Présage

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Je suis papa dans le couloir jusqu'à sa chambre. Il en ouvre la porte, s'écarte pour me laisser entrer, puis referme cette dernière après être entré à son tour. Ce n'est qu'alors qu'il s'explique enfin :

- Éléonore, tu n'ignores pas qu'en tant que reine d'Eldia et détentrice du titan originel, tu es la plus menacée d'entre nous si un danger se présente. 

- Oui, j'en suis bien consciente, papa.

- Bien. C'est pourquoi je pense que pour garantir ta sécurité, il faudrait quelqu'un d'apte à veiller sur toi en toutes circonstances et à toutes heures de la journée et de la nuit. Vu ce que je sais d'eux, je pense que l'un de ces Ackerman que tu as engagés pour protéger notre famille serait l'idéal.

- Je comprends ce que tu veux dire, mais ne penses-tu pas que le pouvoir de l'originel m'est suffisant ? De plus, comme tu viens de le dire, les Ackerman veillent déjà sur notre famille et j'en fais partie donc . . .

- Ils ne sont que trois hommes à veiller sur notre famille qui est bien plus nombreuse. Dans ce contexte, il y aura de nombreux moments où tu seras sans défense. Nous ne pouvons pas prendre de risques. C'est pourquoi il te faut quelqu'un qui soit en permanence à tes côtés pour veiller sur toi. Est-ce que tu comprends cela ?

- Oui, je comprends. Bien, dans ce cas, je demanderai à Livaï s'il est disposé à tenir ce rôle. Je l'ai vu à l'action dans la ville souterraine et il est impressionnant ! Je pense que ce sera l'idéal et ainsi, vous n'aurez plus de soucis à vous faire pour moi.

- Oh, en tant que ton père, je serai toujours inquiet pout toi, mais savoir qu'il y a une protection permanente auprès de toi me rassure beaucoup, en effet, dit-il en posant sa main sur mon épaule.

- Tant mieux. Bon, je vais tout de suite lui en parler afin de régler cette affaire au plus vite.

- Va, ma fille.

Je quitte la pièce et interpelle un soldat des brigades spéciales qui passe par là :

- Excusez-moi, mon brave. Pourriez-vous demander à Livaï de venir dans mon boudoir ? J'ai à lui parler.

- Bien, Votre Majesté.

Je le laisse partir accomplir sa mission et me dirige vers mes appartements. Je pousse la porte de mon boudoir et la referme derrière moi après être entré dans la pièce. Puis je me dirige vers la grande fenêtre qui s'y trouve pour contempler la vue qu'elle donne sur les jardins du palais. Voir les fleurs remuer doucement leurs pétales au gré du vent et les papillons virevolter sous le soleil m'apaise. 

Quelques instants plus tard, on toque à la porte et je me tourne vers cette dernière pour dire :

- Entrez !

La porte s'ouvre, cédant le passage à Livaï. Il la referme derrière lui et reste planté là, à me fixer droit dans les yeux, comme il le fait si souvent. Malgré le trouble que me procure son regard gris bleuté, je lui offre mon plus beau sourire pour lui adresser la parole :

- Bonjour, Livaï. Venez donc vous asseoir, nous serons plus à l'aise pour discuter, dis-je en lui désignant l'une des chaises posées autour de la petite table circulaire. 

Il avance en silence et s'installe tranquillement sur le siège que je lui ai désigné. Je m'assieds sur celui d'en face, puis lui dis :

- J'ai une demande à vous faire. Libre à vous de l'accepter si vous vous en sentez capable, mais vous êtes aussi libre de la refuser si c'est trop pour vous. 

- Pourquoi est-ce que tu me donnes la liberté du choix ? Si tu veux que je le fasse, tu peux me l'ordonner. Tu es la reine, je n'aurai d'autre choix que de t'obéir.

- Je ne veux justement pas abuser de mon pouvoir exécutif. Je n'aime pas forcer les gens à faire des choses qu'ils ne veulent pas faire. Vous êtes donc parfaitement libre de refuser ou d'accepter cette requête.

- Et qu'est-ce que c'est ?

- Il s'agit de devenir mon garde personnel. Vous devrez toujours rester à mes côtés pour me protéger d'une éventuelle menace, jour et nuit, quelles que soient les circonstances.

- D'accord, dit-il après quelques secondes de réflexion, je vais le faire. Tu peux compter sur moi.

- Oui, je le sais bien. Merci d'avoir accepté.

- Il n'y a pas de quoi. En revanche, j'aimerai te demander quelque chose, moi aussi.

- Je vous écoute.

- Pourquoi est-ce que tu te soucies du sort des habitants des bas-fonds ? Tu es bien la première à leur tendre la main et ça m'intrigue. 

- J'estime que tous les êtres humains ont droit à leur dignité. Tous les citoyens doivent être égaux en droits. Nous devons nous serrer les coudes et nous entraider les uns les autres si nous voulons survivre dans ce monde cruel, surtout en tant que membres d'un même peuple. En clair, je les aide pour rester fidèle à mes croyances et mes principes, tout simplement.

- Je vois. Je suis bien content que tu sois venue reprendre les choses en main. Tu as déjà redonné sourire et espoir à beaucoup de monde et je suis sûr que tant que tu le gouverneras, ce pays se portera bien. Tu as tout mon soutien.

- Merci, dis-je, touchée par ses paroles, c'est vraiment très gentil de votre part.

- Ne remercie pas et, surtout, arrête de me vouvoyer. Tu n'as pas besoin de formalités entre nous.

- D'accord. Je t'aurai bien dit de me tutoyer aussi, mais tu as déjà pris cette liberté, dis-je sur un ton taquin. Ha ha !

- Tss ! fait-il en détournant son visage. 

- Tu sais, j'ai la certitude qu'on va bien s'entendre tous les deux.

- Si tu le dis.

Je prends sa dernière phrase comme une approbation.

                                                                                                 

*

- Alors, Historia ? demandé-je à la petite fille qui vient de rentrer de la ferme des Reiss. Comment ça s'est passé ?

- Très bien ! s'exclame-t-elle, un grand sourire aux lèvres. Maman et moi avons discuté, à l'intérieur de la maison. Elle semblait un peu nerveuse, mais elle m'a enfin adressé la parole ! C'est merveilleux ! J'ai hâte de la revoir !

- J'en suis ravie pour toi, affirmé-je en caressant ses jolis cheveux dorés. Tu peux aller jouer avec Mikasa, elle t'attend dans le jardin, mais ne tardez pas trop. Souvenez-vous que vous avez une leçon, après.

- Oui ! dit-elle en s'éloignant au pas de course vers les jardins du palais.

Mikasa est la petite fille aux yeux gris de monsieur Ackerman et de sa compagne asiatique. Comme ce n'est encore qu'une enfant, je ne veux pas lui imposer le rôle qui incombe à sa famille. Je lui ai donc proposé de devenir la compagne de jeux d'Historia et les deux petites filles se sont tout de suite entendues à merveille ! Cela fait vraiment plaisir de les voir s'amuser ensemble, elles sont absolument adorables !

Je tourne mon visage vers la fenêtre pour contempler les brillants rayons du soleil qui éclairent le paysage. Ces derniers apportent lumière et chaleur, mais ils ont une signification bien plus importante à mes yeux : ils sont symboles de bonheur et d'espoir. C'est comme si la nature elle-même nous apportait la promesse d'un avenir radieux !

Au moment où cette pensée traverse mon esprit, un énorme nuage passe devant le soleil, bloquant ainsi ses rayons. Cela a pour effet d'obscurcir et de refroidir l'atmosphère. Serait-ce un présage ?

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