Chapitre 11 - Suhua
10 septembre – 21 heures 12
Kyoto
Judith est ivre morte, et étant donné qu’elle ne va pas prendre le métro comme ça, Felix et moi décidons de la raccompagner chez elle en taxi, vu que nous n’avons pas de voiture. Alors que nous sommes sur le départ, la rousse a un haut-le-cœur et rend le contenu de son estomac sur les pavés.
Felix détourne les yeux, tandis que je fixe les pavés pleins de vomi avec un certain dégoût.
- Raccompagne-la, je nettoie, indiqué-je à mon petit ami, qui semble mal à l’aise.
- Et si elle revomit ? demande-t-il avec un regard horrifié. Ça va faire une réaction en chaîne ! Je vais vomir parce qu’elle a vomi, et le conducteur du taxi va vomir, donc je vais revomir, et comme ça puera le vomi dans la voiture, on va tous se vomir dessus, et…
- Felix, le coupé-je. Tu es trop bizarre.
- Mais il faut prendre des mesures, c’est dangereux !
Je lui tapote l’épaule.
- D’accord, d’accord. Va chercher un sac poubelle pour qu’elle puisse y vomir si besoin et ensuite, raccompagne-la chez elle.
Je me moquerai de lui plus tard.
Felix disparaît donc tout en tenant une Judith pantelante à distance.
La pauvre…
Je m’en vais chercher des lingettes désinfectantes et m’approche du vomi avec un certain dégoût. Assez rapidement, les pavés retrouvent leur brillance et je pousse un soupir de soulagement.
* * *
Felix revient trente minutes plus tard, un peu épuisé.
- Elle n’a pas vomi, souffle-t-il avec un sourire aux lèvres.
Je lève les yeux au ciel.
- Allez, petite princesse fragile, il faut aller dormir.
- Ouais…
On rejoint donc notre chambre, puis on met nos pyjamas, soit un débardeur et un short pour moi (pas ceux qui ont pris la pluie) et un t-shirt et un jogging pour mon petit ami. Je m’effondre dans le lit, exténuée.
Felix s’allonge à côté de moi en grognant que j’ai autant de grâce qu’un éléphant, ce qui ne l’empêche pas de m’attirer contre lui. Ses mains se posent sur ma taille et il s’amuse à jouer avec mes longues boucles.
Il pousse un soupir puis enfouit son visage dans mes cheveux.
- Ah… Suhua…
Mon esprit est en surchauffe, comme si mon désir de tout à l’heure avait simplement été mis en veille. Je me serre un peu plus étroitement à Felix, histoire de lui faire comprendre. Il relève légèrement mon débardeur et ses doigts froids se posent sur ma peau brûlante. Il remonte lentement sa main, effleure mes côtes, mes épaules, puis redescendent un peu au niveau de ma poitrine. Lorsque son index caresse délicatement ladite partie, je soupire et lève la tête, embrassant mon petit ami pour taire mon léger gémissement.
Felix revient rapidement au-dessus de moi et kidnappe mes lèvres avec les siennes, avec douceur d’abord puis un peu plus ardemment.
Ses yeux cherchent à nouveau mon consentement, et quand je lui donne en hochant imperceptiblement la tête, mon petit ami m’embrasse encore, avant d’entreprendre de faire glisser lentement mes vêtements.
Une fois déshabillés et protégés, Felix pousse doucement en moi, et je soupire légèrement. Nos corps bougent en rythme, le silence de la pièce seulement brisé par nos respirations erratiques.
Quand mon plaisir atteint son paroxysme, je mords mes lèvres, bientôt rejointe par mon petit ami qui étouffe ses soupirs dans mon cou. Il finit par s’arrêter et se retirer, mais il reste allongé sur moi, laissant son corps retomber, enfouissant à nouveau son visage dans mes cheveux.
