Chapitre 30

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Une nuit sans cauchemars c’est enfin ce que Lyra espérait depuis le début de cette sordide aventure. Son lit était chaud et confortable. Ses draps sentaient bon. Tout était calme dans la chambre. Elle entendait seulement sa respiration devenir de plus en plus profonde.

Toc, toc, toc

Ah bah non.

L’importun n’attendit même pas l'invitation à entrer et passa discrètement le pas de la porte. Il la referma tout aussi discrètement. Était-ce Lysandre qui venait terminer ce qu’ils avaient commencé, ou venait-il la confronter à son mensonge ?

  • Est-ce que vous dormez ?

Elle reconnut la voix étouffée.

  • Je peux savoir ce que vous faîtes ici ? demanda-t-elle amèrement, toujours cachée sous ses couvertures.

Il s'avança jusqu’à la table de chevet. Lyra supposa qu’il allumait le chandelier posé dessus car une lumière diffuse orangée venait de percer le voile d'obscurité au travers sa cachette.

  • Je suis venu pour vous parler.
  • Non je ne parle pas de votre présence dans ma chambre. Qu'est ce que vous faites ici à Polaris ?
  • J’ai été invité par Jude de Lior et j’ai accepté.
  • Pourquoi ?
  • Comment ça pourquoi ? Parce que !

Kayden en avait assez de répondre à un drap blanc médisant, alors il l’empoigna et le fit valser au pied du lit découvrant ainsi une Lyra recroquevillé et simplement habillée d’une chemise de nuit.

  • Mais vous êtes fou ! s’écria Lyra tout en se relevant.

Il lui plaqua la main sur la bouche. C’était la deuxième fois dans la journée. Son masque était si proche qu’elle voyait le reflet des chandelles danser sur la surface dorée. Lyra furieuse le mordit à pleine dent. Le Renard doré lança un juron de douleur, dans une langue que la jeune femme ne connaissait pas.

  • Je vous interdis de me faire taire ! lança-t-elle.
  • Vous m’avez mordu, dit-il sidéré en se massant l’index.

Pour toute réponse, elle haussa les épaules d’un air dédaigneux.

  • Vous me réveillez au beau milieu de la nuit pour ça ? On peut très bien se disputer à mon retour à Silverthrown.
  • Votre père ainsi que le reste de votre famille vont bien.

Lyra arrêta de respirer.

  • Votre père est toujours enfermé mais en bonne santé et votre mère a eu l'autorisation de lui rendre visite régulièrement. J’ai pensé que vous voudriez avoir de leurs nouvelles. Ils m’ont demandé de vous dire qu’ils sont très fiers de vous, ils vous aiment énormément et n’ont qu’une hâte c’est de vous prendre dans leur bras à votre retour.

Elle ne s’attendait pas à ça. Il avait pris le risque de les faire démasquer tous les deux juste pour lui annoncer que sa famille l’aimait. Elle le savait déjà. L’idiot, l’imbécile, le sot. Elle lui tourna le dos. Elle ne voulait pas qu’il la voit pleurer.

  • Est-ce que vous allez bien Lyra ?
  • Partez.
  • Je suis juste fatiguée, partez s’il vous plaît.

Les larmes coulaient à présent le long de ses joues, glissant jusqu’à son cou, secouées par des reniflements de plus en plus bruyants.

  • Non Lyra, ce n’est pas ça. Vous êtes renfermée sur vous-même. Ce midi, vous n’avez pas pu dire un mot. Vous sembliez tétanisée. Ça ne vous ressemble pas.
  • Vous voulez dire que je ne ressemble plus à un bouffon du roi parce que je n’arrive pas à raconter des histoires destinées aux enfants ?
  • Je n’ai jamais pensé ça de vous.
  • C’est amusant car ce n’est pas l’impression que vous m’avez donné lors de notre première rencontre.
  • J’ai été médisant c’est vrai. Mais j’ai appris à vous connaître. Écoutez, je ne suis pas doué avec les mots, je ne sais pas comment m’exprimer pour vous dire ce que je … Vous êtes une femme créative.

Lyra se recouvra la tête du drap pour s’en servir de carapace.

  • Non, vous êtes bien plus que ça en réalité. Vous êtes têtue, rancunière, susceptible et vous appuyez toujours là où ça fait mal.
  • Et bien merci, c’est vrai que je me sens beaucoup mieux maintenant, ironisa-t-elle entre deux sanglots.
  • Mais vous êtes surtout courageuse, loyale, gentille, pleine de vie, et prête à tout pour protéger les personnes que vous aimez. Vous m’avez permis de voir que le monde qui m’entoure n’était pas seulement froid, perfide et cruel. Grâce à vous, j’ai pu découvrir les merveilles des jardins, la sérénité d’une promenade, la magie et l’espoir de l’humain dans vos histoires. Alors relevez-vous et prouvez moi que je ne me suis pas trompé.

Elle se tourna vers lui, les yeux rougis. Elle renifla bruyamment, essuyant son nez de la main. Même comme ça Kayden ne pouvait s’empêcher de la trouver magnifique.

  • Je veux encore être capable de voir la beauté du monde et je n’y arriverais pas sans vous.
  • Faites ce que mes parents vont on dit.
  • Pardon ?
  • Enlacez moi, comme si c’était eux qui le faisaient.

Il s’exécuta. Il ne pouvait pas refuser une telle demande, surtout pas avec un tel désespoir dans la voix. Il ne voulait pas refuser une telle demande. Alors il l’a prise dans ses bras. D’abord timidement. Il ne savait pas où poser ses mains. Puis il sentit le corps de la jeune femme se détendre sous ses muscles, ce qui lui procurait des milliers de petits frissons terriblement agréable à travers chaque parcelles de son être.

À ce moment-là, une petite voix dans sa tête lui interdit de la lâcher. De la protéger de cette situation dans laquelle elle s’était mise. D’être à ses côtés à tout moment de la vie. Kayden la serrait de plus en plus fort, probablement de peur qu’elle ne s’évapore d’un coup.

Lyra se blottit contre son torse, passant ses bras autour de son cou. Il était tout chaud.

  • Votre cœur bat très fort, murmura-t-elle.
  • Je sais. C’est à cause de vous.

La chaleur humaine lui avait manqué. Pourtant vingt quatre heures à peine et c’était dans les bras de Lysandre qu’elle était. Mais la sensation était tout à fait différente. Là, elle se sentait en sécurité, loin de toutes ses histoires de trahisons, de missions d'espionnage, et de mensonge. Elle avait l’impression d’être retournée chez elle, à la maison, à Rivermoore. Sa rancune envers lui avait fondu contre la chaleur de son corps. Elle ne voulait pas que cette sensation se dissipe alors elle resta dans ses bras un long moment, tellement long que le lendemain matin elle ne savait plus quand il l'avait quitté.

Elle avait froid.

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