Libération

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J'arrive sur le port de Revelio. Le soleil commence tout juste à poindre à l'horizon. La mère scintille sous ces premiers rayons et ondule également sous l'effet de la brise marine. Je prends une grande inspiration, emplissant mes poumons de cet air frais à l'odeur salée. 

Tous les bateaux sont encore amarrés et il n'y a pas âme qui vive sur ce port, si ce ne sont quelques mouettes qui profitent de la tranquillité de l'aube pour se promener sur le quai. 

Je regarde ensuite par dessus mon épaule. Derrière moi s'étend le camp de Revelio, celui où je suis née et où j'ai grandi, en compagnie de ma famille bien-aimée. J'ai un petit sourire nostalgique car je sais que cette époque sera bientôt révolue et que je ne remettrai plus jamais les pieds ici. 

Je contemple donc une dernière fois ma ville natale. Les rues sont désertes, si on ne prend pas en considération les chats de gouttière qui s'y étirent longuement avant de faire leur toilette matinale. Le calme règne sur cette ville encore endormie, mais je sais que cela ne durera pas longtemps . . .

Aux premiers chants des oiseaux, je ferme les yeux. Je me retrouve à nouveau face à l'axe, toujours aussi brillant et lumineux de cette lumière bleutée. La silhouette d'Ymir ne tarde pas à apparaitre à l'horizon. Elle avance vers moi pas à pas, tenant toujours son seau en bois dans les mains, ne s'arrêtant que lorsqu'elle arrive juste devant moi. 

Je lui adresse, comme j'ai l'habitude de le faire à chacune de nos rencontres, un grand sourire, accompagné de ces mots :

- Bonjour, Ymir. 

Je sais qu'elle ne répondra pas, elle en est malheureusement incapable, mais je marque tout de même un temps de pause avant de poursuivre :

- Le moment est venu. Il est temps de libérer notre peuple de toutes ces années de souffrance. J'aimerai que tu me mettes en contact avec tous les eldiens du globe. 

Elle tourne aussitôt les talons et repart tranquillement d'où elle est venue. C'est alors qu'apparaissent soudainement dans le chemin des milliers de personnes ! Ils sont là, tous les membres de mon peuple . . . 

Ils regardent tous autour d'eux, perdus et quelque peu apeurés. Je reconnais parmi eux des habitants de Revelio, y compris les membres de ma famille et mes camarades de caserne. Même les Reiss sont présents.

Je prends une grande inspiration et déclare :

- Je suis Éléonore Jäger, descendante de la maison royale eldienne et détentrice du titan originel. Si je m'adresse aujourd'hui à vous par le biais du chemin, c'est pour vous annoncer notre libération ! Je libère les habitants des murs du joug des titans et ceux des camps du joug de Mahr. Toutes ces années de souffrance et d'humiliation sont révolues ! Aujourd'hui, Eldia renait ! Je vous invite tous à me rejoindre sur l'ile de Paradis, où résidera désormais notre peuple. Je vous y rendrai la mémoire de notre histoire qui vous a été ôtée, pour certains par le roi Karl Fritz et pour d'autres par Mahr. 

La communication se coupe dès que mon petit discours prend fin et je me retrouve à nouveau sur le port. Je porte alors ma main droite à ma bouche et la mords de toutes mes forces. Un éclair jaune jaillit, m'enveloppant durant ma transformation. Le corps de mon titan se forme en une fraction de seconde. Il mesure quinze mètres de haut, comme celui de Frieda, mais il possède mes attributs physiques : une peau blanche et de longs cheveux châtain clair qui lui tombent jusqu'au bas du dos. J'en déduis que les yeux de mon titan sont sans doute bleu clair, comme les miens.

Le grondement qui a accompagné ma transformation a achevé de réveiller toute la ville. Les habitants du camp se précipitent déjà hors de leurs maisons. J'approche du bord du quai avant de poser les mains imposantes de ma créature sur le sol en béton. Ma simple volonté fait apparaitre un long et large pont en cristal, qui n'est en réalité autre que de la peau de titan durcie.

Je me tourne ensuite vers les habitants du camp de Revelio et leur dis avec une voix profonde :

- Traversez ce pont ! Il vous emmènera tout droit sur l'ile de Paradis. Attendez-moi de l'autre côté, je vous rejoindrai dès que vous serez tous passés.

Papa est le premier à réagir, entrainant tous les autres derrière lui :

- Faites confiance à ma fille ! C'est notre seule chance de retrouver bonheur et liberté !

Il prend le bras de chacun de ses parents et se précipite avec eux vers l'infrastructure, suivi de près par ma mère et mon frère. Ce dernier s'arrête juste à côté de moi et déclare :

- Je reste avec toi, les autorité mahrs ne tarderont pas à réagir, tu auras besoin de mon aide pour les repousser et les empêcher de nous arrêter.

