Chapitre 19 - Pauvre Cassidy

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Elizabeth

Le soleil filtre à travers les rideaux de ma chambre mais je n’ai pas envie de me lever. J’ai l’impression que mon visage est passé sur la table d’opération. J’ai passé la moitié de la nuit à pleurer dans mon oreiller.

Je fais tout de même l’effort d’allumer mon portable. Je n’ai pas eu le courage d’appeler ma mère pour lui annoncer l’accident de Cassidy alors je lui ai envoyé des messages. Mon téléphone émet plusieurs sons successifs et affiches une tonne de message dont la plupart viennent de ma mère.

Je réponds à tous les textos pour la rassurer puis je regarde ceux envoyés par madame Hope. Elle m’indique le nom de l’hôpital et la chambre qui accueille Cassidy. Elle mentionne également la possibilité de lui rendre visite.

Je bondis de mon lit comme piquée par un cactus. Il faut absolument que j’aille la voir pour constater moi-même son état.

Je prends une douche rapide puis j’enfile le premier jean qui me passe sous la main et je finis par enfiler un sweat rose. J’embarque une pomme dans mon sac à main avant d’enfiler des baskets.

Je dévale les escaliers pour rejoindre l’arrêt de bus au coin de la rue. Je patiente une éternité avant que le véhicule ne pointe le bout de son nez.

Vingt minutes plus tard, le bus me dépose à quelques pas du Nuffield Health Cambridge Hospital qui n’est pas très loin de la cité universitaire.

Je sors précipitamment du véhicule puis je cours jusqu’à atteindre l’accueil du bâtiment. Je n’ai pas l’habitude d’aller dans des hôpitaux mais je trouve avec facilité l’étage où je dois me rendre.

Lorsque j’arrive devant la chambre, j’ouvre lentement la porte. La mère de Cassidy se retourne avec surprise. Ses yeux sont rougis par les larmes mais elle me fait signe d’entrer.

- Son état est stabilisé pour le moment, me renseigne-t-elle. Elle est plongée dans le coma mais elle devrait finir par se réveiller si son système cérébral ne se dégrade pas.

Je m’installe sur la deuxième chaise près de madame Hope pour constater les dégâts de l’accident. Mon amie a une jambe et un bras dans le plâtre ainsi qu’un lourd bandage autour de la tête et des lésions sur le visage. Elle semble dormir paisiblement et sa poitrine se soulève à un rythme régulier.

- Qu’est-ce qu’elle a exactement ? je demande avec inquiétude.

- Elle a été opérée à la tête dès son arrivé aux urgences car elle souffre d’un traumatisme crânien, explique-t-elle en tenant un mouchoir contre son visage pour retenir ses larmes. Son cœur a failli lâcher mais le personnel médical a réussi à la plonger dans le coma pour la sauver.

- Est-ce qu’elle aura des séquelles à la tête ?

- Impossible de le dire pour le moment mais il lui faudra plusieurs mois pour s’en remettre si elle parvient à sortir du coma.

Je pose une main rassurante sur l’épaule de madame Hope pour lui montrer mon soutien.

- Cassidy a plein de rêves et je veux qu’elle les réalise, je lui fais part.

- Je n’ai pas été très proche de ma fille ces dernières années, mentionne-t-elle honteuse. Peux-tu me dire de quoi elle rêve ?

- Son objectif premier est de devenir physicienne, d’enseigner à l’université et de défendre la place des femmes dans les milieux scientifiques. Elle veut aussi faire des conférences dans le monde entier pour présenter les dernières recherches en physique.

Madame Hope lâche quelques larmes avant de se lever avec dignité.

- Je vais te laisser seule et rentrer à la maison, explique-t-elle. Mon mari travaille et je dois terminer d’envoyer quelques dossiers. Les chambres individuelles sont payantes et malgré nos revenus importants nous avons des crédits à payer.

La mère de mon amie me laisse seule dans la chambre immaculée. Seul le bruit des machines traverse le silence ambiant.

Je comprends que madame Hope regrette d’avoir privilégié son travail. Sa fille va peut-être mourir et leurs échanges ont toujours été limité.

- Cassidy, c’est Lise, je chuchote. Je ne sais pas si tu peux m’entendre mais je tenais quand même à te parler.

Je marque une pause tout en sachant je ne gagnerais pas l’ombre d’un sourire de sa part.

