Premier entrainement

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Le jour suivant, on toque à notre porte. C'est papa qui l'ouvre. Il se retrouve alors nez à nez avec le capitaine Théo Magath, accompagné de deux autres militaires mahrs.

Le capitaine prend la parole :

- Bonjour, monsieur Jäger.

- Bonjour, lui répond papa, une pointe d'anxiété dans la voix. Que me vaut l'honneur de votre visite ?

- Nous avons juste quelque chose à vous dire. Cela concerne votre fille.

- Éléonore ? Qu'avez-vous à me dire à son sujet ?

- Laissez-nous entrer et nous allons tout vous expliquer.

Papa se décale pour laisser passer les trois hommes. Ces derniers pénètrent dans notre maison et s'installent à la table en bois qui trône au centre de la pièce à vivre. Le capitaine Magath fait signe à mes parents de s'asseoir en face de lui. Maman quitte donc ses fourneaux et prend place sur une chaise, bientôt rejointe par papa.

Ce n'est qu'alors que l'homme déclare :

- Il s'avère que votre fille possède des aptitudes naturelles essentielles à tout bon espion. Notre armée en recherche justement un. Si vous êtes d'accord, nous aimerions que ce soit elle.

Papa et maman se dévisagent mutuellement, surpris par la proposition du militaire. Sieg, qui se tient avec moi dans un coin de la pièce, pose ses yeux bleus sur moi. Son regard exprime à la fois étonnement et inquiétude.

Papa finit par demander :

- Quelle sera sa mission ?

- Elle en aura sans doute plusieurs qui lui seront confiées à chaque fois que nous aurons besoin de récolter des données ou des informations, mais la mission de récupération du titan originel sur l'ile de Paradis sera la principale et la plus importante d'entre elles.

Papa échange à nouveau un regard avec maman avant de déclarer au capitaine Magath :

- C'est entendu. Nous acceptons qu'Éléonore rejoigne l'armée de Mahr en tant qu'espionne.

*

Le soir-même, papa et maman se rendent à la réunion des "Partisans du renouveau d'Eldia", le réseau de résistance eldienne du camp de Revelio. Pendant ce temps, pépé et mémé nous gardent chez eux, Sieg et moi.

En apprenant que je vais devenir une espionne pour le compte de Mahr, pépé me demande :

- Tu es sûre de vouloir devenir un agent secret ? C'est un métier très compliqué et dangereux, tu ne pourras plus faire marche arrière ensuite.

- Oui, pépé.

- Bien, dans ce cas je te souhaite bonne chance et bon courage.

- Merci ! Je vous promets que je ferai de mon mieux !

- En attendant, déclare mémé, il est l'heure d'aller au lit. Venez, les enfants, je vais vous lire la suite de l'histoire du chat dans sa maison.

- Oui ! nous exclamons Sieg et moi en choeur.

Une fois l'histoire terminée, notre grand-mère nous met au lit et nous embrasse sur le front. Elle éteint la lumière et nous souhaite :

- Bonne nuit, mes chéris.

- Bonne nuit, mémé.

Elle laisse la porte légèrement entrouverte derrière elle. Ce n'est qu'alors que Sieg me demande, en chuchotant :

- Éléonore ?

- Oui ?

- Dis-moi sincèrement : est-ce que tu rejoins l'armée de ton plein gré ou tu ne le fais que parce que les parents le veulent ?

- En fait, je le fais pour tous les eldiens du monde, donc pour moi aussi. Si nos parents veulent que je rejoigne l'armée de Mahr, c'est parce que c'est bénéfique à la résistance et le renouveau d'Eldia. Rien ne me ferait plus plaisir que d'aider à cette cause. Et puis, c'est mon devoir en tant que descendante de la maison royale.

- Donc tu le fais uniquement par devoir ?

- Cela me rend heureuse de remplir mon devoir.

- Tu en es sûre ?

- Absolument !

- Bon, d'accord, mais saches que tu pourras toujours compter sur ton grand frère alors n'hésite pas à te confier à moi s'il y a le moindre problème.

