Matin Gelé

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Elle est droite dans ses bottes, le menton levé sous ce froid glacé. Sous un ciel blanc de neige prisonnière de nuages aussi épais que ses plaies. Celles qu'elle dissimule sous un manteau d'hiver, sous les manches longues de ses pulls informes sous lesquels se perdent ses courbes divines.

Elle a des bleus à l'âme et sur sa peau épuisée, sur son cœur fatigué par les luttes qu'elle combat lorsque le monde s'endort et se tait. Jolie demoiselle, dans ses vêtements élimés, dresse le visage vers un avenir qu'elle espère en secret, qu'elle dessine sur ses pages froissées. Ses crayons de papier s'usent en de magnifiques arabesques, noircissent les croquis qu'elle trace quand les larmes se perdent. Sur ses joues. Sur ses lèvres gercées. Sur un sol gelé où se soulèvent les feuilles maronnées au gré du vent, du temps qui s'écoule et ne s'égaie jamais.

Sa chevelure dorée s'est ternie, ses boucles se sont emmêlées lorsque les bourrasques se sont élevées et ont emporté avec elles ses rêves épuisés. Fatigués de ne jamais s'exaucer ou ne serait-ce que s'illuminer un matin d'été.

Les saisons se sont envolées, avec elles, les sombres regrets se sont réveillés. De ceux qui nous tiennent éveillés même lorsque l'aurore s'absente sous un blouson d'obscurité.

Elle est droite dans ses bottes, le menton levé vers un ciel ombragé. Là où se perdent les sourires qu'elle a vu éclore quand l'amour régnait encore. Celui qui apaise le vacarme, jusqu'au lever des armes. Celui qui sèche les larmes avant que les drames ne se trament. Puis est venu le moment des regrets et de ce froid mordant. Celui grignotant sa chair, l'âme en peine, des os et du sang.

L'éther s'est étalé sur un parterre de fleurs aux épines acérées mais à la corolle flétrie, aux pétales fanés. Comme ces cendres laissées de lettres brûlées. Jetées au feu des coups que la bête a semés. Aux ecchymoses que la haine a fait germer, alimentée de perles salées, d'une pluie de plaies que le monde a engendrés. Il suffit de panser un cœur esseulé, mais les nuages sont aussi sombres que son âme blessée. Les cicatrices se rouvrent quand le tonnerre résonne dans son esprit harassé.

Sera-t-elle condamnée, comme les anges qui se sont brisés quand la terre s'est fissurée ? Ses ailes se sont enflammées, il ne demeure, désormais, qu'une nuit d'intense gelée. Les racines de sa rose ont pleuré des larmes d'amers regrets.

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