Août 2010

5 minutes de lecture

Je suis de retour chez moi après deux semaines de vacances loin d’elle, ajoutée à celle qu’elle a passée avec ses parents juste avant, ça fait trois semaines que nous ne nous sommes pas vus, et les longues minutes au téléphone chaque soir n’ont clairement pas été suffisantes pour moi. Certes Clémence avait retrouvé sa place pendant cet intermède, surtout les deux dernières que nous avions passées en voyage tous les deux, une sur la côte d’azur, près de Sainte Maxime avec ses parents, et la seconde au bord du lac d’Annecy en camping avec les miens, mais Caro me manquait vraiment.

A peine terminé de vider le coffre de la voiture, je file me changer et enfourche mon vélo, les vingt bornes qui me séparent d’elle sont avalées en moins de trois quarts d’heure, et c’est tout transpirant que je sonne à sa porte, espérant qu’elle soit seule chez elle. C’est elle qui vient m’ouvrir, dégoulinante, et me saute au cou pour me claquer un baiser plus qu’humide sur la bouche.

- Enfin, t’es là !!!

- M’embrasse pas je suis tout transpirant, c’est dégueu. Mais je suis heureux de te retrouver…

- Moi aussi, je commençais à me faire chier, seule ici. On va piquer une tête ?

- Comme ça ? C’est pas la bonne tenue…

- Heu… Ouais… Bon… Mets toi en caleçon!

- Comment dire… Sous le cycliste c’est pas super confortable…

- Ha...

- Et je peux prendre une douche avant ? Enfin, me rincer au moins ?

- Ben y’a bien la douche au bord de la piscine…

- J’y vais vite… File moi une serviette…

- Stop!!! Non!!! Attends…

- Quoi? Y’a ton amant caché dans le jardin?

- Non… T’es bête… Mais mes parents sont là… Et…

Je sens au regard qu’elle porte sur ma tenue et mon état que je vais devoir faire un effort de présentation.

- Ben en tenue de vélo ou à poil ?

- Heu… Ben non, en fait… Suis moi… Tu vas te doucher ici.

Elle me conduit dans la salle de bain, me tend une serviette et me laisse me rincer.

- Caro?

- Tiens j’ai trouvé de quoi faire, heureusement que mon frère a laissé traîner des affaires avant de partir…

- Pose ça et file…

- C’est bon… Je peux supporter ça…

Depuis deux mois que nous nous étions rapprochés, certains moments dans la piscine n’avaient plus rien de simples jeux entre amis, et si nous nous étions contentés de caresses qui n’avaient plus rien d’amicales, nous n’avions pas encore sauté le pas sous les draps et n’avions pas encore osé avouer nos sentiments réciproques.

Après m’être rincé et séché, j’avais enfilé le caleçon et le bermuda que Caro avait trouvé dans un carton d’affaires qu’Alexandre, son frère, n’avait jamais récupéré. Je ne suis pas fan des couleurs vives et des shorts à fleurs, mais n’ayant que ça à me mettre, je ne dis rien.

- T’es tout bronzé mon chou…

- J’ai bien profité du soleil… Tes parents sont au courant pour nous?

- A peu près…

- C'est-à-dire?

- Ben je leur ai pas dit pour nous deux, enfin je leur ai parlé de toi concernant le lycée et l’athlétisme, mais c’est tout quoi… Ma mère se doute bien de quelque chose, elle t’a déjà croisé devant le lycée ou au stade et Ingrid a un peu gaffé la semaine dernière, alors bon… Mon père risque de moins bien le vivre… Mais en même temps tu lui piques sa fille… Alors…

- Je vais rester sage, promis… Mais je suis pas rassuré…

- Sois toi-même… Ça ira…

C’est donc avec une tenue appartenant à mon beau-frère, torse nu et stressé que j’ai rencontré pour la première fois mes beaux-parents et ce ne fut pas une franche réussite. J’ai rapidement compris d'où venait le charme de Caroline, elle ressemblait à sa mère comme deux gouttes d’eau, même sourire, même regard, tout en étant plus grande et moins fine, pourtant elle avait hérité des yeux de son père, de sa carrure et de son caractère à ce qu’elle m’en avait dit.

