Chapitre 15 - Une étrange rencontre

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Elizabeth

J’ai passé toute ma journée de samedi à travailler, c’est pourquoi je m’octroie un temps de repos le dernier jour du week-end. Je me prépare pour participer au reportage de Catherine. Je n’ai pas oublié que c’était aujourd’hui. Je porte une robe à fleur assortie à un épais gilet avec mes précieuse bottines en daim.

Je me rends à pied au jardin qu’elle m’a indiqué car il n’est pas très loin de ma résidence. En quelques minutes je suis à l’entrée du parc. Cependant, il me faut du temps pour trouver le kiosque.

Je repère enfin le lieu avec un petit attroupement de personnes autour d’un équipement de professionnel. Je me dirige vers le groupe lorsque les cheveux flamboyants de Catherine m’arrivent en plein visage à cause du vent.

- Excuse-moi, s’exclame-t-elle. Je suis contente que tu sois venue mais j’ai oublié de te demander ton prénom la dernière fois.

- Lise, je réponds avec timidité.

- Nous venons de commencer le tournage sur le banc qui se trouve à quelques mètres, explique-t-elle. Nous t’appellerons quand les roux entreront en scène. Pour l’heure nous nous concentrons sur les personnes souffrant d’obésité et d’anorexie.

Catherine me lance un sourire encourageant puis rejoint l’étudiant qui gère les interviews. Je reste un peu à l’écart du groupe car les personnes sont plongées dans une conversation animée. Je me perds dans la contemplation du parc. L’atmosphère est paisible et me permet de me détendre.

- Bonjour, me dit une voix enfantine.

Je baisse les yeux et je me retrouve face à une petite fille qui doit avoir trois ou quatre ans. Elle me regarde avec de grands yeux verts curieux.

- Emeline ! crie une voix.

Une jeune femme arrive vers moi en courant. Elle prend sa fille dans ses bras en lui reprochant d’arrêter de courir dans tous les sens.

- J’espère que ma fille ne t’a pas dérangée, s’excuse-t-elle en se tournant vers moi.

- Non pas du tout, je ne faisais qu’attendre, je la rassure en lâchant un petit sourire.

Cette femme a les mêmes yeux que sa fille et de jolie cheveux châtain qui lui retombe sur les épaules. Elle semble vraiment jeune pour avoir un enfant de cet âge.

- Tu es venue comme moi pour le reportage de Catherine ? demande-t-elle.

- Oui, on s’est rencontré sur le campus quand je me suis fait insulter par un imbécile, je réponds.

Sa fille joue depuis plusieurs minutes avec une feuille qui lui est tombée dessus mais sa mère ne semble pas y faire attention.

- Catherine n’a jamais aimé l’injustice, remarque la jeune femme.

- Tu l’as connais ? je questionne avec surprise.

- Nous sommes amies depuis le lycée, explique-t-elle. Elle m’a beaucoup aidée quand je suis tombée enceinte. Maintenant j’arrive à gérer ma vie de famille et mes études de lettres à Cambridge.

- C’est pour soutenir les jeunes mère que tu vas passer dans le reportage ?

- Pas tout à fait, soupire mon interlocutrice avec gêne. Je viens défendre les relations entre un professeur et son élève. On doit tous faire valoir nos droits et mettre en lumière toutes les discriminations.

Je manque de m’étouffer en déglutissant. Je ne m’attendais absolument pas à cela. La jeune femme semble mal à l’aise et arrête de parler.

- Le destin est étrange, je soupire. Je vous rencontre alors que deux semaines auparavant, j’apprends que mon partenaire de danse super sexy est mon nouveau professeur.

L’inconnue me regarde avec surprise avant de sourire.

- Mais il n’y a strictement rien entre nous, je me rattrape en rougissant.

- Ça ma rappelle quand j’étais au lycée où je niais l’évidence, dit-elle avec un sourire énigmatique.

Je m’apprête à poursuivre la conversation lorsque nous sommes interpellés.

- Lise ! C’est à ton tour, s’écrit Catherine.

