Chapitre 15°) Le violet est la couleur de l'inspiration

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- FOLLATON!

J'entendais quelques élucubrations prononcées avec rage.

- Follaton!

- FOLLATON!

Ce village était plutôt rustique, il était composé de cabanes rondes dans les arbres, reliées entre elles par des ponts de bois, et, un peu plus loin, de quelques maisonnées formant un marché, au milieu de cette rue plus moderne, c'était comme si un petit village de Seine-et-Marne avait été transporté dans un bois de conte de fées, un jeune personnage se protégeait la bouche derrière son poing, ou plus précisément derrière son index. Il regardait à gauche et à droite où il pouvait s'enfuir.

Plusieurs personnes vêtues de peaux de bêtes et de plumes le pointaient du doigt et le regardaient, les yeux emplis de flammes. Je le voyais, il jurait avec les bâtiments et le sol marbré beiges, rouge pâle et orange pastel.

Le garçon tremblait.

Il semblait apeuré.

Cette créature était particulièrement adorable.

Yassine avait 18 ans, mais n'avait pas l'air d'avoir atteint l'âge adulte.

Ce jeune monstre m'étonna. Je devais m'en être douté, mais je n'avais pas remarqué à quel point il était jeune...

En revanche, je me rappelais bien que sa peau n'était pas verte.

Il ne devait même pas avoir plus de seize ans. Il était plus petit que moi, et aussi plus maigre.
C'était un euphémisme! Ce démon blond était presque aussi squelettique que le majordome que j'avais vu sur les photos de famille du van, qui, le père de la Grande Faucheuse. Le majordome, les vans, ça b*ise pas ... Enfin, pas celui-là en tout cas!

Connaissant les stéréotypes planant sur mon handicap, je pense nécessaire de préciser que la Faucheuse démentira toujours cette information !

J'étais en train d'admirer ce jeune démon, il fallait que je lui demande quelque-chose. Ses traits verts épousaient les formes de ses yeux si brillants. Ses joues me donnaient envie de les pincer. La manière qu'elles avaient de devenir rouges était adorable. C'était bel et bien l'apprenti sorcier que j'avais rencontré.

J'avais l'impression de voir deux petites formes de jade sortir de son front... comme deux antennes, chacune terminée par une boule...

Je voyais de la terre autour de lui. Elle était jaune... Elle tourbillonnait en prenant l'apparence de fleurs. C'était son aura.

Ce puissant et fabuleux pouvoir avait cependant du mal à montrer sa valeur, il était écrase par le brasier assombri du reste de l'aura. Comme je l'avais mentionné, Luka était un démon.

Le garçon que la foule huait esquissa un sourire en découvrant son sauveur.

Tout ce que cet adolescent avait fait, c'était dire que, la plupart des supercriminels attaquant l'île étant des vampires, la solution serait d'importer des sortilèges talismaniques pour bénir les ressources d'eau de l'île.

Ce qui expliquait pourquoi l'examen de l'université impliquait de les défoncer.

Tous les habitants se turent en voyant un jeune homme à la cape de fourrure et son loup gris aux ailes d'ange tomber du toit d'un magasin. Quelle agilité !

Ils restèrent figés.

Chacun des badauds admirait le jeune apollon mal rasé, une journée avait suffi pour la laisser pousser. Ses longues canines brillaient parmi ses dents toutes plus pointues les unes que les autres. Ses griffes étaient acérées. Ses oreilles étaient devenues celles d'un loup. Une queue était même sortie de son pantalon.

L'homme-canidé observait la foule, il fusillait chacun de ces agresseurs verbaux d'un regard bleu étincelant.

Le véritable loup imitait son maître. Yassine se dirigea vers l'animal ailé et le caressa pour le calmer, la bête se frotta donc contre son protégé.

- Non, mais c'est quoi, cette bande de c*nnards?!

Pendant que le jeune homme à l'aura-tempête de neige se disputait avec la foule, je posais une question à Ania :

- Ça veut dire quoi, "Follaton"?

- Je crois que c'est comme ça que les fidèles de l'Église de la Prophétie de l'Élu appellent les sorciers. répondit celle qui ne connaissait pas plus que moi ce jargon.

Un certain sorcier roux s'exprima en séparant les combattants oraux de ses mains. Le cœur de l'homme-loup battait à la chamade, son sang bouillonnait.

- Je propose que nous nous calmions..

Son regard sévère s'abattit sur chaque personne présente. Il termina:

- Et que nous réglions ce problème comme des personnes civilisées. Chacun a des excuses à présenter...

- Notre Martwink se fait agresser juste pour avoir parlé de magie et toi, tu veux trouver un compromis ? s'emporta Florian.

