Chapitre 35 - Révélations

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* CATWOMAN *

Elle se languissait de le retrouver. Lorsqu’elle arrive sur son balcon, comme à l’accoutumé, il l’attend déjà.

« - Bonsoir, lui dit-il en ouvrant la porte-fenêtre pour la laisser entrer.

- Bonsoir, beau blond » lui répond-elle avec un air aguicheur.

Elle s’avance dans la pièce dans ce déhanché qui le fait toujours craquer, et vient aussitôt retrouver ses lèvres avec gourmandise, attrapant sa tignasse dans ses griffes pour l’obliger à l’embrasser plus langoureusement. Mais il ne recule pas, encore une fois.

« - Prête à payer votre dette ? lui demande-t-il lorsqu’elle le relâche.

- Totalement. Mon héros. »

Ses doigts glissent sur l’épaule meurtrie de Martin malgré elle. Intérieurement, elle s’en veut énormément. Elle lui doit la vie, et elle a bien l’intention de se faire pardonner. Mais lorsqu’elle relève les yeux, il la fixe avec un petit sourire qu’elle trouve étrange, presque fourbe et mesquin. Il revient enfourner sa langue dans sa bouche sans ménagement, la planquant de nouveau contre le mur derrière elle. Ses mains se promènent le long de ses formes, et elle ne se fait pas prier cette fois pour l’enlacer aussitôt.

Après quelques échanges de salive, il se décolle légèrement de son visage, et plonge les yeux directement dans son décolleté, qu’elle a expressément entrouvert pour l’occasion.

« - Je devrais peut-être faire un tatouage sur ma cicatrice, en souvenir de ce moment, lui propose-t-il bizarrement.

- Euh… Oui… Pourquoi pas, répond-elle en fronçant les sourcils, troublée par sa remarque.

- Un symbole chinois peut-être ? Qu’en pensez-vous ? Vous vous y connaissez, vous, en écriture chinoise ?

- Euh… je… Pas vraiment, non… Pourquoi cette question ?

- Non, je me disais juste que, peut-être, vous auriez pu m’aider à donner une signification particulière à mon futur tatouage.

- Heum… Désolé, mais je n’y connais rien en chinois.

- Dommage…

- On est là pour papoter ou pour autre chose ? » rétorque-t-elle d’un ton irrité, pour couper court à cette conversation des plus étranges.

Et il reprend aussitôt son baiser passionné, tout en commençant à la déshabiller. Quelques peu perturbée par ses références non dissimulées à la culture asiatique, elle occulte cependant rapidement ses sous-entendus pour s’abandonner de nouveau à ses mains expertes, sous l’impulsion de son désir intense. Elle l’aide frénétiquement à ôter sa combinaison, comme ils l’ont fait la fois précédente, et dans le même réflexe, il l’attrape par la taille et l’emmène rapidement jusqu’à son lit, sur lequel il s’assoie en la posant doucement sur ses cuisses. Ils s’embrassent encore intensément, jusqu’à ce qu’elle dégrafe elle-même son soutien-gorge. Lorsqu’elle le laisse glisser le long de ses bras, Martin s’arrête net, scrute un point près de son sein puis plonge son regard dans le sien.

« - J’en été sûr !! » s’exclame-t-il subitement avec un sourire triomphant.

N’y comprenant rien, elle ouvre la bouche, puis la referme aussitôt et fronce les sourcils.

« - Hein ? De quoi ?

- Ton tatouage, pardi !

- Q-Quoi ?! Un tatouage ?? Quel tatouage ?!

- Celui-là, répond-il d’un ton sec en désignant le petit tatouage en dessous de son sein droit. C’est bien le tien, hein, EMILIE ? »

Comprenant soudain, elle blêmit et se relève aussitôt en se cachant la poitrine de ses bras.

Et meeeeerde ! Quelle conne ! Pourquoi je n’y ai pas fait plus attention ?! Je m’étais pourtant juré de le garder toujours invisible ! Il a fallu que je me laisse entrainer par mes pulsions… Tout ça pour du sexe en plus ! Andouille !

« - Je… heum… bégaye-t-elle, cherchant désespérément une excuse valable.

- Tu m’expliques ?

- Hein ?! Euh… Eh bien… Il y a erreur sur la personne, je le crains ! Mon tatouage doit probablement ressembler à celui de cette euh… Emilie, vous dites ? Qui est-ce d’ailleurs ? Et puis, on se tutoie, maintenant ??

