Chapitre 14°) Passé et avenir

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J'étais toujours occupée avec mes pensées. Je devais analyser la situation. Il me fallait comprendre ce qui m'arrivait.

- J'ai commencé à me souvenir de quelque-chose... Dansa vie antérieure, je m'appelais Lavigna Sthot...

La jeune Cherokee me demanda quelque-chose :

- Lavie, tu dois me promettre de ne pas lire dans mes pensées tant que tu n'en as pas l'autorisation...

- Et si un méchant débarque comme par hasard et t'hypnotise? demandai-je.

J'utilisais l'humour, mais en réalité, mes nerfs pouvaient exploser à tout moment.

Oui, mes nouvelles conversations ressemblaient à ça.

- On avisera en espérant que ça n'arrivera pas. Je suis sérieuse, j'ai une surprise. me fit mon amie.

- Bon ben d'accord, alors. Promis!

- Tu te souviens de l'amour de la vie de Kave? Ben, du coup, non...

- Lequel? plaisantai-je en découvrant que ça n'avait pas changé.

Ah... Au moins, je savais quelque-chose de ce fameux Kave.

- La fille de Nane Sarma qui bossait dans des trucs plutôt louches. C'est un peu long, mais figure-toi qu'avant qu'il ne la trompe avec sa sœur, elle avait découvert qu'une livraison qui pourrait t'intéresser aurait lieu à la mine, sur la plage... C'est malheureusement pas trop légal... Surtout pour des personnes postulant à l'Academie!

Et Ania avait appris tout ça en quelques heures!

L'avantage d'avoir été envoyée ici, c'était que je ne savais même pas quelle loi nous allions violer!

Et qui était Nane Sarma? Il me semblait que c'était le nom d'un dieu païen...

Tout comme Kave, divinité Finnoise de la Lune.

Je ne pus pas m'endormir, Ania remarqua ce que j'aurais voulu:

- Tu es fatiguée ?

-Oui, mais je peux attendre... Je veux voir la surprise !

Mon amie m'invita à la suivre jusqu'à la lisière de la forêt, nous nous retrouvâmes à la plage. Je fus étonnée de voir ce qu'il y avait de l'autre côté de l'eau, je reconnaissais ces rivières de lave et ces pierres couleur sang et rubis...

Nous nous trouvions sur une presqu'île tropicale.

Oui, une presqu'île !

Je savais qu'il ne s'agissait pas d'une île puisqu'un isthme, soit la bande de terre qui nous reliait à ce reg volcanique, immergé était visible sous l'eau.

Enfin... J'ignorais si on pouvait parler de presqu'île quand la bande de terre en question était presque aussi large qu'une voiture et à trois mètres de profondeur.

Je voulus tirer dessus.

Ma "Quintessence de Vie" bouillonna dans ma main avant de se propulser.

Blonk!

La vache! Quelle solidité!

- Tu fais quoi? me demanda Carla.

- C'est juste que je voulais récolter un de ces cailloux brillants, mais la pierre est trop dure ! me justifiai-je.

- Ça m'étonne que tu veuilles ramasser un bout de graphite.

- Pourquoi ? m'étonnai-je.

- Tu as dit tout à l'heure que ça te rappelle trop les cubes gélatineux de la technologie de l'E.P.E et qu'ils sont dégueux.

Maintenant qu'Ania le mentionnait, je notais une certaine ressemblant entre des blocs de graphite et les images de synthèse mal codées qui composaient les appareils de ceux que je voyais comme mes ravisseurs.

Je vis une fête qui avait lieu sur la plage, à l'entrée d'une mine. Ania me demanda de la suivre.

Fort heureusement pour moi, les personnes réunies pour cette fête un peu trop formelle à mon goût parlaient une langue que je comprenais. Fort malheureusement, je m'en fichais!

Mon ventre gargouilla, je sentais une odeur intéressante.

Suivant mon amie, je visitai donc la mine, ça sentait bon. Je percevais la présence de plusieurs mets simples, mais alléchants, des sandwichs, des amuse-bouche et des boissons. Alors que j'admirais l'apparence très moderne des câbles et appareils gris éparpillés un peu partout, je fus dérangée par un bruit de chute et des plaintes, elles venaient d'une zone en travaux. La curiosité m'y mena, j'avais bien compris que quelqu'un s'était blessé et qu'une ampoule avait éclaté.

