Chapitre 31 - Balle Perdue

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* CATWOMAN *

Elle a bien vu comment se comporte Martin avec Emilie, et elle a compris. Aussi elle a pris soin d’éviter tout nouveau contact avec lui, malgré son envie toujours plus forte et son attirance pour lui de plus en plus évidente. Mais elle ne peut se résoudre à être un frein à une potentielle relation avec son comparse. Or, elle se doute bien que c’est ce qui doit probablement les empêcher tous les deux de s’avouer leurs sentiments.

C’est donc sans passage par l’appartement du jeune homme qu’elle effectue ses rondes les soirs de lune nouvelle désormais.


#

Un soir, une nouvelle alerte retentie dans son oreillette : Le gang de cambrioleurs en série qui sévit depuis quelques temps à refait surface. Ils sont les seuls à réussir à lui échapper, et cela commence grandement à l’énerver. Ils ont certainement compris qu’elle opérait généralement lors des nuits sombres, et commettent leurs méfaits uniquement lors des lunes pleines, bien trop lumineuses pour elle. L’obscurité est son atout, car il faut qu’elle reste invisible et indécelable, aussi l’éclat de ces nuits très éclairées reste beaucoup trop dangereux pour elle.

Mais aujourd’hui, le ciel est fortement voilé, et la lune peine à percer les nuages pour briller de toute sa splendeur au-dessus de la ville. Aussi, elle retrouve son avantage, une chance pour elle ! De plus, elle a étudié chacun de leurs précédents crimes afin de se préparer au mieux pour le moment propice. C’est donc confiante qu’elle se dirige vers les lieux du délit, passant de toits en toits avec une dextérité incroyable, s’aidant de ses cordelettes reliées aux mousquetons qu’elle accroche à intervalles réguliers sur les lignes à hautes tensions pour sécuriser ses sauts les plus longs.


Une fois sur place, elle s’aperçoit qu’elle n’est pas seule. En effet, bien caché dans l’ombre des ruelles mal famées, son protecteur sexy suit les cambrioleurs en toute discrétion, relevant la tête de temps à autre en espérant la détecter sur les hauteurs des bâtiments avoisinants. Ce constat lui procure un petit sourire attendri malgré elle.

Les sirènes des voitures de police au loin la sortent brusquement de sa contemplation. Il faut agir maintenant, et vite. Avant que les flics ne débarquent.

Reprenant ses esprits, elle évalue rapidement la situation, et calcule le meilleur angle pour interpeler les suspects. Elle se fixe sur un carrefour, où elle attend le véhicule poursuivi, dissimulée derrière un conteneur en ferraille. Lorsque la camionnette arrive, lancée à toute vitesse dans sa course pour semer les forces de l’ordre, Catwoman lance une poignée de clous sur la route. Le bruit des pneus qui éclatent sur les piques acérés surprend le conducteur, qui zigzague sur quelques mètres avant d’arrêter définitivement son fourgon sur les jantes. Les quatre bandits sortent alors, un peu abasourdis et décontenancés en constatant l’état de leurs roues. Elle en profite pour ligoter les pieds du premier cambrioleur, juste devant elle, avant de tirer un coup sec sur le cordage. Celui-ci, déséquilibré, se retrouve subitement le nez à terre.

Mais alors qu’elle s’apprête à sortir de sa cachette pour lui asséner un crochet du droit bien placé, un des autres protagonistes extirpe un révolver de son pantalon et tire à vue dans la ruelle, manquant de peu la justicière surprise. Prise au dépourvu, elle plonge au plus vite derrière le métal, sur lequel ricoche déjà une balle. Merde ! Ils sont armés maintenant ! Il va falloir ruser…

Évitant les tirs paniqués de l’homme cagoulé, elle extrait de sa ceinture trois petits objets, ressemblant à de petits boomerangs en forme de V, et les lance successivement sur les trois bandits encore libres. L’un d’eux atterrit sur la main armée du malfrat, qui lâche subitement son pistolet lorsque la pointe se plante dans sa chair, projetant l’arme au milieu de la route. Aussitôt, la justicière se précipite sur le flingue pour s’en emparer. Mais avant d’atteindre son but, une horde de journalistes apparait autour de la place, sortant de leurs propres véhicules ou des rues adjacentes, et faisant crépiter leurs appareils photos dans sa direction. Aveuglée par les flashs, la jeune femme tente de se protéger les yeux avec ses bras, lui faisant perdre le contrôle de la situation.

