A la radio

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Paris, 22 novembre 2024

Dans le studio, Marc Vautier réfléchissait. La radio lui offrait l’occasion d’exposer sa vision au plus grand nombre, mais il savait que les opinions sur son mouvement étaient très partagées. Perçu comme un intellectuel idéaliste, il attirait la sympathie, voire l'intérêt mais également le scepticisme et l’ironie. Il esquissa une moue en repensant aux récentes évolutions internationales, la réélection de Trump, la persistance de la guerre en Ukraine, et les tensions croissantes entre l'Iran et les États-Unis. Tous ces événements soulignaient l'urgence de sa mission.

— Bonjour Marc Vautier, et merci d’être avec nous ce matin pour partager votre vision sur l'état actuel du monde, sur l'avenir des démocraties occidentales et sur les choix possibles pour la France. Commençons par votre perception de la situation mondiale actuelle.

— Bonjour et merci de m'avoir invité dans votre matinale. Oui, nous vivons une période de transformations profondes. Notre planète, historiquement un terrain de conflits divers, semble se diriger vers des affrontements encore plus complexes. Ce que nous observons va au-delà des préoccupations climatiques omniprésentes dans nos médias. À l'ère du numérique, on pourrait penser que les conflits territoriaux sont obsolètes. Pourtant, nous assistons à un retour des ambitions territoriales impériales, souvent enracinées dans d'anciens différends. Cette résurgence, je la perçois comme un défi majeur à notre compréhension de l'histoire et peut-être même un indicateur d'un changement d'ère.

— Votre référence aux Droits de l'Homme et à la démocratie comme piliers de l'Occident est particulièrement originale. Comment jugez-vous leur influence historique ?

— Les Droits de l'Homme ont été un catalyseur formidable au 18e siècle, menant à des changements radicaux aux États-Unis et en France. Cependant, l'expansion occidentale qui a suivi, tout en prônant ces idéaux, a souvent ignoré les cultures locales et exploité les ressources des pays du sud. Il y a là une contradiction fondamentale entre nos principes et nos actions.

— Vous soulevez également des doutes sur l'universalité du principe d'égalité. Pouvez-vous développer ?

— Absolument. Alors que l'égalité et la liberté sont inattaquables en théorie, la question de leur applicabilité mondiale reste ouverte. Peut-on réellement appliquer ces principes à l'échelle planétaire, et surtout, sont-ils souhaités par tous les peuples ?

— Qu'en est-il de la santé des démocraties occidentales ?

— Nos démocraties sont malades. Elles ne parviennent plus à remplir leurs missions essentielles, notamment l'association effective des citoyens au projet national. La représentation démocratique est affaiblie, et les décisions politiques sont souvent prises en dehors des voies démocratiques traditionnelles.

— Quelle stratégie proposez-vous pour les démocraties face à ces défis ?

— Nous devons comprendre cette nouvelle réalité et nous y adapter. Ce n'est pas le moment de défendre aveuglément un modèle défaillant, mais plutôt de réévaluer et de renouveler notre approche de la démocratie. Cela implique une réelle participation citoyenne, une transparence accrue et une volonté de s'adapter aux changements globaux. C’est ce que propose mon mouvement. Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de lancer aujourd’hui le projet « Faire Nation ».

— Le fameux projet « Faire Nation ». Dites-nous en plus en quelques mots.

— Le projet « Faire Nation » est né de la conviction que la France, notre pays, est à un carrefour. Face à la montée des tensions nationales et internationales et à l'instabilité politique, nous devons réaffirmer notre identité collective. « Faire Nation » est une invitation à tous les Français à participer à l'élaboration d'un autoportrait de notre pays.

— Un autoportrait ? Cela semble un peu abstrait. Comment comptez-vous le réaliser concrètement ?

— En effet, le concept peut sembler abstrait, mais sa réalisation sera très concrète. Nous mobilisons des écrivains, des photographes, des cinéastes, mais aussi des humoristes, des musiciens, des artistes de tous horizons. Chaque contribution, qu'elle soit d'un auteur reconnu ou d'un citoyen anonyme, sera un fil dans la tapisserie de ce que signifie être français aujourd'hui.

— Et comment allez-vous rassembler toutes ces contributions ?

— Nous organisons des événements dans tout le pays et utilisons une plateforme en ligne dédiée ainsi que les réseaux sociaux. L'idée est de créer un espace où la créativité et l'expression personnelle peuvent s'entremêler avec le débat public. Chaque histoire, chaque image, chaque chanson devient ainsi une partie de cette mosaïque nationale.

