Chapitre 7 - Dénouement Intriguant

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* MARTIN *

 Célestine ne ment pas, il en est convaincu ! Lui aussi a entendu ce bruissement de feuillage, juste avant que la petite n’entre dans le cercle lumineux formé par l’éclairage des lustres majestueux de la salle de réception. Lui aussi a bien cru apercevoir une forme sombre, une silhouette mystérieuse, s’éloignant rapidement de l’endroit d’où provenait la fillette, pendant les quelques secondes où le rayon de sa lampe torche a balayé les environs, avant que le petit corps frêle ne lui apparaisse. Mais évidemment, trop heureux de la retrouver saine et sauve, il n’a pas pris le temps de bien distinguer l’ombre, et a préféré se concentrer sur la pauvre enfant, boiteuse et frigorifiée. Mais il y avait bien quelque chose, ou quelqu’un dans ce bosquet… Il n’est pas fou, lui non plus…

Toutes à ses pensées, sa torche toujours allumée à la main, il se frotte le menton, le regard dans le vide vers ce buisson qui a caché la « chose » mystérieuse. Il sursaute lorsqu’un crissement de pas précipités se fait entendre dans l’allée gravillonnée qui entoure le château. Surpris, il pointe par réflexe sa lampe en direction du bruit, et éblouie sans le vouloir la jeune femme qui se dessine alors dans le faisceau de lumière, essoufflée et ébouriffée.

Il doit encore avoir la berlue, ou être encore sous le coup de l’émotion, car, l’espace d’un instant, il a cru voir les pupilles d’Emilie complètement et parfaitement dilatées, entièrement noires dans la blancheur du rayon lumineux.

C-Comment… ?! Non… C’est impossible… Tu as dû rêver mon vieux…

« - Wow ! Hey ! Vous êtes flic ou quoi ?! s’insurge la jeune femme en se protégeant les yeux à l’aide de sa main.

Il se ressaisi et dévie aussitôt sa lampe vers le sol.

« - Qu’est-ce qu’il se passe ici ? reprend-elle en évitant soigneusement de le regarder en face.

- Heum… La gamine… Elle est revenue… Enfin, non ! On l’a retrouvé…. bredouille Martin, encore perturbé par la vision presque irréelle de ces deux yeux aussi sombres que cette nuit voilée.

- Ah… Tant mieux, souffle Emilie, le regard toujours tourné vers le sol.

- A priori, elle n’a pas retrouvé son chemin seule, insiste alors Martin, étonné par le manque d’enthousiasme et de curiosité de la jeune femme.

- Ah.

- Elle dit que quelqu’un l’a retrouvé au beau milieu des jardins, dans la nuit noire. Une mystérieuse femme, apparemment…

- Ah bon… constate simplement Emilie.

- Ce qui est étonnant, c’est qu’elle n’avait pas de lumière pour la retrouver… Ni pour la ramener, d’après la fillette… continue Martin, en allumant une cigarette tout en scrutant la réaction d’Emilie du coin de l’œil.

- Étonnant, en effet… » lui répond-elle brièvement, le regard toujours fuyant.

Intrigué par son absence d’intérêt, il fronce les sourcils et tente de capter son regard, soufflant un panache de fumée devant lui.

« - Et vous ? Où étiez-vous pendant tout ce temps ? »

Surprise, elle relève brusquement la tête vers lui et trésaille légèrement. Un bref instant, Martin croit percevoir une lueur de panique dans ses yeux finalement parfaitement normaux, et d’une couleur remarquable constate-t-il aussi. Oscillant entre le vert et le jaune, avec une pointe de reflet bleu, il ne sait trop définir leur coloris exact. Mais il les trouve vraiment fascinants. Et même très attractifs.

Se reprenant rapidement, Emilie toussote et recule légèrement avant de répondre.

« - Hum, hum… Eh bien, je faisais comme vous, je suppose ! Je cherchais après Célestine.

- Dehors ?

- Oui. J’ai vu que l’une des portes vitrées était ouverte, alors j’ai supposé que la petite avait probablement dû sortir pour jouer. Donc je suis partie à sa recherche dehors.

- Sans lumière ?

- Comment ça ?

- Vous cherchiez dehors, en pleine nuit, sans aucune lumière ??

- Eh bien oui, lui explique-t-elle alors avec son assurance retrouvée. Je n’avais effectivement pas d’éclairage, parce que je me balade rarement avec une lampe torche sur moi, contrairement à vous apparemment…. Mais je ne suis pas allée bien loin, j’ai juste fait le tour du bâtiment. Au vu des énormes lustres qui se trouvent à l’intérieur, il fait suffisamment clair à travers les fenêtres et on voit aisément aux alentours, comme vous pouvez le constater par vous-même.

- C’est vrai…. Ne peut que confirmer Martin, en se passant la main sur ses cheveux lissés. Ah mais peut-être avez-vous aperçu la fameuse femme mystère qui est venue en aide à Célestine, dans ce cas ?