Nous restons un moment comme ça. Son corps chaud pressé contre le mien, je me sens bien. Il faut croire que Felix aussi, parce qu’il laisse échapper un petit geignement qu’il fait quand il est dans une position agréable, et pas que seulement intime.
Mes mains accrochées à ses omoplates, je fais descendre mon index droite le long de son épaule, lentement et délicatement. Je trace le contour de ses muscles fins, et Felix relève la tête pour observer mon doigt courir sur ses biceps décontractés. Un frisson le parcourt et il soulève son corps pour s’étendre à côté de moi.
Libérée de son étreinte chaude, je frissonne un peu, et il tâtonne les côtés du lit à la recherche de je-ne-sais-quoi, avant de me tendre son t-shirt, un simple vêtement blanc beaucoup trop large pour moi mais qui fera l’affaire. De son côté, il remet ses sous-vêtements et son jogging, mais reste torse nu. Je sais pertinemment qu’il préfère dormir sans haut, parce qu’il dit que ça l’encombre.
J’enfile son t-shirt puis me serre contre lui, donnant des petits coups de poing sur ses abdominaux développés mais discrets. Il pose une main sur ma joue et caresse mes lèvres de son pouce.
- J’ai le droit de t’embrasser ?
C’est trop mignon qu’il demande ça alors qu’il n’y a même pas cinq minutes, il ne se posait pas de questions – ce qui est loin de me déplaire, je tiens à le préciser pour qu’on évite de penser que je n’étais pas consentante.
- Oui.
Felix presse alors ses lèvres contre les miennes avec douceur. Je les entrouvre pour l’inviter à approfondir le baiser, qui m’envoie des décharges électriques dans tout le corps. Instinctivement, je me colle plus étroitement à lui et passe une main dans ses cheveux épais.
Lorsque nos lèvres se décollent, j’enfouis ma tête entre ses pectoraux et son cou, puis je replie mes jambes légèrement. Il fait de même et s’amuse à caresser mes pieds avec les siens, ce qui m’arrache un petit gloussement.
Tant qu’il ne me pince pas la taille…
- Suhua Liu…
- Felix Nagashi…
Il rit doucement puis embrasse furtivement ma tête.
- Je t’aime. Je veux rester avec toi pour toujours.
- Je ne comptais pas partir, réponds-je, interloquée mais touchée.
- Non, mais c’était au cas où… Et c’était un peu une façon de te dire que moi non plus, je ne comptais pas partir. Oh la la, tu ne comprends rien, ronchonne-t-il.
- Tais-toi, gémis-je. Tu te rends compte qu’à chaque fois que tu me dis un truc comme ça, faut toujours que tu rajoutes une plaisanterie ?
- Tu veux que je sois sérieux ?
- Oui.
- Tu vas être gênée après, tellement je suis charismatique.
- Dis pas n’importe quoi ! Sois sé-ri-eux.
- Ok.
Felix bouge légèrement et pose son front contre le mien. Son souffle chaud me caresse le visage. Son regard, intense, glisse sur mes lèvres puis remonte vers mes yeux. Je sens son cœur battre à un rythme régulier dans sa poitrine.
Le moment se suspend. Felix ne parle pas et se contente de m’observer avec intensité. Je meurs d’envie de savoir s’il compte parler ou juste me regarder. Il entrouvre lentement les lèvres, d’une façon assez charismatique, sur ce point il a raison, puis il souffle avec douceur :
- Je t’aime, Suhua Liu.
Oh. My. God.
Je sais que c’est moi qui lui ai dit d’être sérieux, mais… Y A PAS À ÊTRE AUSSI SÉRIEUX !
- Tu es la personne la plus importante pour moi.
Mon cœur s’accélère et mes joues brûlent immédiatement. Felix continue de soutenir mon regard, le sien étant profond et pénétrant.
Je finis par détourner les yeux, beaucoup trop gênée. Sa sincérité est désarmante.
Non, mais pourquoi est-ce que ce mec est aussi… sexy ?

Annotations