- Ne joues pas à ça avec moi. C’est le symbole de la paix, c’est toi-même qui me l’a dit. Je le reconnais, je n’suis pas stupide.

- Coïncidence…

- Ne te fous pas de moi ! Il n’y a pas trente-six personnes qui possèdent CE tatouage à CET endroit précis !

Purée ! Je suis foutue…

- Vous faites erreur, je vous dis. D’abord, mon tatouage ne signifie pas du tout « paix », il…

- Ah oui, vraiment ?! la coupe-t-il aussitôt. C’est étrange… Pourtant c’est bien CE symbole, non ? » lui assène-t-il en plongeant la main sous le lit pour en sortir un de ses ouvrages sur la langue chinoise.

Il le tient ouvert juste sous son nez, à la page sur laquelle elle aperçoit, au bout de son index, son symbole avec la mention « paix » inscrite juste en dessous. Elle blêmit de nouveau et déglutit difficilement.

Prise au piège…

« - Eh oui ! claironne-t-il fièrement. Je me suis renseigné entre temps, qu’est-ce que tu crois ? Je vérifie mes sources, c’n’est pas ce que tu m’disais ? »

Face à cette preuve irréfutable, elle ne peut désormais plus rien nier. Elle soupire un grand coup et pose ses mains sur ses hanches.

« - OK… souffle-t-elle. Très bien… »

D’un air dépité, elle finit donc pas ôter son masque tout en détachant sa perruque brune tressée, dévoilant enfin sa véritable identité.


* MARTIN *

Martin n’en revient pas. Devant ses yeux ébahis, Emilie ôte ses atouts de Catwoman et se dévoile enfin sous son vrai visage.

Putain !! C’était donc bien elle depuis le début !!

« - C’était donc toi… murmure-t-il, encore sous le choc.

- Oui…

- Mais… C-Comment ?! »

Une tonne de questions se bousculent alors dans sa tête, et il ne sait par où commencer. Il se lève d’un bond, tentant de remettre de l’ordre dans son esprit en faisant les cents pas.

« - Comment tu fais ? Comment as-tu pu… ? Et la nuit en plus ! C’est… balbutie-t-il en se passant la main dans les cheveux, complètement déboussolé.

- Je vais tout t’expliquer, lui indique-t-elle. Mais avant toute chose… Est-ce que je peux me rhabiller ?

- Q-Quoi ? Oh ! Euh… Oui, bien sûr…

- Merci… »

Martin la regarde enfiler sa combinaison, incrédule. Il aurait dû s’en douter avant. Sa taille, sa morphologie… Et sa présence récurrente sur les lieux, les détails qu’elle possédait avant lui… Tout cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille bien avant de se taper Emilie.

Mais qu’est-ce que j’dis, moi ? D’abord je n’me suis pas « taper » Emilie, je lui ai fait l’amour. Pour de vrai. Sincèrement. Et c’était tellement fort…

« - Bien, lance-t-elle une fois son vêtement réajusté. Je t’écoute. Pose-moi tes questions, et je te promets d’y répondre sincèrement.

- Je… OK. Hum,hum, toussote-t-il. D’abord… Non. Je… J-Je ne sais même pas par où commencer !!! s’énerve-t-il soudain. Non mais sans déconner ?! Tu t’es bien foutu de moi !!

- Non, je t’assure, ce n’était pas le but ! se défend-elle rapidement. Je n’voulais pas…

- Pourquoi tu ne m’as pas dit tout de suite qui tu étais ?

- Il fallait que mon identité reste secrète.

- Mais on n’a couché ensemble, bordel !!!

- Oui… Je sais.

- Tu t’es servi de moi ?!

- T’es tout de même gonflé de t’énerver pour ça ! s’agace-t-elle à son tour. N’est-ce pas ce que tu fais en permanence avec les femmes ?? Te servir d’elle juste pour baiser ?

- Mais avec toi, je ne « baisais » pas, justement !

- Ça ne t’a pas dérangé de sauter ta Catwoman, pourtant !

- Hein ?! Mais c’est plutôt toi… elle ? Raaaah ! OK… souffle-t-il pour retrouver son calme. « Plus » … je ne baisais « plus », serait plutôt le therme exact… C’est vrai qu’au début, c’était très excitant, et que c’était uniquement sexuel. Mais ça a changé aujourd’hui… Tu as bien dû le ressentir, non ?