Deux jeunes femmes étaient tombées d'un étage. Elles n'avaient pas vu le panneau "En travaux"...? Ou l'échelle ?

Je me rendis compte qu'un humain était présent, quelqu'un accompagnait la nouvelle victime de mon intrusion cérébrale.

Un beau jeune homme dont le débardeur moulait une solide musculature, malgré une svelte silhouette, sous sa veste en jean soupirait. Je me sentis trop coupable pour lire ses pensées.

Notre cible, un jeune Philippin ne portant qu'un pantalon et une étrange cape de fourrure était en train d'aider une adolescente qui s'était démise l'épaule en se disputant avec son amie. Ses yeux bleus fusillèrent les deux étudiantes. Il me fallut un moment pour reconnaître Usil.

En plus du beau guérisseur, il y avait l'autre jeune homme très mignon, un certain collègue, je me noyais dans ses yeux de jade, il y avait aussi un employé de la mine. Le concierge tapait des pieds, il laissa le visiteur sermonner les deux filles:

- Dîtes, les gamines, si cet endroit a un panneau "Interdit d'entrer", c'est pas pour rien!

Les jeunes filles, qui devaient avoir un an de plus que leur guérisseur, étant presque tombées d'un étage, l'une des deux n'avait pas grand-chose, mais l'autre allait avoir besoin d'un plâtre. Si Usil fustigeait les deux "pestes", comme il les appelait pour rester polie, elles essayaient de se justifier à base d'élucubrations portant sur le sujet si peu commun de "elle m'a piqué mon mec", Jake essayait de rester ferme, mais sympathique. Il regardait les jeunes filles, elles avalèrent leur salive.

Il prit son inspiration et laissa Usil se boucher les oreilles. Le jeune homme Asiatique aux yeux de saphir en avait marre d'entendre le sempiternel sermon sur le pacifisme, la manière constructive de régler un désaccord et la maîtrise du sang-froid:

- En tout cas, j'ai hâte que vous vous expliquiez à l'hôpital! ricana le Philippin.

- Vous pouvez pas remettre mon bras en place? demanda la fille.

Le jeune homme à la cape se retint de rire:

- Oui, tout le monde sait que c'est comme ça que ça se fait... Sérieux, tu crois vraiment que ça marche comme au cinéma, y a que les monstres qui peuvent faire ça! Si j'essaie de te remettre l'épaule en place, je risque de péter des os. En plus, tu es obligée d'aller à l'hôpital. Quand vous êtes tombées, tu as éclaté la lampe et regarde. Ton doigt! Y a une marque de brûlé. Je tiens à ce que tu te réveilles demain!

- Comment ça?

- Gamine, tu apprendras que l'électricité est sans doute passée par tout ton corps avant d'aller se décharger dans le sol... Donc comme je ne sais pas à quoi ressemble ton cœur, il faut que tu ailles à l'hôpital. T'as jamais entendu parler des gens qui allaient se coucher après s'être pris un coup de jus, mais qui ont fini par devoir passer par la morgue pour qu'on apprenne que la décharge a cramé des parties de leur cœur?

Et monsieur prétendait ne pas être médecin.

Pendant que le concierge amenait les deux étudiantes à l'entrée, afin de leur faire attendre l'arrivée des ambulanciers, je restai avec les deux jeunes hommes. Leur loup ailé était trop mignon. Ils poursuivirent leur visite de la mine qui d'après les banderoles fêtait son anniversaire.

C'était étonnant, rencontrer un loup ailé ne me dérangeait pas.

Ania me donna un coup de coude et pointa son front:

- Ils vont dans la même direction que nous, ce sont eux qui doivent acheter ce qui nous intéresse.

J'allais enfin savoir de quoi il s'agissait.

- Eh, fayot... Y a les filles qui nous suivent.

Je l'interpelai:

- Excuse-moi... C'est juste que je suis persuadée que je te connais, maintenant que t'as les cheveux noirs... Et pas par rapport à un clip ou à une interview.

Le guérisseur afficha un sourire carnassier et me regarda en me répondant:

- Peut-être en tant que plombier... Ou jardinier... Ou flic... Ou envahisseur extraterrestre !

- Ah! T'es acteur, en fait? compris-je.

J'avais en effet souvent eu l'occasion d'admirer le talent de ce jeune homme.

