Dans deux jours . . .

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Assise devant le miroir, je me coiffe tranquillement dans la chambre qui m'a été attribuée par Frieda. La pièce est tout aussi luxueuse que celle de la jeune fille aux longs cheveux noirs, seuls les meubles et leur disposition change. 

Je démêle mes longs cheveux châtain clair avec un joli petit peigne incrusté de motifs de fleurs en or. C'est Frieda qui me l'a offert avec quelques autres accessoires et vêtements à elle car nous faisons la même taille. 

" - C'est vraiment trop gentil, je ne peux pas accepter, ai-je dit face à ces présents.

   - Ne te sens pas gênée, ce sont des affaires que je n'utilise plus alors je suis ravie qu'elles puissent t'être utiles. Ce serait du gaspillage de les jeter et je ne supporte pas cela alors accepte-les, je t'en prie !"

J'ai donc accepté, mais je sais très bien qu'elle aurait continué à utiliser ces objets si je n'étais pas là. Sa générosité me touche beaucoup et suscite mon admiration !

C'est alors qu'on toque à la porte de ma chambre. Je me lève du tabouret pour aller l'ouvrir, révélant Frieda qui se tient sur le seuil. Cette dernière m'adresse, avec un grand sourire :

- Bonjour, Éléonore ! Comment vas-tu, ce matin ?

- Bonjour, Frieda ! Je vais bien, merci, et toi ?

- Ça va, merci bien. Je voulais juste t'annoncer que je dois sortir avec mon père. Une affaire urgente nous appelle à la capitale. Tu ne peux malheureusement pas nous accompagner, tu as donc la matinée de libre. 

- Ah, d'accord, merci de m'en avoir avertie. Je vais consacrer ce temps libre à tes frères et soeurs. Ta mère aura sans doute besoin d'aide pour gérer tout ce petit monde.

- Merci beaucoup, c'est très gentil de ta part ! Quand je reviendrais, nous irons voir Historia ensemble, d'accord ?

- Oui, avec plaisir !

- Merci, à tout à l'heure !

- Au revoir, Frieda.

La jeune fille tourne les talons et se dirige vers le grand escalier.

Je ferme la porte derrière elle et retourne à ma toilette. Je finis de peigner mes cheveux, puis les attache en une queue de cheval à l'aide d'un ruban rose. Je vérifie ensuite mon apparence dans le miroir : je suis vêtue d'une robe rouge, dont le col est orné d'un ruban rose à l'avant tandis que les manches sont dotées de dentelle à leur extrémité, et de chaussures blanches. 

Je descend ensuite dans le salon, où j'entends les plus jeunes de la fratrie chahuter joyeusement, tandis que madame Reiss berce le petit dernier.

Je tape des mains pour attirer leur attention :

- Vous ne voyez donc pas que votre mère essaye d'endormir votre petit frère ? Elle n'y arrivera jamais si vous faites autant de bruit. Suivez-moi dans le jardin, c'est un lieu plus adapté au jeu. D'ailleurs, j'en connais un très amusant ! Vous voulez que je vous l'apprenne ?

- Oui ! s'exclament-ils en se précipitant vers moi. 

Ces enfants se différencient tous : il y en a des grands, des petits, des bruns, des blonds, des plus calmes que d'autres, mais s'ils ont bien tous un point en commun, ce sont ces grands yeux bleus. 

                                                                                                   

*

Après la leçon de lecture habituelle d'Historia, que cette dernière a bien réussie, nous avons fait une belle balade à cheval ensemble.

Le crépuscule approchant, nous rentrons les chevaux à l'écurie. Frieda descend alors la petite fille de sa monture et la pose à terre pour lui dire :

- Désolée, Historia, mais il se fait tard, nous devons rentrer. 

 Elle colle ensuite son front à celui de l'enfant. Lorsqu'elle s'en sépare, la petite blonde nous fixe avec un regard vide, elle semble complétement perdue. 

Frieda se redresse et tourne les talons, sans dire un mot. Je lui emboite le pas, en silence aussi, mais cette scène, que je revois pour la deuxième fois, m'intrigue vraiment. 

                                                                                                 

 *

Je suis allongée dans mon lit, les yeux fermés, essayant de trouver le sommeil car je suis bien fatiguée, mais toutes ces énigmes sans réponse ne veulent pas quitter mon esprit. Je soupire et me retourne une énième fois dans mon lit. C'est alors que j'entends un autre bruit que le froissement de mes draps : quelqu'un parle dans la chambre voisine, celle de Frieda.

Je quitte le lit sans bruit et m'approche du mur pour y coller mon oreille. Une conversation me parvient :

- Tu t'es bien rendue compte par toi-même en te rendant au Conseil aujourd'hui que la situation est plus que critique ! Si tu n'interviens pas vite, nous serons obligés d'effectuer une purge des habitants en les envoyant dans le mur Maria sous prétexte de le reconquérir . . . Est-ce vraiment ce que tu veux ?

- Ce que je veux importe peu. Il est du devoir d'une reine de rendre la justice et en ce sens, de faire payer les coupables pour leurs crimes. 

- Mais de quoi parles-tu, enfin ? Ces gens n'ont commis aucun crime !

- Certes, mais ils perpétuerons les crimes de nos ancêtres si par malheur . . . 

- Frieda ! Arrête donc tes sottises ! Ton devoir de reine est de protéger notre peuple et de le sauver de la menace qui pèse sur lui !

- Je sauve justement ces gens de la culpabilité.

- Frieda ! Je t'en prie . . . À quoi te sert le pouvoir du titan originel si tu ne l'utilises pas pour sauver notre peuple ? 

- Il me sert à sauver le monde. 

- Frieda . . . 

- Ne tergiversez pas, père, c'est inutile. Rien ne me fera changer d'avis. 

Rhodes Reiss pousse un soupir :

- Bien, je vois . . . Je te laisse dans ce cas. Nous nous reverrons dans deux jours, lors de la cérémonie dans le sous-sol de la chapelle. 

- Oui, à bientôt.

- À bientôt.

Je reste abasourdie : alors c'est bien elle, la véritable reine de ces murs et détentrice du titan originel . . . Frieda Reiss . . .

Cela explique bien des choses . . . 

Je sors aussitôt sur le balcon de la chambre et souffle dans le sifflet que m'a donné mon supérieur. Je siffle ainsi jusqu'à ce que le pigeon arrive, quelques minutes plus tard.

Il vient se poser sur ma main tendue. Je le caresse délicatement, puis rentre dans la chambre et m'assied devant le bureau qui s'y trouve. J'écris alors sur un petit papier :

" Cible trouvée. Lancement de l'opération dans deux jours. Que le bestial et le charrette nous attendent juste devant le mur Rose, nous aurons besoin d'eux pour quitter l'ile en toute sécurité avec la cible."

J'accroche le message à la patte de l'oiseau et le relâche. Il prend son envol et se fond dans le bleu sombre du ciel. 

Je m'empare ensuite d'une lanterne et l'utilise pour effectuer des signaux de lumière. 

Quelques minutes plus tard, Marcel, Annie, Reiner et Bertolt se présentent sous mon balcon. Je savais qu'ils n'étaient pas bien loin de moi. 

Je me penche par-dessus la balustrade pour leur dire :

- Dans deux jours, nous rentrerons à Revelio . . .

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