Chapitre 2°) Réincarnation
Lorsqu'Ania s'est réveillée, sa réaction a été instantanée.
Un bond la fit sortir de son lit.
Elle ne reconnaissait pas ce décor.
Elle dormait dans une pièce carrée. La lumière passait à travers deux vitres rectangulaires.
Elle ne reconnaissait pas non plus ses vêtements.
Une tunique blanche? Des braies bleues?
Le pire fut quand elle trouva un grand miroir.
Quelle était cette coiffure ? Une mèche tombait sur son œil gauche.
L'objet qui l'avait réveillée continuait de faire du bruit, c'était un rectangle de métal relié au mur par un fil blanc qui tomba tout seul.
Au milieu du téléphone portable, un symbole, évoquant un réveil, un objet qu'Ania ne connaissait pas, fluctuait. Des ondulations sortaient de ce dessin, accidentellement, Ania réussit à l'éteindre.
La situation justifia le froncement des sourcils de la jeune femme.
Elle prit l'objet et sortit de l'appartement.
Lorsqu'elle poussa la porte, Ania sentit un problème. Une fois refermé, l'objet se prit donc le poing de la jeune femme.
- Aïe! réagit-elle.
Comment frapper une porte pouvait lui faire mal? Elle tenta de bondir, mais n'atteignit même pas un mètre.
- Je suis une mortelle? s'étonna la jeune femme.
Sortir de cet immeuble était plutôt facile.
Une fois dehors, Ania eut la confirmation de ne pas connaître cet endroit.
Les bâtiments étaient de grands immeubles gris, les routes étaient couvertes de matière noire. Les véhicules roulants ne disposaient même plus de chevaux. Il y avait même un objet volant grâce à une hélice posée sur son dos.
Les humains utilisaient de petits objets rectangulaires similaires au sien.
Leurs vêtements aussi avaient changé.
Ils portaient tous des tissus qui ne semblaient pas issus d'animaux ou de plantes.
L'odeur était insupportable. Du carbone le remplissait, ça venait de ces véhicules motorisés.
Ces derniers s'arrêtaient et avançaient selon les trois lumières de poteaux placés sur les trottoirs.
- Mademoiselle Dolorès...?
La jeune femme regarda avec colère et dégoût ce monde.
- Mademoiselle Dolorès ?
Une main approchant de l'avant-bras d'Ania, cette dernière recula et se mit en garde. L'homme qui l'avait interpelée ne s'était pas attendu à ce qu'elle réagisse comme ça. Il se dit qu'elle pratiquait la boxe.
La jeune femme se calma en observant ce charmant jeune homme.
Ses cheveux roux, ses yeux verts, sa peau pâle et sa taille la rassurèrent. L'énergie qui émanait de lui confirma le soupçon d'Ania:
- Ah ouf... Un buveur de sang! Je me demandais si j'allais devoir me téléporter...
La jeune femme fut choqué de la facilité déconcertante avec laquelle cet homme pouvait la tirer jusqu'à la ruelle la plus proche, il la fustigea en essayant de ne pas trop hausser le ton, les badauds pouvaient les entendre:
- Ça va pas la tête? Vous voulez que des mortels nous entendent?
- Et alors? Un petit sort d'oubli suffit! Et pour un humain, tu me parles d'une manière bien présomptueuse. Tu n'as pas peur de ma réputation ? s'étonna Ania.
- Votre réputation ? C'est justement pour vous parler de votre patron que je suis venu. répondit le jeune homme.
- Quel patron?
- Euh... Hammond, quoi... Vous savez...
- Qui? Amon? Mais ça fait belle lurette que je ne l'ai pas vu, ce vieux croûton !
- Euh... Nous nous sommes rencontrés tous les trois, hier!
- Non hier, j'étais à Rome. répondit la jeune femme.
- Comment ça, à Rome? fit Jake en haussant un sourcil
- Ben oui.
- Mademoiselle Dolorès... commença Jake.
- Vous vous f*utez de ma gu*ule? Je suis Ania, fille d'Éris... Attendez que mes sœurs apprennent ça.
- Pardon... Vous Ania... Ania des "Algées"? comprit le buveur de sang.
- Eh bien, vous voyez quand vous voulez!
Jake avait entendu parler de la légende. Les Algées étaient dans la mythologie Grecque les trois sœurs qui personnifiaient la douleur. Elles étaient les trois filles d'Éris: Lupe, Achos et Ania... Respectivement, douleur, deuil et chagrin.
- Vous êtes une Olympienne...
- Pu*ain?! Tu peux pas dire un truc intelligent sans enchaîner sur un truc c*n? s'exclama la divinité païenne.
- Mademoiselle D... Ania... Il faut que nous nous rendrons ailleurs.
- Tu n'as qu'à nous téléporter où tu veux.
