Chapitre 33

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La semaine suivante Eva retourna au bureau. Ils arrivèrent ensemble et, une fois les portes de l'ascenseur refermées, German embrassa Eva sur les lèvres avec tendresse.

« Je ne sais pas si je vais arriver à t’avoir sous le nez toute la journée sans pouvoir t’embrasser.

Eva leva les yeux aux ciels en soupirant.

- Vous êtes incorrigible M. Baxter. »

Les portes s’ouvrirent au troisième étage sur Elliott Bouchard qui semblait les attendre et les invectiva :

« Baxter, Eva dans mon bureau tout de suite »

Eva et German se regardèrent penaud comme deux enfants qui savaient qu’ils n’échapperaient pas à la punition.

Une fois dans le bureau d’Elliot, celui-ci s’appuya sur sa table, croisant les bras, ne les invitant même pas à s’asseoir. Eva ne connaissait pas son géniteur et Elliot matérialisait la seule figure paternelle rencontrée sur son chemin. Aujourd'hui plus que jamais, elle ressentait ce lien père-fille.

« Maintenant, je veux savoir exactement ce qu’il se passe entre vous deux.

- Elliott, commença German. Je crois que personne ici ne voulait que ça arrive, mais… Voyez-vous, il se trouve que pour ma part, comment dire… Je transgresse toutes les règles que je me suis toujours fixées, mais avec Eva… C’est juste différent... Je suis, disons que je l’ai… J’ai un faible pour elle. Se reprit-il, pudique sur ses sentiments.

Le regard d’Elliott qui n’était pas dupe et avait bien entendu le mot caché, devint plus souriant même s’il ne laissait aucun trait de son visage trahir sa satisfaction d’entendre une telle déclaration. Il tourna alors ses yeux vers Eva.

Elle aussi était touchée par cette tirade de German. Elle savait déjà qu’elle ne pourrait plus se passer de cet homme. Ce sentiment si grand l’effrayait et l’apaisait en même temps. Avec lui, elle se retrouvait, il incarnait son havre de paix.

- Qu’en est-il pour vous, Eva ? Vous savez que Camilla et moi, nous sommes toujours inquiétés que vous ne fréquentiez personne. Donc, le plus important pour nous, pour moi, est que vous trouviez un peu de bonheur.

Ces déclarations suscitèrent tout un tas d'émotion dans le corps d'Eva. Se sentir à ce point aimée, n'était pas une habitude. Elle en pleurerait presque de bonheur. German et Eliott, tournés vers elle, attendaient sa réponse. Elle regarda Eliott dans les yeux :

- Pour la première fois de ma vie, je me sens… Je me sens en sécurité, moi-même. Tout ça grâce à German. Et elle tourna la tête vers lui. Et je crois que je ne veux pas me passer de lui quelles que soit les conséquences. »

Le corps de German battait à tout rompre, dans ce « je ne veux pas me passer de lui » il entendait un « je t’aime ». Il lui prit la main et embrassa sa paume.

Elliott se racla la gorge et leur sourit.

« Bien, je n’ai donc rien à redire sur votre relation, seulement cela risque de compliquer les choses, je vous demande d’être discret surtout. Allez, sortez et au travail. ».

German, prit dans un dossier important, dû rester plus tard au bureau ce soir-là, pour finaliser le projet. Lorsqu’il descendit au sous-sol, deux molosses l'attrapèrent et le traînèrent vers le Class S gris. Stéphane Lombard, sans surprise, attendait, acculé au capot, un nuage de fumée blanche sortant de ses poumons, il lança son mégot sur German. Il avait l’œil froid et calculateur. Il avança vers German et lui assena un crochet en plein visage. La chevalière qu’il portait au doigt écorcha la lèvre de German qui accusa le coup sans broncher. Stéphane l'agrippa par les cheveux et collant son haleine sur son nez, menaça :

« J’avais cru me faire comprendre l’autre jour. Serais-tu à ce point-là idiot ?

- Qu’est-ce que vous voulez ?

Le coup que German, pris dans l’estomac le laissa sans souffle quelques secondes. Il grimaça de douleur.

- Je n’aime pas que l’on marche sur mes plates-bandes, alors je ne le redirais qu’une fois. Ne fourre plus jamais ta langue et tes doigts sur ce qui m’appartient.

German savait bien qu’il parlait d’Eva, mais la façon dont il en faisait sa propriété avait quelque chose d’insultant, de méprisant et d'écoeurant à la fois.

- Sinon ?

- Sinon, dit Stéphane en reculant d’un pas, sinon Baxter, je risque de me mettre vraiment en colère. Compris.

Puis il s’adressa en français à ces deux sbires.

- Faites-vous plaisir mais ne l’amocher pas trop.

Il monta dans sa voiture alors que ses deux gardes du corps s’en donnèrent à cœur joie avec German qui malgré plusieurs années de boxe ne faisait pas le poids. Ils le ruèrent de coup de poings avant de se laisser glisser sur les sièges arrière du Class S de Stéphane qui démarra en trombe, l'abandonnant à genoux, sanguinolant.

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