- J’ai besoin de toi, tu es ma seule amie. Je serais perdue sans toi si tu ne reviens pas.

Je touche la main inerte de mon amie. Elle est tiède mais je ne ressens pourtant pas la chaleur habituelle de Cassidy.

- J’ai besoin de te parler…

Je me remémore la scène d’hier avec le professeur Grayson. J’aimerais tellement qu’elle soit là pour me dire quoi faire avec lui car je suis vraiment perdue.

- Le professeur Grayson m’a embrassée, je soupire. Mais il est devenu si froid avec moi ensuite. Je ne sais pas comment réagir la prochaine fois que je le verrais.

Je sais que Cassidy ne peut pas m’aider pour le moment mais le visage d’une personne me vient à l’esprit. S’il y a bien quelqu’un qui est en capacité de me donner de meilleurs conseils que mon amie dans ce domaine, c’est bien Elle.

- Cassidy, je reviendrais te voir dans peu de temps, je lui indique avant de me lever.

Je laisse mon amie seule dans la chambre pour rejoindre le jardin de l’hôpital. Je m’assois sur un banc pour grignoter ma pomme. Le vent souffle sur mes cheveux détachés et les feuilles des arbres se décrochent de leur branche.

Je sors mon téléphone de ma poche pour chercher le numéro de la personne qui m’intéresse. Je n’ai jamais envoyé de message à Anne Bryce Tombson mais je crois qu’il est temps de changer cela.

Je décide d’appeler directement la jeune femme pour ne pas tourner autour du pot. Je patiente quelques sonneries avant qu’elle décroche.

- Allo ?

- Bonjour Anna, c’est Elizabeth nous nous sommes rencontrées grâce à Catherine, j’introduis.

- Bien sûr que je me souviens ! s’exclame-t-elle. Que puis-je faire pour toi ?

- J’aimerais qu’on discute de ma… relation avec le professeur dont je t’ai parlé, je bredouille avec gêne. Il s’est passé quelque chose entre nous et je me sens complètement perdue.

- Je vois… Que dirais-tu de prendre le thé chez moi demain après-midi ? demande-t-elle.

- Oui ce serait une bonne idée pour parler de ça plus au calme.

- Parfait ! Je t’envoie l’adresse par texto.

- Merci, à plus tard.

Je raccroche en souriant. Finalement, j’ai trouvé une personne qui puisse m’aider sans crier au scandale. Je suis toujours inquiète pour Cassidy mais concernant le professeur Grayson je pense qu’Anna va m’aider à trouver la solution.

Elle pourra également m’expliquer pourquoi il m’a embrassé alors que j’étais vraiment au bout du rouleau. Je n’ose pas imaginer la gêne que je vais ressentir en allant travailler au bureau mardi.

J’aurais tellement voulu en parler à Cassidy ! Je suis sûre qu’elle aurait ri avant de me dire que j’en fait toujours trop. Comme d’habitude, elle aurait trouvé cela plus divertissant que choquant. Seulement, je pense que beaucoup de monde ne serait pas de son avis.

Ce genre de relation est interdite à l’université pour éviter le favoritisme, à l’inverse de l’enseignement secondaire qui s’engage contre le détournement de mineurs. De toute façon, il y a toujours des raisons qui condamnent ce type de relation.

J’espère en tout cas que personne n’a vu le professeur Grayson m’embrasser car ce n’est vraiment pas le moment pour moi de supporter un scandale.

Je termine ma pomme puis je prends la direction de l’arrêt de bus. Je ne dois pas me laisser sombrer dans mes pensées sombres. Je dois rentrer chez moi pour commencer à travailler.

Bien évidemment, mon cerveau continue de faire des siennes. J’ai beaucoup de mal à réguler mes pensées néfastes concernant Cassidy et monsieur Grayson.

Une fois arrivée chez moi, je parviens quand même à terminer mes exercices de mathématiques. J’ai pris du retard dans mon programme de révisions et je me lance sans discuter dans mon dossier.

A la fin de la journée, je n’arrête pas de penser à Anna et à ce qu’elle pourrait bien me dire. Je suis même très pressée de connaitre son opinion sur le sujet.

Je n’hésite pas à prendre des cachets pour m’aider à dormir. Si je ne parviens à obtenir très vite un sommeil de huit heures, je vais rapidement avoir des problèmes d’efficacités dans mon travail.

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