Le jeune Natif Américain se positionna entre le garçon qui n'avait toujours pas réalisé sa métamorphose et les fidèles de l'E.P.E, il s'adressa à nous.

- Ania, Lavigna, ce fut un réel plaisir, mais pouvez-vous partir... Vous êtes fatiguées et cette situation pourrait être...

Il fut interrompu par le lancer d'une pierre.

Boum! Le caillou n'eut pas le temps d'atteindre Jake qu'il fut réduit en sable par l'impact du coup de pied sauté de l'homme-loup. L'aura-faucon que le scientifique projeta ses bourrasques, elle attrapa le métamorphe Philippin qui menaçait de bondir sur le tireur. Une fourrure grise et noire commençait à sortir de ses bras et de sa poitrine. Son aura bleutée frisait le noir.

Le chef de l'association avait cependant raison, nous avions eu une longue journée, nous dîmes au revoir à nos nouveaux amis et laissâmes l'alchimiste aux yeux verts attraper le bras du polymorphe enragé.

Je lançai un éclair. La boule de foudre pourpre, magenta, prune, zinzolin, violine et héliotrope crépita et grésilla, son cœur gris aspirant les deux futures apprenties super-heroïnes qu'elle entourait.

Les étincelles nous téléportèrent à la caravane. Kave était en train de bouder sur une chaise pliante, sous un parasol, il ne portait qu'un jean.

Tristan était en train de cuisiner. Je reconnaissais l'odeur de ce faux ris de veau que les Per aimait tant.

J'avais dû lire cette information dans l'esprit d'Ania.

- Ah oui, au passage, mon prénom complet, c'est apparemment Carlania, je sais c'est bizarre, mais tu comprendras que mon frère ne m'appelle pas "Ania".

Intégrer fluidement dans la narration la description des deux étudiants étant compliqué, je fais ma flemmarde et du coup, je le fais maintenant.

Kave Per était Cherokee.

De deux choses l'une, ou le nombre de personnes de genre masculin arborant des tablettes de chocolat était plus élevé chez les êtres occultes que chez les mortels, ou j'avais réellement de la chance.

Aucun doute n'était permis, Kave ressemblait beaucoup à sa sœur, en plus d'être bien bâti, il affichait quelques cicatrices, notamment une sur le biceps gauche et une au niveau de la tempe droite. La première ressemblait à une croix, la seconde était juste une ligne.

Tristan, lui, portant un bermuda, son ami et lui devaient revenir de la plage, était un elfe. C'était évident !

Ses oreilles étaient longues et pointues. Ses longs cheveux noirs tombaient sur ses épaules.

Sa peau était blanche.


Honnêtement, j'aurais préféré retourner au village. Je voulus me projeter astralement. Je réussis à capter les esprits des fidèles de Sîn. Et j'aurais voulu voir la réaction d'Yassine en découvrant sa transmutation.

Il me fallait comprendre pourquoi ils détestaient autant la magie. Cette simple notion les avait changés en foule inquisitrice.

J'entrai donc dans l'esprit d'un des accusateurs qui rentraient chez lui tout comme, juste après, je retournai dans mon corps qui se mit à hurler de peur.

C'était terrifiant.

Les sentiments de cet homme m'étaient apparus.

J'avais vu une porte gardée par un squelette orangé, un fantôme noir et rouge.

J'avais vu des spectres.

C'étaient de véritables raz-de-marée de ténèbres.

En l'ouvrant, j'avais été foudroyée par l'aura noire qui en sortait, je pensai un moment que la vague de spectres noirs et rouges allaient me dévorer, quand ils sortirent en volant, les crocs de leurs têtes de mort me semblaient en effet bien affûtés.

Je me sentais écrasée. J'entendais des cris de colère, c'était la voix d'un homme.

Je voyais au milieu d'une pièce noire une sorte de galaxie, une concentration de nébuleuses bleutées, entourée par plusieurs visages en feu noir et rouge.

C'était la magie.

Ces démons rouges et noirs, parcourus d'éclairs ectoplasmiques orangés représentaient la haine.

- Ah... Moi, quand j'ai commencé à lire dans les pensées, c'était pas pareil. plaisanta le grand frère.

C'était étrange, il allait bientôt être 22h et il ne faisait toujours pas nuit...

Je pris place sur le transat placé de l'autre côté de la table-parasol.

Après le dîner, nous partîmes dormir sous les tentes, elles bloquaient la lumière du Soleil. Je compris qu'il ne se coucherait jamais sur cette île.

Je plaignais les vampires, s'ils comptaient vraiment organiser des attentats, ils devaient attendre les orages.

Pour ma part, je n'étais pas réellement fatiguée, il n'était pas si tard pour moi.

J'attendis que mon amie s'endorme et partis.

Je voulus rendre visite aux alchimistes et partis jusqu'à la cabane en profitant des courants aériens.

