Komoru, esprit-lapin, très jeune, un peu trop curieux
« On dit qu’Asanoha choisit qui elle laisse entrer. Moi, j’sais pas. J’étais là quand la dernière est arrivée, la Voyageuse, toute triste autour des yeux. J’ai plié un origami pour elle. C’était un souvenir heureux, je crois. Pas le mien. J’en ai pas encore. Mais parfois, les souvenirs des autres suffisent pour commencer une vie »
Témura, tisseuse de brume, vieille comme les rochers
« Ici, on ne répare pas les gens. On les laisse reprendre forme, à leur manière. C’est pas pareil. Dans le monde d’avant, ils veulent te remettre droit, comme une chaise bancale. Ici, on t’apprend à aimer le bancal »
Renkai, corbeau noir aux yeux humains
« J’suis tombé ici sans savoir comment. La pluie, la fatigue, un instant d’abandon. Asanoha, c’est pas un refuge. C’est un miroir. Tu crois que tu viens pour oublier, mais c’est pour te souvenir sans douleur. Les gens là-bas disent qu’on rêve trop. Moi j’dis : faut du cran pour rêver sans fuir »
Yuna, fille des reflets, gardienne de la Source de l’Âme Douce
« Les étrangers s’attendent à se voir dans l’eau. Mais ici, l’eau ne reflète pas ce que tu es. Elle montre ce que tu fais semblant d’être. Ça secoue un peu, au début. Puis les gens pleurent et les larmes deviennent fleurs »
Sei, le gardien du Portail de l’Éveil, un genre de poète fatigué
« Ils arrivent tous pareils : épuisés, recousus de l’intérieur. Y’en a qui restent, y’en a qui repartent. Moi, je reste parce que j’ai fini de chercher ailleurs. Y’a pas de rois ici, pas de guerre à gagner, pas d’ascension à faire. Juste respirer. Et c’est déjà beaucoup »
Buroku, esprit de pierre, râleur et fier de l’être
« Asanoha, toujours des gens qui débarquent les yeux pleins d’eau et les poches pleines de blessures. J’dis pas que j’ai pas mes fêlures, hein ! Mais moi, j’m’en sers comme d’une armure. Pis tous ces nouveaux, ils veulent du réconfort. Moi, j’vois surtout qu’y font du bruit à pleurer dans les coins. Laissez la brume tranquille, bon sang »
Reiko, petite marchande d’encens et d’histoires
« On vend pas des choses, ici. On partage. Moi j’échange un parfum contre un souvenir, une odeur contre un silence. Les étrangers trouvent ça étrange. Moi je trouve étrange qu’on appelle ça étrange »
Yûrei, ancienne âme silencieuse, traduite par le vent
« Je ne parle pas. Je me tiens à côté. Je suis le souvenir que tu pensais effacé, mais qui revient juste au bon moment. Je suis ce que tu n’as jamais osé dire. Et ici, on m’écoute quand même »
La Voyageuse
« Je croyais que j’étais brisée. Mais on ne m’a rien demandé ici. Pas de solution, pas de conseil. Seulement le droit d’être autrement. Un jour, j’ai écrit dans mon carnet " Je suis entière, mais plus de la même manière "
Et la phrase s’est envolée, s’est changée en lucioles. Je crois que c’est comme ça que les étoiles naissent ici »
Reï, vieux dragon cousu de tissus
« Ce monde n’existe pas pour te réparer. Il existe pour que tu apprennes à t’aimer »