Juin 2012

7 minutes de lecture

Finalement, le déclic a lieu peu de temps avant la date anniversaire du dernier coup de fil de Caroline et tout a commencé avec un simple message d’Ingrid.

“J’espère que tu vas mieux. On voulait venir te voir, est ce que tu es chez toi?”

“Ça va pas trop mal je dirai, je suis à la maison… Je vois pas où je pourrais être… Tu viens avec qui?”

“Tu verras… On passera dans l'après-midi…”

J’ai prévenu ma mère et passé les heures suivantes à tourner en rond dans ma chambre, les contacts réguliers avec Ingrid sont les seuls qui me relient encore à Caroline, en dehors de mes souvenirs. Ceux avec mes parents et Clémence, les seuls qui me relient encore au monde extérieur. Voir du monde me fout maintenant dans un état de stress indéfinissable, alors savoir que je vais recevoir une visite surprise, je vous laisse imaginer mon état…

Je viens de poser ma guitare sur son stand lorsque ma mère m’appelle depuis le rez-de-chaussée, à peine ai-je passé le seuil de ma chambre que je reconnais la voix d’Ingrid, ainsi que deux autres qui me font dresser les poils, battre le cœur et fondre en larmes.

- MÊME DANS LE PIRE DE MES CAUCHEMARS J’AI PAS ENVIE DE LES VOIR!!!!

- Juju!!! S’il te plait…

- NON!!! ILS ONT RIEN A FOUTRE ICI!!!

- Justin…

- BARREZ-VOUS DE CHEZ MOI!!!

- JUSS, FERME TA GUEULE ET ECOUTE!!!

- Clems?

Je l’entends monter les escaliers, puis elle viens me prendre par dans ses bras en chuchotant et m’assoir sur mon lit.

- Arrête tes conneries.Viens avec moi. Ils veulent juste discuter avec toi…

- Non!

- T’es sérieux là? Tu crois que c’est facile pour eux? De venir jusqu’ici pour te parler?

- Je m’en fous royalement… Ils pourraient crever, ça ne me ferait ni chaud, ni froid…

- Justin… Ils ont des choses à te dire… Essaye au moins de les écouter… Montre leur que même si tu leur en veux, même si tu leur pardonneras jamais ce qu’ils vous ont fait, tu es capable de les affronter… Une dernière fois…

- Je… Non!!!

- Pour moi… Fais le pour moi… Montre moi que t’es pas aussi con… Montre moi que tu peux affronter les problèmes comme un homme… Je t’en prie Frérot…

- Et j’y gagne quoi?

- J’en sais rien… Mon respect… Mon admiration…

- Tu parles… Comme si ça allait changer ma vie… Comme si ça allait la faire revenir…

- Ça non, c’est sûr… Mais je t’ai toujours soutenu, depuis le début je suis là, même si tu m’en as mis plein la gueule, je suis toujours revenue, je suis toujours restée près de toi, parce que je tiens à toi plus que tout… Mais j’en ai marre de te voir dans cet état, Juss, j’en ai marre que tu passes à côté de ta vie à cause de ça, je veux retrouver le mec souriant, joyeux, qui m’a fait craquer il y a quelques années, j’ai envie de retrouver mon frère bordel!!!

- Et moi j’ai envie de retrouver Caro!!!

- Juss, je te le dis une dernière fois… Oublie-la! C’est fini vous deux, c’est dur mais c’est comme ça, tu ne peux plus rien y faire… Alors descends, prends ce qu’ils veulent bien te donner et passe à autre chose… J’ai été patiente jusqu’à aujourd’hui, mais j’ai une vie moi aussi, je vais pas la passer à supporter tes conneries, tes caprices, ton entêtement… Soit tu descends, soit je me casse pour toujours et tu te retrouves tout seul! La balle est dans ton camp… Je te laisse cinq minutes…

- NON CLEM!!! Reste!!! Je suis désolé que t’ai eu à subir tout ça, je suis désolé d'être tombé amoureux de la mauvaise personne, mais je peux rien y faire… Maintenant, tu te casses, je crève… Et cette fois je ferais en sorte de pas me louper, je te le promet…

- Ferme ta gueule! Arrête de jouer au con!

- Clems… Je t’en supplie reste… Tu m’as convaincu, je vais descendre, les écouter, mais je veux pas les voir… Et je le fais pas pour moi, ni pour eux… Je le fais parce que tu me l’as demandé, parce que je veux pas te perdre… Parce que sans toi je suis mort… Parce que quoi que tu en penses, quoi que tu en dises, j’ai toujours des sentiments pour toi…

- Juss, je t’en supplie, ne remet pas ça sur le tapis… Pas maintenant… On en reparlera plus tard… Bientôt… Quand tu seras vraiment remis… Je vais descendre, leur expliquer, je vais me débrouiller pour que t’aies pas à les voir…

- Merci soeurette… J’arrive alors…

La serrer dans mes bras m’a redonné un peu du courage qui m’avait fui quelques minutes auparavant et j’ai réussi à rejoindre le salon, bonnet sur la tête, lunettes de soleil sur les yeux, je ne voulais pas qu’il devinent quoi que ce soit si jamais nos regards devaient se croiser. Arrivé au rez-de-chaussée, je m’installe sur une chaise de la salle à manger, alors qu’ils sont assis derrière moi, sur le canapé du salon.

