Chapitre 2

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Au bout des escaliers que tous les Prétendants avaient finis par gravir, se trouvait une longue salle blanche, immaculée, séparée en dix pièces par de simples paravents de draps blancs. Les Prétendants s’y répartirent par groupes de dix, et un Dévoué vint les chercher chacun leur tour, pour les placer à l’abri des regards.

La première épreuve était la plus difficile. Des cents Prétendants qui y participaient, seule la moitié atteindrait la seconde épreuve.

Theos attendit sagement son tour, respirant calmement pour détendre ses muscles et son esprit. Il connaissait par cœur chaque étape de cette épreuve, mais il préférait ne pas y penser. Il n’avait rien à faire, simplement se laisser manipuler, respirer calmement et montrer sa soumission et sa bonne volonté.

Lorsque le Dévoué, vêtu de la même tunique de voiles que tous les Ygdriens, mais portant un lourd collier d’émeraude, vint le chercher, il était prêt.

-Je me nomme Dirriel, lui apprit-il avec un joli sourire, et je vais m’occuper de toi pour la première épreuve, déshabilles-toi et installes-toi.

Il avait un visage fin, et de jolis yeux en amandes qui le détaillaient avec attention. Sa voix était douce et mélodieuse, apaisante. Theos se sentit un peu gêné, mais il se força à se détendre en respirant calmement.

Il lui montra une longue chaise qui était de forme humanoïde et dont les pièces qui la composaient pouvaient être déplacées afin de manipuler le corps comme on le souhaitait.

Theos ôta sa tunique et le collier de rubis qui ornait sa poitrine, dévoilant sa peau blanche, si rare parmi les Ygdriens. Il ne faisait pas froid dans la pièce mais il frissonna d’être ainsi exposé avant de se reprendre.

Le Dévoué lui jeta un petit coup d’œil et sourit en le voyant sagement s’installer. Il vint placer correctement ses jambes et aplatir le dossier pour que son corps soit parfaitement tendu et parallèle au sol.

-Theos, 21 ans, c’est cela ?

-Oui.

-Je vais commencer par les mesures classiques, veux tu que je te décrives ce que je fais ou pas ?

Theos savait que le test avait déjà commencé. Il devait montrer confiance et soumission, c’était le plus important. Il n’hésita pas.

-C’est bon, vous n’avez pas besoin de me décrire les étapes.

De toute façon, il les connaissait toutes par cœur. Il ne les avait simplement jamais vécues. Son coeur battait vite et fort, emplissant ses oreilles. Dirriel hocha la tête et se lava les mains tranquillement, en chantonnant une mélodie apaisante.

Puis il revint vers lui et posa ses mains sur sa peau. Theos frissonna.

Il commença par palper son ventre, regarder la souplesse et l’élasticité de ses chairs. Puis il descendit le long de ses jambes, qu’il souleva, pour inspecter chaque recoin, chaque repli qui pourrait lui dissimuler un quelconque défaut.

Mais Theos avait pris soin de sa peau chaque jour depuis cinq ans, sans relâche, et il était sur de lui. Il l’avait laissée blanche et pure, fier de sa différence, certain qu’elle pourrait le mettre en avant par rapport aux autres.

Il ne connaissait pas sa véritable origine, mais les Ygdriens l’avaient un jour trouvé, échoué au bord de la mer, entouré de débris de bateau. Mais il s’était toujours sentit comme appartenant au peuple d’Ygdrae.

Dirriel examina ensuite ses bras, ses aisselles, sa nuque, son sexe, entre ses doigts et jusque sous ses ongles. Il le fit se redresser pour observer son dos, se retourner pour observer la peau douce de ses fesses, qu’il écarta un instant. Tout son corps se fit examiner avec la plus grande attention.

Theos se forçait à garder un visage neutre, détendu. Mais au fond de lui, il brulait d’indignation : la seule personne qui avait le droit de toucher son corps ainsi était Nah'Skaar ! Il voulait garder son corps pour lui.

