Stanislas était déjà installé dans la salle de réunion lorsqu’ils entrèrent. Il tapotait nerveusement son stylo sur le rebord de son carnet, un tic qu’il n’avait que lorsqu’il se sentait acculé.

— J’espère que vous avez une bonne raison de me traîner ici un samedi matin.

Il ne plaisantait qu’à moitié.

Sonia prit place en face de lui, croisant les jambes, son stylet coincé entre ses doigts. Gabriel ferma la porte et activa l’écran holographique.

— On a refait l’expérience, Stan. À deux.

Il haussa un sourcil.

— Quoi ?

— On a testé la matière oscillante avec un organisme vivant.

Il cessa immédiatement de jouer avec son stylo.

— Vous avez fait ça sans moi ?

— Tu nous aurais arrêtés.

— Putain, mais bien sûr que j’aurais dit non !

Il se redressa, les coudes sur la table, les épaules tendues.

— Vous avez utilisé quoi ?

— Une souris.

Il soupira longuement et se massa les tempes.

— Et ?

Sonia prit la parole, sa voix plus calme, presque posée.

— La matière a réagi. L’oscillation a suivi le rythme biologique de la souris. Sa respiration, son rythme cardiaque. Ce n’était pas une coïncidence.

Stanislas la fixa, cherchant à déceler une faille, un doute. Mais elle n’en montrait aucun.

— Vous avez vérifié plusieurs fois ?

— On a croisé les mesures, changé les paramètres. On a tout contrôlé, répondit Sofia.

Silence.

Il détourna les yeux vers l’écran, observant la superposition des données.

— Ce n’est pas possible… soupira Stanislas.

Son murmure trahissait quelque chose que Gabriel n’avait encore jamais entendu dans sa voix : une once d’incertitude.

— Il faut que je refasse tout.

Gabriel et Sonia échangèrent un regard. Ils s’y attendaient.

— D’accord.

— Je veux tout revoir. De zéro. Vérifier chaque variable, chaque source d’erreur.

— On le fait ensemble.

Il releva enfin les yeux vers eux.

— Si je trouve la moindre faille, on arrête là.

Gabriel hocha lentement la tête.

— Marché conclu.