Chapitre 37 - Pris en Flag'

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* MAURICE *

Avant de sortir de l’appartement du jeune journaliste durant son séjour à l’hôpital, Maurice a pris soin d’accrocher la pelote de laine à l’antenne râteau, comme celui-ci doit probablement le faire habituellement pour communiquer avec la justicière la nuit. Depuis, il a planqué chaque soir en bas de l’immeuble, accompagné de ses équipes.

Si c’est bel et bien leur signal, elle finira par venir !

Et ce soir, il l’aperçoit enfin ! Tapis dans l’ombre de l’habitacle de son véhicule de fonction avec deux autres agents, il observe la justicière à travers l’objectif d’un appareil photo qui se veut sophistiqué mais dont il doute fort qu’il puisse en tirer grand-chose au vu de la faible luminosité de la soirée. Elle descend en rappel le long du bâtiment, pour finalement se poser sur le rebord du balcon de Martin. Elle n’a pas le temps de décrocher la bobine de fil, que la porte-fenêtre s’ouvre déjà pour l’accueillir. Elle s’avance tranquillement, féline, et le vantail se referme aussitôt derrière elle.

J’en étais sûr !!! Martin est bien de mèche avec elle !!

C’est l’occasion rêvée, il doit les prendre en flagrant délit.

« - Shhhrr Allez les gars, on intervient ! Déployez-vous tout autour du quartier ! Fissa ! » crache-t-il dans la cibi avant d’ouvrir sa portière à la hâte.

Alors qu’il claque le battant avec vigueur, sa parka reste coincée et le ramène très vite en arrière.

« - Rrraah ! » vocifère-t-il en tirant lamentablement sur le tissu, tout en surveillant les regards indiscrets, heureusement trop occupés à suivre ses ordres plutôt qu’à se moquer de lui.

Pris d’une subite illumination, il finit par rouvrir la portière et se libère enfin. Il court jusqu’à la grande porte de l’immeuble, qui ne s’ouvre malheureusement pas. Les locataires doivent probablement la fermer le soir pour éviter les problèmes dans le hall…

Maurice sonne alors aux autres adresses de l’interphone, espérant qu’un voisin finisse par leur ouvrir. Une des fenêtres du rez-de-chaussée s’entrebâille finalement, et une voix endormie les interpelle.

« - Ça n’va pas de sonner ainsi à cette heure tardive ?!? Qu’est-ce que vous voulez ??

- Inspecteur Torrent, répond impatiemment Maurice en lui plaquant son insigne devant le nez. Ouvrez, s’il-vous-plait ! »

L’homme s’exécute, un peu confus. Il referme rapidement la fenêtre et vient déverrouiller la grande porte, par laquelle la horde d’agents de police s’engouffre aussitôt. Tous montent les escaliers quatre à quatre jusqu’au quatrième étage, sauf Maurice qui arrive quelques instants plus tard sur le palier, tout essoufflé. Purée… Pffff… Hey, j’ai plus vingt ans moi, hein !

Tentant de faire bonne figure toutefois, il reprend son souffle en lançant des regards assassins aux jeunes agents qui dissimulent un sourire narquois.

Soudain, une complainte sonore se fait entendre à travers la porte de l’appartement devant lequel ils attendent.

Meeeeerde ! Qu’est-ce qu’il se passe là-dedans ?? J’espère qu’ils n’en sont pas venus aux mains… Pourvu qu’elle ne lui fasse pas subir ce qu’elle fait subir aux malfrats !

Surpris et inquiet, Maurice se hasarde à regarder par le trou de la serrure, mais Martin doit y laisser sa clef insérée afin d’éviter les effractions, car il ne distingue que l’obscurité. Sans autre solution, Maurice appuie sur le bouton de sa radio et indique aux équipes à l’extérieur de se tenir prêts à interpeller quiconque tenterait de sortir du bâtiment. Puis il tambourine avec force sur le bois épais.

« - POLICE !! OUVREZ !! »

Un remue-ménage de l’autre côté du bâti lui indique que les occupants sont visiblement pris par surprise. Il ne faudrait pas perdre cet avantage. Aussi, Maurice insiste.

« - OUVREZ, OU ON ENFONCE LA PORTE !! »

La porte s’ouvre enfin sur un Martin ébouriffé et encore en train de remonter son caleçon. Maurice n’attend pas plus longtemps et le repousse promptement vers l’intérieur, espérant surprendre la justicière avant que celle-ci ne s’enfuit.

