Puis regarder le monde qui s'écroule quand nous écroulons

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En nous-mêmes, ce n'est qu'une réflexion de notre propre vide.

J'ai essayé de comprendre pourquoi, dans un monde aussi

Imparfait, j'échappe sans cesse et tente d'intégrer cette obéissance.

J'ai regardé les quelques sillages de quelques jours nouveaux, ceux qui viennent après qu'on ait oublié à quel point il faisait sombre, par ici. On observe la lune tomber un peu plus loin que les autres, sitôt qu'on eut vu rien parce que tout ce qui existe n'est que cette chose qui envahit, encore et encore, mes images et mes sons, mes rires et mes chansons. Aussi inévitable que la mort mais non par nature, juste par habitude réduie de l'humanité qui n'imagine pas autre chose. Au fond, on finit par s'adapter et accepter que c'est le cas pour tout le monde ; c'est plus simple. Ce n'est pas plus une question de normalité que d'invisibles liens qui nous étranglent ; on se demande toujours quelle est cette sensation qui nous dévore la poitrine, qui semble peser et creuser en même temps ; y-a-t-il un remède ? se demande-t-on ; peut-on réellement réduire les choses à un élément unique commun à tous, qui nous guérirait enfin des maux du monde, des mots du monde ? C'est d'une simplicité crasse, on écoute autour de nous et on se demande pourquoi, pourquoi c'est encore douloureux alors qu'on a déjà assez grandi pour le dépasser, pourquoi on veut fuir et réduire à néant ces efforts méritants de ceux qui sont nés pour réussir et nous, nous qui sommes rejetés dans la fange, de celle dont on est sortis, il n'y a pas d'espoir. Il n'y a jamais eu d'espoir mais seulement quelque chose de sourd qui tombe, un peu comme le verre de la cantine l'autre jour, quand le camarade l'eut fait chuté, et qui a rebondi encore et encore, coupant le souffle de tous, parce qu'on attendait qu'il se brise, mais il ne se brise pas : il continue comme nous de rebondir sur la vie et de s'en prendre plein la carcasse, sans jamais se fêler, de sorte qu'il tombe sur l'endroit le plus douloureux qui est souvent le moins fragile. Le son résonnera encore longtemps à l'intérieur du verre, à l'intérieur de nous-même.

On attend. On préfère regarder les jours nouveaux passer à toute vitesse pour ne pas penser qu'on vient juste de les rater. Ces jours-là me font penser à ces petites pétales réduites, les amandiers - tu te souviens des amandiers, le long de la 93, quand tu préférais regarder les Argiles ou juste l'alaric, en te tournant très violemment vu que soudain tu as eu l'envie pressante de voir quelque chose de grand - ceux qui sont en fleur un peu plus longtemps, qui essayent de trouver cette espèce de blancheur d'os. À quoi cela sert d'imiter la mort quand on est son antithèse ? Poser la contradiction, le paradoxe dans le coeur de l'humain a été son erreur la plus monumentale : si bien qu'on voudrait démontrer qu'en fait, nous sommes uniques car oui nous sommes les seuls à ressentir le double, le bien et le mal, l'homme et la femme. Si peu de choses se croisent dans cette vision des choses, ce n'est pas comme la vie. La vie n'est pas une affaire de contradictions, de dualités : il s'agit d'un mélange maladroit qui pourtant fonctionne. Les choses les plus drôles que j'eus vu.

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