-Ta peau est belle, de très bonne qualité. Tu l’huiles souvent ?

-Oui.

-C’est bien, ça se voit que tu en prends soin.

Il retourna à son petit bureau cocher une des nombreuses lignes de sa liste.

Il observa ses ongles, que Theos avait passé des heures à limer, et hocha à nouveau la tête. Puis se fut au tour des mesures de son corps.

Dirriel vérifia sa taille, son poids, l’harmonie de son corps en mesurant chaque membre pour le comparer aux autres, vérifier qu’il n’y avait aucune anomalie dans sa morphologie. Il vérifia ensuite ses articulations, leur flexibilité, leur fermeté, puis ses nerfs et ses réflexes.

Chaque fois qu’il finissait un test, il s’éloignait pour noter quelques mots sur sa feuille, et barrer une ligne de sa liste.

Theos restait détendu, le corps souple et malléable, se laissant manipuler comme un pantin, sans s’offusquer des endroits que touchait ce Dévoué et qu’il jugeait strictement réservés à Nah'Skaar. Qu’aurait-il donné pour sentir son torse contre le sien et ses appendices autour de lui, au lieu de cette chaise froide et rigide…

Vint ensuite l’analyse de ses sens. Dirriel lui présenta des objets de toute sorte : rugueux, doux, moelleux, visqueux, chaud ou froid. Il devait lui décrire en un seul mot. Puis il lui fit gouter différentes saveurs sucrées, salées, amères ou épicées. Il vérifia sa vue, son odorat avec des encens et des poudres parfumées, et enfin, son ouïe.

Theos accepta tout et se prêta finalement au jeu.

Ceci fait, Dirriel s’empara d’une petite lame très aiguisée qu’il vint appuyer sur la peau de son bras. Il récupéra quelques millilitres de son sang dans une petite fiole en terre cuite avant d’étaler une pâte grasse sur la coupure. Ses gênes allaient être minutieusement inspectés, pour vérifier qu’aucune mutation ne pourrait venir modifier les gènes du Dieu.

En effet, Nah'Skaar implantait des graines au creux du corps de son Prétendant, et le contact avec la chair et les nerfs placés à ces endroits secrets permettaient aux nombreuses graines de se développer. A terme, elles fusionnaient, atteignant presque la taille d’un œuf d’autruche, lourd et plein. Il rejoignait alors les autres œufs créés tous les cents ans.

Un Dieu vivait exactement cent mille ans, et à sa mort, son énergie divine était transférée à tous ces œufs qui fusionnaient en un seul et créaient un autre Dieu, déjà parfaitement développé, et ayant reçu toute la connaissance et la puissance du précédant.

Le cycle se répétait ainsi, sans cesse, depuis des millénaires.

-Je vais te laver et te raser, le prévint Dirriel, le sortant de ses pensées.

Theos hocha la tête et le regarda s’emparer d’une lourde jarre d’eau. Il mouilla son corps et commença à le frotter avec une éponge douce, pleine de savon, diffusant une odeur d’amande sucrée dans la pièce.

Dirriel en profitait pour examiner une nouvelle fois son corps, vérifiant qu’il ne s’était pas couvert d’artifices pour camoufler certains défauts. Mais Theos ne l’avait pas fait et il laissa chaque recoin de son corps se faire minutieusement ausculter.

Il le sécha ensuite avec une serviette chaude et moelleuse. Theos se serait presque sentit bien, propre et décontracté. Si seulement tous ces gestes étaient effectués par Nah'Skaar.

Pourtant, il ne résista pas quand Dirriel lui écarta les jambes pour dégager son anus et y glisser un tuyau fin, qui permettrait de le nettoyer à l’intérieur.

Le Dévoué enclencha l’eau et caressa doucement sa cheville pour l’apaiser, une main sur son ventre pour vérifier l’élasticité de sa peau. Theos ferma les yeux.

