Chapitre 16 - L'appart' de la Tentation

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* EMILIE*

Emilie suit donc Martin jusqu’à son petit studio, qu’elle remarque proche du commissariat.

En entrant dans la pièce principale, les yeux d’Emilie se posent immédiatement sur le lit défait, au fond à droite de ce qui lui sert de salon. Elle ne peut alors s’empêcher d’imaginer les moments torrides qui s’y sont déroulés avec la justicière masquée. Son rythme cardiaque s’accélère malgré elle, et elle doit subitement lutter contre une image plutôt nette de leurs ébats.

Tentant d’oublier cette vision et de calmer ses ardeurs nouvelles, elle laisse alors fureter son regard sur le reste de la salle. Martin la dépasse, balance son blouson sur le lit avant de lui faire face.

« - Bienvenue chez moi ! lui lance-t-il en écartant les bras.

- Une petite kitchenette, une table basse, un lit et un placard… Plutôt minimaliste comme chez-soi.

- C’est largement suffisant pour moi, ma chère ! Je vous en prie, installez-vous ici, ajoute-t-il en lui désignant sa couche et en replaçant rapidement le drap. Désolé, je n’ai pas la place pour un canapé, mais mon lit est très confortable.

- Je n’en doute pas, murmure Emilie, comprenant son sous-entendu déplacé. Combien de femmes s’y sont déjà installées ?

- Ne soyez pas mesquine, je vous prie ! rétorque Martin. Vous ne souhaitez pas réellement savoir, en plus.

- Je confirme… »

Emilie s’avance donc timidement vers l’édredon, mais hésite encore à s’assoir. Un lit, c’est fait pour dormir ou pour… Pas pour s’assoir ! Surtout que je suis en tailleur aujourd’hui !

« - Je vous débarrasse ? s’empresse de lui proposer Martin en s’apercevant de son embarras.

- Non merci. Je… Je vais poser ça là, lui répond Emilie en s’asseyant finalement après avoir pris soin de bien positionner sa jupe, puis en posant son sac à main derrière elle.

- Eh bé… La confiance règne… bougonne Martin, les mains sur les hanches. BREF ! Si vous êtes ici, c’est pour… (Me mettre dans ton lit ??) Pour vous montrer ce que j’ai comme infos au sujet de la justicière de la nuit, continue-t-il en se penchant sous l’armature de son clic-clac, juste à côté des jambes d’Emilie.

- Oui, « Catwoman », le taquine Emilie en mimant les guillemets avec ses doigts, un sourire en coin.

- C’est ça, moquez-vous, lui rétorque-t-il en relevant la tête, à quelques centimètres de ses genoux. Vous l’appelez comment vous, d’ailleurs ?

- La justicière masquée… Ou la justicière de la nuit… peu importe, bredouille Emilie, se sentant soudain troublée par cette proximité, resserrant ses cuisses pour éviter une vue imprenable sur son sous-vêtement.

- Mouais… grogne-t-il en haussant les épaules, avant de reprendre ses recherches archéologiques sous son pieu. C’est long, comme pseudonyme, vous n’trouvez pas ?

- Euh… Oui… Peut-être… Mais si même vous, vous n’avez pas obtenu un autre nom… Alors, que devrais-je dire ?

- Dans ce cas… conclue-t-il en se relevant, un panneau en liège entre les mains, encore une fois très (trop ?) près de ses mollets nus. Continuons de l’appeler « Catwoman » si vous l’voulez bien ! Moi, je trouve que ça lui va vraiment bien !

- Très bien, comme vous voudrez.

- Je veux, oui, répond-il avec un petit sourire mielleux. BIEN ! Alors voilà, ajoute-t-il en posant le panneau contre la petite table basse devant eux, avant de s’assoir à ses côtés. Voilà tout ce que j’ai pu rassembler depuis que j’ai entendu parler d’elle. »

Lieux, dates et heures des évènements, détails sur les délits commis, nombres de malfrats attrapés, délais entre les appels radio de la police et l’intervention de la justicière… Le tout parfaitement et scrupuleusement référencé sur une carte de la ville, et relié par un fil rouge dûment tendu entre chaque punaise. Emilie commence à paniquer, et s’active à mémoriser chaque élément inscrit sur son tableau, tout en faisant mine d’être sincèrement intéressée.

« - Hmmm… Ah oui, en effet ! déclare-t-elle, l’index sur le menton. C’est un véritable travail de détective, dites-moi ! Cela a dû vous prendre du temps…

- Ouaip ! lui répond fièrement l’intéressé. Des heures et des heures à la traquer en pleine nuit, même !

- Un travail fastidieux et éreintant, ajoute-t-elle l’air absorbé, en se penchant pour mieux imprimer chaque détail dans sa mémoire.

- C’est vrai ! Je n’dis pas ça pour me plaindre, hein ! Juste pour vous montrer, comme convenu, les informations que je possède. Alors ??

- Hm ? s’étonne Emilie, sortie de sa contemplation.

- Ça vous en bouche un coin, hein ?

- Ah ! Euh, oui, j’avoue. »

Martin jubile, et Emilie peut constater très clairement que son orgueil est gonflé à bloc. Il bombe légèrement le torse et affiche un sourire narquois et fier, en la fixant d’un air enjôleur.

« - Malgré ça, je n’arrive toujours pas à recouper les lieux pour définir un périmètre dans lequel elle pourrait se loger… » murmure-t-il comme pour lui-même.

Et subitement, il se lève.

« - Je peux vous offrir un verre ?

