La détonation est si puissante que le palais entier en tremble ! Prise de court, je perds l'équilibre et me serais écroulée au sol si Livaï ne m'aurait pas rattrapée juste à temps !

Je regarde partout autour de moi, complètement déstabilisée et demande :

- Qu'est-ce que c'était ?

J'ai à peine le temps de formuler ma question qu'une autre explosion retentit ! Cette fois-ci, elle est si proche et puissante que la fenêtre de ma chambre se brise, projetant des éclats de verre partout dans la pièce, accompagnés d'un souffle chaud et violent ! Livaï ne perd pas une seconde : il me prend dans ses bras et se jette dans un coin de la pièce où les éclats de verre ne peuvent pas nous atteindre. 

J'enfouis instinctivement mon visage contre son torse pour le protéger du souffle de l'explosion. Lorsque ce dernier se calme enfin, je relève la tête et constate alors que la joue de Livaï saigne ! Il a sans doute été touché par un éclat de verre ! Je pose timidement mon doigt sur son entaille et lui dis :

- Tu es blessé . . .

- Ce n'est rien, dit-il en essuyant le sang d'un revers de la main, à peine une petite écorchure.

Des cris de panique et de terreur nous proviennent de l'extérieur. Je me précipite à la fenêtre pour voir ce qu'il se passe et mes yeux s'écarquillent d'horreur face au terrible spectacle qui s'étend sous eux ! 

La capitale est à moitié détruite ! La plupart de ses maisons ne sont plus qu'un champ de ruines et . . . Oh, non ! Des débris humains jonchent le sol, entourés de sang ! Les rues sont pleines de gens qui courent en tous sens, pleurant et hurlant !

Je balaie le paysage du regard, essayant de comprendre ce qu'il vient de se passer. C'est en levant les yeux au ciel que je comprends enfin : des dizaines de dirigeables survolent l'ile, lâchant des bombes un peu partout !

J'entends la voix de Livaï, qui m'a rejoint à la fenêtre, lâcher : 

- Bon sang ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

- L'assaut de l'ennemi, lui répondé-je avant de courir hors de ma chambre.

Dans le couloir, je croise papa qui m'intercepte en m'attrapant par les épaules :

- Éléonore ! Est-ce que ça va ?

- Oui, et vous ?

- Heureusement, personne n'a été blessé.

- Alors il faut que j'aille les arrêter avant que ce ne soit le cas !

- Je viens avec toi !

- Non, papa ! C'est trop dangereux ! Si tu veux m'aider, emmène plutôt tout le monde en lieu sûr, d'accord ?

- Elle a raison, papa, dit Sieg, qui vient d'arriver. De toute façon, tu ne nous seras pas d'une grande utilité sur le champ de bataille alors veille plutôt sur les autres. En revanche, moi, je t'accompagne, petite soeur. Tu auras bien besoin de l'incroyable joueur de baseball que je suis !

- Merci, Sieg, mais fais bien attention à toi, d'accord ?

- C'est promis. Allons-y, maintenant !

Nous courons à travers les couloirs du palais, en direction de la porte principale. Durant notre course, je ferme les yeux et me retrouve aussitôt dans le chemin. Ymir ne tarde pas à apparaitre, émergeant, comme à son habitude, du grand arbre lumineux. Lorsqu'elle arrive à ma hauteur, je lui dis :

- Ymir, j'ai besoin d'entrer en contact avec les autres détenteurs de titans primordiaux, en urgence !

Aussitôt apparaissent devant moi Sieg, Bertolt, Annie, Reiner, Marcel, Peak, Lara Teyber et . . . un homme que je n'avais jamais vu jusque là. C'est à lui que je m'adresse en premier :

- Qui êtes-vous ?

- Je suis le successeur de La Chouette. Ce dernier est malheureusement décédé il y a de cela treize ans, à cause de la malédiction d'Ymir. C'est à moi qu'il a transmis le pouvoir de son titan : le titan assaillant.

- Oh, je vois . . . Bien, nous en reparlerons plus tard. Pour le moment, il faut défendre notre pays qui est attaqué par les forces du continent ! Et pour cela, j'ai besoin de votre aide à tous ! Unissons nos forces pour n'en faire qu'une et défendre avec notre patrie !

- Oui ! répondent-ils tous en choeur.

Je réouvre ensuite les yeux et me retrouve à nouveau dans les couloirs du palais, aux côtés de Sieg. Nous débouchons enfin sur l'escalier principal, que nous descendons à toute allure pour atteindre la grande porte d'entrée. Je l'ouvre à la volée et nous nous précipitions dehors, sur la place principale. 

Le chaos est à son comble. Nous sommes bousculés par les habitants paniqués qui courent en tous sens, cherchant désespérément un refuge. 

Je m'apprête à me mordre la main pour me transformer, quand Sieg m'en empêche en l'attrapant :

- Non ! C'est toi qu'ils cherchent. Ils lancent cette attaque justement dans l'espoir que tu te montres. Il ne faut pas leur servir ce qu'ils veulent sur un plateau. Reste en retrait et laisse-nous nous en charger.