À ces mots, il se mord la main et se transforme en titan bestial. De mon côté, je ferme les yeux pour me concentrer. Je me retrouve à nouveau dans le chemin, face à l'axe. Ymir est juste devant moi, cette fois. Je lui dis :

- Merci pour le pont, il est parfait ! Mais à présent, il faut en construire au-dessus de chaque océan et de chaque vallée que les autres eldiens auront besoin de franchir pour venir jusqu'à nous. Je me doute également que les autorités de chaque pays tenteront de les empêcher de nous rejoindre, mais j'ai tout prévu. Si nous transformons quelques eldiens en titans primaires et que je leur donne l'ordre de protéger les autres, cela devrait être suffisant pour freiner la riposte de l'ennemi. Tu peux le faire ?

Elle acquiesce d'un hochement de tête et se met au travail, modelant avec le sable qui s'étend sous nos pieds, de ses propres mains, chaque infrastructure et chaque titan que je lui ai demandé. Elle prend le temps qu'il lui faut pour bien faire les choses, mais il s'écoule différemment dans le chemin. En réalité, tout ce qui s'y passe ne prend pas plus d'une fraction de seconde dans notre monde.

D'ailleurs, lorsque je réouvre les yeux, je constate que les autorités mahrs ont déjà réagi : des soldats ennemis se dirigent vers nous en courant, tenant diverses armes à feu dans leurs mains. 

Sieg se sert du long bras poilu de son titan pour soulever un lourd conteneur posé là, s'apprêtant à le lancer sur nos assaillants, mais je l'arrête d'un simple geste de la main. Au lieu de cela, je frappe le sol du pied, avec un coup si puissant que la terre tremble, déstabilisant les soldats et leur faisant perdre l'équilibre, ce qui les arrête sur le coup. 

Je prends ensuite la parole :

- Je compte sur vous pour transmettre ce message à vos supérieurs et aux autorités de tous les pays du globe : je sais que mes ancêtres ont commis des erreurs, de graves erreurs et que vous nous en tenez rancune jusqu'à aujourd'hui, mais sachez bien une chose : nous ne sommes pas nos ancêtres et nous n'avons aucune intention hostile envers qui que ce soit. Oui, j'ai été contrainte de vous forcer la main aujourd'hui avec cette opération surprise, mais c'est parce que je sais très bien que si je vous l'avais demandé gentiment, vous auriez catégoriquement refusé et m'auriez même condamnée de la pire des manières pour cette simple requête. C'est donc vous qui ne m'avez laissé aucun autre choix, mais je ne vous en veux pas. Il n'y a dans mon coeur ni haine ni rancune. Tout ce qui s'y trouve est un désir de paix et de tranquillité. Vous n'avez absolument rien à craindre de nous et de nos titans tant que nous n'avons rien à craindre de vous. Puissiez-vous comprendre et accepter cette demande de paix. Adieu.

                                                                                         

*

Quelques jours plus tard, et grâce à la précieuse aide de tous les détenteurs de titans primordiaux qui ont accepté d'employer leurs pouvoirs à l'escorte des eldiens les plus éloignés de l'ile, notre peuple au grand complet se retrouve sur cette dernière.

Ce n'est qu'alors que je rends forme humaine à tous les titans primaires, que ce soient ceux que j'ai transformés pour nous aider à l'escorte des eldiens ou ceux qui erraient déjà sur l'ile depuis plusieurs années. Je m'assure ensuite de détruire toutes les infrastructures en peau de titan durcie que j'ai crées afin que personne d'autre, et surtout l'ennemi, ne puisse remonter jusqu'à nous.

Ce n'est qu'une fois tout cela fait que je rends à mes sujets, grâce au pouvoir de l'axe et par le biais du chemin, la mémoire de notre peuple. 

J'attends ensuite quelques secondes, qu'ils se remettent de leurs émotions et du choc de ces révélations, puis, toujours par le biais du chemin, je m'adresse à eux tous en ces termes :

- Chers concitoyens, c'est une nouvelle vie qui commence pour nous aujourd'hui. Je sais que vous êtes épuisés du voyage et que l'ile n'a pas été préalablement préparée à recevoir autant d'habitants, mais ne craignez rien. Grâce aux efforts de chacun et au pouvoir des titans que la vie nous a offert, nous construirons et développerons ensemble ce beau pays qui est désormais le nôtre. Notre nation sera belle et prospère car nous la bâtirons tous ensemble, à la sueur de nos fronts, mais aussi et surtout car c'est la nôtre !

Je suis acclamée par une huée d'applaudissements et de cris de joie et d'espoir. L'euphorie est totale ! Pour la première fois depuis très longtemps, notre peuple est enfin heureux, soudé et plein d'espoir pour l'avenir . . . 

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