- Oui…

- Alors pourquoi tu ne m’as rien dit quand tu as senti que notre relation évoluait ? Tu voulais me donner une bonne leçon, c’est ça ? Une vengeance féministe ??

- Pas du tout !! C’était juste trop tard ! J’étais prise dans mon mensonge… J’ai apprécié chacun de nos ébats… Je ne voulais pas te mentir, mais je n’avais pas le choix…

- Comment tu fais ? demande-t-il après un bref instant.

- Quoi donc ?

- Comment tu fais pour être Catwoman ? Je veux dire, comment tu fais pour te déplacer si vite et si discrètement ? Comment tu fais pour y voir clair dans les nuits sombres de nouvelle lune ? Comment…

- OK, OK !! l’interrompt-elle. Ça fait beaucoup de questions d’un coup… Bon. En fait, je vois parfaitement la nuit.

- Hein ?!

- J’ai une sorte de… don.

- Comment ça ? J’y comprends rien…

- Je possède une particularité physique un peu… spéciale, qui me permet de décupler mes forces et de voir dans la nuit comme en plein jour. En fait, mon rythme cardiaque peut augmenter fortement, parfois jusqu’à deux cent vingt battements par minute, soit bien plus qu’un être humain lambda pendant l’effort. Et lorsque cela arrive, mon cerveau libère de l’adrénaline en quantité considérable, ce qui améliore mes capacités musculaires et dilate ma pupille de façon bien plus importante que la normale. Comme les yeux des chats, tu vois ? »

Martin reste pantois, et cligne simplement des yeux bêtement.

« - Tu… Tu m’raconte des conneries là… Hein ? ricane-t-il, légèrement paniqué.

- Non. Et tu le sais très bien. Tu as dû remarquer la couleur de mes yeux lorsque j’étais Catwoman, non ? C’est pour ça que j’éteignais la lumière dans ces moments-là. Tiens, regardes, ajoute-t-elle en allumant la lumière.

- Alors je n’avais pas rêvé ce soir-là… marmonne-t-il, consterné et médusé lorsqu’il redécouvre ses pupilles entièrement noires à la lueur de l’éclairage.

- Quand ça ?

- Le soir du Gala. Quand tu étais dehors, à chercher soi-disant la petite. Quand je t’ai surpris, je t’ai foutu ma lampe torche dans la tronche sans le vouloir. Et… l’espace d’un instant, j’ai cru voir tes yeux complètement noirs. Comme là. C’était toi aussi ce soir-là, n’est-ce pas ?

- C’était le cas, effectivement… Tu l’avais donc vu… soupire-t-elle en se pinçant l’arête du nez, une main sur la hanche.

- Tu ne le contrôles pas, ton… don ?

- Si, mais lorsque l’adrénaline est dans mon sang, il faut un certain temps pour que mon taux redescende. Il faut évacuer.

- Ah… Et euh… Comment tu es devenue Catwoman ? J’veux dire, comment t’as eu l’idée ?

- Après la mort de mon père, j’ai décidé d’utiliser ce don afin d’aider la justice et les forces de l’ordre. Alors je me suis entrainée, aux arts martiaux notamment, afin d’être assez compétente, souple et discrète pour maitriser les malfrats sans jamais me faire attraper.

- Et pour te déplacer et tout le reste ? Je suppose qu’il n’y a pas que tes capacités physiques dans l’histoire…

- En effet, oui. J’ai mis au point des accessoires pour m’aider dans mes déplacements, comme les cordes et mousquetons reliés à ma ceinture. Tu vois, je n’utilise que des ficelles et des nœuds marins pour les fixer. Comme ça, ça ne fait pas de bruit. Je m’en sers pour passer d’un bâtiment à un autre via les câbles électriques. Ah ! Et aussi, pour obtenir les informations dont j’avais besoin et pour me tenir informer des délits en cours, j’ai cette mini radio que je porte en permanence à ma ceinture, branchée sur le canal de la police et reliée à une oreillette camouflée dans ma perruque. Tu vois ? Juste là. »

A mesure qu’elle énumère les divers objets dont elle se sert en tant qu’héroïne de la nuit, elle les lui montre et lui explique le fonctionnement. Martin en reste bouche bée. Incapable de prononcer un mot, il la regarde, les yeux écarquillés.

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