En disant ces mots, il s'éloigne de quelques mètres avant de se mordre la main. Un éclair jaune jaillit, accompagné d'un terrible grondement. L'éclair finit par disparaitre pour laisser place au titan bestial. Ce dernier attrape de son long bras poilu un amas de pierres qui traine là et le lance de toutes ses forces vers l'un des dirigeables. Les projectiles atteignent leur cible et l'engin s'écrase au sol dans un bruit terrible ! Cependant, celui qui le suit lâche aussitôt un obus sur mon frère ! 

Il a bien le temps de l'esquiver, mais s'il le fait, c'est moi que l'obus frappera de plein fouet ! Je sais qu'il compte rester planté là pour me protéger, le fait qu'il place ses bras devant lui en guise de bouclier le prouve. Alors je lui crie :

- Sieg ! Sauve-toi !

Il ne réagit pas. Il m'a sûrement entendue, mais il est déterminé à me protéger, comme toujours. 

Mes yeux s'écarquillent lorsque je constate que l'obus n'est plus qu'à quelques mètres de mon frère. D'une seconde à l'autre, il va sauter avec le projectile sans que je ne puisse rien faire pour empêcher cela !

C'est alors que le titan cuirassé apparait, s'interposant entre le titan bestial et l'obus. Ce dernier s'écrase donc contre la cuirasse intégrale du titan aux courts cheveux blancs avant d'exploser dans une puissante détonation ! Je place mes bras devant mon visage pour le protéger du violent souffle de l'explosion, mais ce dernier est si puissant qu'il me projette sur plusieurs mètres avant que je ne tombe au sol !

En relevant la tête, je constate que mon frère est indemne, mais ce n'est pas le cas du titan de Reiner dont les deux bras ont été arrachés ! Heureusement qu'il a la capacité de se régénérer, mais cela lui demandera du temps. 

Au même moment, le bruit d'un moteur attire notre attention. En levant la tête, nous voyons un avion militaire foncer droit sur nous ! Il est équipé de deux mitrailleuses, une sur chaque côté, dont il se sert pour nous assaillir de balles. 

Tout se passe si vite que nous n'avons pas le temps de réagir, mais avant que les balles ne puissent nous atteindre, nous voyons apparaitre devant nous le titan marteau d'armes ! Il frappe le sol de ses deux mains et, aussitôt, un bouclier fait de peau de titan durcie se dresse devant nous, bloquant les dizaines de balles qui nous ont été envoyées. 

Ensuite, le titan de quinze mètres se sert de son pouvoir de durcissement pour créer un arc et une flèche géants. Il place la flèche, tire sur la corde de l'arc, vise l'avion et laisse partir la flèche. Malheureusement, l'engin est rapide et agile : il effectue une brusque montée qui lui permet d'esquiver l'attaque. 

Le titan marteau d'armes ne lâche pas l'affaire : il crée une énorme lance qu'il envoie sur l'un des dirigeables. Ce dernier est touché et va s'écraser sur le sol, comme le premier, dans un terrible fracas !

Il s'apprête à créer une seconde lance pour abattre un autre dirigeable lorsqu'un deuxième avion militaire arrive par le nord. Les deux engins foncent dans notre direction à toute allure, prêts à nous mitrailler dès qu'ils seront assez proches ! Seulement, ils doivent pour cela baisser en altitude et le titan mâchoire de Marcel en profite : il grimpe sur le mur à toute vitesse et, dès que l'avion est assez bas, il se jette dessus et l'attrape à l'aide de sa puissante mâchoire, le détruisant du même coup. Il atterrit ensuite sur le mur et jette l'avion de l'autre côté.

Au même moment, je sens le sol trembler. On dirait le son que produit un quadrupède qui court. Je tourne la tête vers l'origine du bruit et vois arriver le titan charrette. Il ne s'arrête que lorsqu'il arrive près de moi et me dit, de sa voix grave et profonde :

- Je suis allée en éclaireur. Nous ne sommes clairement pas au bout de nos peines : des centaines de dirigeables et d'avions nous attendent encore, sans compter les navires militaires qui longent la côte. Que devons-nous faire ?

- S'il te plait, Peak, retrouve ma famille et emmène-les en lieu sûr. Charge-toi de l'évacuation des civils. 

- C'est entendu. De toute façon, sans mon équipement d'artillerie, je ne sers pas à grand chose sur le champ de bataille. 

- Encore une chose : dis à Bertolt, Annie et au successeur de La Chouette de se charger des bateaux ennemis. Les capacités de leurs titans ne leur permettent pas de combattre des engins aériens, mais ils peuvent très bien s'occuper des navires amarrés le long de la côte.

- D'accord, je vais faire passer le message. Sur ce, bonne chance à vous !

Sur ces mots, elle s'éloigne, sautant de pierre en pierre sur les ruines qui jonchent désormais le sol de la capitale.