- Pap... Florian... Nous n'avons pas le temps de d... Discuter. fit le jeune homme qui lui tira le bras.

- Eh, c'est pas parce que je parle avec deux femmes que je les drague. Surtout que c'étaient elles qui nous suivaient.

- Oui, va-s-y, fais-nous passer pour des chaudasses! réagit Ania.

- J'ai l'impression que je devrais trouver le conversation répugnante... pensai-je.

- Vous êtes libres de faire ce que vous voulez! Et pourquoi vous nous suivez alors? réagit Florian.

Carla réagit et tenta quelque-chose :

- "Hocus Pocus"...

- Quoi? Vous aussi? lâcha le jeune Philippin surpris.

Apparemment il connaissait ce mot de passe.

Nous suivîmes donc les deux garçons et leur animal de compagnie, j'en profitai pour le caresser, c'était le plus beau canidé que j'avais pu voir de ma vie.

Ils arrivèrent jusqu'à un accueil installé dans une grande caverne où convergeaient plusieurs tunnels pourvus de rails, derrière une vitrine cubique, une femme travaillait sur un ordinateur qui me rappelait mon anneau.

La femme demanda aux garçons ce qu'ils désiraient. Le jeune homme aux yeux de jade montra son anneau et afficha une photo représentant une sorte de lettre officielle :

- Oui, nous venons pour le dossier "Lenoir", plus précisément pour le bloc "Hocus Pocus".

Ayant entendu le mot de passe, la standardiste se servit de sa propre chevalière-sanglier pour projeter un rayon rouge sur celle de Bobby.

- Ces demoiselles ont-elles aussi l'autorisation ? demanda la femme méfiante.

La standardiste accepta de nous amener dans un placard qui avait été creusé dans la paroi rocheuse.

Plusieurs affaires y étaient rangées, elle nous demanda de rentrer et ferma.

Le jeune homme à la cape sortit de la doublure de celle-ci plusieurs flacons remplis de liquides irisés ainsi qu'un cube de graphite mielleux bleuté.

La contrebandière attrapa son paiement et offrit une malle à ses clients, elle l'ouvrit, elle contenait des papiers et des outils enveloppés dans du plastique.

Ania observa le contenu, déçue, puis sembla sentir un éclair de satisfaction. Son visage s'illumina.

Nous sortîmes ensuite, mon amie me laissa étudier son esprit:

- À un moment, j'ai eu peur que ce ne soit pas grand-chose, mais cette aura ne ment pas, tu ne vas pas être déçue.

Le jeune héros aux yeux verts m'envoûtait.

Je ne savais pas comment le décrire, mais il émanait de lui une telle force, une telle impression d'autorité. J'avais l'impression de me retrouver en face d'un héros ou d'un sportif olympique. C'était juste... Du charisme!

Le jeune Abénaquis nous regardait Ania et moi.

J'en profitai donc pour analyser son aura.

Elle ressemblait à un faucon constitué de vent, vert, parsemé de quelques nuances de bleu, mais surtout de turquoise.

Son ami, lui, possédait comme totem le loup, il était sculpté dans l'eau et la glace, plusieurs bleus très beaux formaient cet esprit canin.

Ces énergies ne ressemblaient pas à celles des vampires.

Jake nous demanda:

- Si j'ai bien compris, Lavie, c'est ça...? Tu es fan de Lenoir... Et plus particulièrement de son travail...?

Se demandait-il si j'étais toujours celle qu'il avait connue ?

Le jeune homme essayait de parler en code, mais échouait, je ne comprenais vraiment pas la nature de cette transaction, ni même pourquoi elle était illégale...

- Oui, Lavie est une grande fan du dossier "Hocus Pocus"! termina Ania.

- Vous devez comprendre que ce... Dossier sera remis à un ami, Florian et moi voulions lui faire une surprise.

Apparemment, j'étais la seule à ne pas parler le "suspect".

- Bon, "Robot-man", elles ont qu'à venir à la maison et on leur montrera. De toute façon, il faut bien qu'on vérifie ce qu'on offrira à Yaya. Les filles, vous savez voler?

- Oui! répondit Carla.

- Ah bon?! pensai-je.

Nous sortîmes de la grotte, les deux jeunes hommes portaient leur malle noire.

Le Philippin aux yeux bleus, qui était un peu plus petit, mais plus large d'épaules que son ami, s'entoura de son aura bleue, il se saisit de la malle d'une main et commença à quitter le sol.

