Chapitre 7

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Cela faisait déjà cinq heures qu'Amélia épluchait minutieusement chaque dossier, relevant avec minutie chaque élément qui pourrait l'aider à comprendre la personnalité et les motivations du tueur. Cependant, certains éléments clochaient, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur le détail qui lui échappait.

Elle se fit la remarque que toute cette histoire lui donnait un mauvais pressentiment, quand elle perçue des voix, venant du couloir.

—  Qui l'a laissée entrer ?

Elle connaissait cette voix. Et encore plus son intonation. Elle se tourna vers la porte lorsque cette dernière s'ouvrit, laissant apparaître Franck Lemoine, le visage déformé par la colère. Derrière lui, suivaient Vallée, l'air hagard d'un enfant qui avait été pris en flagrant délit, et Bourgeaus, essoufflé comme s'il venait de courir un marathon.

—  Amy, tu n'as rien à faire ici ! Et tu es en retard à ton cour, les officiers t'attendent !

Elle l'ignora, descendant de la table sur laquelle elle était assise et s'approcha des tableaux sur lesquels étaient exposés les crimes du tueur le plus imprévisible qu'elle avait connu jusque là.

Elle se retourna pour faire face aux trois policiers, un sourire retroussant ses lèvres en un sourire.

— J'ai un profil.

— Que pouvez-vous nous dire sur notre homme? Demanda Bourgeaus, en lui tendant un café qu'elle accepta volontiers.

La cinquantaine affirmée, les tempes grisonnantes, des cernes bordant ses yeux et sa chemise maintenant avec peine son embonpoint abdominal, l'homme était le parfait cliché du flic aux donuts.

Amélia se plaça devant l'un des tableaux couverts des photos des victimes pour faire face aux trois hommes.

— Gardez bien à l'esprit que ceci n'est qu'un profil préliminaire. Certains éléments de ces meurtres sont incohérents et il reste encore des zones d'ombres à éclaircir.

Elle marqua une pause puis reprit la parole, ses interlocuteurs pendus à ses lèvres.

— Commençons par la victimologie. Cinq victimes, dans la vingtaine, ayant toutes le même profil, brunes aux yeux marrons. Seulement, une particularité définie déjà notre homme: les deux premières victimes, les plus jeunes, étaient des jeunes femmes rondes. Il n'y a pas eu d'agression sexuelle dans ces cas-là. Les autres étaient minces, athlétiques. Cette fois-ci, il les a violées. Enfin, on peut le supposer pour la dernière victime....

Leila Bouktali, 22 ans, avait été retrouvée, un couteau de 20 centimètres planté dans son sexe.

— Il serait attiré par les minces? Interrogea Bourgeaus.

— On y viendra après. Pour en revenir à ces jeunes femmes, toutes sont décrites comme des filles sérieuses, sans problèmes, avec un mode de vie plutôt simple. Elles étaient toutes d'excellentes élèves, avaient une vie sociale plus ou moins développée pour certaines. Les victimes 2 et 3, Julie Rigaudeau et Sarah Verrier, étaient même en couple. Ce n'étaient pas des victimes d'opportunités, notre tueur les a traquées, a épié le moindre de leurs mouvements. Il ne les as pas choisies au hasard.

Elle laissa un moment aux policiers pour digérer ce qu'elle venait de leur dire.

— Maintenant concernant notre homme, et pour répondre à votre question Lieutenant, il suit un schéma précis. L'âge de ces victimes augmente au fur et à mesure de ces crimes. 18, 19, 20, 21, 22... On peut donc supposer qu'il a entre 20 et 35 ans. La morphologie de ces victimes évoluent au fil du temps, on peut penser qu'elles représentent une femme bien précise pour notre homme. Une mère, une soeur, une voisine... Quelqu'un qui représente pour lui une figure maternelle et qu'il déteste, qu'il veut punir à travers ces femmes. Plus il se rapproche de la vision qu'il a de cette femme, plus ses crimes deviennent violents. En plus de son mode opératoire classique, la victime n°2 a été étranglée et réanimée maintes fois, lui brisant les côtes. La victime n°3 a eu les membres découpés. La victime n°4 avait de nombreuses plaies profondes au niveau des bras et elle a été écartelée. Mais il a atteint le summum de sa colère avec la victime n°5: tétons découpés, profondes plaies le long des artères fémorales, égorgée... Il s'est acharnée sur elle.