Mais qu’est-ce qu’ils foutent là, eux ?! Dégagez, bon sang !!


* MARTIN *

Martin n’a rien loupé de son intervention. Il savait qu’elle viendrait. Il observe la scène de loin, admirant la souplesse et l’habileté avec laquelle elle procède, mettant rapidement hors d’état de nuire le premier homme. Elle a vraiment du talent ! Ça la rend encore plus sexy !

Mais le son du premier coup de feu l’a rapidement ramené sur terre, et il avoue avoir eu un coup de chaud pour elle avant de la voir se mettre à l’abri derrière le la grande poubelle en ferraille.

Et puis soudain, c’est le chaos.

Sorti de nulle part dans la pénombre, il aperçoit furtivement le petit objet qui frappe de plein fouet la main du cambrioleur, et suit des yeux l’arme qui glisse jusqu’au milieu du carrefour, à quelques mètres de lui. Alors, sans crier gare, un flot de reporters se précipitent sur la scène et met aussitôt à mal la mission de sa Catwoman. Après un moment de stupéfaction, l’homme qui lui tirait dessus en profite pour se faufiler hors de portée des griffes de la vengeresse, puis plonge sur le bitume, attrape à la volée son révolver et se retourne pour le braquer vers la pauvre justicière complètement déboussolée.

Martin n’attend pas une seconde de plus, et dans un geste réflexe, il s’interpose entre sa belle et le brigand.


* CATWOMAN *

Elle a tout juste le temps d’écarter les doigts pour observer une ombre passer entre elle et le voleur, alors qu’un coup de feu retentit.

Dans la seconde qui suit, la silhouette s’effondre à terre, inerte, juste aux pieds du tireur pris au dépourvu. Un silence s’installe subitement, et tous se tournent vers l’homme qui vient de prendre la balle perdue.

Son sang ne fait qu’un tour lorsque sa vision redevient plus claire et qu’elle reconnait Martin allongé sur le sol. Elle s’élance vers lui en hurlant, alors que le cambrioleur prend la fuite.

« - NOOONN !! Martin, non ! Pas vous, pitié ! clame-t-elle en tombant à genoux à ses côtés. Martin ? Répondez-moi !

- Hmpf… Aïe… grogne-t-il lorsqu’elle le retourne délicatement.

- Martin ? Vous allez bien ? »

Elle l’inspecte rapidement pour trouver sa blessure. Il a été touché à l’épaule, et saigne abondamment.

« - Mon Dieu, mais qu’est-ce qu’il vous a pris ?! Vous êtes devenu fou ?!?

- Je… Vous… tente-t-il de répondre, les yeux mi-clos et l’air hagard.

- Ne dites rien, gardez vos forces, lui murmure-t-elle en appuyant fermement sur la plaie pour stopper l’hémorragie. Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Ça va aller, j’en suis sûre. Je suis là, je suis avec vous. Restez avec moi… »

Malgré elle, des gouttelettes perlent au coin de son masque et coulent le long de ses joues avant de venir s’écraser sur le t-shirt maculé de sang de Martin.

Alors qu’elle maintient toujours ses mains sur le trou béant de la balle, une voiture de police arrive toute sirène hurlante et dérape au coin de la rue pour se hâter vers la scène. Avant que les flics n’arrivent à leur hauteur, elle se penche vers Martin, les yeux toujours dégoulinant de larmes.

« - Je vous en supplie, Martin, vous devez absolument vous en sortir. Il est hors de question que vous mouriez, vous m’entendez ? Je ne veux pas vous perde, vous aussi… Pas vous… Pas encore… »

Et sur ce, elle lui dépose une bise chaste sur le front puis s’enfuit, alors que les policiers tentent de la retenir avec des tirs de sommation, lui ordonnant de se rendre en vain, avant de se précipiter vers l’homme étendu sur le sol.

« - Shhrr… Un homme à terre ! Un homme à terre ! Shrr… Envoyez une ambulance, viiite !!! » entend-elle dans son oreillette durant sa course, sans se retourner.

Des mots qu’elle aurait aimé ne plus jamais entendre pourtant… Et les larmes inondent ses yeux de plus belle…

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