- Oh ! Euh… Je ne sais pas… En quel honneur ?

- Comme ça… Pour détendre l’atmosphère. Ça sera plus sympa, non ?

- Hm… grogne Emilie, qui sent venir le piège. OK…

- Une bière, ça vous va ? lui propose-t-il en ouvrant son frigo.

- Oui, parfait. »

Martin attrape deux canettes, qu’il décapsule d’un geste bref et assuré avant de revenir s’assoir aux côtés d’Emilie et de lui tendre la sienne.

« - Ah vous, maintenant ! déclare-t-il en trinquant puis en avalant une lampée.

- Pardon ?! s’exclame-t-elle, surprise.

- A vous de me dire ce que vous savez ! C’était le deal, non ? Une mise en commun de nos informations pour une parfaite collaboration. N’est-ce pas… Associée ? »

Il la fixe d’un œil soupçonneux tout en buvant sa bière, et son sourire en dit long sur ses intentions. Emilie sent qu’il ne lâchera pas l’affaire aussi facilement. Essayant de gagner du temps et de ne pas se faire soûler en attendant, elle joue avec sa canette, sans pour autant en boire une gorgée.

« - Oh, moi, vous savez… De ce que je vois là, je ne crois pas pouvoir vous apportez beaucoup plus de renseignements, finalement !

- Ne dites pas de conneries ! Votre dernier article était plutôt bien détaillé, pour quelqu’un qui n’a pas beaucoup d’infos sur elle…

- Les mêmes détails que votre tableau, finalement…

- Ne jouez pas la modeste. Votre article était d’ailleurs excellent ! Vous êtes une sacrée journaliste.

- Merci. Vous n’êtes pas mal non plus… dans votre genre, lui répond-elle en faisant mine de rentrer dans son jeu.

- « Dans mon genre » ?! Ça veut dire quoi, ça ? ricane-t-il, le sourire mielleux.

- Je veux dire… Pour un reporter à scandale quoi.

- Roooh ! Tout de suite les grands mots ! Je ne fais pas que du scandale, voyons !

- Mais, vous aimez les scoops croustillants ! Et d’autant plus lorsqu’ils remettent en question l’intégrité de certaines personnes… Je me trompe ?

- Vous avez une drôle d’opinion de moi, dites-moi !

- Oooh avouez que ça vous amuse, de mettre à mal la réputation de nos grosses têtes bien pensantes, n’est-ce pas ?

- J’en frémis, en effet… »

Il se rapproche dangereusement de son visage, son sourire devenant de plus en plus aguicheur. Emilie sent désormais son parfum, si proches l’un de l’autre.

« - Et vous êtes un homme d’action, continue-t-elle à le flatter en minaudant.

- Comme vous, non ? Vous êtes une femme de terrain, vous aussi, avouez-le. Vous savez parfaitement comment obtenir ce que vous voulez, n’est-ce pas ?

- En effet, oui…

- Et en ce moment, que voulez-vous exactement ?

- Je ne sais pas… Et vous ?

- Vous le savez très bien… »

Il se penche alors vers elle, à quelques centimètres de ses lèvres. Emilie ferme les yeux, prête à accueillir son baiser, mais soudain, une image furtive s’immisce sur ses paupières closes : Une vision des plus réalistes d’un Martin nu sur son lit, le torse luisant de sueur et le visage crispé par le plaisir intense, ondulant en rythme avec elle dans son intimité pendant qu’elle le chevauche, avant de jouir tous deux à l’unisson. Son rythme cardiaque s’accélère malgré elle, et elle rouvre aussitôt les yeux, complètement abasourdie. Prise de panique, elle se recule brusquement juste avant que leurs bouches n’entrent en contact.

« - Euh… je… Heum…, bafouille-t-elle. Excusez-moi, je dois y aller. »

Et elle se lève d’un bond, attrape son sac et s’enfuit littéralement, sans un mot de plus.


* MARTIN *

Il n’en revient toujours pas. Elle l’a laissé en plan, comme ça, d’un coup ! Il a bien tenté de la rattraper pour s’excuser de son comportement déplacé, mais rien à faire. Elle a disparue. Et il reste encore une fois planté comme un con dans l’embrasure de sa porte, les mains sur les hanches, à se demander ce qu’il a bien pu faire de travers pour que la situation dégénère aussi rapidement. Il lui semblait pourtant qu’elle était sur le point de céder, et qu’elle allait l’embrasser. Mais non. Il vient de laisser passer une chance inouïe de conclure son affaire avec elle, et il s’en veut énormément.

Mais qu’est-ce que t’as foutu, mon vieux ?! Qu’as-tu fait pour l’effrayer à ce point ??

Ou bien est-elle bien plus coincée encore que je ne le pensais ?

C’est vrai, ça ! Comment peut-elle résister à ce point à mes avances ?! J’y suis allé mollo pourtant ! En douceur, et tout… J’ai fait les choses bien, j’lui ai pas fait du rentre-dedans trop insistant, j’lui ai pas sauté dessus, comme je le fais habituellement… Je ne l’ai même pas touché ! Pas une caresse, rien ! J’ai même pas eu le temps d’entamer la montée d’adrénaline, le mouillage de culotte en règle… Que d’al !!

… C’est quand même étrange, sa réaction… Pourquoi ne réagit-elle pas à mon charme naturel ? Pourquoi est-elle si récalcitrante ? Ou bien… Mais non ! Peut-être qu’elle n’aime pas les hommes après tout ?!?

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