- Oui, merci, grand frère, lui dis-je, un grand sourire aux lèvres.

*

Dès le lendemain, je me rends avec Sieg au quartier général de l'armée de Mahr. Pour la deuxième fois de ma vie, je quitte momentanément le camp.

En arrivant, Sieg me conduit d'abord aux vestiaires des filles, afin que je puisse y enfiler l'uniforme blanc et le brassard jaune réservés aux aspirants guerriers. J'attache également mes cheveux châtain clair en une queue de cheval. Nous nous dirigeons ensuite vers le terrain d'entrainement, où je suis accueillie par le capitaine Magath, chargé de la formation de tous les aspirants guerriers. Il m'enjoint aussitôt :

- Présente-toi !

- Je m'appelle Éléonore Jäger, mon capitaine, déclaré-je en effectuant le salut militaire.

- Quel âge as-tu ?

- Cinq ans.

- Hmmm . . . Tu es la plus jeune de nos recrues. Enfin, peu importe. Pour commencer, tu effectueras les exercices physiques que se doit de maitriser tout bon soldat, qu'il soit un agent secret ou non.

- D'accord.

Le premier exercice est une course d'obstacles. Au début de cette dernière, je suis parmi les premiers en tête, mais je m'essouffle au bout de quelques minutes et suis donc obligée de ralentir la cadence. À la fin de cette dernière, je suis donc parmi les derniers et exténuée !

Le capitaine Magath déclare alors :

- Tu sembles bien plus motivé, Sieg, mais tu dois redoubler d'efforts si tu veux avoir une chance de devenir un guerrier. En ce qui te concerne, Éléonore, tu es très souple et dotée d'une grande agilité. Tu es rapide aussi, mais à court terme. Il faut travailler et développer ton endurance, est-ce bien clair ?

- Oui, capitaine !

Après cela, nous nous rendons dans une salle où l'on nous enseigne à entretenir, démonter et remonter les armes. Cet exercice m'est plus facile et je me débrouille plutôt bien.

S'ensuit l'entrainement au corps-à-corps. Je n'ai aucune difficulté à esquiver les coups grâce à la rapidité et la fluidité de mes mouvements, mais n'étant dotée d'aucune force physique particulière, mes coups n'ont pas beaucoup d'effet sur mon adversaire.

Cependant, je sais que certaines parties du corps sont universellement bien plus sensibles et fragiles que d'autres alors au moment où le garçon que j'affronte se jette sur moi pour m'attaquer, je fonds également sur lui, mais tête la première de façon à ce que cette dernière vienne heurter violemment son ventre.

Comme prévu, il tombe au sol et se plie de douleur, le souffle coupé. J'en profite pour le pointer de mon arme en bois, gagnant ainsi ce duel amical. Théo Magath hoche simplement la tête de haut en bas.

À la fin de la journée, alors que je passe devant lui pour quitter les lieux et rentrer chez moi, accompagnée de mon frère, notre supérieur déclare :

- Il te reste encore pas mal de choses à apprendre et beaucoup de points et aptitudes à travailler et développer, mais tu es sur la bonne voie. Quant à toi, Sieg, je ne peux que t'encourager à maintenir la motivation dont tu as fait preuve aujourd'hui. Tu n'es encore qu'une mauviette, mais si tu poursuis tes efforts, tu auras peut-être une chance de réussir.

- Oui, merci, mon capitaine.

- Bien, dépêchez-vous de rentrer chez vous à présent.

- Oui, au revoir !

Nous quittons ensemble le quartier général. Sieg déclare alors, en caressant mes cheveux :

- Félicitations, Éléonore ! Tu te débrouilles très bien, mieux que moi, en tout cas . . .

- Je suis sûre que tu peux faire bien mieux que tout le monde ! Il suffit de croire en toi et de persévérer.

- Tu peux compter sur moi, petite soeur.

- Oui, je le sais, dis-je en glissant ma main dans la sienne.

Il me sourit et la serre en retour. Nous rentrons ainsi à la maison, main dans la main.

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