Décollant, Florian fut rapidement accompagné par son ami et leur loup battant des ailes.

- Lav', tu me portes, s'teuplaît ? L'examen m'a tuée.

Au passage, merci, les méchants inconnus de nous avoir effacé la mémoire juste avant un examen important. Nous ne savions même pas pourquoi nous postulions pour cette université.

Je récupérai donc ma forme féerique, étendis mes ailes et suivis les deux hommes volants et leur canidé ailé. Ils nous conduisirent jusqu'à une cabane de bois et de pierre située au milieu d'une clairière, une serre était reliée à l'arrière-cour.

Nous profitâmes un peu du vol pour papoter.

Une drôle d'odeur émanait de cette maison. Les deux jeunes hommes nous invitèrent.

En entrant, je détectai plusieurs parfums et émanations d'aura suspectes à ma gauche, il y avait un laboratoire.

Alors que Florian restait avec nous dans le salon, retirant sa lourde cape velue et la posant sur un portemanteau, son loup filait dans son lit, se couvrant de ses propres ailes. Jake se dirigea vers la cuisine.

- Ça vous dit un thé ? demanda le jeune Natif Américain au sourire d'ange.

- Sinon, y a d'la gnôle! ajouta son sauvage colocataire torse nu.

- Lav' ne boit pas, et... Vous avez pas plutôt un jus de fruit?

- Vous tombez bien... Yassine aussi déteste l'alcool.

Pendant que le charmant moralisateur sortait les verres et les boissons, le guérisseur ouvrait la malle et retirait les faux produits qui cachaient le vrai fond, sous les outils et les feuilles, je pouvais voir qu'un couvercle arborant plusieurs faux objets été placé au-dessus de la vraie marchandise.

- Bon, les feuilles de papier... Yaya pourra toujours les utiliser pour ses dessins. Les filles, vous voulez les outils?

- Non, ce ne sont que des faux en bois... fit Ania déçue.

Jake revint avec les boissons et des apéritifs, Florian s'étant servi à la réception de la mine.

- Je pourrais toujours les mettre dans la cheminée. En ce qui concerne les sacs en plastique... Je peux toujours les recoudre pour faire un sac poubelle.

- Vous ne gaspillez rien. notai-je.

- Eh fayot, c'est quoi, déjà, le code? demanda le jeune homme Asiatique.

Son ami observa le couvercle camouflé et chercha parmi les outils un piolet en plastique et métal, il l'inséra dans une ouverture, le tourna. Un déclic se fit entendre.

Une cavité horizontale apparut sur le rebord de la malle. Bobby put donc entrer le code "1 3 7".

Une fois réellement ouverte, la malle nous révéla ses secrets.

Je voyais quelques livres, des bocaux remplis d'ingrédients inconnus, un morceau de vieux balai à frange coupé en deux, ainsi que quelques objets que j'avais déjà vus au manoir Per ou dans l'herboristerie de Mockingcrow.

Il y avait une chaîne en argent, des pieux métalliques, un tissu brodé et même quelques pierres bariolées de runes.

Je transmis mon sourire à Carla, mon corps était parcouru de spasmes.

Jake fronça les sourcils et retira un morceau de tissu noir, il le déplia:

- Franchement, ils auraient pu faire attention, c'est quand même la pièce maîtresse !

L'objet se révéla être un chapeau de sorcière. Je devais me retenir de sautiller. Je me jetai dans les bras de mon amie en couvrant ses joues de baisers. Je laissais couler une larme de plaisir :

- Dès que j'ai appris que du matériel de magie blanche allait être livré, j'ai su que tu voudrais le voir. Mais... On peut lancer des sorts avec ça ? vérifia mon amie heureuse de m'avoir procuré une telle excitation.

- Malheureusement pas sur l'île. Si jamais nous nous rendions dans le monde des ténèbres, notre ami, Jake, pourrait lancer tous les sorts qu'il voudrait, enfin... Vous connaissez la loi... Mais de toute façon, certains de ces objets sont... Déjà... Ensorcelés. expliqua le chef de mon association.

J'ignorai les dires du jeune Abénaquis.

Je m'étais déjà abattue sur ce trésor, alors qu'il allait être offert à quelqu'un d'autre.

- Ces pierres... Ce sont des Oneztarri Basques ! Ça, c'est de la graisse d'invunche, c'est un puissant analgésique!