Le jeune homme tira son interlocutrice plus loin dans la ruelle avant de projeter quelques flammes noires et blanches.
Cet éclair d'énergie fit disparaître les deux êtres avant de les faire réapparaître dans un bureau.
- Ania. En quelle année sommes-nous?
- Comment le saurais-je? Je n'ai jamais prêté attention au système de "dates" des mortels.
- Pour pouvoir vous répondre, j'ai besoin de votre collaboration... Quel est votre dernier souvenir concernant les mortels et notre civilisation ?
- Eh bien... Il me semble qu'avec mes sœurs et ma mère, nous nous f*utions de vous. Nous étions en train d'observer les sénateurs Romains qui jouaient à leur jeu à la c*n, là... La "Paliotique". répondit Ania.
- La politique... Comment étaient habillés ces hommes? Comment étaient-ils venus à la réunion.
- Je sais plus... Ils portaient des genres de toges blanches avec un peu de couleur en dessous. Et je crois qu'y en a un qui est venu en charrette tirée par des chevaux.
- Que faisaient ces gens? demanda le sorcier roux.
- Ils tuaient leur chef en le mitraillant de coups de couteaux. C'était très drôle. Un déballage de stupidité humaine particulièrement savoureux.
- César et Brutus? réagit le jeune homme.
- Oui, c'étaient leurs noms. Tu les connaissais. Si c'est le cas, je te prie d'accepter mes condoléances et mes excuses.
- Ania... Cet assassinat a eu lieu il y a plus de deux mille ans!
Si Manuela avait l'impression d'avoir fait un bond de vingt ans, Ania, elle, réalisa à quel point les choses avaient changé.
- Ah... Donc non seulement, je suis devenue une mortelle, mais en plus j'ai fait un bond dans le temps... Bon ben, aurais-tu l'obligeance de me tuer? Ma prochaine vie sera sans doute meilleure... Non, je dois trouver un moyen de contacter ma tante... Elle s'y connaît !
Le jeune homme soupira en s'asseyant. Il posa ses doigts sur l'arête de son nez: Ania Dolorès ne lui était d'aucune utilité.
- Et au passage, qui es-tu, toi, sorcier? demanda la jeune femme.
- Pour commencer, tu es toi aussi une sorcière. précisa le jeune homme.
La jeune femme disparut instantanément. Un éclair bleu et blanc la fit réapparaît à l'autre bout de la pièce.
Elle se concentra sur la bouteille d'eau que Jake avait posée sur sa table, le liquide contenu bougea tout seul. Il fonça vers le haut, ce qui fit flotter le morceau de plastique dans l'air.
- Ah oui. Tant mieux ! se rassura la jeune femme.
- Je suppose que je vais devoir t'aider.
- Pardon?
- Je suis Jacob Saltflame, trésorier de la “Flèche de Fer”.
- Et alors? C'est quoi, ça ? Une secte?
- Nous sommes une association faisant le lien entre les mortels et...
- Rien à f*utre! Je dois retrouver ma famille.
- Ania! Tu ne comprends pas. Le monde a changé en deux-mille ans.
- Et?
- Par exemple, je dois prévenir ton travail.
- Quel travail? C'est pour les humains, ça! Ah oui, c'est vrai, m*rde...
- Ania. Tu... Roooh!
Le sorcier soupira :
- Tu peux me dire ce que tu vas faire, une fois dehors?
- J'avoue que si le monde a changé, ma famille a dû se disperser, soit, j'accepte ton aide, Jacob Saltflame.
*****
Flash!
Un nouveau rayon gris, noir et blanc foudroya la jeune femme et son accompagnateur
Ce dernier les téléporta donc jusqu'au lac marécageux devant lequel avait été bâtie l'université de cette ville.
La jeune femme haussa un sourcil en découvrant cet endroit.
Même si l'architecture évoquait les autres bâtiments des mortels, avec quelques touches Grecques Antiques, aucun courant électrique et aucune onde ne passait dans ces murs.
- Les sorciers utilisent donc toujours leurs bonnes vieilles technologies au lieu de s'en remettre à celles de mortels... Si seulement Tata Athéna était là, elle pourrait confirmer! pensa la jeune femme.
- Pourquoi nous avoir amenés ici?
- C'est la ville de Zorya... Et c'est ici que tu travailles, nous ne sommes pas loin du centre commercial, mais je me suis dit que tu pourrais discuter avec les étudiants pour comprendre comment le monde a évolué ces deux derniers millénaires. Et accessoirement, si ton patron vient te remonter les bretelles, il n'osera pas le faire devant tous ces gens.
Jake fut interrompu par un bruit d'impact. Son regard se tourna vers une maison située au bord du lac, un peu éloignée de l'université: il s'agissait de la sororité où logeait son amie, Manu.
D'après le bruit, un mur venait d'exploser.
À suivre...
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