Chapitre 7 : Les lettres qu'elle ne lire peut-être jamais
Après ce jour-là, tout a changé.
Et en même temps, rien n’a changé.
Maya ne m’a jamais rendu mon carnet. Elle le garde dans son sac, entre ses livres. Elle ne m’en a plus jamais parlé. Mais parfois, entre deux lectures, elle me lance un regard — et je sais qu’elle y a replongé. Qu’elle lit mes pensées, mes doutes, mes phrases que je ne relis même pas.
Alors j’ai commencé à lui écrire directement.
Pas dans le carnet.
Pas par message.
Mais dans des lettres. Des vraies. Du papier, de l’encre, mon écriture tordue.
Je n’ai jamais signé.
Je n’ai jamais dit que c’était moi.
Mais je les laissais dans ses affaires. Un entre deux pages. Un glissé sous sa copie. Un dans la poche extérieure de son sac.
Et elle les lisait.
Je le savais parce qu’elle arrivait le lendemain avec une expression différente. Comme si elle me cherchait sans me chercher. Comme si elle voulait savoir, mais préférait ne pas poser la question.
Et moi, j’écrivais.
Lettre 3 –
"Tu lis le monde comme un poème. Et moi, je suis encore bloqué au prologue.
Je ne sais pas ce que je ressens, mais je sais que c’est pour toi. C’est déjà pas mal, non ?"
Chaque mot était un pas vers elle.
Chaque silence, une peur de trop avancer.
Mais j’apprenais.
À parler.
À sentir.
À aimer, peut-être.
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