Pendant le vol, j'en profitais pour découvrir les documents enregistrés sur la bague à tête de sanglier, je pus lire certains livres de Lenoir concernant les vampires... Difficile de dormir après avoir gravé dans sa mémoire les images évidentes d'un détail que j'avais remarqué : il n'y avait qu'un lit dans l'unique chambre de la cabane de mes amis.

D'après les pensées des habitants, le superméchant qu'ils appelaient le "Résurrecteur" avait relâché de nombreux morts-vivants sur l'île.

Ces entités étaient traquées par l'armée et la police.

Les nuages avaient fini par faire peur aux enfants.

Un article de journal m'apprit que les insulaires étaient ravis d'apprendre que les assassins arrêtés par les forces de l'ordre servaient de cobayes aux nouvelles recrues, ça ne me faisait toujours rien de me dire que j'avais réduit à néant ces cadavres ambulants.

J'allais devoir trouver qui contrôlait les vampires et pourquoi ils attaquaient les gens. Les témoignages des fidèles de l'E.P.E convergeaient vers un mystérieux individu cornu et m'indiquaient qu'une autre vampiresse aux longs cheveux et lui étaient sous les ordres d'une sorcière.

Yassine devrait poster un chapitre sur les vampires, mais j'avais appris quelque-chose dans les écrits du sorcier Lenoir.

J'étais en train de réfléchir à une manière de parasiter le lien télépathique qui unissait les non-morts à leurs progéniteurs quand je sentis une présence, quelqu'un profitait du soleil, allongé sur l'herbe. Il s'agissait d'un beau jeune homme ne portant qu'un boxer.

Il fallait compter l'apparition d'un certain chacal, c'était la deuxième fois aujourd'hui qu'un Apollon baraqué à moitié nu m'offrait la vision de son corps. Qu'avais-je fait d'aussi bien dans mes vies antérieures pour mériter ça?

Oui, désolé Kave et Tristan étaient trop vêtus à mon goût.

Avant d'atterrir, je me plongeai dans mes pensées.

Oui, je faisais ça à peu près vingt-cinq fois par jour!

«Contrairement à la croyance populaire, les vampires ne se transforment pas en chauves-souris !»
S'il y a bien une phrase qui me donnait envie de vomir...

Bon ... Maintenant que j'étais une fée, je ne pouvais plus le faire, j'avais bien remarqué que mon nez et mes oreilles étaient vides et que je n'avais pas eu envie d'aller aux toilettes de la journée !

Soyons honnête, dans le mythe originel du Strigoi, deux pouvoirs démoniaques et/ou magiques caractérisent le mort-vivant : la métamorphose animale et la manipulation des phénomènes météorologiques.

Depuis le roman de Bram Stoker, l'icône de la chauve-souris est indissociable du cadavre suceur de sang.

Pour quelle raison ce pouvoir a-t-il été séparé de l'image du vampire ?

Si vous voulez mon avis, il y a deux raisons: le budget et l'anthropocentrisme!

Le budget, parce... C'est cher à représenter dans les séries et films.

L'anthropocentrisme, parce qu'on tient à ce que le spectateur ou la spectatrice d'identifie au monstre démoniaque... Buveur de sang... Mort... Sans reflet...

Ouais, on va pas se mentir, à moins de partir du postulat que le vampirisme représenterait le tabou en soi, il est difficile de comprendre le fantasme derrière son iconographie.

De toute façon, le vampire n'est pas la seule victime du phénomène.

Les fées ne prédisent plus la mort. Les dragons ne sont plus géants. Les loups-garous ne sont plus des forces de la nature purement destructives. Les anges ne sont plus des chimères sans émotion.

Avec le temps, la seule image qui reste d'un monstre est celle de son créateur.

Humain.

Toujours humain.

C'est bien connu : l'humain est le neutre! Il est la norme.

Il est l'exemple.

Et quel exemple ?

Il doit être sain.

Aseptisé...

Modéré...

Parcimonieux...

Tout doit se résumer à son point de vue.

Et qu'en est-il du chaos monstrueux qui se permettrait de jurer avec le décor obtenu?

Il faudrait l'écarter !

Et si vous comprenez pas ces élucubrations : l'être humain veut pouvoir fantasmer sur le monstre et donc le rapprocher le plus possible de son image.

Pourquoi avais-je ces pensées à implication sexuelle en m'approchant de Florian ?

Aucune idée!

A une époque, j'avais si souvent l'habitude qu'on ne me laisse pas en placer une que j'avais pris le réflexe de parler très vite. Alors si je me parle à moi-même ou qu'on me laisse m'exprimer : la digression crie «BOMBES LARGUÉES!».

En trois jours, j'avais rencontré toutes sortes de monstres, parmi ceux dont j'étais certain de l'espèce, j'avais facilement appris à distinguer les fées des démons.

