Chapitre 15 - Explications
* EMILIE*
Elle sait qu’elle ne pourra pas lui échapper longtemps…
Et dès le lendemain, dans le café Bernard, elle se fait très vite alpaguer par Martin.
« - Bonjour Mademoiselle Routin, lui lance-t-il en s’installant une nouvelle fois en face d’elle sans demander la permission.
- *soupir* Bonjour Monsieur MacCulling. Que me vaut l’honneur ?
- Je vous en prie, appelez-moi Martin, rétorque-t-il d’un air mielleux. Vous avez passé une bonne soirée ?
- Oui, merci. Et vous ?
- Vous êtes décidément une belle cachotière, vous !
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Oh, ne jouez pas à ça avec moi ! Je vous ai vu, hier soir. Dans la ruelle, vous vous souvenez ? Que faisiez-vous toute seule dans la nuit ? Qu’est-ce que vous cachez, Mademoiselle Emilie ?
- Moi ?! En ville, le soir ?? Certainement pas ! Il fait trop sombre et les rues sont mal famées de nos jours. Vous avez dû confondre…
- C’est bon, arrêtez votre cinéma ! la coupe-t-il. Je sais très bien que c’est vous que j’ai vu, et vous le savez aussi bien que moi ! Vous m’avez vu, vous aussi ! Alors ?? Qu’est-ce que vous trafiquiez, seule, en pleine la nuit dans nos rues ??
- OK, Sherlock. J’avoue : Je faisais le trottoir, ironise-t-elle avec un sourire moqueur.
- Arrêtez de vous foutre de moi !! s’agace-t-il.
- Mais qu’est-ce que cela peut bien vous faire, après tout ?! s’énerve-t-elle à son tour. Et vous alors ?? Que faisiez-vous dehors en pleine nuit ?? Hein ?!
- Ça n’vous r’garde pas.
- Pareil pour vous !
- Si vous n’aviez rien à cacher, pourquoi vous être enfuit lorsque je vous ai appelé dans ce cas ? »
Oups… Prise au piège…
Il va bien falloir que je lui donne une bonne explication maintenant…
Emilie s’adosse à son siège et soupire un grand coup, en croisant les bras, la mine contrariée. Martin ne la lâche pas du regard, accoudé à la table, attendant visiblement une réponse immédiate. Face à ses yeux bleus insistants, Emilie ne peut que s’incliner.
« - Très bien, finit-elle par avouer, en se rapprochant de lui pour plus de discrétion. OK. J’étais effectivement bien en ville hier soir.
- HA ! jubile Martin. Et pour quoi faire, dites-moi ?
- La même chose que vous, je suppose.
- C’est-à-dire ?
- Enquêter.
- Enquêter ?! Sur quoi ?? s’étonne-t-il.
- Ne faites pas l’innocent. Je sais sur quoi vous enquêtez de votre côté. Et j’ai le même sujet d’investigation, figurez-vous.
- Vous enquêtez sur… la justicière de la nuit ??
- Oui… Comme vous, il me semble. »
Martin scrute son visage quelques instants, tentant de définir si elle dit vrai, ses yeux plongés dans les siens. Emilie soutient son regard, et peut presque y voir défiler la montagne de questions qui tourbillonnent dans son esprit.
« - C’est comme ça que vous obtenez vos infos ? lui demande-t-il alors.
- Oui. Vous aussi, non ?
- En effet… »
Martin fronce les sourcils, puis s’adosse à son tour à sa chaise, sans détourner le regard d’Emilie.
« - Pourquoi je ne vous ai jamais vu avant ?
- Je n’sais pas… Je dois être vraiment très discrète, il faut croire, lui rétorque-t-elle d’un air arrogant. Ça fait pourtant des semaines que je la traque pour recenser chacune de ses interventions. Si vous ne m’avez jamais remarqué, c’est que soit vous êtes miro, soit je suis décidément une excellente espionne ! »
Elle l’a contrarié, elle le voit à sa mâchoire qui se contracte et accentue les deux fossettes sur ses joues. Cela rajoute vraiment un certain charme à son visage anguleux déjà attrayant, elle doit l’avouer.
« - Vous lui avez parlé ? finit-il par lui demander.
- Non.
