Chapitre 26

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La chambre de Lysandre était encore plus spacieuse que celle de Lyra. Des moulures aux murs et aux plafonds, des tableaux de peintres célèbres, un élégant secrétaire en bois sombre, une belle cheminée en marbre rosé, un gigantesque miroir en or, des tapis duveteux et des tentures en velours. Tout ça la jeune femme aurait pu en profiter si la lumière éclairait d’avantage la pièce.

La lueur tamisée des bougies enveloppait les deux jeunes gens dans un cocon intime et chaleureux. Lyra avait pris place sur un sofa en tissu. En face d’elle Lysandre sortait un violon de son étui. Il plaça l’instrument sous son menton et commença à jouer.

Ce n’était clairement pas aussi sensationnel que la mélodie de Jude de Lior, mais le duc se débrouillait assez bien. Très bien même. La musique était douce, lente et sensuelle. Son archet se lovait contre ses longs doigts fins faisant trembler les cordes. Si Lyra essayait par tous les moyens de séduire Lysandre de Lomond, ce dernier ne se gênait pas pour faire de même. Le violon était son arme fatale, aucune femme ni aucun homme ne succombait pas devant ce tableau romantique vivant: le jeune duc solitaire jouant passionnément du violon, perdu dans son esprit et sa musique.

Il jeta un rapide coup d'œil à Lyra. Elle le dévorait du regard. C’était encore plus facile que prévu.

Soudain il cessa de faire danser son archet. Il resta dans cette position un instant, immobile.

  • Lyra, votre regard…

Il posa un genou à terre, abandonnant son violon sur le parquet, et posa ses mains sur le sofa. Une de chaque côté de Lyra, ne laissant aucune échappatoire à la jeune femme. Il leva la tête et planta ses yeux bleus de glace dans ceux ambrés et chauds de Lyra. Avec les reflets des bougies, une teinte orangée s'emparait de son visage pâle, ondoyant sur ses pommettes saillantes et ses cheveux ébènes. Il ressemblait à une chandelle. Vif, brûlant, prêt à s’embraser à la prochaine brise.

  • La façon dont vous posez les yeux sur moi. Cela me met dans tous mes états. Je vous mentirais si je disais que vous ne m’attiriez pas. Vous m’attirez Lyra Merryweather. Énormément même. Et j’ai …j’ai besoin de savoir si vous ressentez la même chose. Je veux cesser de me torturer l’esprit en ne pensant plus qu’à vous.

Lyra était abasourdie. Un petit jeu de séduction s’était mis en place depuis leur première rencontre, mais elle ne pensait pas que le duc pouvait se montrer si passionné. C’était juste parfait pour sa mission. Pourtant elle hésitait. Était-ce moral de jouer ainsi avec les sentiments d’un homme sincère et gentil, même si elle n’avait pas vraiment le choix ? Et si elle finissait par en tomber amoureuse ? Il avait un charme à se damner, il était aimable, drôle et espiègle. Et puis cette déclaration lui avait fait frissonner le cœur. Alors pourquoi n’était-elle pas plus encline à se jeter dans ses bras ?

Un visage familier lui vint à l’esprit. Un visage qu’elle n’avait pas souvent vu mais qui était ancré dans sa mémoire. Des cheveux roux comme le feu, des yeux verts tranchants comme la lame d’une épée, des tâches de rousseurs parcourant une peau pâle et de larges cicatrices, témoins d’un passé dont elle ignore tout.

Non ! Pas ce satané Renard !

Voulant à tout prix penser à autre chose, elle empoigna le col de la chemise de Lysandre et plaqua ses lèvres contre les siennes. Dans le mouvement brusque, elle claqua ses dents contre celles du duc. Mais il ne s’en plaignit pas. Au contraire, il lui rendit avec passion. Sa langue finit par passer la barrière de leurs lèvres intensifiant encore plus le baiser.

Tous deux finirent par reprendre leur souffle, encore un peu embrumés par ce qu’il venait de se passer.

Ce n’était certainement pas le premier baiser de Lyra, mais celui-ci était de loin le meilleur. Lysandre savait parfaitement bien s'y prendre pour lui faire tourner la tête sans pour autant que cela devienne une soupe de langue chaotique. Il passait ses mains à des endroits stratégiques : le creux de son dos, ses hanches, ses cuisses. Assez provocant pour lui donner des fourmillements dans le bas du ventre mais sans être ni trop osé ni complètement déshonorant.