Cette caverne d'Ali Baba miniature demandait à ce qu'on la trie.

- Je vois que j'ai affaire à une connaisseuse. fit Jake en souriant.

- Finalement, ça, c'est resté ! se rassura Jake.

- Eh, doucement, "Fée Clocharde", c'est notre pote qui doit recevoir tout ça! grogna Florian.

- Eh, la bête sauvage, d'où tu parles comme ça à ma Lavie?

Les auras de Carla et de Florian se jaugeaient, la jeune femme et l'impudique guérisseur se jetaient des éclairs depuis leurs yeux.

L'aura de mon amie était vraiment magnifique.
     L'animal de pure énergie d'Ania était digne de son allure de lionne rouge enflammée.

- Ania... Ce n'est rien... Promis, je regarde juste, je vole rien... De la mandragore! Des restes de peau de soukounian... C'est un authentique grimoire de Dorlis des Antilles...! J'espère qu'Yassine n'a pas garder cet handicap de mortel, il tomberait malade rien qu'en le touchant

- Vous pouvez lui faire confiance, elle est juste excitée. Lenoir, c'était mon grand-papi, du coup!

Waouh!

Comme si être une déesse Grecque ne suffisait pas!

- Comme Yaya, du coup. lâcha Flo.

Le jeune homme bailla.

- Bon, je vais faire la sieste, vous me réveillez quand il sera rentré justement !

Le jeune homme partit dans la chambre située entre le laboratoire et la cuisine.

Ania renifla un peu:

- Euh, cette petite fiole sent le vampire! me fit-elle.

-Il est écrit ... «sang bu par une Shtriga». C'est un ingrédient pour faire un talisman anti-vampires. De la glaise de golem? La pelote de laine infinie d'une sorcière Angane... Une soucoupe de lait soporifique de Beatrik... La salive aphrodisiaque d'un Lobishomen! Ne me dîtes pas que ces trucs rouillés viennent vraiment du camion maudit d'un Jé-Rouges?!

C'était le paradis...

Tous ces ingrédients sentaient la magie... Même le balai cassé possédait des morceaux taillés dans de l'ivoire de licorne !

Jake se frotta l'arrière de la tête :

- Je me sens un peu coupable... Les vendeurs n'avaient pas conscience de la valeur de certains de ces ingrédients.

- Au passage, votre laboratoire sent un peu comme eux. remarquai-je.

- C'est normal, cette maison est pour les étudiants alchimistes, j'essaie de reproduire par la science les ingrédients que je manipule. Yaya et moi en profitons pour vendre quelques potions et onguents, mais c'est surtout les agriculteurs qui nous achètent des produits.
Il remarqua mon anneau, il le pointa du doigt:

- Yassine a reçu le même, vous aussi, vous postulez à l'Académie de Nane Sarma? Si tu n'avais pas ce problème de mémoire, je pourrais vous traiter de cachottières!

- Pour le moment, on ignore si on va accepter. avoua mon amie.

- Je vous comprends. Yassine étant lui aussi un monstre, c'est difficile pour lui de se décider. Et puis... Même sans l'E.P.E, il faut prendre en compte qu'il ne pourra jamais lancer de sort dans ce pays.

Je pris le temps d'admirer cette maison. En dehors du laboratoire, tout sentait bon. Notre hôte était couvert de fragrances réveillant mon appétit. Tous ces aromates... Il allait bien s'entendre avec l'ami de Kave.

En parlant du loup, l'anneau d'Ania trembla, elle afficha l'écran holographique :

- Tiens... Apparemment, Kave et Tristan se sont bien entendus avec les candidates. Ils ont décidé de visiter Nane Sarma ensemble. Je leur dis quand même où nous sommes.

C'était donc le nom d'une ville!

- Euh...

Je rougissais. Je faisais se cogner mes index bout contre bout.

- Oui? me demanda le jeune homme au sourire de prince charmant.

- Est-ce que je peux voir ton laboratoire, s'il-te-plaît ?

Jake accepta tout naturellement, il referma la malle et m'ouvrit la porte.

Alors que le salon, la cuisine et la chambre étaient plutôt modernes, le laboratoire semblait assez rustique, en dehors de l'ordinateur et du l'armoire à pharmacie.

Le jeune homme aux yeux de jade nous montra ses alambics et ses éprouvettes.

