Chapitre 18 - Daronne et Quiproquos
* MARTIN*
Après son deuxième round avec sa sublime Catwoman, Martin a beau être extrêmement satisfait sexuellement parlant, cela ne l’avance pas beaucoup sur son identité. Trop obnubilé par son plaisir, il n’a même pas pensé à chercher un indice sur son corps lors de leurs parties de jambes en l’air.
Et du côté de la belle Emilie, il n’avance pas non plus ! Même si elle s’est enfuit pour d’obscures raisons, avant cela, elle n’a lâché aucune de ses infos lors de leur entrevue. Il faudrait qu’il retente sa chance avec elle, peut-être…
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Aujourd’hui, il s’est encore occupé de la jeune stagiaire, puisqu’elle lui a de nouveau donné quelques renseignements sur l’avancée des investigations au commissariat. Rien de bien probant, mais il doit entretenir sa relation s’il veut garder ce genre de confidences. A sa pause, il l’a donc emmené chez lui, à deux pâtés de maison de son lieu de travail, pour la faire jouir comme elle le mérite. Déjà aux anges d’avoir enfin pu accéder à l’appartement de son amant, Jessica a pris son pied et a bien l’intention de continuer leur histoire qu’elle pense réciproque.
C’est donc avec un sourire jusqu’aux oreilles que la jeune femme sort du bâtiment, suivi de près par Martin qui s’allume une clope. Alors qu’ils descendent tous deux l’unique marche de son seuil de porte, Martin est interpelé dans la rue.
« - Wouhouh ! Marty !! Jay souis là ! »
Relevant la tête, il aperçoit alors sa mère, qui s’avance vers eux un cabas à la main.
Et meeerde ! J’avais complètement zappé que je devais aider Maman à aller chercher des cagots de légumes invendus à l’épicerie du coin… Fait chier…
« - Hello, darling ! lui dit-elle en l’embrassant sur les deux joues.
- B’jour, m’man…
- Oh ! Hello mademoiselle !
- Bonjour Madame MacCulling ! Ravie de vous rencontrer ! lui répond Jessica en lui tendant la main, tout en joie en comprenant son lien de parenté avec Martin.
- Jay suis rwavie de vous rwencontrwé enfin, Emilie !
Oh putain !
- Emilie ?! » s’exclame Jessica, perdant aussitôt son beau sourire.
Elle se retourne vivement vers Martin, l’air incrédule. Ses yeux écarquillés interrogent un Martin en panique, alors que sa mère continue sur sa lancée, ne s’apercevant de rien.
« - Marty m’a parwlé de vous ! Il a rwaison, vous êtes rwavissante !
- Ah, vraiment ? rétorque une Jessica visiblement contrariée, fusillant désormais Martin du regard en croisant les bras.
- Uiii ! Jay souis tellemint contente qu’il ait enfin trwouvé l’amourw, vous savez ! Jay sais que c’est un tombeurw et qu’il n’aime pas s’attacher. Ce n’était pas gagné pourw vous ! Et jay souis rwavie de voirw enfin celle qui a fait chavirwé son cœur ! Jay vous félicite, mademoiselle !
- Oui… Emilie, donc… enrage la jeune femme, en posant une main sur sa hanche. Et c’est qui, cette fameuse « Emilie », hein ?! crache-t-elle à Martin.
- Parwdon ?! s’étonne Aileen. Vous… Vous n’êtes pas Emilie ??
- Pas du tout, non !! Et j’aimerai moi aussi rencontrer « celle qui fait chavirer son cœur » ! Hein, Martin ?!
- Je… Euh… balbutie-t-il, pris au piège de ses propres mensonges.
Et voilà… Fallait s’en douter… La boulette !
- Marty ??? s’agace sa mère, offusquée. Tuw m’expliques ?
- C’est que… euh…
- RÉPONDS !! C’est qui, cette putain d’Emilie ?? s’exclame une Jessica de plus en plus énervée. Tu te fous de moi depuis le début, C’EST ÇA ?!?
- Hein ?! Mais non ! C’est juste que… Bon. Écoutes… tente-t-il de calmer le jeu. Emilie, c’est…
- C’est ta vraie meuf, en fait !! le coupe-t-elle, hors d’elle. Et moi, j’suis quoi ? Ta maitresse ? Ta pute, c’est ça ?!
- Mais non, voyons !
- Tu ne m’as jamais aimé en vérité, tu voulais juste me baiser, j’me trompe ??