Rappel:

Les fées et les elfes, comme Tristan et moi, possédaient une aura évoquant deux ailes de papillon, un amoncellement de poussières dorées et d'arcs-en-ciel.

En dehors des vampires qui projetaient leurs chauves-souris de fumée et de sang, les démons projetaient une sorte de brasier de la Géhenne.

Florian, lui, était humain. Ce n'était cependant pas un mortel!

Son pouvoir de métamorphose me faisait me poser plusieurs questions. Était-il un loup-garou ?

Je préférai partir. Il avait l'air de se reposer.

Je montais plus haut dans le ciel.

J'étais en train de faire crépiter et grésiller mes arcs électriques.

Mon esprit tomba sur une autre entité dépourvue de corps.

C'était une sorte de nuage de fumée noire. Cette ombre démoniaque m'évoquait la forme d'un chien.

Le nuage parcouru d'éclairs oranges me regardait de ses yeux rouges, il semblait surpris.

- Bonjour... Enfin... B... Bonsoir, quoi. réagis-je.

Un petit moment de silence suffisamment gênant accompagna mes mots.

L'esprit canin accepta de me demander:

- Je peux savoir ce que tu étais en train de faire? demanda la voix de jeune homme qui sortait du spectre noir.

- Ben... Je vole, quoi.

Pas du tout redondant!

- Non, je veux dire: Qu'est-ce que c'étaient que ces éclairs violets?

- Ah, ça, j'essayais juste de retourner dans le monde des ténèbres, mais ça avait l'air de te surprendre. répondis-je.

- TU PEUX TE RENDRE DANS LE MONDE DES TÉNÈBRES ? Sans passer par le portail?!

- Uniquement mon esprit, hein. ajoutai-je.

L'esprit disparut sans prévenir.

Je commençai à remarquer un changement : je n'avais pas vraiment eu de difficultés à discuter.

Ce type ne m'avait perturbé que parce qu'il semblait choqué.

J'avais changé. Je n'étais plus humaine.

Tout un tas de changements...

Je ne pouvais même pas les compter.

Qui étais-je devenue? Étais-je toujours Lavie?

Au passage, nouvelle information : j'étais passée par un portail pour arriver sur cette île.

J'étais devenue une fée, même si mon corps restait celui que ma mère avait mis au monde, mon sang, mon cerveau, mon système digestif et même mon odeur avaient été transmutés!

Je me décidai à retourner auprès de ma chair endormie. J'avais quand même un examen à réviser.

Il fallait aussi que je décide si je souhaitais ou non rejoindre cette mystérieuse université.

La brochure et le décor ne mentaient pas: l'Académie du Bureau de Régulation de la Magie d'Alfheim appartenaient à l'E.P.E!

Je me méfiais de ces gens.

Déjà, comment faire confiance à une religion qui se faisait appeler "Église de la Prophétie de l'Élu"?

J'avais à présent une raison supplémentaire de me méfier.

Quand j'étais mortelle, il me semble que j'avais vu les congrégations de l'E.P.E balancer leur paranoïa concernant la magie et tout ça, à l'époque, le simple fait de croire à des phénomènes de magie ou démon cataloguait mon interlocuteur parmi les malades mentaux...

Si ça continuait, j'allais bientôt retrouver tous mes souvenirs... Sauf si je subissais de nouvelles absences.

Mais là... Ce que j'avais vu me glaçait encore le sang.

Une fois rentré, ma projection ectoplasmique profita de sa télékinésie pour commencer à écrire un journal, il allait me falloir garder une trace écrite de ces mystérieux événements.

Désormais, j'étais une fée.

Désormais, j'avais le pouvoir.

Je me sentais toute-puissante !

J'avais tout un monde à découvrir, j'avais déjà une petite idée de ce à quoi je devais m'attendre, merci, Lenoir.

Je repris ma remise en question.

J'avais toujours été une psychopathe, c'était un fait.

Si quelqu'un m'énervait, je me demandais quelle manière de le tuer m'amuserait le plus.

Et si je repensais à ces fantasmes, j'éprouvais des remords.

Émotion ridicule!

J'appréhendais la suite des évènements.

Anubis m'avait probablement choisie en raison de mon talent pour la mythologie et les croyances diverses, mais je comptais bien tirer partie de la situation.

J'avais déjà réussi à voler le plus iconique de tous les superpouvoirs: la division en une volée de chauves-souris.

À travers les mondes que j'avais parcourus, j'avais vu des sirènes envoûter leurs proies par leur chant, des dragons Occidentaux cracher du feu, leurs congénères Asiatiques dompter les marées, des sorcières voler sur des balais et des fantômes invoquer les feux follets.

