Chapitre 25 - Découverte Cocasse

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* EMILIE *

Emilie monte quatre à quatre les marches de l’escalier jusqu’à l’appartement de Martin. Sur le pallier, elle se recoiffe rapidement et lisse son chemisier avant de toquer avec entrain à la porte. Attendant une réponse claire, elle ne perçoit pourtant qu’un son étouffé de l’autre côté du battant.

« - Martin ? demande-t-elle en se rapprochant de panneau de bois pour tendre l’oreille. Tout va bien ??

- C’est qui ??

- C’est Emilie. Emilie Routin. »

En retour, Emilie l’entend grommeler. Quelques grincements étranges sortent de derrière la porte, mais aucun ne ressemble à des bruits de pas. On dirait plutôt… Des grincements de lattes de sommier ?! Si ça se trouve, je le dérange en plein coït !

« - Je peux repasser plus tard, si je dérange…

- NON !! Non… Heum… C’est juste que… Oh et puis merde… Tant pis… Entrez ! La porte est ouverte. »


La scène qu’elle découvre alors est pour le moins cocasse !

Martin est ligoté au montant de son lit, entièrement nu au-dessus de ses draps froissés et visiblement souillés.

Oh mon Dieu !!!

Emilie sursaute et détourne aussitôt le regard.

« - Oups !!! Oh pardon !! Je suis désolée ! », s’empresse-t-elle de s’excuser, avant de reculer précipitamment vers l’extérieur du logement en se cachant les yeux.

Malgré elle, elle ne peut retenir un petit gloussement moqueur, qu’elle tente vainement de dissimuler à l’occupant des lieux coincé dans un posture délicate.

« - NON, ATTENDEZ !!! s’exclame Martin d’un air paniqué. Je vous en prie, aidez-moi... S’il-vous-plait…

- Hein ?! Mais je…

- Je vous en supplie…

- Je… C’est que… bégaye-t-elle, les yeux toujours cachés derrière sa main.

- Ne me laissez pas comme ça, pitié… »

Son ton implorant a raison d’Emilie, et elle finit par céder. Après un soupir résigné, elle rentre à nouveau dans la pièce et ferme rapidement la porte derrière elle. Lorsqu’elle se retourne vers lui, il semble extrêmement gêné mais son regard est toujours suppliant. Sentant le rouge lui monter au visage, elle s’approche en évitant soigneusement de poser ses yeux sur lui, et s’empêtre les pieds dans la serviette au sol. Elle se penche pour la ramasser et vient la relâcher au-dessus du bas-ventre de Martin, avant de s’atteler à défaire le lien qui le retient prisonnier.

« - Merci… Vraiment… souffle Martin pendant qu’elle dessert le nœud autour de ses poignées. J’ai passé une bonne partie de la nuit comme ça, et j’avoue que là, j’ai juste envie de pisser…

- J’imagine… Mais comment vous êtes-vous retrouver dans cette situation ??

- Heum… balbutie-t-il, l’air tout penaud. C’est… Euh… compliqué…

- Un plan cul qui a foiré ?

- Oui, voilà… C’est ça… Une mauvaise blague de ma dernière conquête. »

Emilie pouffe de rire et il se renfrogne aussitôt.

« - Moi je dirais que c’est le karma ! ricane-t-elle en continuant de s’acharner sur le cordage.

- C’est ça, moquez-vous… Cela dit… Je n’suis pas vraiment en position de vous faire la morale… »

Emilie esquisse un sourire malicieux en croisant furtivement son regard, puis détourne à nouveau les yeux en feintant de ne pas vouloir le mettre encore plus mal à l’aise. Elle a cependant eu tout le loisir de se rincer l’œil quelques instants avant de lui déposer le linge sur son corps nu, et ce qu’elle a pu apercevoir lui donne subitement des envies. Un torse bien musclé légèrement velu, des abdominaux parfaitement dessinés, des cuisses fermes… Et un engin de bonne taille.

Il est plutôt bien bâti, l’animal !

Se reprenant brusquement, Emilie cligne des yeux pour remettre de l’ordre dans son esprit, avant de délivrer enfin Martin de ses menottes de fortune. Il se redresse aussitôt pour s’assoir sur le rebord du lit en se massant les poignées. Sa serviette glisse légèrement et il s’empresse de la rattraper avant de se lever pour s’en entourer rapidement la taille, rougissant légèrement en sentant le regard d’Emilie glisser sur lui à la dérobée.

« - Merci… souffle-t-il en nouant le linge.

- Je vous en prie.

- Je suis désolé pour le désagrément…

- Oh ce n’est rien. C’est plutôt moi qui suis désolée de vous avoir surprise en si fâcheuse posture !

- Oui, je… Euh… Excusez-moi, mais je dois… » lance-t-il avant de se précipiter dans sa salle de bain.