Même si Hervé et Elise avaient l’air plutôt sympathique, leur accueil fut assez froid, je me suis senti franchement mal à l'aise de débarquer comme ça, et de leur imposer ma présence.

- Papa, maman, je vous présente Justin.

- Enchanté… Désolé de débarquer un peu à l'improviste… Je passais dans le coin et ma compagne d’études me manquait…

- Enchantée aussi, y’a pas de mal.

- Bonjour jeune homme. Un appel aurait été le bienvenu… Pour prévenir au moins.

- P’pa!!! Il m’a prévenu hier, qu’il passerait sûrement… C’est moi qui aurais dû vous le dire…

- En tout cas, je suis ravi de vous rencontrer.

- C’est bon? Vous voyez pas que vous le mettez mal à l'aise… On peut aller piquer une tête ou vous comptez lui faire passer un interrogatoire? Allez, viens sinon t’en a pour des heures…

- De toute façon, on va vous laisser, on doit aller remettre de l’ordre au bureau avant de reprendre le boulot lundi prochain.

- Je dois cuisiner quelque chose pour ce soir?

- Ça ira mon poussin, on s’en occupe. Justin, vous restez manger avec nous ce soir?

- Ça aurait été avec plaisir, mais je suis venu en vélo et je préfère rentrer avant la nuit.

- Ah… Effectivement, c’est plus sage…

- Merci quand même pour l’invitation.

Après le départ de ses parents, nous avons enfin pu profiter de nos retrouvailles en toute tranquillité, même si je gardais toujours un œil sur la maison, inquiet qu’ils ne changent leurs plans au dernier moment et ne soient de retour.

Profiter de la fraîcheur de l’eau en compagnie de Caro me fait énormément de bien, nous passons un bon moment à nous raconter nos vacances entre deux baisers. Je retrouve enfin la douceur de sa langue, la chaleur de sa peau, la profondeur de son regard dans lequel s’allument quelques paillettes couleur saphir.

- Ma puce, je vais devoir y aller…

- Quoi? Déjà?

- Désolé, mais je veux rentrer avant la tombée de la nuit, la route est déjà suffisamment dangereuse en plein jour, ce serait con que je me fasse renverser…

- T’es sûr de vouloir partir maintenant?

- Vouloir? Non, je veux pas… Je dois…

- Mouais…

- Tu veux venir à la maison demain? Je suis sûr que mes parents seront ravis de te rencontrer, et Clems aussi…

- Bonne idée… Je vais voir ça avec les miens, mais je suis pas sûre qu’ils voudront se taper deux aller retour dans la journée…

- S’ils peuvent te mener déjà, après on se débrouillera pour te raccompagner.

- Je vais négocier ça… Je t’envoie un message ce soir…

- D’acc… Allez je vais me changer et je file…

En moins de deux minutes, j’ai remis ma tenue complète et je retrouve Caro sur la terrasse.

- Très appétissant tout ça… Ca te moule à ravir… J’ai envie de croquer…

- Moque-toi…

Après un dernier baiser passionné, j’enfourche mon vélo et me prépare à partir.

- Tu m’envoies un message quand tu es arrivé?

- Bien sûr, et toi dès que tu as la réponse de tes parents?

- A demain mon coeur.

- A demain ma puce.

Le chemin du retour se passe sans encombres, je profite de ce moment d’effort, seul avec moi-même, pour faire de nouveau le point sur la tournure fort plaisante que prend notre histoire, tout en me disant que dans une semaine nous reprendrons le chemin des cours, dans des classes différentes et que les journées sans Caro à mes côtés risquent d'être beaucoup moins agréables. Pourtant, là ou il y a quelque temps, avec d’autres, j’aurai pu m’inquiéter pour l’avenir, avec elle, j’ai la certitude que les mois à venir se passeront sans encombre.

“ Bien arrivé. tu me manques déjà. Je t’embrasse…”

“ Merci… C’est OK pour demain, on fera comme tu as dis, je t’embrasse fort…”

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