Si le talent artistique de Jude était la musique, celle d’Alejandro la cuisine, alors le talent de Lysandre de Lomond était la séduction.

Et Lyra en voulait plus.

Tout en descendant du sofa, elle s’assit sur les cuisses du duc, de sorte à se retrouver à califourchon sur lui. La respiration saccadée du jeune homme ne faisait qu'accroître son excitation.

Il fit s’envoler les cheveux de Lyra pour avoir accès à son cou, qu’il embrassa fiévreusement, tout en délassant le corsage dans son dos. Depuis qu’il l’avait vue pour la première fois, ce soir-là au bal, il n’avait de cesse de vouloir y goûter. Savoir si la peau brune de la jeune femme était aussi douce et sucrée que du caramel. Pendant ce temps, les mains de Lyra se perdaient sous la chemise de son amant - qu’elle avait déboutonnée plus tôt - dessinant avec envie le contour de ses muscles. Lysandre frémit.

Visiblement il était sensible à cette zone. Lyra repoussa les attaques de baisers avant de se pencher vers le torse du duc. Commençant par le haut de son buste, elle posa ses lèvres sur chaque parcelle de sa peau blafarde et lisse. Elle descendit ensuite lentement vers sa poitrine, mordillant au passage les tétons du jeune homme qui poussa un grognement de satisfaction. Son corps était tellement chaud qu’elle eut l’impression que la forme de ses lèvres aurait pu rester dessus pour toujours, comme marqué au fer chaud. Ses baisers se faisaient plus longs, plus sensuels et toujours plus bas. Jusqu’à ce qu’elle remonte aux lèvres de Lysandre qu’elle captura en un instant. D’une main experte elle déboutonna le haut du pantalon du duc.

Lysandre ne savait plus où donner de la tête.

Lyra venait de commencer à mordiller le lobe d’une de ses oreilles, ce qui l’envoyait au paradis, quand on toqua à la porte.

  • Monsieur le duc, votre mère désire s’entretenir avec vous, dicta machinalement un domestique.

La conteuse stoppa net ses embrassades au grand désespoir de Lysandre.

  • Dites-lui que j’arrive, s’exclama-t-il avec la voix de ces adolescents qui n’ont pas encore terminé de muer.

Les deux jeunes gens se contemplèrent. Rouges, échevelés et débraillés. Lyra commença à rire. Peut-être à cause de la pression qui redescendait, de la situation embarrassante dans laquelle ils se trouvaient ou bien à cause de la voix enrouée du duc.

Rire que le jeune homme se mit bien vite à rejoindre.

Lyra se rassit sur le sofa, recoiffant ses cheveux du bout des doigts et remplaçant une des manches de sa robe sur son épaule. Lysandre se releva de tout son long, reboutonnant son pantalon et surtout sa chemise.

  • Je dois y aller, s'excusa-t-il. J’aurais aimé rester.
  • Moi aussi j’aurais aimé que tu restes.

Elle avait glissé le tutoiement naturellement dans sa phrase pour voir sa réaction. Il sourit. Le même sourire qu’il arbore lorsqu'une chose plaisante lui arrive. Le sourire qui lui fait pétiller les iris, comme de fines bulles de champagne perdues dans l’immensité de l’océan.

Avant de sortir de la chambre, il déposa une dernière fois un rapide baiser sur ses lèvres. Les boucles de ses cheveux corbeaux chatouillèrent le front de Lyra.

  • La prochaine fois, tu me diras ce que tu fais vraiment ici à Polaris, dit-il avant de refermer la porte derrière lui, son éternel sourire malicieux collé sur le visage.

Lyra blêmit instantanément. Impossible. Il ne pouvait pas savoir qu’elle était le véritable objectif de sa visite. Alors pourquoi lui poser la question ? Il avait des doutes ? Elle n’avait sans doute pas assez bien joué le rôle de la pauvre petite campagnarde follement amoureuse du beau et puissant duc dès le premier regard.

Même pas vingt-quatre heures et elle avait déjà foiré sa mission.

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