Les Jeux Olympiques

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Saint-Denis, juillet 2024.

Un mois après les européennes et le succès des partis d’extrême-droite dans une bonne partie des états-membres, les Jeux Olympiques, censés être un symbole d'unité et de paix, se transformaient en terrain d’affrontement pour les frustrations de toute nature.

Les rues autour du Stade de France étaient bondées, un mélange détonnant de supporters enthousiastes et de manifestants aux banderoles déployées. Marc se fraya un chemin à travers la foule. Les slogans scandés du stade à l'extérieur se mêlaient aux acclamations des spectateurs. Il ne put s'empêcher de ressentir une forte inquiétude. — C'était censé être un moment de célébration, pense-t-il, pas un déclencheur de discorde.

Il s'arrêta, un groupe de manifestants se heurtait à une barrière de sécurité. Les visages était tendus, les poings levés. Les forces de l'ordre, en position, semblaient aussi nerveuses que la foule. Le contraste avec les encouragements et les applaudissements à l'intérieur du stade était frappant.

— Vous pensez que ça va dégénérer ? demanda une voix à côté de lui.

Marc se tourna pour voir un homme d'une quarantaine d'années, ils observaient la même scène. — Je ne l'espère pas. Mais ça montre bien l’urgence à retrouver le chemin de la raison.

L'homme hocha la tête, son regard toujours fixé sur les manifestants. — Vous y croyez encore ?

La question resta suspendue dans l'air, aussi lourde que l'atmosphère autour du stade.

Il retrouva Samir dans un café du quartier, une oasis de calme comparée à l'extérieur. Ils s’étaient donné rendez-vous autour d’une saucisse frites dans cet établissement voisin des bureaux de l’entrepreneur.

—Tu as vu l'ambiance dehors ?

— C'est comme ça depuis le début des Jeux.

Marc soupira. — Nous ne pouvons plus attendre. Il faut lancer le projet « Faire Nation », c'est le bon moment.

Entre appréhension et excitation, Samir était partagé. — C'est risqué. Lancer un projet d'une telle envergure en pleine période de troubles...

Marc l’interrompit — C'est aussi dans ces moments de crise que les réformes peuvent prendre vie. Si nous voulons vraiment un changement, il faut agir maintenant, pendant que l'attention du monde est tournée vers la France.

Samir réfléchit un instant, puis il hocha la tête. — D'accord. Faisons-le, mais avec prudence. Il faut être vigilant sur la manière de présenter « Faire Nation » au public.

— Bien sûr. Nous devons canaliser les passions et les énergies vers quelque chose de positif, de constructif. Marc sourit. — Appelons Raphaël.

Il chercha un contact dans le répertoire de son smartphone et lança l’appel. — Bonjour Raphael, c'est Marc. Je suis avec Samir qui vous salue, le haut-parleur est activé.

— Bonjour Marc, bonjour Samir.

— Raphaël, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre ouvrage sur le roman national et son nécessaire renouveau.

— Je suis ravi que mon travail vous ait intéressé. Que puis-je faire pour vous ?

— Si j’ai bien compris, votre réflexion est axée sur la valorisation de la diversité des voix françaises pour raconter notre pays. Elle résonne parfaitement avec les principes de notre mouvement pour la réforme démocratique. J'aimerais vous proposer de diriger notre projet phare pour 2024-2025, le projet "Faire Nation".

— Vous allez un peu vite en besogne, pouvez-vous me donner plus de détails sur les objectifs et vos attentes ?

— Absolument. Nous voulons créer un vaste programme national pour dresser un portrait contemporain de la France, en utilisant tous les moyens créatifs possibles – écrivains, photographes, cinéastes, mais aussi des formes d'expression modernes comme les influenceurs des réseaux sociaux. L'objectif est de dépasser le simple roman national écrit par les acteurs économiques pour la société de consommation et d'engager la nation dans un récit collectif et diversifié.

— Je retrouve bien là le thème de mon essai.

— Oui, et si vous êtes partant Raphaël, vous aurez carte blanche pour concevoir, planifier et animer la démarche de bout en bout.

— C’est un défi intéressant, mais cela suppose des moyens que je n’ai pas.

— J’ai les ressources financières et technologiques nécessaires, intervint Samir.

— Très bien. Autre point : cela demandera une coordination étroite entre différentes disciplines et perspectives et cela prendra du temps. Quel est votre délai pour ce projet ?

Marc, reprenant la parole : — C’est à débattre, mais nous visons une réalisation dans un délai assez court. L'urgence de la situation sociopolitique actuelle nécessite une action rapide.

— Compris. Raphaël réfléchit un instant. Ecoutez, je suis intéressé par cette opportunité, mais j'aimerais en discuter plus en détail pour comprendre toutes les implications et attentes. Et je ne veux pas croire que vous ne vous impliquerez pas dans le pilotage de cette affaire…

— Très bien. Alors, rencontrons-nous pour discuter des détails, je vous envoie quelques propositions de créneaux. Merci Raphaël.

Alors qu'ils raccrochaient, quelques manifestants, poursuivis par la police, se ruèrent dans le café. Marc et Samir, surpris, se levèrent précipitamment.

— Que se passe-t-il ? s'exclama Marc, tandis que les clients du café s'écartaient, alarmés.

Samir, observant la rue par la fenêtre : — La manifestation a dégénéré, comme au temps des gilets jaunes. Ça devient dangereux.

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