Le multivers m'apparaissait comme un buffet à volonté de superpouvoirs. Si j'acceptais la proposition de l'Académie et celle de l'entité mystérieuse, soit probablement Anubis, j'avais l'opportunité de justifier la complétion de ma collection par l'interpellation de super-méchants.

Un seul détail dérangeaient mon plan: la magie!

D'après mes nouveaux amis, cette dernière ne pouvait pas être pratiquée sur l'île.

Se téléporter n'était pas de la magie? Manipuler l'énergie non plus? Qu'en était-il de la métamorphose ? Et de la lecture des pensées? Et d'un Soleil incapable de se coucher?

Il allait me falloir comprendre la nature de toutes ces merveilles et potentiellement trouver un moyen de la pratiquer sur cette île sans dépendre du marché noir!

Avant de clore ce chapitre, je rappelle qu'il n'y a qu'une seule chambre à coucher dans la cabane de Bobby : le prochain chapitre, à moins que vous ne lisiez la version Facebook impliquera donc une scène homo-érotique, le langage sera en conséquences plus cru.

Elle sera néanmoins signalée.

Si vous n'aimez pas, ne lisez pas...

À suiv- FOLLATON!

J'entendais quelques élucubrations prononcées avec rage.

- Follaton!

- FOLLATON!

Ce village était plutôt rustique, il était composé de cabanes rondes dans les arbres, reliées entre elles par des ponts de bois, et, un peu plus loin, de quelques maisonnées formant un marché, au milieu de cette rue plus moderne, c'était comme si un petit village de Seine-et-Marne avait été transporté dans un bois de conte de fées, un jeune personnage se protégeait la bouche derrière son poing, ou plus précisément derrière son index. Il regardait à gauche et à droite où il pouvait s'enfuir.

Plusieurs personnes vêtues de peaux de bêtes et de plumes le pointaient du doigt et le regardaient, les yeux emplis de flammes. Je le voyais, il jurait avec les bâtiments et le sol marbré beiges, rouge pâle et orange pastel.

Le garçon tremblait.

Il semblait apeuré.

Cette créature était particulièrement adorable.

Luka avait 18 ans, mais n'avait pas l'air d'avoir atteint l'âge adulte.

Ce jeune monstre m'étonna. Je devais l'avoir déjà vu dans les souvenirs de Bobby, mais je n'avais pas remarqué à quel point il était jeune... Il ne devait même pas avoir plus de seize ans. Il était plus petit que moi, et aussi plus maigre.
C'était un euphémisme! Ce démon blond était presque aussi squelettique que Saturnus, qui, lui, était le père de la Grande Faucheuse.

Connaissant les stéréotypes planant sur mon handicap, je pense nécessaire de préciser que la Faucheuse démentira toujours cette information !

J'étais en train d'admirer ce jeune démon, il fallait que je lui demande quelque-chose. Ses traits verts épousaient les formes de ses yeux si brillants. Ses joues me donnaient envie de les pincer. La manière qu'elles avaient de devenir rouges était adorable. C'était bel et bien l'apprenti sorcier que j'avais vu dans les sulfureux souvenirs de mes amis.

J'avais l'impression de voir deux petites formes de jade sortir de son front... comme deux antennes, chacune terminée par une boule...

Je voyais de la terre autour de lui. Elle était jaune... Elle tourbillonnait en prenant l'apparence de fleurs. C'était son aura.

Ce puissant et fabuleux pouvoir avait cependant du mal à montrer sa valeur, il était écrase par le brasier assombri du reste de l'aura. Comme je l'avais mentionné, Luka était un démon.

Le garçon que la foule huait esquissa un sourire en découvrant son sauveur.

Tout ce que cet adolescent avait fait, c'était dire que, la plupart des supercriminels attaquant l'île étant des vampires, la solution serait d'importer des sortilèges talismaniques pour bénir les ressources d'eau de l'île.

Tous les habitants se turent en voyant un jeune homme à la cape de fourrure et son loup gris aux ailes d'ange tomber du toit d'un magasin. Quelle agilité !

Ils restèrent figés.

Chacun des badauds admirait le jeune apollon mal rasé. Ses longues canines brillaient parmi ses dents toutes plus pointues les unes que les autres. Ses griffes étaient acérées. Ses oreilles étaient devenues celles d'un loup. Une queue était même sortie de son pantalon.

L'homme-canidé observait la foule, il fusillait chacun de ces agresseurs verbaux d'un regard bleu étincelant.

Le véritable loup imitait son maître. Luka se dirigea vers l'animal ailé et le caressa pour le calmer, la bête se frotta donc contre son protégé.

- Non, mais c'est quoi, cette bande de c*nnards?!

Pendant que le jeune homme à l'aura-tempête de neige se disputait avec la foule, je posais une question à Carla:

- Ça veut dire quoi, "Follaton"?