Mais ce n’est autre qu’une Emilie honteuse et rouge écrevisse qu’il trouve emmitouflée dans les draps du beau blond, ses cheveux eux aussi en bataille. Après un bref instant de stupéfaction, il se précipite rapidement vers le balcon pour inspecter les alentours. Il se penche ensuite vers son équipe en faction en contre-bas.

« - Alors ?? Vous avez vu quelque chose ?

- Non, rien, chef !

- Et merde… »

C’est impossible… Elle est forcément quelque part…

Maurice se retourne alors vivement vers un Martin ébahit et toujours à moitié nu.

« - Elle est où ?? aboie-t-il à l’intention de celui-ci, fou de rage.

- Qui ?

- Ne joues pas à ça, Martin !

- Mais qui, bon sang ???

- Fouillez-moi cet appartement !! vocifère Maurice à ses agents. Trouvez-moi cette salope !! Elle est forcément cachée ici ! ALLEZ !!

Maurice fulmine. Pendant que les flics passent l’appartement au peigne fin, il lance des regards assassins aux deux jeunes gens qui ont à priori passés un moment torride ensemble. Emilie reste prostrée et le fixe avec des yeux écarquillés, tenant fermement le drap contre son corps, visiblement nue elle aussi.

« - J’y crois pas… marmonne-t-il à son attention, la mâchoire crispée de contrariété. Toi aussi… Tu t’es finalement liguée avec ce minable …

- Heyyy ! rouspète Martin.

- Mais qui cherches-tu exactement ?? intervient Emilie. Tu n’es pas là pour moi, tout de même ?!

- Elle est où, putain ?? Je l’ai vu entrer ici !! Je n’suis pas fou !!

- Là, tout de suite, c’est pas vraiment l’impression qu’on a, hein ! ricane Martin en se passant la main dans les cheveux, tentant de détendre l’atmosphère.

- Ta gueule, toi ! Tu la couvres depuis l’début, p’tit con !!

- Mais enfin, de qui tu parles ?? insiste Emilie.

- LA JUSTICIERE, PARDI !!!! hurle désormais Maurice, au bord de l’implosion. JE SAIS QU’ELLE EST LA !!

- Maurice… souffle Emilie d’un air compréhensif, après avoir croiser le regard de son amant. Il n’y a que nous deux ici… Je te l’jure…

- CHEF ! la coupe un des agents. On n’a rien trouvé… L’appartement est vide. A part ces deux-là, j’veux dire…

- PUTAIN !! ELLE EST OU, BORDEL ??

- Mais on n’en sait rien !!! s’exclame Martin, visiblement décontenancé. Je n’sais pas ce que tu as cru voir, mais il n’y a réellement que Emy et moi ici !

- C’était quoi ce cri alors ??

- Euh… Je plaide coupable… rougit Emilie. En fait… Comment dire ? On était en train de… Enfin, tu vois, de… et… J’me suis un peu trop exprimé…

- Ouais, ça va, j’ai compris, pas besoin d’me faire un dessin… Tu as succombé, finalement. Je croyais que tu n’pouvais pas l’blairer, pourtant ?

- Et bien, j’ai changé d’avis, que veux-tu ?

- Dis plutôt qu’tu t’es laissée entrainé dans un banal plan cul !

- Maurice, avec tout le respect que je te dois, et même en mémoire de mon père, je fais c’que j’veux de mes fesses, il me semble ! commence-t-elle à s’agacer.

- OK. Admettons. Mais si vous étiez donc tous deux présents dans la pièce, alors tu l’as forcément vu, toi aussi !

- La justicière ??

- Evidemment ! Qui d’autre ? Je viens d’la voir rentrer par la baie vitrée y’a même pas un quart d’heure !! Vous l’avez forcément vu !!

- Euh… On était un peu occupés, pour être honnête ! intervient Martin, d’un air équivoque.

- ARRETEZ DE VOUS FOUTRE DE MOI, BORDEL !! Je me fiche que vous étiez en train de baiser, elle est rentrée par-là, j’en suis certain !! Quelqu’un lui a ouvert !! Et elle n’est pas ressortie depuis !! Je n’suis pas le seul à l’avoir vu, en plus !! Elle ne peut pas avoir disparue comme ça, c’est impossible !!

- Mais tout est possible avec elle ! rétorque Martin, tout sourire. Tu devrais le savoir mieux que quiconque, Maurice ! »

Emilie esquisse malgré elle un sourire, et s’en est trop pour l’inspecteur au bord de la crise de nerfs.

« - Vous me faites chier, tous les deux !! Je finirai par vous avoir un jour ! Vous m’entendez ? Je vous aurais !! MERDE !! »

Et sur ce, il invite ses agents à sortir et claque la porte violemment en partant.

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