer sans retenue, de donner sans jamais vérifier que l’on n’est pas tombé sur un profiteur. Faire plaisir un peu beaucoup, à la folie, passionnément.

Le samedi matin, après que Florian se soit levé, je pris une photo de moi, allongée dans mon lit, torse-nu et pour une fois on voyait même mon visage, que je prenais toujours soin de sortir du cadre d’habitude. Mais ce jour-là, l'éclairage, mon sourire, mes boucles brunes, tout semblait vouloir faire croire que j'étais belle.

« Réconfort du matin : attention envoi unique, pour les revoir Snap ou réel ;) »

« Mmh ça donne envie cette belle photo ☺ »

« Ah bon et de quoi ? »

« De les toucher et de coucher »

« Humm, quel poète ;) »

J’étais telle une droguée incapable de résister à sa dose d’héroïne.

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