- Je crois que c'est comme ça que les fidèles de l'E.P.E appellent les sorciers. répondit celle qui ne connaissait pas plus que moi ce jargon.

Bobby s'exprima en séparant les combattants oraux de ses mains. Le cœur de l'homme-loup battait à la chamade, son sang bouillonnait.

- Je propose que nous nous calmions..

Son regard sévère s'abattit sur chaque personne présente. Il termina:

- Et que nous réglions ce problème comme des personnes civilisées. Chacun a des excuses à présenter...

- Notre Martwink se fait agresser juste pour avoir parlé de magie et toi, tu veux trouver un compromis ? s'emporta Florian.

Le jeune Natif Américain se positionna entre le garçon dont la peau avait la couleur de ses yeux et les fidèles de l'E.P.E, il s'adressa à nous.

- Carlotta, Lavigna, ce fut un réel plaisir, mais pouvez-vous partir... Vous êtes fatiguées et cette situation pourrait être...

Il fut interrompu par le lancer d'une pierre.

Boum! Le caillou n'eut pas le temps d'atteindre Bobby qu'il fut réduit en sable par l'impact du coup de pied sauté de l'homme-loup. L'aura-faucon de le scientifique projeta ses bourrasques, elle attrapa le métamorphe Philippin qui menaçait de bondir sur le tireur. Une fourrure grise et noire commençait à sortir de ses bras et de sa poitrine. Son aura bleutée frisait le noir.

Bobby avait cependant raison, nous avions eu une longue journée, nous dîmes au revoir à nos nouveaux amis et laissâmes l'alchimiste aux yeux verts attraper le bras du polymorphe enragé.

Je lançai un éclair. La boule de foudre pourpre, magenta, prune, zinzolin, violine et héliotrope crépita et grésilla, son cœur gris aspirant les deux futures apprenties super-heroïnes qu'elle entourait.

Les étincelles nous téléportèrent à la caravane. Kave était en train de bouder sur une chaise pliante, sous un parasol, il ne portait qu'un bermuda.

Tristan était en train de cuisiner. Je reconnaissais l'odeur de ce faux ris de veau que les Per aimait tant.

Honnêtement, j'aurais préféré retourner au village. Je voulus me projeter astralement. Je réussis à capter les esprits des fidèles de Sîn.

Il me fallait comprendre pourquoi ils détestaient autant la magie. Cette simple notion les avait changés en foule inquisitrice.

J'entrai donc dans l'esprit d'un des accusateurs qui rentraient chez lui tout comme, juste après, je retournai dans mon corps qui se mit à hurler de peur.

C'était terrifiant.

Les sentiments de cet homme m'étaient apparus.

J'avais vu une porte gardée par un squelette orangé, un fantôme noir et rouge.

J'avais vu des spectres.

C'étaient de véritables raz-de-marée de ténèbres.

En l'ouvrant, j'avais été foudroyée par l'aura noire qui en sortait, je pensai un moment que la vague de spectres noirs et rouges allaient me dévorer, quand ils sortirent en volant, les crocs de leurs têtes de mort me semblaient en effet bien affûtés.

Je me sentais écrasée. J'entendais des cris de colère, c'était la voix d'un homme.

Je voyais au milieu d'une pièce noire une sorte de galaxie, une concentration de nébuleuses bleutées, entourée par plusieurs visages en feu noir et rouge.

C'était la magie.

Ces démons rouges et noirs, parcourus d'éclairs ectoplasmiques orangés représentaient la haine.

- Ah... Moi, quand j'ai commencé à lire dans les pensées, c'était pas pareil. plaisanta le grand frère.

C'était étrange, il allait bientôt être 22h et il ne faisait toujours pas nuit...

Je pris place sur le transat placé de l'autre côté de la table-parasol.

Après le dîner, nous partîmes dormir sous les tentes, elles bloquaient la lumière du Soleil. Je compris qu'il ne se coucherait jamais sur cette île.

Je plaignais les vampires, s'ils comptaient vraiment organiser des attentats, ils devaient attendre les orages.

Pour ma part, je n'étais pas réellement fatiguée, il n'était pas si tard pour moi.

J'attendis que mon amie s'endorme et partit.

Je voulus rendre visite aux alchimistes et partis jusqu'à la cabane en profitant des courants aériens.

Pendant le vol, j'en profitais pour découvrir les documents enregistrés sur la bague à tête de sanglier, je pus lire certains livres de Lenoir concernant les vampires... Difficile de dormir après avoir gravé dans sa mémoire les images de Florian couchant avec Bobby et Luka.

D'après les pensées des habitants, le superméchant qu'ils appelaient le "Résurrecteur" avait relâché de nombreux morts-vivants sur l'île.