- Non, du tout, lui répond-elle sèchement. Je n’ai vu personne. »

Devant sa mine surprise, Emilie semble soudain mal à l’aise, et baisse les yeux rapidement. Puis, subitement, elle se redresse et s’excuse, avant de s’enfuir littéralement.

Ebahit par sa réaction, Martin reste figé sur place.

Cette femme est décidément étrange. Charmante et vraiment excitante, mais étrange. Il va peut-être falloir qu’il garde un œil sur elle. Car, il en est persuadé, elle cache quelque chose. Et elle n’est probablement pas ici ce soir uniquement pour boire et manger gratuitement, comme lui.


* EMILIE *

Purée, c’était moins une !!

Après s’être rapidement dirigée vers les sanitaires, Emilie s’active à frotter énergiquement le bas de sa robe dans le petit lavabo. Encore un peu et ce Martin « machin chose » s’apercevait de cette horrible trace de terre ! Et le connaissant désormais un peu, il l’aurait probablement harcelé de questions indiscrètes. Bref, heureusement, il n’a sûrement pas eu le temps de s’en rendre compte, et elle a enfin réussi à effacer cette foutue tâche.

Avant de sortir, et pour la forme, elle se refait vite fait une beauté, puis retourne dans la salle de réception, comme si de rien n’était.


Lorsqu’elle passe de nouveau la grande porte, Emilie n’a nullement l’intention de se retrouver de nouveau face à ce fouineur de Martin. Il est bien trop curieux avec elle, et cela commence à l’agacer. D’autant que cela pourrait lui porter préjudice par la suite. Il faut qu’elle l’évite à tout prix. Scrutant la foule, elle ne le repère pourtant pas. Étrange… Peut-être a-t-il enfin compris que je n’ai que faire de sa drague lourde et prétentieuse ? Ou peut-être est-il simplement parti entre temps ? Peu importe, cela arrange bien ses affaires. La voilà enfin tranquille.

Tandis qu’elle longe les murs de la salle, écoutant la mélodie douce d’un piano qui a repris son travail de bruit de fond, elle passe près du petit buffet réservé aux enfants. Un bar a bonbons attire son attention et surtout sa gourmandise. Discrètement, elle pique quelques sucreries qu’elle s’empresse de fourrer dans sa bouche.

« - Ce n’est pas très joli de voler dans les provisions des enfants. »

Surprise, Emilie sursaute et se retourne brusquement, la bouche pleine, prise en flagrant délit.

« - Rebonsoir, mademoiselle ! Insiste alors le jeune homme blond tout sourire, assis devant le piano et (étonnamment) en train de jouer tranquillement la fameuse musique d’ambiance.

- Vous ?! lui murmure-t-elle, ahurie, après avoir avaler en urgence sa bouchée. Alors vous êtes… ?

- Pianiste, oui. Oh ! Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien pour les bonbons. Je suis moi-même un grand gourmand ! lui dit-il avec un clin d’œil qui se veut complice. Mais tout ceci manque cruellement de bienséance tout de même ! N’est-ce pas… Mademoiselle Routin ? »

Emilie écarquille les yeux et blêmit, soudain terrifiée, le souffle coupé. Comment connait-il mon nom ??

Devant son air épouvanté, Martin sourit de satisfaction. Il a fait mouche, elle ne s’y attendait pas.

« - Eh oui ! Qu’est-ce que vous croyez ? Je me suis renseigné sur vous, évidemment ! Une femme aussi jolie que vous, ça rend curieux ! »

Se reprenant subitement, Emilie fronce les sourcils. Ça y est, le voilà qui recommence son rentre-dedans de m’as-tu-vu insolent…

« - Et qu’avez-vous appris sur moi, Sherlock ? lui balance-t-elle avec dédain.

- Oh rien de bien mirobolant. Vous êtes la fille d’un héros local, un flic qui s’est sacrifié pour faire régner l’ordre et la discipline dans le quartier, de ce que j’ai compris… Un bon samaritain, en somme !

- En effet, et je vous prierais d’avoir un peu plus de respect pour sa mémoire ! s’insurge Emilie, de plus en plus agacée.

- Veuillez m’excuser, ce n’était pas pour le dénigrer, je vous assure. Je me demandais simplement… Est-ce à ce titre que vous avez reçu une invitation pour cette soirée ?

- En quoi cela vous concerne ? réplique Emilie, les dents serrées.

- Simple question. Je m’étonnais juste de votre présence ici ce soir, c’est tout… Mais ne vous méprenez pas, j’en suis ravi !! Pour une fois qu’il y a de la chair fraiche attrayante à cette cérémonie ! » ajoute-t-il avec un air enjôleur et vorace, en la déshabillant de nouveau du regard.

C’est on-ne-peut-plus-clair : Il lui fait clairement du gringue !

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