Premier Conseil

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Quelques heures plus tard, alors que je me tiens debout devant l'une des fenêtres de ma chambre, contemplant le paysage nocturne des jardins du palais, on toque à ma porte. Je me tourne vers cette dernière et donne mon autorisation :

- Entrez !

La porte s'ouvre, révélant deux soldats des brigades spéciales, encadrant une petite fille blonde, qui regarde partout autour d'elle, dans un mélange d'émerveillement, d'intriguation et d'apeurement, serrant contre elle un livre que je reconnais bien. Les deux militaires déclarent :

- La voici, Votre Majesté. Nous vous l'avons amenée comme vous nous l'avez demandé.

- Je vous remercie, messieurs. Vous pouvez disposer.

Ils s'inclinent respectueusement devant moi avant de quitter la pièce, refermant la porte derrière eux. Je m'approche de l'enfant avec un grand sourire et lui dis, d'une voix douce :

-  Bonsoir, Historia. Tu me reconnais ?

- Oui, dit-elle en hochant sa tête. Vous êtes Éléonore, la gentille dame qui venait me voir.

- C'est exact. Et te souviens-tu de la fille avec qui je venais ?

- Oui, je m'en souviens. C'était la jolie dame aux longs cheveux noirs.

- Oui, c'est cela. 

- D'ailleurs, où est-elle ? Elle est ici, avec vous ?

- Non, hélas. Frieda n'est plus de ce monde.

Son grand sourire disparait et elle demande, avec étonnement :

- Frieda ?

- Oui, c'était son prénom. Elle s'appelait Frieda Reiss et elle était ta demi-soeur.

- Ma demi-soeur ?

- Oui. C'est pour cela qu'elle venait te rendre visite. Elle voulait rencontrer sa petite soeur et elle s'est attachée à toi alors elle est revenue pour s'occuper de toi. 

- Et pourquoi est-ce qu'elle n'est plus de ce monde ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

- Elle m'a confié son pouvoir pour que je puisse sauver notre peuple, mais ça lui a malheureusement coûté la vie. Avant de quitter notre monde, elle m'a demandé de veiller sur toi. C'est pour ça que je t'ai amené ici. Je veux que tu vives à mes côtés, dans ce palais, pour que je puisse prendre bien soin de toi, comme je le lui ai promis. Tu es d'accord ?

Elle hoche calmement sa tête de haut en bas, mais son visage a un air triste. Je la serre donc dans mes bras et caresse ses beaux cheveux dorés en lui murmurant :

- Je sais que c'est dur pour toi. Elle me manque aussi, mais je suis sûre qu'elle veille sur nous de là-haut et qu'elle est fière de sa petite soeur adorée !

Historia ne répond rien, elle se laisse juste bercer, les paupières fermées. Je constate :

- Tu es fatiguée, tu dois te reposer.

Je me redresse pour tirer sur la petite corde d'une clochette. Peu de temps après, une femme de chambre entre dans la pièce. Je lui demande :

- La chambre est-elle prête ?

- Oui, Votre Majesté. Tout a été fait selon vos désirs.

- Parfait, je vous en remercie. Dans ce cas, emmenez ma cousine se reposer dans sa chambre et veillez à ce qu'elle ne manque de rien.

- Entendu, Votre Majesté, dit-elle en s'approchant de la petite fille pour lui prendre la main et la conduire ainsi vers sa chambre. 

Avant de quitter la pièce, Historia tourne une dernière fois sa tête vers moi. Ce n'est qu'alors que je remarque les larmes qui perlent aux coins de ses grands yeux bleus.

                                                                                                 

*

Le lendemain matin, je pousse les portes de la salle de réunion du Conseil royal pour la première fois. Dans la pièce se trouvent mes parents, mon grand frère, Monsieur Teyber, Rhodes Reiss et quelques membres de l'ancien Conseil. C'est moi-même qui les ai choisis. 

J'avance dans la pièce, vêtue de ma longue robe blanche qui dénude mes épaules, jusqu'à atteindre mon siège, sur lequel je prends place. Je déclare ensuite :

- La séance est ouverte, nous pouvons commencer. 

Monsieur Teyber prend le premier la parole :

- Votre Majesté, je pense qu'il faut commencer par le plus urgent. Le soudain accroissement de la population, dû à notre exode sur cette île, risque d'entrainer très vite famine et chômage, sans parler du manque d'habitations. L'ile n'a pas été préparée à contenir une telle population.

- Ne craignez rien, monsieur Teyber, j'y ai déjà pensé. Il faut commencer la culture de nouveaux champs et la construction de nouvelles habitations. Maintenant que les titans n'occupent plus l'ile, nos surfaces pour la culture, l'élevage et la construction s'en retrouvent multipliées. Si nous nous mettons au travail dès maintenant, nous n'aurons pas à craindre une famine ou une crise de logement. De plus, cela donnera du travail à beaucoup de monde et réglera, du moins en grande partie, la question du chômage. Ensuite, chaque nouvel arrivant qui possédait un commerce sur le continent peut le reprendre ici. Mais si les emplois que généreront le développement de la culture, de l'élevage et de la construction ne suffisent pas, il y a toujours une solution. Je me suis penchée sur tous les dossiers et rapports qui traitent de la situation économique et sociale de l'ile. Quelques uns en particulier ont retenu mon attention. Ce sont ceux qui concernent la ville souterraine. Il semblerait que les travaux de construction y ont été abandonnés, laissant ses habitants dans une situation précaire. Malheureusement, les rapports sont très vagues et mal rédigés. Je me rendrai donc sur place pour juger de la situation par moi-même, mais je pense qu'il y aura aussi beaucoup de travaux à entreprendre de ce côté-là. En clair, vous voyez bien que le chômage ne sera bientôt plus un problème. Il y a tant à faire sur cette ile que chacun y trouvera son compte. En attendant que les logements soient prêts, ceux qui n'ont nulle part où aller seront hébergés dans les entrepôts, comme cela a été fait pour les réfugiés du mur Maria.

- Très bien, Votre Majesté.

- Avant que nous poursuivons, il y a encore une chose. Il semblerait que des persécutions aient été commises à l'encontre d'un certain clan, celui des Ackerman. Je sais que c'est le premier roi des murs en personne qui a lancé ces persécutions, mais j'ordonne aujourd'hui qu'elles cessent. Nous sommes tous les membres d'un même peuple, nous devons donc rester unis et soudés si nous voulons survivre. Autrement, des querelles intestines entraineront à nouveau la chute de notre civilisation. Je ne veux donc plus qu'il y ait sur cette ile la moindre forme de discrimination, qu'elles qu'en soient les causes. Est-ce bien clair ?

- Oui, Votre Majesté. Nous y veillerons.

- Bien, je vous en remercie, mais je n'ai pas encore fini au sujet de ce clan. Les Ackerman étaient à l'origine la garde personnelle de la famille royale eldienne. Je veux les inviter à reprendre ce rôle. Faites passer cette annonce, qu'elle leur parvienne.

- J'en connais un, déclare monsieur Reiss. Mon frère Uli l'a engagé à son service, il y a quelques années. Je l'informerai de votre proposition et, s'il connait les autres, je lui demanderai de faire passer le mot.

- Très bien, je vous en remercie. Sur ce, nous pouvons continuer . . .

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