Ces entités étaient traquées par l'armée et la police.

Les nuages avaient fini par faire peur aux enfants.

Un article de journal m'apprit que les insulaires étaient ravis d'apprendre que les assassins arrêtés par les forces de l'ordre servaient de cobayes aux nouvelles recrues, ça ne me faisait toujours rien de me dire que j'avais réduit à néant ces cadavres ambulants.

J'allais devoir trouver qui contrôlait les vampires et pourquoi ils attaquaient les gens. Les témoignages des fidèles de l'E.P.E convergeaient vers un mystérieux individu cornu et m'indiquaient qu'une autre vampiresse aux longs cheveux et lui étaient sous les ordres d'une sorcière.

J'étais en train de réfléchir à une manière de parasiter le lien télépathique qui unissait les non-morts à leurs progéniteurs quand je sentis une présence, quelqu'un profitait du soleil, allongé sur l'herbe. Il s'agissait d'un beau jeune homme ne portant qu'un boxer.

Il fallait compter l'apparition d'un certain chacal, c'était la deuxième fois aujourd'hui qu'un Apollon baraqué à moitié nu m'offrait la vision de son corps. Qu'avais-je fait d'aussi bien dans mes vies antérieures pour mériter ça?

Avant d'atterrir, je me plongeai dans mes pensées.

Oui, je faisais ça à peu près vingt-cinq fois par jour!

«Contrairement à la croyance populaire, les vampires ne se transforment pas en chauves-souris !»
S'il y a bien une phrase qui me donnait envie de vomir...

Bon ... Maintenant que j'étais une fée, je ne pouvais plus, j'avais bien remarqué que mon nez et mes oreilles étaient vides et que je n'avais pas eu envie d'aller aux toilettes de la journée !

Soyons honnête, dans le mythe originel du Strigoi, deux pouvoirs démoniaques et/ou magiques caractérisent le mort-vivant : la métamorphose animale et la manipulation des phénomènes météorologiques.

Depuis le roman de Bram Stoker, l'icône de la chauve-souris est indissociable du cadavre suceur de sang.

Pour quelle raison ce pouvoir a-t-il été séparé de l'image du vampire ?

Si vous voulez mon avis, il y a deux raisons: le budget et l'anthropocentrisme!

Le budget, parce... C'est cher à représenter dans les séries et films.

L'anthropocentrisme, parce qu'on tient à ce que le spectateur ou la spectatrice d'identifie au monstre démoniaque... Buveur de sang... Mort... Sans reflet...

Ouais, on va pas se mentir, à moins de partir du postulat que le vampirisme représenterait le tabou en soi, il est difficile de comprendre le fantasme derrière son iconographie.

De toute façon, le vampire n'est pas la seule victime du phénomène.

Les fées ne prédisent plus la mort. Les dragons ne sont plus géants. Les loups-garous ne sont plus des forces de la nature purement destructives. Les anges ne sont plus des chimères sans émotion.

Avec le temps, la seule image qui reste d'un monstre est celle de son créateur.

Humain.

Toujours humain.

C'est bien connu : l'humain est le neutre! Il est la norme.

Il est l'exemple.

Et quel exemple ?

Il doit être sain.

Aseptisé...

Modéré...

Parcimonieux...

Tout doit se résumer à son point de vue.

Et qu'en est-il du chaos monstrueux qui se permettrait de jurer avec le décor obtenu?

Il faudrait l'écarter !

Et si vous comprenez pas ces élucubrations : l'être humain veut pouvoir fantasmer sur le monstre et donc le rapprocher le plus possible de son image.

Pourquoi avais-je ces pensées à implication sexuelle en m'approchant de Florian ?

Aucune idée!

A une époque, j'avais si souvent l'habitude qu'on ne me laisse pas en placer une que j'avais pris le réflexe de parler très vite. Alors si je me parle à moi-même ou qu'on me laisse m'exprimer : la digression crie «BOMBES LARGUÉES!».

En une journée, j'avais rencontré toutes sortes de monstres, parmi ceux dont j'étais certain de l'espèce, j'avais facilement appris à distinguer les fées des démons.

Les fées et les elfes, comme Tristan et moi, possédaient une aura évoquant deux ailes de papillon, un amoncellement de poussières dorées et d'arcs-en-ciel.

En dehors des vampires qui projetaient leurs chauves-souris de fumée et de sang, les démons projetaient une sorte de brasier de la Géhenne.

Florian, lui, était humain. Ce n'était cependant pas un mortel!

Son pouvoir de métamorphose me faisait me poser plusieurs questions. Était-il un loup-garou ?

Je préférai partir. Il avait l'air de se reposer.

Je montais plus haut dans le ciel.

J'étais en train de faire crépiter et grésiller mes arcs électriques.

