Chapitre 36

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Depuis quelques jours, elle se réveillait barbouillée, écœurée. Elle ne comprit pas tout de suite. Mais ce matin-là, elle se leva tard, German déjà sorti de la chambre, et le premier pied qu’elle mis par terre lui déclencha un haut-le-cœur et elle se rua dans la salle de bain pour vomir. Quelque chose clochait puis une idée, un sentiment lui coupa le souffle. Elle regarda son visage dans le miroir. Les traits tirés, le corps fourbu d’une drôle de fatigue alors qu’elle dormait comme une marmotte. Elle qui avait le sommeil léger, depuis quelques semaines, elle peinait à descendre du lit et ses nausées matinales qui persistaient. Comment n'y avait-elle pas pensé ? Elle ne prenait aucun contraceptif. Sa relation avec German restait une surprise non préméditée. Elle n'avait pensé à rien. Un vertige la prit. German penserait qu’elle le piégeait. Et puis elle ne savait pas comment être une mère. Elle garderait cela pour elle pour le moment. Elle sursauta quand elle entendit German :

- Enfin réveillée ! Dit-il en enserrant sa taille et embrassant le creux de son cou.

Elle lui sourit dans le miroir.

- Quelque chose ne va pas ? Lui demanda-t-il en voyant ses traits soucieux.

- Non, fit-elle en remuant la tête.

- Alors souris, Eva, j’aime tellement te voir sourire. Dit-il en lui chatouillant les côtes.

Elle se contorsionna pour échapper à la douce torture qui lui soutira un sourire.

- Voilà qui est mieux. Et il embrassa le coin de sa bouche.

Eva sentit son cœur se serrer, German était la meilleure chose qu’il lui soit arrivé dans sa vie et elle ne voulait le perdre sous aucun prétexte. Leur relation était trop neuve, trop naissante, elle ne pouvait pas lui forcer la main avec un enfant. Elle ne connaissait que trop bien son sens des responsabilités.
Dans la semaine, Eva se rendit à la pharmacie pour acheter un test de grossesse afin de confirmer ses doutes si tant est qu’elle en eu encore. Elle se partageait entre une joie secrète qui venait du plus profond de son être et une angoisse dévorante de perdre l’homme qu’elle aimait. Car elle ne pouvait plus se le cacher, elle aimait German Baxter. Il lui avait avoué être en train de tomber amoureux, c’est vrai, mais ils se connaissaient à peine. Elle ne voulait pas d'une relation forcée, elle ne voulait pas qu’il assume, car elle était sûre qu’il endosserait ses responsabilités. Mais qu'il le fasse par obligation, la rendrait malade. Qu’allait-elle faire ? Partager ou gérer la situation seule comme elle en avait l’habitude ? Elle se donna du temps pour réfléchir.

Le samedi, toute la famille Baxter partit au grand barbecue organisé sur la plage où un énorme feu brûlait et dont les crépitements rythmaient le son des guitares. Le coucher de soleil ajoutait une ambiance romantique et les couples s’émerveillaient, corps serrés. Eva regardait German qui jouait avec Axel. Le spectacle la toucha. Un tas d'images, surgissant d'un avenir incertain, s'inventaient devant elle. Son cœur échappa un battement, un goût amer sur les lèvres, ses yeux la piquèrent.

Julia lui tendit un verre de bière :

- Ça ne va pas, Eva ? Tu es toute pâle.

Eva reprit pied dans la réalité et força un sourire poli qui n’atteignit pas ses yeux.

- Si ça va, juste un peu fatiguée.

- Oui, tu n’as pas bonne mine. Dit Julia. Serait-ce German qui t’empêcherait de dormir ? Dit-elle en riant. Allez, détends-toi, tu sais je suis vraiment contente qu'il soit tombé sur une fille comme toi !

German et Axel les rejoignirent et Julia prit son fils par la main et alla rejoindre Wyatt, les laissant seuls. Ils en profitèrent pour s'installer sur le sable, face à l'océan qui ondulait tranquille, bercé par une douce brise. Eva posa sa tête sur l'épaule de German, pensive, ses yeux se perdirent dans le lointain de la ligne d'horizon. Elle pensa qu'un moment comme celui-ci pouvait être idéal pour lui avouer qu'elle l'aimait, qu'elle attendait un enfant de lui, même si elle ne l'avait pas fait exprès. Elle devait lui donner sa confiance. Ils formaient un couple après tout. Elle prit son courage à deux mains :

" German, il faut que je te dise... "

Wyatt arriva vers eux, à grandes enjambées, courant presque, un nuage de sable à ses trousses. German comprit tout de suite au visage de son frère que quelque chose n'allait pas. L'angoisse déformait ses traits. German se leva d'un bond.

" Tu as vu Axel ? Demanda un Wyatt qui n'avait plus rien à voir avec le grand fanfaron qu'il était d'habitude.

- Non pas depuis 1h. Répondit German.

- On ne le trouve plus.

German mit la main sur l’épaule de son frère dans un geste rassurant.

- Il ne doit pas être bien loin, on va le trouver Wyatt. On va t’aider.

Ils cherchèrent partout pendant près d’une heure, ils crièrent, questionnèrent les gens. Arriva un moment où ils n’eurent plus d’autre choix que d’appeler la police qui arriva un peu avant minuit.
Ils interrogèrent les personnes présentes au barbecue. Julia était ravagée par l'angoisse. Sa première réaction avait été d’incriminer Wyatt :

« Tu ne l’a pas surveillé ! Tu devais le surveiller ! » Elle hurlait, hystérique, la voix si haut perchée qu’elle semblait sur le point de se casser. Ses larmes dégoulinaient en trombe sur ses joues. Eva la prit dans ses bras, tentant de la calmer.

Finalement, ils rentrèrent à la maison tirant une Julia récalcitrante, qui refusait de quitter la plage. Elle s'accrochait à tout ce qu'elle pouvait, frappait toute personne qui l'approchait. Wyatt dû la porter jusqu'à la voiture. La police continuait les recherches et les tiendrait informés au moindre indice.

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