Le jour du concours est arrivé.
Trop vite, trop fort.

Je n’avais jamais eu aussi peur.
Pas de mal faire. Pas de me tromper. Mais de décevoir Maya. De la laisser tomber après tous nos efforts. Après tout ce qu’on n’avait pas dit.

Elle portait une chemise blanche et un pantalon noir. Élégante sans le chercher. Comme toujours. Elle jouait nerveusement avec le coin d’un marque-page, debout à côté de moi dans la coulisse.

« T’as peur ? » ai-je demandé.

Elle m’a regardé. Elle ne m’a pas dit oui. Elle ne m’a pas dit non. Elle a dit :

« Et toi ? »

J’ai souris. « Terrifié. »

Et là, sans prévenir, elle a tendu la main.
Sa main.
Fine. Légèrement tremblante.

J’ai hésité une demi-seconde.
Puis je l’ai prise.
Et elle ne l’a pas retirée.

On est restés comme ça. Main dans la main. En silence.
Pas parce qu’on n’avait rien à dire.
Mais parce que tout était déjà là.

On est montés sur scène.
On a lu. Ensemble. Nos voix entrelacées.
Et pendant que je récitais les mots de Hugo, de Brontë, de Baldwin, je ne voyais que son profil éclairé par les projecteurs. Sa bouche qui bougeait au rythme du texte. Ses yeux qui ne regardaient que le mien.

Je me suis dit : C’est ça. C’est maintenant. C’est elle.