La java de Broadway
Du plus loin que je me souvienne, lorsque j'étais enfant je chantais. Mes grands-parents m'avaient offert un lecteur Mp3, à disque, pour Noël. J'étais vraiment jeune pour avoir ce genre d'appareil, mais il m'a sauvé plus d'une fois. La musique m'a sauvé.
J'adorais chanter.
“Je m'voyais déjà en haut de l'affiche”.
Debout sur ma petite chaise bleue je m'égosillais à pleins poumons en imaginant une foule en délire à mon nom. Dans ma tête elle m'apportait toute l'admiration et l'attention que je n'avais pas. Mais mon père ne supportait pas grand-chose à part lui-même, alors il m'ordonnait de me taire, je chantais trop fort il n'entendait pas la télé.
Je rêvais d'un métier de scène, d'expression d'émotions. On m'a vite fait croire que c'était un milieu inaccessible, que ce soit pour le grand écran ou pour la chanson, ne devient pas star qui veut.
Un peu plus tard, j'aurais aimé être danseuse, un petit rat de l'Opéra. Pas très grande mais musclée on m'a très vite dit “t'as pas le physique pour” alors je suis restée un rat en cage. Je n'ai jamais fait de danse. À chaque rentrée scolaire ma seule impatience était d'être au spectacle de fin d'année durant lequel j'espérais que ma mère vienne accompagnée d'un déclic qui lui chuchoterai à l'oreille :
”regarde le plaisir qu'elle prend”
”inscrit la à l'école de danse, de théâtre ou encore au conservatoire”
Ce déclic n'est jamais venu, il est resté dans mon imagination.
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