Mémoires : seizième fragment

3 minutes de lecture

Je ne sus pas combien de temps, je demeurai allongée sur le lit. Quand je me réveillai, mon regard s'affola autour de moi, j'étais seule, ma respiration reprit normalement. Un marteau tapait dans mon crâne et ma gorge palpitait douloureuse. Je me levai, me traînant jusqu'à la salle de bain. Mon cou était violacé. Je me servis un verre d'eau et l'avalai à grand-peine. Je restais, quelques minutes, debout accrochée au bord du lavabo. Je venais de frôler la mort, mon esprit se rembrunit. Cet homme était à la fois dérangé, maléfique et toxique. Il ne reculera devant rien pour m'enchaîner. Que me restait-il comme option ? La fuite ou la mort ? Le bruit de ses pas nus sur le parquet me fit lever les yeux. Il entra dans la pièce, s'approcha et prit mon menton entre son pouce et son index. Il inclina ma tête à gauche, regardant le reflet de mon ecchymose dans le miroir. Il se pencha et embrassa la trace de son méfait. Un frisson me parcourut. Il recommença l'opération, mais à droite. Encore une fois, il me vidait de ma volonté. Il capta mes yeux à travers la glace et dans un sourire diabolique :

" Tu vois, tu ne pars pas. "

Il me prit dans ses bras et me porta jusqu'au lit. Ce soir-là, il assouvit son désir se moquant de mon inertie. Les larmes coulaient machinales.

Pendant des semaines, il ne me quitta pas d'une semelle. De mon côté, je guettais avec impatience le moment où je pourrais fuir. Ma petite voix intérieure me le répétait sans cesse. Je devais m'échapper de sa folie. Malgré les cachets qu'il prenait soin de me voir avaler, j'arrivais à rester lucide. Je m'étais réveillée de mon asservissement pour ne plus y revenir.

Il lui fallut retourner à ses occupations, seulement, il n'était pas naïf. Quand il partait pour la journée, il m'enfermait à double tour dans l'appartement et me confisquait mon portable. Nous habitions bien trop haut pour que j'envisage de passer par une fenêtre. Il s'arrangea avec le Directeur de mon école pour que je puisse suivre les cours à distance. Tous les soirs, il me rapportait mes leçons et mes devoirs. Ils constituaient mes seules activités. Je ne voulais pas m'enfoncer de nouveau dans le noir tourbillon de mes pensées alors je m'accrochais à cette béquille que représentait l'école.

Il me vint alors l'idée audacieuse et risquée d'introduire un mot dans l'une de mes copies. Je croisais les doigts pour qu'il ne le remarque pas et priais pour que le professeur qui le trouverait, actionnera ma demande. Mon enseignant d'histoire de la mode me semblait le plus à même de remplir la mission. Je choisis donc d'insérer ma lettre dans la double page du dernier devoir. Dans le mot, je lui expliquai ma séquestration et l'implorais de le faire suivre à la seule personne qui pouvait m'aider, la mère de mon amie.

Après plusieurs jours, sans qu'il ne se passe rien, je me demandai si mon choix avait été le bon. Et alors que l'espoir en mon stratagème me parut vainc, une voix familière traversa feutrée la porte d'entrée pendant que des coups tambourinaient. Mon ancienne patronne prononça mon prénom. La joie me submergea, ma supercherie dépassait celle du maître. Je me jetai sur le vantail de fer, bouche collée pour qu'elle m'entende au mieux.

" Je suis enfermée. Il faut que je sorte, j'ai peur.

- C'est donc vrai, je n'y croyais pas.

- S'il vous plaît.

- Je ne peux rien faire pour l'instant, il faut que tu sois encore un peu patiente. Je vais trouver une solution. "

Elle partit déposant sur son passage un vrai espoir de me sortir de cette situation.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Vanecia ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0