— Qu'est-ce que tu entends par son "mode opératoire classique"? Ce mec n'a pas de MO précis, il fait une vraie boucherie à chaque meurtre! Lança Lemoine.

— Ça, c'est ce qu'il essaie de nous faire croire, répondit-elle en haussant les sourcils. Il se fait passer pour un tueur psychotique, qui perd toute raison lors de ces meurtres. En réalité, il est ce qu'on appelle un tueur organisé, gardant le contrôle pendant ses crimes. Concernant son MO, c'est simple: selon le rapport toxicologique, il drogue ses victimes au propofol, un puissant anesthésiant. Puis il transporte ses victimes dans un lieu isolé, probablement une habitation isolée ou un entrepôt désaffecté. Il les attachent, il aime les avoir à sa merci, il a besoin de les dominer pour pouvoir les torturer, c'est ça qui l'excite. Certains actes différent selon les victimes mais il y a une constante: il leur arrache les ongles, leur brise les doigts, les brûle dans le cou et le creux des clavicules, sûrement avec une cigarette. Ensuite, il leur prélève un morceau de peau de dix centimètres sur dix au niveau de l'omoplate gauche. Il les viole et termine en les poignardant plusieurs fois, trente-neuf pour être précise, ce nombre ayant sûrement une signification pour lui. Et justement c'est là que ça ne colle pas.

Lemoine lui lança un regard interrogateur. Mis à part que ce type était un vrai taré, il ne voyait pas ce qui perturbait tant sa jeune collègue.
Comme pour répondre à sa question silencieuse, Amélia enchaîna.

— Le viol. Ça ne colle pas avec le meurtre par arme blanche.

À l'expression qu'ils affichaient, les trois hommes n'avaient visiblement pas l'air de comprendre où elle voulait en venir. La jeune femme soupira.

— Ok, ok. Par définition, un tueur organisé a un QI élevé. Il est compétent socialement, ce qui signifie qu'il est parfaitement bien intégré dans la société. C'est quelqu'un que ses voisins ou ses proches ne soupçonnerait pas. Et il est également compétent sexuellement.

— Oui, enfin ça, il le prouve en abusant de ses victimes.... songea Bourgeaus.

— Oui et justement, c'est ça qui ne va pas! Poignarder quelqu'un, comme il le fait, est une représentation de l'acte sexuel en lui-même. C'est un MO qui est utilisé par les tueurs impuissants. Or lui, il abuse de ses victimes. Mais pourquoi les poignarder si il vient déjà de les violer? Il n'en a pas besoin! Et pourquoi ne pas abuser de toutes ses victimes? C'est comme si....

Elle se tourna vers les photos.

— Comme si il essayait de nous dire quelque chose, de nous transmettre un message... murmura-t-elle.

— Sur quels types d'individus on doit se concentrer? Interrogea Vallée.

C'était la première fois qu'Amélia l'entendait parler depuis son arrivée.

—Le tueur sait se fondre dans la masse. C'est un psychopathe, incapable de ressentir la moindre émotion, mais il a appris à les simuler. Comme je vous l'ai dis, il est parfaitement intégrer, il vit peut-être même en couple. Il fait un travail qualifiant, probablement dans le domaine médical vu ses méthodes. Un médecin, un vétérinaire... Vu les lieux où ont été retrouvés les corps, il est mobile, il a un véhicule en bon état. Il est arrogant, prétentieux, il a un besoin pathologique d'être admirer par les autres, ce qui veut dire qu'il suit ses crimes dans les médias, malgré le fait qu'il n'interagisse pas avec la presse. Il aime être au centre de l'attention mais il veut tout de même garder le contrôle sur ce que l'on sait de lui. Il a dû essayer ou essaiera d'interagir avec l'enquête en cours. Et c'est comme ça que nous le coincerons.

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