Chapitre 1 - Elizabeth

7 minutes de lecture

Elizabeth

Je commence à ranger mon bureau plein de manuels que j’ai emprunté pour mes révisions d’été. Je veux que tout soit prêt pour ma rentrée en dernière année de licence de physique à l’université de Cambridge.

J’ai beaucoup de chance d’avoir eu une bourse car rien ne m’a prédestiné à faire de grandes études. Je vivais à la campagne avec mes parents quand j’étais petite. A l’école primaire, les instituteurs se sont rendu compte que j’avais d’énormes capacités. Après plusieurs tests, j’ai été révélé surdouée. Mes parents ont accepté de me laisser partir à l’internat d’une grande école privée pour poursuivre le collège et le lycée. Mes excellents résultats m’ont permis d’avoir une bourse pour l’une des plus prestigieuses universités du monde.

Je termine de préparer mon sac avec tous mes surligneurs alignés dans la pochette interne. Les livres à rendre à la bibliothèque sont rangés par taille dans le sac. Je suis une vraie maniaque de l’ordre mais au moins je retrouve toujours mes affaires.

Je m’allonge sur mon petit lit pour réfléchir. En tant que boursière, je loge dans les appartements étudiants qui sont juste à côté du campus. Je vis dans un treize mètres carrés et même si je suis à l’étroit, j’ai au moins ma propre cuisine et salle de bain. Je me suis toujours contentée de peu étant donné que je viens d’une famille modeste d’éleveur.

J’essaye de faire le vide dans mes pensées pour rompre avec l’extérieur mais je n’y parviens pas. Mon cerveau est toujours en train de fonctionner à mille à l’heure comme le moteur d’une Ferrari. J’avoue qu’il y a des avantages à être surdouée mais il y aussi beaucoup d’inconvénients.

Je me redresse en soupirant bruyamment lorsque la sonnerie de mon téléphone rompt le silence. L’écran affiche Cassidy Hope-Frayser ma meilleure amie.

- Salut Cass, je réponds en retombant sur mon lit.

- J’ai un super plan à te proposer ! s’exclame-t-elle sans préambule. Mon cousin est le directeur adjoint d’un club branché réservé à une certaine élite. Grâce à lui, nous pourrons nous y faufiler ce soir et nous amuser.

- Je te rappelle que lundi c’est la rentrée et que je ne peux pas me permettre de revenir tard, je riposte en soupirant.

- On est samedi ! Tu auras le temps de te reposer dimanche, tente Cassidy pour me convaincre. C’est une occasion unique pour nous de faire de belles rencontres.

- Ça y est, je vois enfin où tu veux en venir ! je m’écris. Mais je ne comprends pas en quoi un tel endroit est exceptionnel. Ta famille a les moyens de te faire entrer dans ce genre de club.

- Ce n’est une question d’argent mais de position sociale, explique mon amie en reprenant son sérieux. Pour y entrer, il faut être invité par des personnes déjà membres avec l’approbation du patron. Ma famille n’a pas une boite assez importante pour faire partie de ces personnes.

- Ça pue ton histoire, je déclare avec franchise.

- Je t’en prie Lise ! s’exaspère-t-elle.

- Je te rappelle que j’ai dix huit ans avec deux ans d’avance sur ma génération.

- Des fois, j’ai tendance à l’oublier, râle Cassidy. Mais… Il faudrait que tu trouves un mec avec une bonne situation car tu sais très bien que ton diplôme de Cambridge ne va pas tout faire pour toi.

Je soupire car je sais que mon amie a raison. Je n’ai pas de réseaux qui pourrait me permettre d’avoir un poste important après mes études. De toute façon, aller à cette soirée ne va pas me tuer.

- Très bien, j’accepte, je concède après avoir réfléchit.

- Génial ! s’écrit-elle à nouveau. Je viendrais chez toi vers vingt heures pour qu’on se prépare toutes les deux. Je n’ai pas envie que mes parents nous embêtent si on squatte ma maison.

Je finis par raccrocher puis je pose mon téléphone sur mon bureau. J’ai l’habitude des plans farfelus de ma meilleure amie mais il faut dire qu’ils sont souvent géniaux. Même si elle aime beaucoup faire la fête, nous limitons nos sorties durant l’année scolaire. Nous n’oublions pas que nous sommes étudiantes à Cambridge et nous devons faire honneur à cette université.

J’ouvre ma petite armoire afin de définir la tenue que je vais porter pour lundi. Malgré mes origines campagnardes, j’arbore un look girly et chic pour ne pas faire tâche dans le décor studieux du campus. J’ai pu compter sur Cassidy de ce côté-là. Je l’ai rencontrée lors d’un cours au premier semestre et je ne me sentais pas encore à l’aise dans une ville aussi grande. Je dois avouer qu’elle m’a beaucoup aidée à m’intégrer dans la vie citadine.

