Roubaix, Quartier de l’Alma-Gare, Mars 2024

Marc et Claire se retrouvaient dans le quartier de l'Alma-Gare à Roubaix, un lieu emblématique de la démocratie participative retenu pour annoncer le lancement de leur mouvement pour la réforme. La salle, un ancien entrepôt transformé en espace de conférence, bourdonnait comme une ruche. Sur l’estrade, les deux initiateurs présentaient la raison d'être de la réforme, entourés de leurs premiers soutiens.

— Chers amis, commença Marc, nous sommes réunis aujourd'hui pour redéfinir notre démocratie. La démocratie représentative est aujourd’hui dans une impasse. Sa légitimité vacille : de moins en moins de gens vont voter, les électeurs font des choix capricieux, le nombre d’adhérents des partis politiques est en baisse. L’efficacité de la démocratie est violemment mise à mal : toute action énergique de l’exécutif devient problématique et depuis trop longtemps, les hommes politiques adaptent leurs stratégies en fonction des échéances électorales.

— Nous devons briser le cycle de la politique traditionnelle, où les décisions sont prises par une élite restreinte. Nous visons une politique fondée sur la compétence et la diversité, pour aborder efficacement les enjeux complexes de notre époque : tensions internationales, inflation, impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi, réchauffement climatique, immigration, vieillissement de la population. Comment le peuple pourrait-il être écarté des débats que nécessitent un tel tableau ? Notre vision est celle d'une démocratie vivante, dynamique, où chaque citoyen a un rôle à jouer. Une démocratie où chaque voix compte, où chaque citoyen participe activement à la construction de notre avenir.

Soudain, des agitateurs tentèrent de perturber la réunion. Les européennes qui approchaient attisaient les extrêmes. Des cris et des slogans retentirent, mais la majorité de l'auditoire resta calme, déterminée à ne pas laisser le désordre gâcher l’événement. Marc et Claire réussirent à apaiser la situation.

— C'est exactement pourquoi notre mouvement est nécessaire, pour faire face, ensemble, aux défis, sans céder à la violence ou à la division.

Claire pris le relais, pour exposer les principes de la réforme. A ses côtés, les autres intervenants attendaient leur tour.

— Le tirage au sort, combiné aux élections, créera une assemblée véritablement représentative de toute la société. Le renouvellement de l’assemblée par moitié tous les 4 ans apportera la stabilité politique exigée pour affronter les défis du siècle. Chaque élu tiré au sort exercera, au cours de la première moitié de son mandat, une fonction consultative. Il bénéficiera également d’un programme de formation intensive. Cette période d'apprentissage, lui permettra - avant de prendre des décisions - de se familiariser avec les processus législatifs et les questions soulevées par la situation et les perspectives de la collectivité. Il sera ainsi apte à exercer la fonction délibérative dans les meilleures conditions au cours de la deuxième moitié de son mandat.

Marie pris alors le relais. L’infirmière partageait son expérience en tant que jurée d'assises. — Participer au processus judiciaire a été une révélation. J'ai pris conscience du poids de chaque décision, de l'importance de la justice équitable. Cela m'a donné un aperçu du potentiel d'implication citoyenne dans d'autres sphères de notre société.

Puis Samir Hassan, entrepreneur technologique, raconta comment sa plateforme permettait une collaboration citoyenne pour des projets innovants. — En impliquant les citoyens selon les méthodes du design, nous avons vu émerger des solutions créatives et inclusives. Cela démontre la force de l'innovation démocratique, où chaque individu contribue activement au bien commun.

— Notre objectif est de préparer nos représentants à naviguer dans le paysage complexe de la politique moderne. Agnès Hirsch, formatrice et consultante, soulignait l'importance de l'éducation politique. Les défis du 21ème siècle requièrent des compétences spécialisées, et nous devons nous assurer que nos élus soient équipés pour les relever efficacement.

Les interventions suscitaient des questions, des observations, parfois des critiques de l'auditoire. Un débat vigoureux s'ensuivit, qui montrait le désir de changement mais aussi les doutes, les scepticismes.

Dans le train de retour, Marc et Claire débriefèrent la journée. — C'est seulement le début, Claire. Notre voyage sera long et semé d'embûches, mais je crois en notre capacité à inspirer et à unir.

— Aujourd'hui, nous avons semé la graine du changement, acquiesça Claire. Maintenant, il nous faut cultiver cette idée. Peut-être devrions-nous lancer plus tôt le projet 'Faire Nation' pour occuper le champ médiatique et attirer de nouveaux militants ?

— C’est tentant, mais je crains qu'il ne soit trop tôt. Nous devons d'abord asseoir notre crédibilité, consolider notre base et nous assurer que toutes les conditions du succès soient réunies. Si nous agissons trop rapidement, nous risquons de brouiller nos messages et de perdre le contrôle de la narration.