- Je suis là, allez-y, parlez…

J'emploie mon ton le plus froid, cassant, essayant d’avoir l’air le plus détaché possible…

- Justin, on est venu te dire qu’on est désolé pour tout ce qui s’est passé et on voulait s’excuser pour les conséquences fâcheuses que cela a pu avoir sur toi et sur ta vie, sur celle de tes proches aussi. Si on avait su que ça se passerait comme ça, on aurait essayé d’agir autrement, mais on a dû gérer dans l’urgence pour sauver l’honneur de notre famille…

- C’est un peu tard pour vous en rendre compte!...

- Nous le savons.

- Si je comprends bien, l’honneur prime sur le reste!

- Mais c’est comme ça… Si ça peut te rassurer, Caroline va bien, très bien même et elle te passe le bonjour… Elle te demande simplement de reprendre une vie normale, de te reprendre en main et de poursuivre tes rêves, comme tu le lui avait promis et… D'arrêter tes bêtises et de passer à autre chose...

- Elle revient quand?

- Jamais, malheureusement… Si tu le souhaites, nous pourrons te donner de ses nouvelles régulièrement, preuve qu’on ne t’en veux plus pour ce qui s’est passé, mais nous devrons continuer à passer sous silence certains détails… Voilà… C’est tout ce qu’on avait à te dire…

- C’est bien… Si j’en ai besoin, je prendrai contact avec vous… Maintenant partez…

- Justin!!!

- Quoi?... Ils ont terminé?... Donc ils n'ont plus rien à foutre ici…

- On comprend… Pas de soucis… Au revoir Justin…

- Ouais… C’est ça… Ciao…

Sans un mot, j’ai regagné ma chambre, j’avais besoin de digérer ce que je venais d’entendre. Mais je n’ai pas vraiment eu le temps de cogiter sur mon avenir, interrompu par trois petits coups à ma porte…

- Juss? Je peux entrer?

- Depuis quand tu demandes la permission? Tu sais que t’es ici chez toi…

- Merci… T’es sûr que tu veux de moi? Ou t’as besoin d'être seul pour encaisser?

- Clem… Le jour où je veux plus de toi près de moi, plante moi un couteau dans le cœur, ça voudra dire que je mérite plus de vivre… Je te mérite pas Clems… Je mérite pas une amie comme toi… Et pour encaisser, ça me dérange pas que tu sois là, au contraire…

- Tu parles… Tu le mérites encore plus qu’un autre, ne serait-ce que pour ce que tu as vécu depuis quelques mois… Pour être toujours là… Tu t’es relevé trois fois et je t’aiderai pour la quatrième…

- J’ai plus besoin de me relever… J’ai compris… Je n’ai plus aucun espoir de la revoir? Très bien… Elle me demande de continuer ma vie sans elle? D’accord… Après tout, ça fait un an qu’elle reste silencieuse… Ok, j’ai compris le message… Elle va bien? Tant mieux pour elle, si l’honneur de ses parents vaut plus que moi, c’est son choix… J’en ai fini avec ça… Avec elle… Je suis guéri Clem… J’ai perdu assez de temps, il me reste trois mois pour me remettre en selle, avoir mon bac et je vais le faire. Demain je reprends une vie normale, je passe à autre chose…

- Justin? Tu vas bien? Ou t’as encore pété les plombs?

- Clems… C’est bon… Je vais bien… Ce sera surement pas le cas tous les jours, mais je m’en fout, je t’ai toi, j’ai ma famille, j’ai mes rêves, des projets à réaliser… Alors je sais pas ce que ça va donner… La suite je veux dire, mais je m’en fous… Je vais pas attendre indéfiniment qu’elle change d’avis…

- Je sais pas ce qui se passe Juss, mais je veux que ça dure… Ca me fait du bien de te voir dans cet état et de t’entendre dire ça… Je serai toujours là si t’as besoin, près de toi pour t’épauler…

- Je sais Clem… Comme toujours…

Même moi je n’en revenais pas de ce soudain revirement, après les avoir entendus me dire ce qu’ils avaient à me dire, j’ai immédiatement senti un énorme poids s’envoler, je me suis senti léger tout à coup et l’envie de reprendre ma vie en main est revenue, comme-ça, sans aucune raison apparente.

Après plus d’un an de hauts et de bas, de crises et de pétages de plombs, d’heures passées à pleurer sur ma guitare, j'envisage enfin la sortie du tunnel.

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