- Qu’avez-vous découvert alors ?
Il ne manque pas d’air lui ! Je ne suis pas si dupe, pour qui me prend-il ?
- Je vous ai déjà dit que je ne révèle pas mes sources ? Eh bien, il en va de même pour mes informations.
- Et si je vous donne les miennes en échange ? lui demande-t-il après un bref instant de réflexion.
C’est quoi ce plan foireux ?
- En quel honneur ?
- Une collaboration, ça vous dit ?
- Qu’auriez-vous à y gagner, à être deux sur le scoop ?
- Nous pourrions enquêter ensemble. Un partage d’informations en gros.
- Hors de question ! Pour que vous vous serviez de mes infos pour publier vos articles avant moi ? Certainement pas.
- Je vous promets de ne rien publier sans votre accord. Ça vous irait comme deal ?
- En vérité… Je ne vois pas l’intérêt de mettre en commun nos investigations, pour être honnête. Qu’est-ce que cela m’apporterait de plus, à moi ?
- Eh bien… Depuis l’temps, j’ai déjà amassé pas mal de renseignements à son sujet. En plus, moi, je lui ai déjà parlé. J’ai donc une longueur d’avance sur vous, et vous auriez probablement plus à y gagner que moi en acceptant ma proposition.
- Pourquoi me proposeriez-vous un deal qui serait désavantageux pour vous, dans ce cas ?
- Peut-être parce que j’ai très envie de travailler avec vous ? »
Surprise, Emilie en reste bouche bée, coupée dans son élan. Puis elle fronce légèrement les sourcils, scrutant le visage de Martin qui esquisse tranquillement un petit sourire aguicheur.
« - Pourquoi moi ? l’interroge-t-elle alors.
- Parce que je vous aime bien.
- Bah voyons ! ricane-t-elle. Dites plutôt que vous voulez me mettre dans votre lit !!
- Vous me prêtez des intentions qui ne sont pas les miennes, ravissante Emilie ! rétorque-t-il avec un sourire en coin qui sous-entend plutôt le contraire. Non mais sans rire… Je souhaite simplement utiliser toutes les ressources qui sont à ma disposition pour faire au mieux mon travail, voilà tout.
- Évidemment… Le travail, bien sûr…
- Vous n’me croyez pas ?? feinte-t-il de s’offusquer.
- Si vous avez des contacts avec elle, pourquoi auriez-vous besoin de moi ?
- L’air de rien, vous semblez avoir des informations que je n’ai pas, et ce malgré ma proximité avec elle.
- Oui, et je compte bien les garder pour moi ! »
Un instant, Martin semble être à court d’arguments, et pince ses lèvres de frustration.
« - Vous n’avez pas confiance en moi, n’est-ce pas ?
- Pourquoi le devrais-je ? Je connais les méthodes des reporters dans votre genre, vous savez.
- Très bien. Dans ce cas, comment puis-je vous prouver ma bonne foi ?
- Votre « bonne foi » ?? grimace-t-elle en levant un sourcil d’un air peu convaincu.
- Oui, oui. Que diriez-vous que je commence ?
- C’est-à-dire ??
- Je peux vous montrer en premier ce que j’ai sur la charmante Catwoman, par exemple.
- « Catwoman » ?! Sérieusement ?! se moque-t-elle légèrement. Est-ce ainsi qu’elle se nomme ?
- Oui, enfin… Non… Elle, elle refuse de me donner ne serait-ce qu’un pseudonyme… répond-il d’un air blasé. Mais je trouve que « Catwoman » ça lui va bien ! Pas vous ? Une femme fatale, belle et sexy… Tout comme la vraie quoi !
- Tsss… siffle-t-elle en levant les yeux au ciel avec un sourire taquin.
- Oh ne vous moquez pas, hein ! Je suis sûr que vous lui avez trouvé un petit nom sympa, vous aussi !
- Pas du tout !!
- Alors ?? insiste-t-il.
- « Alors » quoi ?
- Je vous montre ou pas ? »
Emilie se mordille la lèvre en réfléchissant. Après tout… C’est l’occasion rêvée de découvrir ce qu’il sait d’elle, et peut-être le lancer sur une fausse piste s’il en sait déjà trop…
« - Très bien ! Montrez-moi. »
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