— Cela ressemble à un vaste projet culturel. Pensez-vous vraiment qu'il puissent influencer la politique et la société ?

— « Faire Nation » ne se limite pas à un projet culturel. Il ambitionne de revigorer notre conscience collective. En mettant en lumière les différentes facettes de la France d'aujourd'hui, nous pouvons mieux comprendre nos défis communs et renforcer notre sentiment d'appartenance à une nation diverse mais unie.

Pris dans un bouchon, Lagueux avait mis la radio dans la voiture et écoutait distraitement les échanges entre l’animateur de la station et son invité du jour. Ses sourcils se froncèrent légèrement alors qu'il entendait les propositions de Vautier pour son projet "Faire Nation". Puis une lueur d'intérêt brilla dans ses yeux : il pouvait peut-être utiliser ce projet à son avantage. Il prit mentalement note de l’idée qui venait de lui traverser l’esprit, tout en continuant à suivre la discussion avec davantage d’attention.

— Marc Vautier, vos idées commencent à susciter de l'intérêt dans le pays. Nous allons donc prendre maintenant quelques questions de nos auditeurs. Allons-y pour la première.

— Bonjour M. Vautier, je m'appelle Émilie, je suis enseignante à Bordeaux. Votre projet 'Faire Nation' me parle beaucoup, mais comment comptez-vous impliquer la province, souvent absente dans les grands débats nationaux ?

— Excellente question, Émilie. « Faire Nation » doit être un miroir de toute la France, pas seulement de sa capitale. L'implication de toutes les régions du pays est donc indispensable. Pour cela, nous planifions une série d'ateliers décentralisés. Nous collaborons avec les collectivités et les associations locales pour assurer une représentation équilibrée. De plus, des événements culturels et des forums de discussion sont et seront organisés dans différentes villes et villages pour recueillir les perspectives et les histoires uniques de chaque région. Toutes ces contributions sont essentielles pour enrichir notre vision collective de la nation.

— Bonjour, je suis Luc de Lille. Vous parlez de renouveau démocratique, mais je ne vois pas comment ce projet pourrait avoir un réel impact politique ?

— Luc, vous touchez un point essentiel. Pour éviter cela, « Faire Nation » doit être plus qu'une série d'événements culturels. Nous devons le coupler avec un dialogue politique constructif. Nous envisageons d'organiser des forums où les propositions et idées émanant de « Faire Nation » seront discutées avec tous les responsables politiques intéressés, mais également avec des experts de tous horizons et les simples citoyens qui voudront bien s’impliquer. L'objectif est de traduire les contributions culturelles et les dialogues en propositions politiques concrètes.

Une jeune voix, énergique et curieuse, se fit entendre. — Salut, c'est Sophie de Marseille. Marc, comment allez-vous faire en sorte que les voix des laissés pour compte de la société soient entendues ?

— Sophie, nous nous sommes engagés à ce que « Faire Nation » soit un projet véritablement représentatif de toute la diversité de la France. C’est la raison pour laquelle nous cherchons à mettre en place des partenariats avec des organisations qui représentent ces groupes. Nous avons prévu des événements spécifiques qui ciblent ces communautés pour assurer leur participation.

Le journaliste : — Nous passons à la dernière question.

— Bonjour, je suis Jacques de Strasbourg. M. Vautier, votre projet est au mieux utopique, au pire il va devenir un outil de propagande politique du wokisme. Ce que vous voulez peut-être d’ailleurs.

— Vous soulevez la question de l'intégrité de « Faire Nation ». J'admets que tout projet de cette nature porte en lui le risque d'être détourné. Pour éviter que le projet ne devienne un instrument de propagande, nous avons mis en place plusieurs mécanismes de contrôle. Premièrement, un comité de surveillance indépendant composé d'experts en éthique, de juristes et de citoyens tirés au sort supervise toutes les activités du projet. Deuxièmement, les contributions des citoyens seront publiées de manière transparente et accessible à tous, assurant ainsi une totale transparence. Enfin, comme je le disais, nous encouragerons un dialogue ouvert et des débats contradictoires lors des forums et des événements, garantissant ainsi que toutes les voix, y compris les critiques et les divergentes, soient entendues et prises en compte. Notre objectif est de refléter fidèlement la diversité des opinions et des expériences de la France, sans filtre ni manipulation.

— Eh bien, merci à nos auditeurs pour leurs excellentes questions. Ceci conclut notre matinale avec Marc Vautier et son projet « Faire Nation ». Restez à l'écoute pour la suite de notre programme.

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