- Si ! Non ! … Enfin… »
Martin n’a pas le temps de continuer sa phrase, que Jessica lui décolle une gifle si puissante qu’elle résonne dans toute la rue. Pris au dépourvu, Martin reste pantois, une main sur sa joue rosie par la violence du coup.
« - TU ES UN BEAU SALAUD !! beugle-t-elle, folle de rage. JE NE VEUX PLUS JAMAIS TE REVOIR !! TU M’ENTENDS ?? »
Et elle s’éloigne précipitamment, le visage enfoui dans ses mains, les larmes coulants à flot entre ses doigts. Martin se crispe, et se retourne brusquement vers sa mère, manifestement contrarié.
« - Voila ! T’es contente ??
- Excuse me ?! Marty, c’est quoi cette histoirwe ?? Jay n’y comprwend plou rien, moi ! C’est qui cette fille ?? Pourwquoi sors-tuw de chez twoi avec elle ??
- C’est… euh… commence-t-il à se justifier sans trop savoir quoi dire. OH ET PUIS MERDE !! Je fais c’que j’veux après tout !! Je suis majeur !
- Ne te fous pas de mwoi, Marty ! Jay ne souis pas douwpe ! Jay bien comprwis ce que vous avez fait chez twoi ! Vous n’avez pas compté les mouwches, ne me prwends pas pourw oune bille ! Tuw trwompes déjà ta chérwie ?!?
- Naaan mais tu comprends rien… soupire Martin.
- Alorws explique-mwoi !! C’est qui cette fille ?? Jay croyais que tuw étais amourweux de Emilie !
« - On parle de moi ici ? » intervient une voix féminine dans le dos de Martin.
Surpris, il sursaute et se retourne d’un bond, pour se retrouver nez à nez avec Emilie Routin. La vraie, cette fois !
Oh pétard !!
« - J’ai entendu mon prénom, il me semble… Non ? » ajoute-t-elle en souriant simplement, avec un petit air sournois qui n’augure rien de bon pour Martin.
* EMILIE*
Alors qu’elle traversait la route sur le passage piéton pour se rendre au café, faisant un signe discret de la main à l’automobiliste qui la laissait passer, Emilie sursauta lorsqu’elle entendit un claquement tonitruant. Interloquée, elle a aussitôt cherché l’origine de ce bruit, et des vociférations ont alors attiré son attention.
Un peu plus loin, sur le trottoir, une jeune femme rousse à la forte poitrine – qu’elle reconnait comme étant la jeune stagiaire de l’accueil au commissariat – hurle littéralement sur un l’homme qu’elle vient visiblement de congédier manu militari, le visage rouge écarlate, l’insulte promptement de salaud, puis tourne les talons et s’enfuit, en pleurs. Et lorsque l’homme, qui vient de se prendre une gifle monumentale, se retourne vers la vieille dame à ses côtés en se tenant la joue, Emilie s’étonne de reconnaître le beau Martin.
Tiens, tiens… On dirait que son plan cul ne s’est pas tout à fait déroulé comme il le souhaitait ! Le karma, probablement !
Intérieurement satisfaite de ce qu’elle juge être un juste retour des choses, elle sourit malgré elle, avant de reprendre son chemin. Mais alors qu’elle s’apprête à entrer dans le bistrot, sa curiosité l’emporte lorsqu’elle capte quelques brides de la conversation du pauvre Martin avec cette dame plus âgée qu’elle ne reconnait pas.
Après tout… Je peux peut-être grapiller quelques infos dossiers à son sujet ! Cela pourrait éventuellement me servir par la suite, qui sait ?
Elle s’approche donc lentement en faisant mine de regarder les devantures, son sac à main sur l’épaule. Lorsqu’elle arrive assez près pour mieux entendre leur discussion, elle comprend soudain que la vieille dame n’est autre que sa mère, et qu’elle a visiblement confondue la jeune stagiaire avec elle.
Quoi ?! Comment ça, « amoureux » ?? De… MOI ?!? Oh purée !
* MARTIN*
Martin ne sait plus où se mettre. Aileen oscille entre son fils et la jeune femme d’un air perdue, et Emilie semble satisfaite, voir amusée par la situation !
C’est une blague ou quoi ?? Pourquoi le destin s’acharne-t-il sur moi comme ça, aujourd’hui ??
Mis devant le fait accompli, il n’a plus d’autre choix que d’éclaircir un tant soit peu la situation.
« - M’man, je te présente Emilie Routin. Emilie, voici ma mère.