Mon esprit tomba sur une autre entité dépourvue de corps.

C'était une sorte de nuage de fumée noire. Cette ombre démoniaque m'évoquait la forme d'un chien.

Le nuage parcouru d'éclairs oranges me regardait de ses yeux rouges, il semblait surpris.

- Bonjour... Enfin... B... Bonsoir, quoi. réagis-je.

Un petit moment de silence suffisamment gênant accompagna mes mots.

L'esprit canin accepta de me demander:

- Je peux savoir ce que tu étais en train de faire? demanda la voix de jeune homme qui sortait du spectre noir.

- Ben... Je vole, quoi.

Pas du tout redondant!

- Non, je veux dire: Qu'est-ce que c'étaient que ces éclairs violets?

- Ah, ça, j'essayais juste de retourner dans le monde des ténèbres, mais ça avait l'air de te surprendre. répondis-je.

- TU PEUX TE RENDRE DANS LE MONDE DES TÉNÈBRES ? Sans passer par le portail?!

- Uniquement mon esprit, hein. ajoutai-je.

L'esprit disparut sans prévenir.

Je commençai à remarquer un changement : je n'avais pas vraiment eu de difficultés à discuter.

Ce type ne m'avait perturbé que parce qu'il semblait choqué.

J'avais changé. Je n'étais plus humaine.

Tout un tas de changements...

Je ne pouvais même pas les compter.

Qui étais-je devenue? Étais-je toujours Lavie?

J'étais devenue une fée, même si mon corps restait celui que ma mère avait mis au monde, mon sang, mon cerveau, mon système digestif et même mon odeur avaient été transmutés!

Je me décidai à retourner auprès de ma chair endormie. J'avais quand même un examen à réviser.

Il fallait aussi que je décide si je souhaitais ou non rejoindre cette mystérieuse université.

La brochure et le décor ne mentaient pas: l'Académie du B.R.M.A appartenaient à l'E.P.E!

Je me méfiais toujours de ces gens.

Déjà, comment faire confiance à une religion qui se faisait appeler "Église de la Prophétie de l'Élu"?

J'avais à présent une raison supplémentaire de me méfier.

Quand j'étais mortelle, j'avais vu les congrégations de l'E.P.E balancer leur paranoïa concernant la magie et tout ça, à l'époque, le simple fait de croire à des phénomènes de magie ou démon cataloguait mon interlocuteur parmi les malades mentaux...

Mais là... Ce que j'avais vu le glaçait encore le sang.

Une fois rentré, ma projection ectoplasmique profita de sa télékinésie pour commencer à écrire un journal, il allait me falloir garder une trace écrite de ces mystérieux événements.

Désormais, j'étais une fée.

Désormais, j'avais le pouvoir.

Je me sentais toute-puissante !

J'avais tout un monde à découvrir, j'avais déjà une petite idée de ce à quoi je devais m'attendre, merci, Lenoir.

Je repris ma remise en question.

J'avais toujours été une psychopathe, c'était un fait.

Si quelqu'un m'énervait, je me demandais quelle manière de le tuer m'amuserait le plus.

Et si je repensais à ces fantasmes, j'éprouvais des remords.

Émotion ridicule!

J'appréhendais la suite des évènements.

Anubis m'avait probablement choisie en raison de mon talent pour la mythologie et les croyances diverses, mais je comptais bien tirer partie de la situation.

J'avais déjà réussi à voler le plus iconique de tous les superpouvoirs: la division en une volée de chauves-souris.

À travers les mondes que j'avais parcourus, j'avais vu des sirènes envoûter leurs proies par leur chant, des dragons Occidentaux cracher du feu, leurs congénères Asiatiques dompter les marées, des sorcières voler sur des balais et des fantômes invoquer les feux follets.

Le multivers m'apparaissait comme un buffet à volonté de superpouvoirs. Si j'acceptais la proposition de l'Académie, j'avais l'opportunité de justifier la complétion de ma collection par l'interpellation de superméchants.

Un seul détail dérangeaient mon plan: la magie!

D'après mes nouveaux amis, cette dernière ne pouvait pas être pratiquée sur l'île.

Se téléporter n'était pas de la magie? Manipuler l'énergie non plus? Qu'en était-il de la métamorphose ? Et de la lecture des pensées? Et d'un Soleil incapable de se coucher?

Il allait me falloir comprendre la nature de toutes ces merveilles et potentiellement trouver un moyen de la pratiquer sur cette île sans dépendre du marché noir!

Avant de clore ce chapitre: le prochain chapitre, à moins que vous ne lisiez une version censurée impliquera donc une scène homo-érotique, le langage sera en conséquences plus cru.

Elle sera néanmoins signalée.

Si vous n'aimez pas, ne lisez pas...

À suivre...

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