Emilie acquisse et s’assoie convenablement sur l’édredon en l’attendant. Elle est quelque peu étonnée par sa réaction. Habituée à son côté Don Juan, elle pensait plutôt qu’il se pavanerait devant elle en tenue d’Adam, arrogant et fier comme un paon de son attribut masculin. Au lieu de cela, il semble au contraire complètement déboussolé et mal à l’aise. Comme s’il était troublé.

Après l’avoir entendu se soulager, il ressort des sanitaires vêtu d’un jean et d’un marcel blanc.

« - Je… Je n’sais comment vous remercier. Heureusement que vous m’avez libéré, j’aurais pu passer la journée comme ça sinon… »

Emilie lui sourit gentiment en retour, quelque peu amusée par sa gêne.

« - Hum hum ! toussote-t-il alors pour reprendre contenance. Bref ! A ce propos, que faites-vous ici, mademoiselle Emilie ?? lui demande-t-il d’un ton un peu cassant qui contraste fortement avec son malaise précédent, en resserrant la boucle de sa ceinture.

- Figurez-vous que j’ai eu votre mot « doux », lui répond-elle avec un sourire en coin.

- M-Mot doux ?! blêmit Martin.

- Oui. Celui que vous avez laissé à mon attention au barman.

- Aaah ! Oui… C’est vrai… CE petit mot… Et donc ??

- Et donc, je suis venue m’excuser de ne pas avoir pu répondre favorablement à votre invitation, car je ne l’ai eu que ce matin.

- Arf… Oui… Je comprends mieux pourquoi je me suis retrouvé encore une fois seul hier soir dans ce cas ! Cela dit… C’est aimable à vous de venir vous excuser en personne.

- C’est normal.

- Mais… Au fait ! s'exclame-t-il d’un coup en mettant ses mains sur les hanches. Comment saviez-vous où j’habite, vous, d’abord ?!

- Hein ?! Heum… commence à bégayer Emilie, prise au dépourvu par sa remarque.

C’est vrai ça… Comment je le sais ?? Réfléchis, Emy, vite… Ah oui !

- Dois-je vous rappeler notre dernière rencontre ? Vous savez, lorsque vous sortiez de chez vous avec la jeune stagiaire du commissariat et votre mère, vous vous souvenez ? C’est le jour où votre mère a cru que la petite était moi et que....

- OUI ! l’interrompt-il précipitamment en se pinçant le nez de honte, les yeux fermés. C’est vrai... J’avais oublié ce moment...

- Moi pas ! ricane Emilie en se remémorant ce quiproquo comique, un sourire malicieux au coin des lèvres.

- Oui, bon, bref... HUM, HUM ! Toussote-t-il avant de se diriger vers la kitchenette et de s’emparer rapidement de sa cafetière pour changer de sujet. Vous avez déjeuné ? Je peux vous offrir un café ? Ou un chocolat peut-être ?

- Euh… Non, merci. J’ai du travail, répond Emilie avec un sourire gêné.

- Vous êtes sûre ? Même cinq minutes ? Pour vous remercier de votre aide…

- Ça aurait été avec plaisir, mais on m’attend déjà ailleurs.

- Ah bon ?? Me serais-je fait coiffer au poteau par un autre ?

- Tout à fait ! Et par Maurice en plus !! glousse Emilie d’un air amusé.

- Ah ouais ? Carrément ?! Je dois avouer que je suis un peu vexé ! ironise Martin. Je pensais que vous les aimiez plus jeune !

- C’est le cas, je vous rassure ! minaude-t-elle avec un petit sourire en coin. Il s’agit d’un rendez-vous professionnel, pour tout vous dire.

- Je vois… »

Martin semble réfléchir quelques instants en la fixant d’un œil coquin.

« - Vous devez le retrouver au café Bernard, je suppose ?

- En effet, oui.

- Parfait !! Je comptais y aller, moi aussi !

Hein ?!

- Ah ?! Vous aussi, vous avez rendez-vous ?

- Non. Mais je n’ai plus rien à manger ici. Je pensais donc passer par la boulangerie et prendre mon petit déjeuner sur place.

- Ah… »

Super… T’as encore loupé une occasion de te taire…

- Du coup, je vous accompagne ? propose Martin en enfilant déjà ses baskets à la hâte.

- Heum…

- Allez zou ! Allons-y ! » s’exclame-t-il en attrapant son trousseau de clefs sur la table basse, qu’il jette en l’air avant de le rattraper au vol avec un sourire joueur.

Magnifique…

Emilie n’est pas des plus enchantée par cette nouvelle. Pourquoi donc tient-il tant à rester près d’elle ? Pense-t-il obtenir des infos en la collant ainsi ? C’est vraiment un sacré pot-de-colle celui-là… Tout pour plaire !

Mais lorsqu’il glisse sa main au creux de ses reins pour la pousser gentiment vers la sortie, un frisson la parcourt aussitôt. Et son souffle s’arrête quelques secondes, le temps d’apprécier le contact de sa paume chaude à travers le tissu de son chemisier fin.

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