- LA Emilie ? le questionne sa mère un sourcil relevé, soupçonneuse désormais.
- Oui, la vraie Emilie…
- Ah ! Enchantée de vouws rwencontrwer enfin, mademoiselle ! s’exclame alors Aileen à l’attention de la jeune femme.
- De même ! lui répond celle-ci avec un large sourire.
- Qui était l’autrwe jeune fille alorws ? reprend Aileen, cette fois à l’attention de son fils.
- Une amie à qui je devais un service…
- Un serwvice ? Mais bien sourw ! Et tuw l’a rwemerwcié en natourwe ?? »
Martin aperçoit le sourire moqueur d’Emilie pendant que sa mère le rabroue.
« - Jay souis navrwée pourw vous, Emilie, jay ne pense pas que c’était ce à qwoi vous vous attendiez avec ce bougrwe d’andouille…
- Oh, mais ne vous inquiétez pas, madame MacCulling ! lui rétorque une Emilie légèrement hilare. Votre fils est parfaitement en droit de voir qui il veut, vous savez !
- Vrwaiment ?? Mais… Vous… Vouws n’êtes pas sa pitite amie ?
- MAMAN ! s’insurge Martin, embarrassé.
- Non, laisses ! le coupe Emilie, sûre d’elle. Non, nous ne sommes pas véritablement ensemble. Nous ne nous sommes encore rien promis pour le moment, et il a le droit de coucher avec qui il veut. Je suis assez ouverte d’esprit, qui plus est ! Mais de toute manière, nous n’en sommes pas encore à ce stade, si je puis dire. C’est juste une histoire de se…
- Oui, bon, bref ! intervient brusquement Martin. Voilà, on n’est pas à proprement dit ensemble. Ça te va comme explication, m’man ?
- Ah… OK… Trwès bien… répond Aileen, l’air un peu déçu. Ce n’est pas grwave… Vous êtes rwavissante tout de même ! Et vouws avez quel âge, sweet girl ? Vouws vivez ici ? Vous trwavaillez dans quel domaine ? »
Emilie glousse et affiche son plus beau sourire, trouvant à priori les circonstances très divertissantes. Merde, j’avais oublié qu’elle pouvait être si belle…
« - Ah ah ! J’ai vingt-huit ans, je suis originaire et j’habite ici en effet, et je suis journaliste, moi aussi. D’autres questions ?
- AAAH ! Mais c’est donc au trwavail que vouws vous êtes rwencontrwés, alorws ?
- En quelque sorte ! Je travaille pour une revue concurrente de celle de Martin, en vérité ! »
Et ainsi continue l’interrogatoire en règle de la daronne, dont Emilie ne semble pas s’offusquer le moins du monde. Elle se prête même étonnamment au jeu sans trop de résistance.
Martin remarque qu’elle lui jette régulièrement des regards amusés et malicieux, un léger sourire en coin, et il craint alors pour la suite.
Que mijote-t-elle ? On dirait qu’elle prend un malin plaisir à entretenir le doute sur notre relation auprès de ma mère… Je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadé qu’elle va se servir de ce quiproquo pour me faire chanter par la suite, la bourrique ! Il faut arrêter ça, tout de suite !!
« - Oui, bon ! s’interpose Martin, sentant la situation lui échapper. M’man, je te rappelle qu’on a des choses à faire, là. Emilie, veuillez nous excuser, mais nous devons vous abandonner.
- Ah oui, c’est vrwai ! s’exclame Aileen. Jay dois aller rwécupérwer des légoumes invendous chez l’épicier pourw ma soupe duw soirw !
- Ah oui ? C’est bien ça ! s’enthousiasme Emilie. C’est de l’économie sociale et solidaire en gros, non ? Et écologique, en plus ! J’adore le concept !
- Tout à fait ! Ça vous intérwesse ?
- Oui, en effet ! Je m’intéresse à l’antigaspi, moi aussi.
- Ah, twu vois ? rétorque aussitôt Aileen à Martin. Enfin, quelqu’un qui comprwend !
- Ha ha ! Oh mais dites-moi ! Je pourrais peut-être vous accompagner ? Avec un peu de chance, j’y trouverai aussi mon compte !
QUOI ?! A quoi elle joue, celle-ci, encore ??
- Oh mais uiii ! Avec grwand plaisirw !!! lui répond aussitôt une Aileen aux anges.
Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu, bordel ??? Me voilà pris au piège avec ma daronne et ma supposée petite amie… Magnifique…
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