RUMEUR

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Dehors, tout est normal.Dehors, tout est normal.

Les mêmes personnes qui se pressent chaque matin, sans prêter attention au voisin, au congénère, sans prêter attention au Chien qui s’approche curieusement.

Dehors, tout est normal.

Le Chien et la Forme prennent à droite au Mur. Ils passent devant la porte vers l’autre côté, toujours gardée par une dizaine de militaires armés.

Le Chien s’arrête. Sa tête s’est braquée sur cette porte vers l’autre côté.

La Forme tire doucement sur la laisse, le Chien ne bouge pas.

Plus fort, pas un pas en avant.

La Forme appelle le Chien.

Un regard froid, accusateur.

Un frisson glacial.

Et le Chien se remet en marche, doucement, il ne se passe rien après tout.

Ils avancent le long de ce Mur.

Ils avancent jusqu’au carré d’herbe où ils ont l’habitude de se promener. Les branches continuent à pousser sauvagement sur la souche d’acacia. Ils restent là quelques minutes puis font demi-tour. La Forme doit se rendre à son travail, comme chaque matin.

Depuis leur passage, une foule s’est agglutinée devant le Centre public de gestion de la Séparation. La foule forme un arc de cercle. Cent mètres en face environ, les militaires de la Porte s’entretiennent, ils ne doivent pas distinguer quoi que ce soit. La Forme et le Chien non plus. Ils s’approchent.

Face aux visages interrogateurs,

Une performance, une mise en scène,

Acteurs.

Des yeux cherchent à comprendre,

Des regards s’échangent.

Trois corps entremêlés.

Dans le sang et la cendre

Sol et membres se mélangent.

Face aux visages interrogateurs,

Deux hommes, une femme de porcelaine.

La Peur.

Cartons peints gisent au sol,

Larges lettres noires sur fond blanc.

Trois visages maquillés.

Trois mots simples qui affolent,

Mur, Peuple et enfin Sang.

Dehors, tout n’est plus normal.

Les murmures se glissent parmi la foule.

Que se passe-t-il dehors ?

Pour répondre à la question, deux soldats approchent

Sous les ordres de leur chef, armes au poing, ils avancent.

La foule se sépare et laisse place à leur présence.

Qu’ils enquêtent. Qu’ils exécutent leur sentence atroce.

Les chuchotements stoppent et les regards se fixent.

Juste le son des talons.

Les bêtes sanguinaires avançant contre tout risque.

Deux comme un bataillon.

Le bruit strident des talons qui martèlent le sol.

La silence morbide des trois jeunes entremêlés

La souffle chaud des nasaux prêts à dénouer.

Le manque d’air des cadavres dans leur camisole.

Et le premier contact,

Le garde, d’une main gantée,

Ecarte la foule compacte

Marche sur la scène charnée.

Dehors, tout n’est plus normal.

Le premier militaire hurle un ordre.

Le second se place pour disperser la foule.

Le premier s’approche des corps vêtus de blanc.

Le second lève son fusil d’assaut et invective les badauds

Le premier s’approche encore et, du pied, secoue férocement la tête de la femme qui n’ouvrira jamais les yeux.

Derrière la porte vitrée du bâtiment, un dernier homme vêtu de blanc fait son apparition avec fracas. Il hurle trois mots et, avant que les soldats aient pu pointer leur arme contre lui, le bâtiment explose.

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