Je suis une personne assez solitaire et discrète mais Cassidy a raison. Autant s’amuser une dernière fois avant de commencer les choses sérieuses. Je suis contente d’avoir fait toutes ses soirées avec elle car je n’aurais jamais pu faire ça avec les filles de l’internat. Nous n’avons rien en commun et je n’ai gardé aucun contact là-bas. Pour la plupart, elles étaient des filles de riches qui cherchaient à se faire voir tandis que j’étais là pour m’offrir un avenir.

Je finis par sortir de mon armoire un haut à manche courte en laine beige. J’adore le col claudine du vêtement qui est mis en avant par un ruban en satin rose pâle ainsi qu’un diamant. Ensuite, je l’assortie avec une jupe blanche et une ceinture pour marquer ma taille. Je pense que cette tenue irait bien avec mes mocassins à talon beige.

J’ai beaucoup travaillé l’été pour me payer ce genre de vêtements mais je veux être bien habillée. Je dépose ma tenue sur ma chaise de bureau puis je prends le roman Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. Je me repose sur mon lit en m’adossant à mon coussin pour être plus confortable.

Les mots traversent mon esprit tandis que je commence à avoir mal à la tête. Je sens que je commence à m’assoupir.

Je suis réveillée en sursaut par l’interphone de l’immeuble qui sonne. Je regarde l’heure avant de bondir de mon lit. J’ouvre la porte du hall à Cassidy puis je mets de l’ordre dans mes cheveux roux pour ne pas qu’elle se rende compte que je dormais il y a encore quelques minutes.

Peu de temps après, ma meilleure amie dépose une pizza sur ma petite table de cuisine. Elle me tend un sac de fitness qui se révèle plus lourds que prévu.

- Je suppose que c’est ton matériel de guerre, je plaisante contaminée par sa bonne humeur.

- Tu as tout compris ma petite Lise. Mais avant ça, je te conseille de prendre des forces.

- Tu comptes me laisser en fin de soirée pour partir avec un homme ? je demande en prenant un part de pizza.

- Tu sais très bien que je fais ça que si la personne me plaie vraiment, explique Cassidy en remuant sur sa chaise. L’année dernière, je n’ai fait ça que trois fois.

- Ouais à cause de ta rupture avec John, je complète.

- C’était vraiment un crétin, ajoute-t-elle. Nous aurions pu vivre heureux tous les deux mais il a préféré partir avec une pouf qui a fini par le laisser tomber d’ailleurs.

- Je suis contente de ne pas connaitre la douleur de perdre son premier amour.

- Je crains qu’un jour ça finisse par arriver, soupire-t-elle.

Elle finit sa part avant de reprendre avec force :

- Nous ne sommes pas là pour parler de ça ! Dépêche-toi de finir car nous avons du travail !

J’avale ma dernière part tandis que mon amie fouille dans mon armoire.

- Heureusement que j’ai amené plein d’affaire car rien ne va aller pour une soirée comme celle-là ! s’exclame Cassidy avec excitation.

Elle me tend plusieurs robes pour que je puisse les essayer. Pendant ce temps, elle revêtit une robe argenté moulante qui lui couvre un seul bras. Ses cheveux blonds sont déjà ondulés tandis qu’elle rajoute quelques couches à son maquillage. Elle parvient à faire tout ça en même temps que de regarder mes tenues.

- La robe en satin vert te va mieux, choisit-elle en souriant.

Elle sélectionne des sandales à talon tandis qu’elle opte pour des escarpins. Heureusement qu’il ne fait encore trop froid en Angleterre même si j’avoue que sortir dans cette tenue me met un peu mal à l’aise.

Beaucoup de personne pensent que Cassidy est une fille facile à cause de son côté direct et toujours enjouée. Cependant, la jeune femme est une excellente élève sinon elle ne serait pas à Cambridge. Je sais qu’elle est contente de prouver que les blondes sont intelligentes même si on le sait déjà.

Cassidy s’occupe ensuite de mon maquillage puis me conseille de laisser mes cheveux tomber sur mes épaules. Ils ont une ondulation naturelle qui plait à mon amie. Une fois que nous sommes prêtes, elle me donne une pochette pour mettre l’argent ainsi que mon téléphone.

- Avec ça, tu vas pouvoir chopper plein de numéros ! s’exclame-t-elle enjouée.

Je la regarde avec consternation.

- Ça va ! dédramatise mon amie. Ce n’est pas comme si je t’avais conseillé de perdre ta virginité avec un inconnu.

Mon amie s’esclaffe tandis que je lui fais signe de descendre. Un taxi nous attend déjà devant mon immeuble. Je suppose que Cassidy a déjà tout prévu et je lui fais confiance.

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