Je lance un regard d’excuse à la jeune mère puis je m’installe sur le banc.

- Tu vas tout défoncer, réplique la jeune rousse un pouce en l’air. On va te poser des questions et tu vas devoir répondre alors ne stresse pas trop.

Un étudiant s’installe près de moi avec bienveillance muni d’un micro.

- Pour commencer, peux-tu nous dire si ta couleur de cheveux a été un handicap pour toi ?

Je réfléchis quelques secondes puis je regarde la caméra en essayant de ne pas montrer mon malaise.

- Au primaire les gens se moquaient de moi, j’ai été écarté très vite des jeux avec les filles, j’explique. Au collège, ça s’est un peu amélioré mais j’avais encore des moqueries.

- Quel genre de moqueries ? m’interrompt l’étudiant.

- Poil de carotte, sorcière, démon, j’énumère. Malgré cela j’avais quand même des personnes qui trouvaient que ma couleur de cheveux étaient cool. En plus, j’ai à peine quelques légères tâches de rousseur sur le visage.

- Arrives-tu à accepter ta rousseur ? poursuit-il.

- Parfois j’aimerais changer de couleur mais je n’en ai pas le courage, j’avoue. Je suis tellement habituée à mes cheveux que je n’ose pas les teindre. Je me trouve bien comme ça et je ne pense pas changer un jour.

- Que dirais-tu aux personnes qui souffres de leurs cheveux roux ? demande Catherine derrière la caméra.

- Je leur dirais d’accepter leur différence, ce n’est qu’une couleur de cheveux. Même si on subira toujours des moqueries, il est important de s’accepter. Si vous êtes victime de harcèlement à cause de cela, vous pouvez toujours porter plainte. Grâce aux réseaux sociaux, il y a beaucoup de preuve matérielle. Cela ne fera pas de vous des lâches. Nous avons tous le droit à une justice.

Catherine coupe la caméra avec un large sourire peint sur le visage. Au moins, je ne me suis pas ridiculisée et je ne lui ai pas fait honte.

- C’était parfait ! s’exclame-t-elle. Merci pour ta collaboration. Il y a des rafraîchissements sur les marches du kiosque si tu veux.

Je m’apprête à partir lorsqu’elle m’arrête.

- Voici ma carte, me donne-t-elle. N’hésite pas à me contacter dans quelques semaines si tu veux savoir comment avance le reportage.

Je range le carton dans ma poche puis je rejoins les autres près du kiosque. Je me prends un verre puis je me retrouve face à la jeune mère.

- Ça va bientôt être mon tour, explique-t-elle. Mais voici mon numéro si jamais je peux t’aider.

- Merci.

Je prends le bout de papier qu’elle me tend puis je le glisse dans ma poche avec l’autre carton. Je finis d’une traite mon verre puis je quitte le kiosque.

Je ne regrette pas d’être venue d’autant plus que j’ai rencontré une mystérieuse jeune femme avec une histoire intéressante. Je suis même rassurée de me dire que je ne suis pas la seule à avoir une relation « privilégié » avec un de mes professeurs.

Je trouve que Catherine a choisi un beau projet. Défendre les droits de personnes qui sortent de la norme est quelque chose d’important pour elle visiblement. J’espère vraiment que son reportage va aboutir à quelque chose.

Je marche dans les rues en écoutant de la musique classique pour me détendre. Ma rencontre avec la jeune femme me rappelle mon diner avec Grayson. Elle avait l’air de penser qu’il y avait quelque chose entre nous mais je pense que le professeur est juste une personne généreuse et bienveillante envers ses élèves. Peut-être que j’appellerais bientôt la jeune mère pour lui demander des conseils puisqu’elle a l’air de s’y connaitre dans ce type de relation.

Lorsque j’arrive dans mon studio, je m’allonge sur mon lit en regardant le plafond. Je sors de la poche de mon gilet le morceau de papier. Un numéro y est griffonné rapidement ainsi que l’identité de la jeune femme : Anna Bryce Tombson.

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