Sans mère

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Arrive 1986, l'année terrible. En février, leur mère se suicida. Léa avait alors dix-huit ans. En mai, leur père partit en déplacement à Orange, dans le Vaucluse, pendant six mois. Ce furent sur les épaules de la fille que tout reposa : les courses, le ménage, ses frères, les comptes, les devoirs de tous. À cette époque, elle était fière de cette situation, car elle était responsable, elle guidait toute sa famille. Elle pensait avoir trouvé sa place, mais ce fut un leurre. Elle ne le savait pas. Malheureusement, à son retour, le père trouva à redire sur la tenue des comptes. Est-ce pour cela que tenir les comptes lui fut toujours pesant ?

Un an plus tard, leur père déménagea chez sa copine qu’il fréquentait depuis quelques mois.

Ne faisant les courses qu'une fois la semaine, il n’y avait plus de beurre, mais de la margarine, plus de lait, mais du lait en poudre, plus de pain frais, juste du pain congelé.

Évidemment, ce père emmenait son dernier fils avec lui. Le « chouchou » qui avait droit au beurre et au lait.... Elle avait pourtant essayé de les faire raisonner. Mais ça ne durait jamais longtemps. La rancœur s'est accentuée.

***

Elle se retrouvait seule, avec les cinq derniers frères âgés de dix-neuf, dix-sept, quinze, quatorze et onze ans. Ils étaient respectivement en BEP chaudronnerie, BEP froid et climatisation, CAP plomberie, collège pour les deux derniers. Elle en prenait soin, comme s'ils étaient ses propres enfants. D'ailleurs, les deux derniers l'appelaient maman. Elle poursuivait ses études en première de réadaptation, après un CAP/BEP sténodactylo/agent de secrétariat, pour un bac G. Elle n'avait pas la tête à ses cours, car elle devait réfléchir à ce qu'elle allait préparer à manger le soir, si les courses que son père avait faites pour la semaine suffisaient.

Elle devait régler les conflits entre ses frères, surtout avec le dernier, celui qui avait vécu tous ses traumatismes et qui ne trouvait toujours pas sa place au sein de la fratrie. En effet, après ces années difficiles, il avait été remis à sa place de frère, comme les autres, mais eux ne le voyaient toujours que comme l'enfant gâté. Ce père l'emmenait souvent chez sa copine, accentuant la colère de ses frères.

Après le décès de leur mère, Lucien est parti vivre à Paris. Elle l’a vécu un peu comme un abandon, car malgré tout, ils étaient très proches. Elle se raccrochait à lui pour toutes les décisions à prendre, et là elle n’avait plus personne avec qui parler.

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