- Ça marche comment, l'alchimie? demandai-je.

- Eh bien, pour tout te dire, c'est surtout Florian qui s'y connait en médicaments. Moi, je me contente de reproduire moléculairement les ingrédients. Imagine de la chimie qui serait l'imprimante 3D des atomes. Je ne sais pas si mon explication te convient...

- Oh t'inquiète. En gros tu analyses la structure moléculaire de produits et tu les refabriques à partir d'autres ingrédients... Par exemple, à partir d'oxygène et d'hydrogène, tu pourrais fabriquer de l'eau?

- Exactement. A part ça, comme j'ai un pouvoir aurique, j'utilise les chakras comme tout le monde.

Alors... Les chakras, je savais ce que c'était. Avant, la méditation n'était pour moi qu'une discipline ayant un pouvoir de placebo, mais apparemment ce terme de "roues de l'aura" ne désignait pas seulement une pseudoscience mystique...

Un mot attira mon attention sur les notes, "Agaliarept", avec entre parenthèses "Pouvoir Aurique".

J'espérai ne pas me griller:

- Alors, ça veut dire quoi, "pouvoir aurique", je suppose que tu ne parles pas du démon légendaire des sciences occultes.

- Ah oui, pardon, c'est vrai que tu as vécu parmi les mortels. Dans le monde d'où nous venons, c'est comme ça que nous appelons les esprits-totems de nos auras.

Ah... Ces créatures fantomatiques avaient donc un nom!

- Du coup, toi aussi tu es alchimiste ? réagis-je.

- C'est vrai que nous n'en avons jamais parlé depuis que tu as appris l'existence du paranormal, mais oui, je viens d'une famille d'alchimistes. Par contre, nous ne maîtrisons pas l'approche scientifique, nous savons juste utiliser nos propres pouvoirs innés.

Je découvrais que ces étranges énergies en forme d'animaux servaient à l'alchimie. J'avais hâte que mon amie me montre sa pratique de cet art.

Merci, Anubis !

Non seulement, je pouvais découvrir tous les ingrédients que j'avais toujours rêvé de voir, mais en plus j'apprenais que mes meilleurs amis étaient des alchimistes et que le garçon sur lequel j'avais si souvent fantasmé était un alien dressant le plus beau des chiens.

J'étais heureuse.

J'étais comblée.

C'était merveilleux ! Thaumaturgique!

Finalement, nous retournâmes dans le salon, nous nous étions présentés, mais il fallait faire un peu connaissance.

Nous apprîmes que Florian avait facilement appris comment manipuler à sa guise les informations du marché noir pour acquérir le cadeau. Ce jeune homme était en effet assez respecté sur la presqu'île.

Alors que Jake allait nous parler de sa famille, son anneau sonna, il venait de recevoir un message:

- Aïe... Yassine a des problèmes, je dois aller au village. Et m...

Le chef de l'association n'eut pas le temps de salir ses belles lèvres d'un gros mot.

Un jeune homme très costaud était sorti en trombe de la chambre. Le regard de Florian était chargé de colère, ses sourcils froncés déformaient son front. Les iris bleus de ses yeux luisaient. Son aura avait pris une teinte plus sombre, oscillant entre le bleu marine et le prusse, tout en projetant quelques éclairs d'énergie bleu nuit.

Ses dents et ses ongles étaient devenus plus pointus, un peu plus longs. Il en était de même pour ses oreilles.

L'homme-loup gonflait ses muscles, il n'aimait pas ça.

- Désolé, l'E.P.E est en train d'embêter notre ami. soupira Bobby.

Le scientifique ne quittait pas le garçon sauvage de ses yeux verts. Il semblait inquiet.

- Je vous téléporte? proposai-je.

Les pensées de Florian montraient que ce n'était pas seulement l'entraînement qui avait forgé sa carrure d'athlète, il avait participé à de nombreuses bagarres.

Ce fut à ce moment que mon cerveau planta.

La quantité d'informations reçue demandait une intervention de la propriétaire!

Malheureusement pour moi, j'avais trop envie d'aider mes amis.

Pendant ce temps, un e-mail était envoyé sur ma bague, c'était Madame Léonard qui avait être Brennan Hammond déguisé et que les élèves ne l'ayant pas reconnu allaient subir une remarque negative sur leur dossier scolaire.

À suivre...

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