L’eau coulait, tiède, au creux de ses reins, et faisait petit à petit gonfler son ventre. Elle était mélangée à de nombreux minéraux et d’autres substances pour ne pas abimer sa flore intestinale.

Il se sentit tellement vulnérable lorsque son ventre commença à gonfler sous le poids de l’eau, tendant presque douloureusement sa peau, alourdissant le poids de son corps. Theos ne put s’empêcher d’haleter doucement, un peu perdu par les sensations. Il ne s’attendait pas à voir son ventre se remplir, ni à ressentir de manière si exacte l’eau dans son ventre.

Autour de lui, derrière les draps blancs, des gémissements résonnaient, et des paroles rassurantes les accompagnaient. Theos se mordit la lèvre inférieure pour ne pas gémir. Il devait tenir, il devait se démarquer des autres. Les larmes lui montèrent aux yeux et il cligna des paupières pour les chasser.

Dirriel posa une main sur ses cheveux blonds et lui offrit une caresse réconfortante.

-C’est bon, je te vide, c’est très bien tu n’as pas bougé.

Le jeune prétendant poussa un soupir de soulagement alors que l’eau refluait hors de lui. C’était tellement humiliant, de se vider ainsi devant quelqu’un d’autre...

Il eut du mal à ne pas bouger et un gémissement lui échappa lorsque Dirriel retira le tuyau de son corps, et cela l’inquiétait. Allait-il réussir le reste des épreuves ?

Sentir les tentacules du Dieu sur sa peau lui avait toujours plu, et il était certain que s’il avait été en présence du Dieu, il n’aurait eut aucune peur. Mais il était seul, et devait réussir ces épreuves à tout prix. Parce qu’il ne laisserait jamais Nah’Skaar à quelqu’un d’autre.

-C’est bon, le lavement est finit, tu peux te détendre. Je vais m’occuper de tes cheveux, ça te calmera, sourit gentiment Dirriel.

Theos frissonna. Comment ce Dévoué faisait-il pour savoir ce qu’il ressentait ? Était-il si transparent ?

Dirriel lui savonna longuement les cheveux, le laissant récupérer de ses sensations. Il le coiffa et l’épila.

Aucune partie de son corps ne lui échappa, chaque recoin fut lavé, frotté, huilé, soigné, inspecté et scruté sous tous les angles. Theos ne s’était jamais senti aussi propre, et il avait pourtant une hygiène irréprochable.

Même son sexe fut parfaitement nettoyé, décalotté et Dirriel profita de son état de vulnérabilité pour nettoyer son urètre avec une longue tige. Theos eut beaucoup de mal à ne pas bouger ou à ne pas protester. Les frottements de la tige à l’intérieur étaient désagréable, et sentir l’eau le remplir dans le mauvais sens quand Dirriel le rinça fut troublant, tout autant que de voir son sexe se vider sans qu’il ne puisse rien contrôler. A la fin de cette épreuve, ses yeux verts étaient remplis de larmes contenues, mais il était fier d’avoir tenu.

Dirriel effleura son visage doucement.

-Tu as le droit de gémir et de pleurer, tout est nouveau pour toi et cela va très vite. C’est normal que tu te sentes dérouté.

Theos hocha doucement la tête, les yeux plantés dans ceux, calmes et rassurants, du Dévoué.

-Sais-tu pourquoi je te retire tous tes poils du corps ? Lui demanda-t-il.

Theos prit quelques secondes avant de répondre, perturbé par les sensations qu’il ressentait.

-Pour faciliter les mouvements dans l’eau et l’interaction avec les tentacules de notre Dieu. Les poils pourraient le gêner et notre corps doit être complètement visible et accessible, imberbe.

-C’est bien, le félicita Dirriel avec un sourire bienveillant. Tu as réussi la première phase de cette épreuve. Je vais pouvoir commencer les mesures intimes.

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